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EAN : 9782234064065
86 pages
Stock (20/01/2010)
3.24/5   64 notes
Résumé :
Un homme tire un énorme paquet auquel il semble tenir plus que tout. Que renferme-t-il donc ? Le corps de sa femme qu'il aurait assassinée ? Les seuls biens qui lui restent ? Ses souvenirs, ses rêves, ses joies ? Les débris d'une vie ? Nos lâchetés, nos abandons, nos laideurs ? Tous nos maux et nos mots impuissants ? Lorsque le monde s'effondre, la question n'est pas de savoir ce que l'on sauve, mais ce dont on ne peut se débarrasser.
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Un monologue très bien construit et rédigé, rempli de cynisme et d'humour noir, qui est construit autour de la solitude. Une très intéressante et belle pièce, qui n'offre pas de longueurs mais invite à la réflexion. Philippe Claudel, comme toujours, nous offre là un très beau texte, bien ciselé, mordant et intelligent. A lire!
Lien : http://araucaria20six.fr/
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La Feuille Volante n° 1288

Le paquet - Philippe Claudel - Stock .

Il est bizarre cet homme, on dirait une sorte de SDF. Nous le voyons assis sur un banc public, traînant derrière lui un lourd paquet, aussi gros que lui et tout au long de cette pièce en un acte et le spectateur-lecteur pourra toujours fantasmer sur son contenu au rythme des marques d'intérêt qu'il lui témoignera. Sur la scène où il est seul, il se laisse aller à la philosophie, mais à celle des halls de gare ou de comptoirs de bistrot, dans ces endroits où l'on refait le monde sans que quiconque ne vous ait demandé quelque chose. Bien sûr il va nous parler de ses amis, de ses voisins, de sa femme aujourd'hui décédée, de ses souvenirs de jeunesse, il s'adonne volontiers au début, à sa passion pour l'alexandrin qui, à l'entendre, est naturelle chez lui bien que cette figure de style ne réapparaisse pas au cours de son intervention. Il se met à disserter, passant volontiers du coq à l'âne, sur l'amour, les slogans publicitaires, son psychiatre, le service militaire, le déclin de la France, la mort ...C'est un peu comme s'il vidait son sac, une ultime fois avant le grand saut. le regard qu'il porte sur la société dans laquelle il vit donne lieu à des remarques pleines de bon sens et qu'il serait bon de méditer. Par exemple « L'imbécile donne de l'espoir. C'est sa mission sur terre. C'est d'ailleurs pour cela que dans les pays progressistes et démocrates nous en élisons un à la tête de l'État. ». On ne saurais être plus précis ! Pourtant, au fur et à mesure on voit bien qu'il est victime de tous les malheurs du monde. On ne sait vraiment pas trop qui il est, entre un modeste employé de banque ou un homme d'affaires important. On se perd autant dans ses confidences que dans ses remarques sur la société présentée alternativement comme dangereusement consumériste et menacée par la mondialisation. Pour s'exprimer, il choisit tour à tour le sérieux et l'humour et cela finit par ressembler à une sorte de délire verbal à la fois incohérent et décousu, et nous ne savons pas trop s'il faut en rire ou en pleurer !

Il s'agit d'un monologue, pire peut-être d'un soliloque pendant lequel il prend les spectateurs à témoin, leur parle du loto, de recettes de cuisine, des progrès techniques et de lui bien entendu et de ses malheurs et de ses failles. Finalement, il change de ton, abandonne son humeur un peu badine du début pour se concentrer sur une phrase tronquée, lue sur la vitre du métro parisien «  Chacun mérite ce qu'il a, le riche sa fortune, le pauvre son... » . Cette interrogation va se transformer en un quête éperdue et définitivement vaine et se terminer par une sorte de confession un peu surréaliste. Cette pièce écrite et mise en scène par l'auteur a été créée en janvier 2010 au Petit Théâtre de Paris et interprétée par Gérard Jugnot.

J'aime bien Philippe Claudel quand il choisit d'écrire un roman où le dépaysement et la poésie sont au rendez-vous. Je l'ai assez dit au fil de cette chronique. Là j'avoue que j'ai un peu décroché, peut-être pas compris grand-chose et je suis peut-être passé à côté d'un chef-d'oeuvre, à part que cet homme est bien seul, entre vide et angoisse, à l'image de nombre de nos contemporains et peut-être de nous-même. le monologue qu'il mène souligne ce trait (Je note aussi que l'écriture est aussi une forme de soliloque) qui est à la fois une réalité et un lieu commun dans notre société. C'est évidemment bien écrit, mais d'une manière plus quelconque et ordinaire qu'à l'accoutumée mais je m'attendais à autre chose et, le livre refermé, je suis partagé et je dois bien avouer que, n'ayant pas retrouvé ici l'auteur que j'aime lire, je suis un peu déçu..




