AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782253936787
160 pages
Le Livre de Poche (15/02/2023)
2.97/5   76 notes
Résumé :
Allongée, les jambes écartées, une jeune femme observe le crâne dégarni du Dr Seligman en train de l’ausculter. Elle se lance dans un monologue absolument déjanté et lui parle de ses fantasmes, de ses obsessions, des détails de sa vie sexuelle ainsi que de son histoire familiale.
Née en Allemagne, elle a fui ses parents pour s’installer à Londres où elle vit à présent, s’exprimant dans une langue qui n’est pas la sienne et se débattant avec un corps qui l’ét... >Voir plus
Que lire après Jewish cockVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
2,97

sur 76 notes
5
3 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
5 avis
1
2 avis
Alors celui-là, il est hors norme. J'ai adoré. Quand une Allemande refuse, ou en tout cas tente de changer ces deux costumes dont elle a hérité sans rien demander : celui de femme, et de sa place attendue dans la société, et celui d'Allemande, qui porte, où on a le sentiment, la culpabilité des atrocités nazies. On nous a habitué à l'éternelle victimisation des juifs, il est moins courant d'avoir le point de vue d'une Allemande contemporaine. Ce livre est caustique à souhait, immoral, insolent, choquant parfois, cynique toujours. Chaque paragraphe pourrait donner lieu à une analyse grinçante mais pourquoi pas sincère de chaque sujet qu'elle énonce. Ce livre est un bijou , une rose même : une fleur magnifique qui sort d'épines acérées.
Commenter  J’apprécie          191
Elle est allongée là, sur la table d'examen du Dr. Seligman, un chirurgien plastique, et tandis que le praticien l'ausculte, la tête entre ses jambes, elle crache le morceau, un sacré morceau… Premier roman de Katharina Volckmer, une jeune femme allemande de 25 ans installée à Londres depuis plusieurs années, Jewish Cock -autrement dit, même si, pudeur ou crainte de réprobation politique obligent ?, ce titre n'a pas été traduit, « (la) Bite juive »- se présente comme le long monologue d'un(e) adulte, engagé(e) dans un processus de transition sexuelle, et qui remonte le temps, son histoire et celle de sa famille, égrenant dans cette logorrhée indisciplinée, parfois avec terribles incongruité et crudité, angoisses et fantasmes. Des rêves où il/elle se prend pour Hitler dans les plus scabreux des jeux érotiques à l'évocation des voyages de son père, représentant en électro-ménager, à Nüremberg pour un congrès annuel des fabricants de lave-linge…, de ses protestations contre le destin des femmes lorsqu'il se confond avec leur rôle de mère au récit de ses relations avec K, un homme rencontré dans des toilettes publiques et un artiste auprès duquel elle comprendra l'urgence d'accomplir, enfin, cette métamorphose que son corps réclame depuis son enfance, de son culte avoué pour le petit gadget japonais mis au point par un certain M. Shimada, une sorte de robot-pénis dont il/elle se verrait bien affublé(e), à l'aveu du poids dans sa vie d'un frère mort avant sa naissance, fantôme encombrant, on comprend que son existence est hantée par deux obsessions aussi éloignées que complémentaires, la culpabilité de l'enfant allemand après la Shoah et son désir, jusque-là contrarié, de changer de genre et de sexe. La mort d'un aîeul, dont elle hérite, est peut-être, paradoxalement, la clé qui pourrait la délivrer de cette double cage… Un discours où la plainte se mêle à l'humour le plus féroce, où le sordide le dispute à l'ironie pour le plus grand de nos plaisir, un régal qui rappelle les meilleurs textes de Thomas Bernhard ou d'Elfriede Jelinek. Katharina Volckmer, une voix qui promet !
Commenter  J’apprécie          80
La narratrice, Allemande qui vit à Londres, monologue tandis que le Dr Seligman ausculte ses organes génitaux. La situation est pour le moins incongrue, mais le discours qu'elle tient l'est encore plus car elle attaque d'emblée sur le thème du nazisme, dézinguant avec un humour féroce de prétendues obsessions hitlériennes.
Tout y passe : la langue allemande  ("- D'ailleurs ce n'est pas un hasard si le mot "plaisir" n'existe pas en allemand; nous ne connaissons que la concupiscence et la joie"), sa famille , les religions, les injonctions faites aux femmes par la société...
Elle se livre aussi sur son amant, ses préférences sexuelles et sa volonté de changer de genre, d'obtenir un Jewish Cock. Finalement, le Dr Seligman en saura plus sur elle que Jason, le pauvre thérapeute chargé de soigner celle qui a  menacé "d'agrafer l'oreille d'un collègue à son bureau " et remarque : "C'était plutôt moi qui risquais de perdre un oeil à cause d'une agrafe perdue, mais ça, bien sûr, ils s'en fichent éperdument."
Une quête éperdue et obstinée d'identité qui fait fi des bons sentiments, se dévore d'une traite et vous laisse un peu groggy. C'est caustique et hautement réjouissant.
Vous l'aurez compris, une voix est née, et on a déjà hâte de lire à nouveau cette autrice qui a choisi de s'exprimer en anglais, qui n'est pas sa langue maternelle, afin d'y trouver plus de liberté. le pari est plus que réussi.
Commenter  J’apprécie          102
Mais quel tourbillon que voilà !
Un monologue, bloc de digressions sans saut de ligne d'une Allemande exilée à Londres qui se livre sans filtre à un docteur s'affairant entre ses cuisses.
Un docteur juif, le Dr Seligman, ce qui donnera lieu à de longues tirades sur la culpabilité allemande. Entre des considérations sur sa famille, son corps, ses peurs. Témoignage haletant et vertigineux d'une volonté de transition.

