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EAN : 9782702136751
283 pages
Calmann-Lévy (05/09/2007)
5/5   1 notes
Résumé :
Au début des années 90, alors que l'empire s'écroule et qu'on croyait tout savoir sur la terreur soviétique, les archives les plus secrètes du régime, du Comité central, du KGB et de la Guépéou vont devenir accessibles pendant une courte période de temps et révéler une barbarie insoupçonnée.

Alexander Yakovlev est alors un ancien responsable du régime chargé, sous Gorbatchev, de recenser et de réhabiliter les victimes du communisme dans son pays. De c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« le cimetière des innocents » est le récit d'un oligarque du régime Totalitaire Communiste Soviétique, Alexander Yakovlev, qui a été Communiste jusqu'à l'effondrement de l'U.R.S.S. en 1991, et qui a terminé sa carrière sous Gorbatchev, à l'une des fonctions les plus élevées de l'organigramme Soviétique, en 1986, en tant que : Secrétaire du Comité Central et membre du Politburo (bureau politique).
Pourtant, et contrairement à Molotov par exemple qui est resté un fervent militant Communiste jusqu'à la fin de ses jours, depuis la chute de l'U.R.S.S., Alexander Yakovlev, n'a eu de cesse de dénoncer le Bolchevisme (Communisme) et ses incommensurables Crimes individuels et de masse.
L'auteur a pourtant participé au développement du système Soviétique durant toute la durée de ce régime Totalitaire.
Par conséquent, en ce qui concerne l'auteur, la première chose que le lecteur se demande est : qu'est-ce qui lui a fait prendre conscience de la nature intrinsèquement Totalitaire du Communisme ; et pourquoi si tardivement, après la fin de l'U.R.S.S. ?
Plusieurs raisons semblent se dégager de ce livre : prise de conscience morale tardive, désillusion après l'enfermement et l'aveuglement Idéologiques, pusillanimité, peur, soumission, remords, culpabilisation, honte… Bref, on comprend que c'est suite à sa prise de fonction en tant que Président de la Commission de réhabilitation des victimes des mesures de répression politique, et grâce à l'ouverture partielle des Archives de Moscou, après 1991, que Yakovlev a décidé de dénoncer le Totalitarisme Communiste en racontant l'Histoire du Soviétisme et des innombrables Crimes contre l'Humanité et Génocides de ce régime monstrueux.
Ils sont rares, les Russes qui ont participé à l'Internationalisation du Totalitarisme Communiste dans le monde, et qui l'ont dénoncé publiquement, même sur le tard.
Dans l'avant-propos du livre, Paul Hollander, cite l'extrait d'une interview de Yakovlev, en 1994, durant laquelle il donnait son explication personnelle de sa prise de conscience tardive (page 16) :

« L'élément qui a surtout transformé ma vision du monde, c'est que mon idéologie faisait aussi partie de mon métier […] Je prenais ce travail au sérieux. Et petit à petit, palier par palier, ce travail a fini par m'écoeurer de plus en plus. Ensuite, je suis revenu aux sources […] L'âge venant, la foi seule ne suffit pas, vous avez envie d'aller regarder plus en profondeur. Et dès que vous commencez à analyser ce en quoi vous croyez, la croyance commence à se lézarder. »

Comme le souligne avec pertinence Paul Hollander, on peut se demander comment, dans un système aussi répressif et Totalitaire, aussi peu de gens aient fait défection ? (page 17) :

« Il n'est guère surprenant que de telles expériences aient peu à peu fini par saper la foi politique de Yakovlev. Ce qui est plus étonnant, c'est qu'elles n'aient pas exercé un impact similaire sur d'autres que lui et qu'elles n'aient pas entamé leur capacité à oeuvrer pour ce régime. »

Mais en étudiant le phénomène Totalitaire (comme pour le Nazisme), on se rend compte, justement, qu'il est très difficile, voire quasiment impossible de résister, de se révolter, tout du moins ouvertement, dans un univers aussi répressif, fermé, propagandiste, vicieux car basé sur le mensonge, l'endoctrinement obligatoire et la barbarie.

Alexander Yakovlev a été l'un des principaux instigateurs de la Glasnost et de la Perestroïka Gorbatcheviennes. En ce sens, il a largement contribué à tenter de réformer le système Soviétique, qui, du coup, s'est effondré sous le poids de ses propres contradictions : Totalitarisme Étatique, même de basse intensité (pour reprendre l'expression de l'historien Stéphane Courtois), et semblant de Démocratisation basé sur un début de liberté d'expression et d'ouverture à l'économie de marché, sont foncièrement incompatibles, voire totalement antagonistes.