© Hervé Gautier – Octobre 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Pièce de Philippe Claudel.

Un homme soliloque sur une scène. Il traîne derrière lui, avec lui, contre lui, un paquet qui semble lourd et dont la forme massive rappelle celle d'un corps. Dans une adresse au public et au monde, il raconte avec précipitation une vie, sa vie, toute une existence qui semble réussie mais dont le récit recèle des failles étonnantes.

Cette pièce n'est pas une tirade. le discours s'interrompt pour laisser place à de longs effets visuels pendant lesquels le personnage s'affaire sur son paquet sans que jamais on ne puisse voir ce qu'il contient. Est-ce l'épouse de cet homme seul? Ou la noirceur du monde? "Moi j'ai seulement pris tout ce qui traînait, nos bassesses, nos veuleries, nos promesses reniées, toute la laideur du monde et celle de nos actes, et j'en ai fait un gros paquet." (p. 80)

L'homme se livre avec frénésie à une relecture de sa vie. Après une litanie de mensonges sur sa réussite professionnelle et sociale, il dévoile ses faiblesses et ses échecs. Se dessine alors le récit d'une vie fantasmée qui emprunte à L'assommoir et à Germinal un peu de leur puissance pour nier la médiocrité et la solitude.

Entre des phrases toutes faites aux allures de slogans publicitaires, des listes de faits divers, des réclames ou des morceaux de recettes culinaires, le discours s'emballe, esquisse des sujets, les abandonne et les reprend. Il semblerait que ce qui compte, ce n'est pas ce qu'on raconte, mais pourquoi on le raconte. L'homme se vide devant un public silencieux. Teintée d'un peu de psychanalyse de comptoir comme celle que l'homme trouve auprès de Roger Freud, son analyste, l'histoire débitée sur le ton saccadé et assourdissant d'une émission télévisée est un exutoire, un déballage salutaire, une confession voire un testament. L'homme débite tout, abandonne tout et peut s'en aller.

La force d'un pays se mesure-t-elle à la taille de son principal dirigeant? C'est ce que l'homme sous-entend: "Nous fûmes grands jadis, et de cette grandeur dont les échos ébranlaient les peuples lointains et les terres envieuses, il ne reste rien. Nous sommes passés, en l'espace de cinquante ans à peine, du mètre quatre-vingt-treize du Général de Gaulle aux ridicules 1670 millimètres de l'actuel résident du Faubourg Saint-Honoré." (p.44) Mais l'homme fait aussi l'apologie des imbéciles: "L'imbécile donne de l'espoir. C'est sa mission sur terre. C'est d'ailleurs pour cela que dans bien des pays progressistes et démocrates, nous en élisons un à la tête de l'État." (p 46) A cheval entre revendication politique, programme électoral et discours traditionnaliste, le monologue est une harangue molle pour un retour aux vraies valeurs. Molle puisque personne ne vient défendre l'homme ou acquiesser à son discours.

Le soliloque s'achève sur une ultime pensée, adaptée de Blaise Pascal et de ses espaces infinis. La scène retourne au noir et au silence. Chaque lecteur/spectateur peut s'en retourner avec son paquet. J'aurais aimé assister à une représentation de la pièce. Elle a été créée par l'auteur en janvier 2010 au Petit Théâtre, à Paris. L'homme était joué par Gérard Jugnot.

Philippe Claudel a une nouvelle fois su me séduire. Sa pièce est violente, elle bouscule, elle ne peut pas laisser indifférent. Après avoir été éblouie par le rapport de Brodeck, je suis ravie, littéralement, par cette pièce. Elle se lit à toute vitesse, et elle doit être relue, à la lueur des derniers aveux de l'homme solitaire.

Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Roman très court, à peine 85 pages.
Il s'agit d'un monologue, mais d'une puissance incroyable.
Un homme, muni d'un paquet très lourd et encombrant, le commun des mortels, sur scène raconte sa vie, invente, improvise, nous touche. Qu'y a-t-il dans le paquet ? Les débris de sa vie, ses souvenirs, le corps de sa femme, chacun peut s'imaginer ce qu'il veut.
J'ai adoré, comme tous les romans de Philippe Claudel.
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Après la lecture de "Parle-moi d'amour" du même auteur, j'étais très impatient de découvrir cette nouvelle pièce de Philippe Claudel.
J'étais impatient.... et j'ai donc lu !
Ma première impression: la déception.
Écrire, lire ou jouer un monologue est un exercice difficile dont peu d'auteurs ont su captiver pleinement le lecteur ou le spectateur…je pense à Jean Cocteau avec « la voix humaine »
Avec « le paquet » Philippe Claudel fait planer le mystère d'une tranche de vie d'un personnage dont on ne sait pas d'où il vient, ce qu'il fait avec son lourd paquet et où il va…
Le monologue dévoile la triste et complexe personnalité du personnage. le jeu d'acteur est chargé et certainement difficile à tenir.
Parfois drôle, parfois épique, des fois caricatural… puis il disparait avec son gros paquet, comme il est venu…de nulle part.
Une triste et inutile tranche de vie…
Dans le même genre, je me souviens avoir vu au théâtre à Paris dans les années 80,
« Tranche de vie » de Gérard Lauzier, c'était très drôle, c'était écrit pour ça.
En ce qui concerne « le paquet », je pose la question à l'auteur.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
On devrait toujours avoir un imbécile avec soi. Et il devrait être remboursé par la Sécurité sociale. Je suis persuadé que si le nombre d'imbéciles au mètre carré était multiplié, ne serait-ce que par deux, les taux de suicide et de dépression diminueraient d'autant. L'imbécile donne de l'espoir. C'est sa mission sur terre. C'est d'ailleurs pour cela que dans bien des pays progressistes et démocrates, nous en élisons un à la tête de l'Etat.
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Ahh... J'ai bien aimé le service militaire! J'ai vraiment bien aimé. Oui, beau moment... d'une intensité, d'une force! Oh là là là là! Et puis toutes ces manoeuvres, ces parades au printemps dans des villes pavoisées, devant des femmes en pamoison, ce parfum d'hommes dans la chambrée, l'absolue perfection des lits au carré, la propreté constamment javellisée des toilettes et des douches, les soirées arrosées de bonnes bières en canette durant lesquelles nos voix mêlées lançaient vers les cieux des chants patriotiques, l'absence de souci, la confiance mise dans nos chefs, dans leur extraordinaire intelligence, c'était merveilleux!
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On devrait toujours avoir un imbécile avec soi. Et il devrait être remboursé par la sécurité sociale. Je suis persuadé que si le nombre d'imbéciles au mère carré était multiplié, ne serait-ce que par deux, les taux de suicide et de dépression diminueraient d'autant. L'imbécile donne de l'espoir. C'est sa mission sur terre. C'est d'ailleurs pour cela que dans bien des pays progressistes et démocrates, nous en élisons un à la tête de l'Etat.
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Les profiteroles étaient des surgelées, mais on aurait juré des fraîches. C'est incroyable ce qu'aujourd'hui on parvient à faire dans le domaine de l'alimentation. C'est tout simplement stupéfiant. Si nos ancêtres du paléolithique avaient pu se douter de cela lorsque, grelottant, ils rongeaient leurs côtes de mammouth à demi crues, dans le fond d'une caverne obscure et humide, scrofuleux sous leurs peaux de bête mal tannées, s'apprêtant à mourir à moins de trente ans! Les malheureux, s'ils revenaient aujourd'hui, ils n'en croiraient pas leurs yeux. Les progrès de l'humanité dépassent l'humanité.
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Je n'ai plus rien. Je n'ai plus que mes mots et encore, souvent, je n'ai pas les bons. Je prends ceux qui traînent. Ce ne sont pas les miens. Ce sont ceux des autres. Ceux que je trouve à droite à gauche, dans les cafés, sur les tables, sur les murs, les publicités qui jonchent les trottoirs, ceux que j’entends à la radio, dans les transports en commun, dans les rues, les journaux, les télévisions. Des lambeaux. L’écume sale du monde. J'emprunte. Je n'ai pas de parole. Rien ne m'appartient. J’ai tout perdu. On m’a foutu dehors, je veux dire en dehors du monde. Je suis un drôle de satellite. Je rêve encore de la terre, mais je m’éloigne sans cesse. Rien n'a été pensé par moi, créé par moi. Je suis tellement perméable. Je ne suis qu’un pauvre type sans intérêt, cousu avec la peau de tous les autres.
C'est dur de n'avoir que sa vie quand elle est vide de tout, mais coupante comme un éclat de verre.
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Connaissez-vous ce grand roman sur l'indicible mais aussi sur l'autre, sur l'étranger, que l'on doit à un écrivain contemporain et qui reçut le prix Goncourt des Lycéens ?
« le rapport de Brodeck » de Philippe Claudel, c'est à lire au Livre de poche.
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