Au-delà c'est sa vie sexuelle qu'elle livrera par le menu. de ses fantasmes mettant en scène Hitler à sa rencontre dans des toilettes avec K., homme marié voué à occuper quelque temps une place importante dans sa vie.
Quelques autres personnages peuplent ses paragraphes, du psy Jason à M. Shimada le créateur de sextoy.

C'est cru, déluré et foutraque comme peut l'être un flot de pensées lâchées sans retenue.
Mais derrière les transitions fantômes, des thématiques tracent leur sillon en guise de fil rouge.

Une lecture détonnante, qu'il serait plaisant de voir mise en scène.
Commenter  J’apprécie          90
Katharina Volckmer, née en Allemagne en 1987, s'est installée à l'âge de 19 ans à Londres où elle travaille aujourd'hui pour une agence littéraire. Son premier roman, Jewish cock, date de 2021.
Londres. Une femme, la narratrice, cuisses écartées entre lesquelles s'affaire le Dr Seligman, s'adresse à lui dans un long monologue introspectif.
Le pitch de départ est franchement hilarant mais si la situation est cocasse voire saugrenue pour la forme, le fond l'est moins puisque cette femme venue faire traiter son corps a priori, va plus certainement tenter de soigner un traumatisme psychologique. Et notre pipelette, de déblatérer sans reprendre haleine durant cent-cinquante pages, abordant les sujets les plus divers d'un ton affirmé, cynique, sans filtre quant à la bien-pensance. Un grand déballage de fantasmes et d'obsessions liés à son trauma indigérable, être née Allemande, ce pays qui a engendré Hitler initiant l'extermination des Juifs, l'obligeant à fuir son pays pour se réfugier en Angleterre afin d'essayer d'oublier.
Et question fantasmes, ça y va ! Rapports sexuels avec l'Adolphe et petits noms donnés à sa bistouquette ; tentative de contact avec un nommé Shimada qui a créé au Japon des robots à utilité sexuelle pour qu'il lui « fabrique une petite bite douée de la parole » ; sa rencontre avec K, un peintre vivant aux crochets de sa femme, rencontré dans des toilettes publiques pour vous imaginez quoi… ; et bien entendu son psy, Jason, auquel elle raconte tout cela mais qui lui-même n'en peut plus de son baratin, ce qui la pousse à inventer d'autres fantasmes !
Tout ceci est assez amusant, encore qu'on soit à la limite du lassant avec toutes ces bites qui reviennent à longueur de pages, mais le roman est court. Par contre, le fond est plus dramatique, cette pauvre femme qui se débat avec son mal-être et sa quête d'amour fait peine à voir. Misère sexuelle, poids de la religion, culte de la beauté, les rapports conflictuels entre mère et fille etc. etc. une longue liste de griefs énumérés, presque sans fin. Pour en terminer définitivement avec ses problèmes psychologiques transposés dans son propre corps et atteindre la rédemption ou la libération, la seule solution qui lui paraisse adaptée, c'est de changer de sexe et de se faire greffer un pénis circoncis !
Mouais… Très amusant au début, on évite de justesse la lassitude car c'est court, avec néanmoins de bons passages et quelques réflexions intéressantes. Pas mal.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
[...] Mon incapacité à m'asseoir correctement parce que je n'ai jamais compris pourquoi il y avait deux façons de s'asseoir selon qu'on avait une bite ou pas. Et je m'emmêlais tout le temps les pinceaux, parce que la logique de la chose m'échappait complètement dans la mesure où une fille a de fait moins à cacher qu'un homme, mais ça c'était avant que je comprenne qu'une bite est une sorte d'épée, un objet de fierté et de comparaison, tandis qu'un vagin est quelque chose de faible, quelque chose qui n'engage pas à la confiance. Quelque chose qui sera toujours un objet de baise, qui peut être violé et inséminé, qui peut couvrir de honte un foyer et une famille. Quelque chose qui a besoin d'être protégé sans que personne ne remette jamais en cause ce besoin de protection, ne se demande comment il se fait que les rues ne soient pas sûres la nuit et que les filles aux cheveux courts ressemblent aux garçons et pas l'inverse. J'ai toujours trouvé tout ça terriblement déconcertant et je me suis souvent dit que c'était plutôt les bites qu'il faudrait cacher, que c'était l'arme plutôt que la plaie qu'il faudrait interdire.