En reprenant l'Histoire du Communisme, Yakovlev fait le lien direct entre Marxisme, Léninisme (ce qui deviendra, officiellement, à travers tout le Monde Communiste, la doctrine : Marxiste-Léniniste), Stalinisme et donc Totalitarisme Bolchevico-Communiste.

Alexander Yakovlev nous fait donc descendre dans les tréfonds des persécutions de l'ère Soviétique de Lénine à Gorbatchev.
C'est ainsi que l'auteur pose dès le début de l'ouvrage, le constat de 74 années d'horreur Communiste et de sa, désormais, totale prise de conscience (page 23) :

« Tard dans mon existence, j'ai été appelé à prendre part à la marche de mon pays vers la liberté. Nous pourrions appeler cela le destin. J'ai eu pour responsabilité d'assumer une mission écrasante : prendre la direction d'une commission – initialement sous la tutelle du Politburo du CC [Comité Central] du PCUS [Parti communiste de l'Union soviétique], et ensuite sous l'autorité du président de la Russie – pour la réhabilitation des victimes de la répression politique organisée par notre ancien système.
Cette tâche a été éprouvante. Descendre marche après marche l'escalier de soixante-dix années de domination bolchevik, s'enfoncer dans cette sorte de donjon jonché d'ossements humains et infesté de la puanteur du sang séché, voilà qui a de quoi annihiler toute votre foi en l'humanité.
Les documents ne subissent jamais aucune destruction ; seuls les humains disparaissent. Ce sont ces documents maculés de sang qui s'entassent sur mon bureau. Ils proviennent des archives du président de la Russie et de celles de la Loubianka, le quartier général du KGB. Si seulement ces dossiers pouvaient brûler et ces hommes et ces femmes revenir à la vie !
Mais ils ne reviendront jamais à la vie. Et la chronique éternelle de leurs souffrances sans fin continue d'attiser ses flammes, sans miséricorde. Rien de ce que j'ai pu jamais lire ne saurait approcher l'horreur de ces compositions de quasi-analphabètes rédigées par la police secrète et de ces dénonciations anonymes d'indicateurs ou de sympathisants du régime. Je devrais m'être habitué à eux, à présent. Je ne me suis pas habitué. Trop d'émotions m'en empêchent : la pitié, l'amertume, l'indignation, la désillusion.
Quand vous êtes jeune, vous ne savez pas grand-chose, vous débordez d'idées romantiques, tout le monde vous paraît bon et honnête, et vous croyez aveuglément à tout ce que vous racontent vos aînés, sans jamais penser que les gens puissent mentir, tromper, se conduire en hypocrites.
Ensuite viennent les doutes, les doutes terribles. Ils s'insinuent lentement. »

C'est surtout lors du célèbre XXème Congrès du P.C.U.S., pendant le surprenant discours (mais non désintéressé, nous le verrons plus loin…) de Khrouchtchev sur la Déstalinisation, dénonçant le Culte de la Personnalité de Staline et les Crimes du Stalinisme, que le désarroi fut immense pour Yakovlev (pages 29, 30 et 31) :

