Avec sa couverture un brin racoleuse, ce huitième tome des aventures des Onze d'Hollywood surprend. L'auteur s'amuse à y sortir de son cadre pour notre plus grande surprise et notre plus grand plaisir.
Comme l'annonce la dichotomie polychrome de la couverture, Dalton & Co. passent dans l'ombre pour laisser la lumière à un Kennedy nouvellement sur le devant de la scène. Pour autant, le récit se veut toujours aussi passionnant et instructif, malgré cette narration sur laquelle je trébuche à chaque fois à cause de ses allures rigides et trop didactiques pour moi, dans laquelle il manque la fluidité que j'attends d'un tel récit. Bref.
La première partie du volume s'attache à nous décrire, avec pas mal de souffle pour une fois, les trajectoires simultanées de Dalton et ses confrères et celle de Kennedy en lutte pour être élu. C'est excellent de voir la force dont ces premiers font preuve pour retrouver leur place dans l'industrie du cinéma d'Hollywood maintenant qu'une brèche s'est ouverte. On sent cependant combien cette fenêtre était étroite et l'audace et le courage dont ils ont su faire preuve pour profiter de ce bref moment et ainsi gagner leur combat.
L'auteur nous offre ainsi une histoire de la traque des communistes par les autorités américaines juste et fidèle. Il montre combien les oppositions furent grandes de tout temps et à quel point ça s'est joué d'un rien avec l'arrivée providentielle d'une nouvelle figure politique plus jeune et ouverte. le parallèle avec la condition noire est parfaite en ce sens et très juste historiquement. Cependant, on sent dans tout cela un récit un peu précipité, peut-être fidèle à son temps, mais qui correspond mal au rythme assez lent de la série et surprend donc. On a le sentiment à mi-chemin d'une sorte de rush pour conclure cette partie et se lancer dans un récit inattendu.
En effet, dans un second temps, l'auteur se consacre au récit des années Kennedy, hors sujet complet avec son histoire de départ pour moi. Certes, je ne boude pas mon plaisir en découvrant celles-ci sous son regard assez affûté, loin des biais français que j'ai pu avoir jusqu'à présent, mais j'ai vraiment l'impression de lire une histoire bonus qui n'a pas sa place ici. Pour moi, Red Rat in Hollywood était le récit de ces hommes poursuivis à tort pour communisme et ostracisés. Je peine à voir le lien avec le récit de la politique et des affaires de fesses du nouveau président...
Osamu Yamamoto offre dans ce tome un drôle de dérapage hors cadre. Avec la fin, un brin précipitée, de son histoire d'origine, il rend l'hommage qu'on attendait à ses hommes, qui comme Trumbo, ont luté jusqu'au bout pour exercer leur métier malgré les pressions et persécutions. Mais il part ensuite dans un récit qui pour moi n'a pas vraiment sa place ici car cela dévie du propos originel. Alors certes, cela reste fidèle historiquement et passionnant aussi dans ce que ça dénonce, mais j'aurais préféré qu'il consacre plus de page à boucler SON histoire plutôt qu'à lancer celle sur Kennedy...
Lien :
https://lesblablasdetachan.w..