Commenter  J’apprécie          30
Autant voir l'honnêteté de reconnaître qu'acheter Martin relève d'une forme d'exploitation, d'esclavage sexuel. Car c'est cette disposition d'esprit qui est à l'origine de tout, et je serais bien en peine de prouver qu'il n'est pas dans notre nature de soumettre les autres à notre pouvoir et à notre volonté, de les briser corps et âme, et que nous nous évertuons constamment à représenter la nature humaine sous un jour qui n'est pas la sienne. Que l'instinct de bienveillance n'existe pas. Et même si Martin a été programmé pour sourire quand je ne pénétrerai, ce sourire ne sera fondé en rien sur une situation réelle ; il ne sera inspiré d'aucun comportement humain avéré. Et j'ai peur que cela pervertisse mon esprit, Dr Seligman, que, compte tenu de mon bagage, cela réveille le monstre en moi et que peu à peu je me mette à imaginer que Martin est réel, que je commence à traiter les gens du monde réel comme lui. J'ai peur de finir par oublier ce qu'est un être humain et d'essayer de baiser des gens sans le consentement, ou pire encore.
Commenter  J’apprécie          20
Je continue de penser que les motifs qui m’ont valu ma mise à pied étaient infondés et qu’il est injuste de dire que je suis sujette à des accès de colère. Bon, d’accord, j’étais en colère ce jour-là, évidemment – c’était avant que je commence à prendre mes hormones -, mais se faire congédier de la sorte, alors qu’ils n’ont aucune idée de ce que vivent les gens comme moi ! Et je ne crois pas que menacer d’agrafer l’oreille d’un collègue à son bureau puisse être réellement considéré comme un acte de violence. Pas avec ce genre d’agrafeuse, en tout cas. Je doute que quiconque ait jamais essayé d’agrafer de la chair humaine à une planche de bureau bien épaisse avec un de ces petits machins en plastique tout rigides. C’était plutôt moi qui risquais de perdre un œil à cause d’une agrafe perdue, mais ça, bien sûr, ils s’en fichent éperdument.
(pp.32-33)
Commenter  J’apprécie          20
Je n'ai jamais compris pourquoi il y avait deux façons de s'asseoir selon qu'on avait une bite ou pas. Et je m'emmêlais tout le temps les pinceaux, parce que la logique de la chose m'échappait complètement dans la mesure où une fille a de fait moins à cacher qu'un homme, mais ça c'était avant que je comprenne qu'une bite est une sorte d'épée, un objet de fierté et de comparaison, tandis qu'un vagin est quelque chose de faible, quelque chose qui n'engage pas à la confiance. Quelque chose qui sera toujours un objet de baise, qui peut être violé et inséminé, qui peut couvrir de honte un foyer et une famille. Quelque chose qui a besoin d'être protégé sans que personne ne remette jamais en cause ce besoin de protection, ne se demande comment il se fait que les rues ne soient pas sûres la nuit et que les filles aux cheveux courts ressemblent à des garçons et pas l'inverse. J'ai toujours trouvé ça terriblement déconcertant et je me suis souvent dit que c'était plutôt les bites qu'il faudrait cacher, que c'était l'arme plutôt que la plaie qu'il faudrait interdire.
Commenter  J’apprécie          10
Nos cerveaux sont ainsi conçus que nous ne pouvons aimer un chat que sous la forme d'un chat, et pas sous celle d'un oiseau ou d'un éléphant. Si nous voulons aimer un chat, nous voulons voir un chat, toucher sa fourrure, l'entendre ronronner, et nous faire griffer si nous ne le caressons pas dans le sens du poil. Nous ne voulons pas l'entendre aboyer, et s'il lui poussait tout à coup des plumes, nous le tuerions, nous l'examinerions, puis, enfin, nous l'exposerions comme un monstre. Je ne sais pas pourquoi nos cerveaux fonctionnent ainsi, mais K m'a appris que, si d'aventure nous essayons d'avoir des plumes sans que les gens s'attendent à nous voir voler, alors ils nous tireront dessus […]
P.34
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Katharina Volckmer (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Katharina Volckmer
Payot - Marque Page - Katharina Volckmer - Jewish cock
autres livres classés : monologueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Katharina Volckmer (2) Voir plus

Lecteurs (202) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
562 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..