« Ce fut là une prise de conscience pour le restant de mes jours : tout système social basé sur l'effusion de sang doit être balayé de la surface du globe, car il prêche une religion démoniaque, la religion du mal.
Dans la foi qui m'avait animé jusque-là, j'avais été sincère. Je l'étais tout autant dans mon rejet. J'ai fini par détester Staline, ce monstre qui m'avait si cruellement trompé et qui avait piétiné mes rêves les plus romantiques. A partir de ce moment, je me suis consacré à la recherche d'un moyen de mettre fin à ce système inhumain. La difficulté, c'était de ne pas s'égarer dans le choix du nouveau système. Tout cela a revêtu d'abord la forme de l'espoir, sans se traduire en actes, mais il est une chose dont j'étais convaincu à l'époque déjà : cette nouvelle voie devait être strictement non violente si nous voulions qu'elle mène à la liberté.
J'ai vécu un vrai supplice, une double vie de dissimulation, je me suis conformé à tout, j'ai fait semblant, en tâchant durant tout ce temps de ne jamais perdre mon sans-froid et de ne pas m'exposer à la défaveur. Plus guère intéressé par mon travail au CC, j'ai cherché une issue et j'en ai trouvé une, davantage le fruit d'une intuition que d'un dessein bien arrêté. J'ai ressenti le besoin de reprendre mon éducation, de relire tout ce que j'avais déjà lu, de revenir aux origines – Marx, Engels, Lénine, les philosophes allemands, les socialistes français, les économistes britanniques, toutes les sources de ma vision du monde.
(…) On m'a souvent demandé quand j'ai opéré, au juste, un virage dans ma pensée, quand j'ai réellement commencé à réexaminer ma conception du marxisme. Je ne puis apporter de réponse aussi précise – ces choses-là n'arrivent pas du jour au lendemain. le processus est long et tortueux. Mais c'est à l'Académie, en m'immergeant dans l'étude de ces sources premières, que j'ai pleinement pris conscience de la vacuité et de l'irréalité du marxisme-léninisme, de son inhumanité et de son artificialité, de ses contradictions inhérentes, de sa démagogie et de ses pronostics abusifs. Cette découverte, et d'autres du même ordre, a fortement contribué à guérir les blessures creusées par le XXe Congrès. J'ai fini par admettre que Khrouchtchev avait raison, même si je ne comprenais toujours pas pourquoi il avait choisi, dans les faits, de porter un coup aux fondements idéologiques de la nouvelle société soviétique. Et plus j'explorais en profondeur les tirades théoriciennes des classiques du marxisme, mieux je voyais les raisons de l'impasse dans laquelle le pays s'était fourvoyé.
J'ai aussi commencé à comprendre en quoi l'évolution de la Russie avait été déterminée par un autre aspect du marxisme.
En sa qualité d'héritier pragmatique des visions utopiques du marxisme, passé maître dans la traduction de toutes sortes de schémas théoriques en prose politique, Lénine n'avait extrait des projets hautement contradictoires du marxisme que les éléments qui répondaient à son objectif principal – la prise du pouvoir.
(…) le discours de Khrouchtchev, ainsi que je l'ai souligné, est demeuré un secret officiel durant les trois décennies qui ont suivi. Quelques semaines après le congrès, quelqu'un l'a transmis à l'Ouest, mais il est resté caché du peuple soviétique, et pour une raison très simple : la classe dirigeante ne voulait pas que l'idée de la déstalinisation aille au-delà de l'élite du Parti, car elle redoutait son caractère dangereux, explosif pour l'ensemble du système. »

Il est temps maintenant d'en venir à la raison de cette Déstalinisation par Khrouchtchev… A la mort de Staline, le 5 mars 1953, la saignée humaine par la barbarie du régime Soviétique était si importante en U.R.S.S., qu'il était grand temps de régénérer le système Totalitaire Communiste, en revitalisant la doctrine Marxiste-Léniniste et donc le fondateur du Communisme réel : Lénine.
Staline mort, il était désormais facile de faire reposer tous les Crimes contre l'Humanité et Génocides sur sa seule personnalité. Or, Khrouchtchev et les oligarques-bourreaux Soviétiques, qui n'avaient pas encore été purgés (déportés en camps ou fusillés) par Staline, étaient couverts du sang de ces massacres de masse. Et en premier lieu…, Khrouchtchev lui-même qui avait établi, en tant que responsable en Ukraine, lors de la Grande Terreur de 1937-1938, des listes de victimes à déporter dans les camps de concentration du Goulag ou à fusiller ! (Confer, entre autres, les ouvrages de Nicolas Werth : « L'ivrogne et la marchande de fleurs : autopsie d'un meurtre de masse 1937-1938 » ; et de Tomasz Kisny : « La Grande Terreur en URSS 1937-1938) ».
D'ailleurs, dans ses Mémoires, Khrouchtchev reconnaît à mi-mot, sa responsabilité et celle de ses homologues de l'« élite » Soviétique, sous la période Stalinienne (page 34) :

« Certains passages des Mémoires de Khrouchtchev nous fournissent un indice sur la perception qu'il avait du cours des événements après la mort de Staline et le XXe Congrès. Il écrit notamment : « [Nous] étions incapables de rompre avec le passé, nous avions peur de soulever le rideau pour regarder dans les coulisses. Pour voir ce qui se passait derrière le spectacle, la façade de l'époque stalinienne […] On eût dit que nous étions paralysés d'avoir servi sous Staline, de n'être toujours pas libérés de son pouvoir ». »

Plus loin, Alexander Yakovlev reviendra sur le cas Khrouchtchev…
La Déstalinisation par Khrouchtchev n'empêcha évidemment pas l'Union Soviétique, de persévérer à faire régner la Terreur de masse en faisant intervenir l'Armée Rouge pour réprimer les révoltes populaires, même à l'extérieur de l'U.R.S.S., comme dans la Hongrie Communiste à Budapest, en octobre 1956. Voici d'ailleurs une note du Praesidium du Comité Central du P.C.U.S., sous la direction de Brejnev, datant du 19 décembre 1956, concernant l'insurrection Hongroise (page 33) :

