Publié deux ans avant le déclenchement du soulèvement syrien, c'est l'histoire des épouses, fiancées, amantes des prisonniers politiques des geôles d'Assad, condamnées, elles aussi à l'interminable attente, entre solitude et frustration sexuelle.
Que faire? Rester fidèle coûte que coûte? quitter,divorcer? Ou les tromper sans qu'ils le sachent?....d'autant plus , qu'une fois,les hommes libérés , les retrouvailles sont loin des attentes imaginées, rêvées.
L'histoire pivote autour, d'Anat Ismail, jeune femme syrienne alaouite ,traductrice-interpréte du représentant du Haut Commissariat des Nations Unies à l'ambassade du Canada à Damas. Jawad, son compagnon druze du djebel est depuis quinze ans en détention.
A travers l'histoire d'Anat, de ses deux amies Mayyasa et Doha, qui se trouvent dans la même situation,et de celles des demandeuses d'asile, appartenant à des minorités ethniques ou religieuses de cette partie du monde, on parcourt les destinées très différentes mais souvent douloureuses de ces femmes , dans ces pays où, les filles sont encore "salées" peu après leurs naissances, mariées à 12-13 ans, leur éducations restreintes à l'école coranique et où le taux de crimes d'honneur sur eux est encore très élevé....
Dans cette enfer, Le Livre revient souvent(Tabucchi,Boulgakov,Arandathi Roy...) ,comme seul échappatoire à l'horreur et à la difficulté du quotidien.
Un livre magnifique, fort et sensuel , qui donne la parole aux femmes qui aspirent à leur dignité et leurs libertés.
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Ce livre fort nous emmène dans les pensées et le quotidien de femmes, épouses de prisonniers politiques. Nous y voyons leur attente desespérée, leurs espoirs, leurs doutes et leur tristesse. Elles ne savent généralement pas quand leurs maris sortiront et c'est bien là la difficulré et ce qui met les nerfs à vif.
L'auteure a réussi avec beaucoup de finesse à parler de certains tabous, comme de la sexualité de ces femmes qui sont avanr tout des femmes avant d'êtte des épouses, avec leurs désirs et leur frustration.
L'auteure a décrit l'attente mais aussi le retour à la maison de certains d'entre eux, la redécouverte d'un mari qui n'est plus le même que celui d'il y a dix ou quinze ans. Les gens changent, physiquement bien sûr mais aussi et surtout mentalement.
Outre le destin de ces femmes, nous découvrons également des vies brisées, celles d'hommes (plus rarement de femmes), des demandeurs d'asile qui ont vécu des choses horribles et qui nous les racontent à travers l'interprétariat d'Anat, notre personnage principal. J'ai été bouleversé par certains d'entre eux et reste profondément marquée par une histoire dans laquelle une jeune fille est décédée lors d'un incendie dans son école, la police religieuse empêchant ces petites filles non voilées de sortir pour ne pas être soumises au regard des hommes...
Lecture douloureuse donc, les sujets abordés étant tous terribles, et dont il va me falloir un peu de temps pour m'en remettre, mais lecture nécessaire.
J'ai été surprise de la liberté de l'auteure d'écrire sur des sujets aussi sensibles et/ou tabous.
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ce livre m ' a écartelée..la poésie d ' un amour infini, fantasmé, la richesse de l ' humain et puis les cris silencieux des persécutés,la cruauté frustrée de l 'humain, l 'autre, celui qui me laisse abasourdie, l ' actualité sans cesse renouvelée et mon impuissance.pourtant ..
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L’attente des compagnes de prisonniers en Syrie, par la romancière Rosa Yassin Hassan.
Lire la critique sur le site : Liberation
Refuser d'assigner aux gens une appartenance confessionnelle, ethnique, nationale, ou autre, était chose tout à fait louable, mais peut-être n'était-il pas inutile de connaître les différences et de les accepter comme telles.p.134
Lire l'histoire d'une minorité dans la version rédigée par ses propres membres allait me permettre de découvrir un autre point de vue,d'autres manières de voir.Les manuels scolaires nous avaient farci la cervelle avec l'histoire officielle,la seule qu'il nous fut donné de connaître ,l'histoire des vainqueurs,dans laquelle était escamoté tout qui était de nature à ternir la légende du pouvoir en place.p.143
Je déteste l'histoire... quels qu'en soit les acteurs ! L'histoire est ce mésirable bout de bois auquel nous nous raccrochons pour ne pas sombrer dans le désarroi devant l'idée que nous avons été exclus du cours de la civilisation.
Le temps aidant, elle s’efforça de considérer la honte comme faisant partie intégrante de sa complexité personnelle. De fait, aussi loin que remontait sa mémoire, elle avait toujours été sujette à ce sentiment de culpabilité chronique.
Personnellement, je serais incapable de me figurer l'Inde si je n'avais pas en tête les scènes et les détails du Dieu des petits riens.