Un roman qui peut changer la vie
Aurélie Yamazaki a fait preuve d'ambition avec son premier roman qui explore les thèmes de la création artistique et de l'épanouissement personnel ainsi que l'angoisse inhérente au cheminement pour devenir qui nous sommes.
L'Ange doit saigner n'est certainement pas un roman « feel good » dans le sens où l'autrice n'hésite pas à pointer parfois le doigt vers le lecteur. C'est une approche courageuse ; si beaucoup seront reconnaissants de l'opportunité de réexaminer leur vie et leurs choix -aussi incomfortable que soit le processus- d'autres risquent de la rejeter d'emblée. le manque occasionnel de subtilité du roman dans l'expression de ses idées centrales est largement compensé par sa force de conviction. Si l'autrice réussit à secouer le lecteur et à éveiller sa conscience, alors elle aura accompli son objectif principal.
Même s'il s'agit bien d'un roman, L'Ange doit saigner peut se lire autrement. Les personnages sont certes développés, mais ils tendent à fonctionner comme des véhicules que l'autrice convoque pour transmettre des vérités complexes mais importantes sur la condition humaine au 21eme siècle. Elle tisse un fascinant réseau d'idées en changeant régulièrement de perspective, une technique qui fonctionne à merveille and imprègne le texte d'une qualité presque cinématographique. Plus qu'un roman conventionnel, le texte est à la croisée d'un manifeste nietzschéen et du plus passionné des livres de développement personnel que vous pourrez lire, le tout relevé d'une pincée de la curiosité pénétrante, du mordant et de l'intuition linguistique de
Proust.
C'est une oeuvre qui mérite d'être lue, pensée, discutée et peut-être relue.
Pour détourner une citation célèbre de
Nietzsche : Ce n'est pas un roman. C'est de la dynamite.