« le CC du PCUS ne saurait trop insister sur le fait qu'aucun doute ne doit subsister quant à la manière de traiter les populations ennemies. Dans son attitude envers les éléments antisoviétiques, la dictature du prolétariat doit être sans pitié. Tous les communistes qui travaillent au bureau du procureur, dans les tribunaux et les services nationaux de sécurité doivent veiller à défendre les intérêts de notre État socialiste, ils doivent se montrer vigilants et combattre les intrigues des éléments hostiles, et ils doivent prendre les mesures qui s'imposent, en accord avec la loi soviétique, contre toutes ces activités criminelles. »

Malgré tout, la mort de Staline en 1953 et le discours du XXe Congrès en 1956 ont permis la libération de millions de prisonniers du Goulag, et donc de passer, jusqu'à l'effondrement de l'U.R.S.S., d'un Totalitarisme de haute intensité à un Totalitarisme de plus basse intensité.

Mais revenons aux origines du Mal… : pour Alexander Yakovlev, L Histoire démontre clairement que la responsabilité de la formation du Totalitarisme Communiste repose, en premier lieu, sur son fondateur : Lénine ! (pages 38 et 39) :

« Fondamentalement, la responsabilité du génocide – ou plutôt, du « démocide » – qui eut lieu en Russie et dans toute l'Union soviétique repose sur l'idéologie du bolchevisme, sous la forme qu'elle revêtit au sein de diverses organisations communistes et sous différents noms. Avec l'étroite participation de Bronstein (alias Trotski), de Rosenfeld (alias Kamenev), d'Alfelbaum (alias Zinoviev) et de Dzerjinski, ces crimes furent commis sous le contrôle direct d'Oulianov (alias Lénine) et de Djougachvili (alias Staline).
Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine : président du premier gouvernement soviétique après la prise du pouvoir par la violence en 1917. Partisan de la terreur de masse, de la violence, de la dictature du prolétariat, de la lutte des classes et d'autres concepts tout aussi inhumains. Organisateur de la guerre civile russe fratricide et des camps de concentration, y compris des camps pour enfants. Exigeant sans relâche l'arrestation et le peloton d'exécution ou la potence. Personnellement responsable de la mort de millions de citoyens russes. En vertu de toutes les règles du droit international, passibles de poursuites à titre posthume pour crimes contre l'humanité.
Josef Vissarionovitch Djougachvili, dit Staline : organisateur des arrestations en masse de victimes innocentes. Architecte du système du goulag, pour une destruction totale de la vie humaine. A poursuivi le projet criminel de Lénine d'extermination systématique des paysans, de l'intelligentsia, du clergé et de toutes les autres « classes d'éléments étrangers ». Inventeur de toute une catégorie d' « ennemis du peuple » soumis à l'annihilation, ainsi que leurs familles. Directement responsable de l'impréparation du pays à la guerre contre l'Allemagne nazie et, par conséquent, de la mort de presque trente millions d'individus. Partage avec Lénine la responsabilité de la division des peuples de Russie en camps hostiles, créant ainsi un état de guerre civile permanente. Organisateur du démocide du peuple de Russie et d'autres peuples de l'URSS. En vertu de toutes les règles du droit international, passible de poursuites à titre posthume pour crimes contre l'humanité.
Outre Lénine et Staline, les principaux idéologues et metteurs en oeuvre de ce programme de meurtres de masse qui s'étendit sur des années, depuis la fin des années 1920 jusqu'au début des années 1960, furent Beria, Molotov, Kaganovitch, Andreïev, Souslov, Kossior, Boulganine, Iagoda, Yezov, Abakumov, Vichinsky et Ulrikh. »

Alexander Yakovlev nous apporte donc les précisions concernant l'implication de Khrouchtchev dans les arrestations arbitraires, les déportations dans les camps du concentration et de travaux forcés du Goulag et les fusillades de masse, lors de la Grande Terreur de 1937-1938 (page 41) :

« Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev : on possède la preuve, étayée par des documents, d'arrestations de masse organisées par Khrouchtchev dans la période de l'avant-guerre à Moscou, dans l'oblast de Moscou et en Ukraine. A l'occasion, il envoya lui-même des propositions écrites d'arrestation de permanents occupant des positions en vue au sein du soviet de Moscou et du comité du Parti pour l'oblast de Moscou. Pour la seule période 1936-1937, 55 741 personnes furent arrêtées à Moscou. En janvier 1938, Khrouchtchev fut nommé chef du Parti pour l'Ukraine. Plus de 106 000 personnes furent arrêtées en Ukraine cette année-là, 12 000 l'année suivante, et 50 000 en 1940. »

P.S. : Vous pouvez consulter ce commentaire, dans son intégralité, sur mon blog :
Lien : https://communismetotalitari..
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