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EAN : 9782226256171
275 pages
Albin Michel (02/04/2014)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Une petite île au large de la Corée du Sud, autrefois fréquentée par les pêcheurs, aujourd’hui envahie par les touristes. C’est le décor qu’a choisi le jeune écrivain américain d’origine coréenne Paul Yoon pour situer son premier livre, qui se déploie sur plus d’un demi-siècle, de la guerre de Corée à nos jours.


À l’image de la nouvelle qui donne son titre au recueil et raconte l’amitié improbable entre une vieille dame, la veuve d’un soldat ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Autrefois le rivage est un recueil de huit nouvelles de l'américain Paul Yoon. Ces huit nouvelles couvrent chronologiquement soixante-dix ans de la vie de l'île de Solla, une île fictive située en Corée du Sud, avec sa montagne et ses forêts, et celle de ses habitants. Au cours de ces soixante-dix ans, le lecteur est amené à découvrir la vie de ces pêcheurs sous l'occupation japonaise puis américaine.
Ce recueil invite le lecteur à partager la vie intime d'une touriste en quête du souvenir de son mari et d'un serveur qui vient de perdre son frère, d'un couple vieillissant qui ne partage plus que la crainte du devenir de leur fils, pêcheur parti en mer lors d'un essai nucléaire américain imprévu, d'une jeune femme au père grabataire qui voit revenir son amour d'enfance, d'une jeune fille au pied bot dont le village accueille un déserteur américain, d'une jeune femme volontaire dans un hôpital et qui guette, aux frontières de la folie, l'arrivée de celui qu'elle aime, d'une vieille plongeuse qui prend sous son aile un jeune garçon infirme…
Toutes ces nouvelles ont en commun d'évoquer pour nous un peuple, dont la culture, les rituels, le fonctionnement, sont étouffés par les diverses occupations militaires dont il est l'objet. Toutes évoquent des personnages attachants, qui ont du mal à s'inscrire aussi bien dans le passé que dans leur présent. Tout en retenue poétique et pudique, la plume de Paul Yoon se fait la voix doucement mélancolique de ces destins communs d'un peuple et d'individus qui peinent à conserver leur identité dans un monde géré par d'autres et dont ils n'arrivent pas toujours à suivre les évolutions.
Ce recueil regroupe des nouvelles d'une grande qualité aussi bien littéraire "qu'historique", et même si toutes ont leur intérêt, "La fille du potier" m'a particulièrement touchée. A lire !
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Voilà un premier recueil de nouvelles tout à fait prenant et qui a le mérite de mettre en lumière un jeune auteur prometteur qui officie aussi du côté des romans (paraitra bientôt Snow Hunters, son premier roman). le cadre des histoires est toujours le même, l'île de Solla qui est située au large de la Corée du Sud. Elle est inventée de toutes pièces, inspirée par d'autres îles, elles bien réelles. Et le moins qu'on puisse dire c'est que l'environnement marin est une des composantes fondamentales de cette oeuvre car tous les personnages sont attachés à la mer et, pour certains, fragilisés par un naufrage (personnel ou littéral).

Dans les huit nouvelles qui composent ce recueil, on s'immisce dans quelques épisodes de vie empreints de mélancolie mais où l'espoir n'est pas tout à fait abandonné. Ainsi en est-il de cette veuve d'un certain âge qui séjourne dans un hôtel et se met en devoir de découvrir les grottes locales, sur les traces de son défunt mari et avec pour accompagnateur un bienveillant serveur coréen, rencontré sur place. Mais il y a aussi ce couple vieillissant qui décide d'aller à la recherche, en mer, de leur fils disparu. A bord d'un chalutier, ils rencontrent un navire américain ce qui occasionne un certain émoi. A travers la petite histoire, est abordée la grande avec son lot d'occupations (japonaise puis américaine), de tensions mais aussi de petites tragédies.

L'écriture est sensible et Paul Yoon nous rend son île de Solla particulièrement réelle et habitée : elle est isolée mais pas figée. Ce sont les personnages qui sont les émissaires d'un monde en transformation, tiraillé entre traditions et modernité. Et dans les différentes situations, le lecteur est fasciné par le folklore coréen qui transparait dans le demi-siècle traversé, au fil des pages.
Les différents récits sont balayés par une tranquillité feinte car les petits actes peuvent provoquer les grands chambardements et tous les personnages évoluent avec détermination vers une réalisation de leurs aspirations profondes, quitte à voguer à contre-courant.
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Autrefois le rivage est un recueil de huit nouvelles, toutes ancrées sur l'île imaginaire de Solla en Corée du Sud. Dans chaque nouvelle, l'auteur décrit ce même paysage avec le mont Tamra puis les forêts, les cascades, les clairières et enfin le rivage avec les grottes. L'île est marquée aussi par la domination japonaise jusqu'à la seconde guerre mondiale où elle passe sous administration américaine.
Ces précisions géographiques et historiques sont importantes pour comprendre le caractère très secret des personnages. Les hommes ont souvent été enrôlés à contre coeur dans l'armée japonaise. Les fils ont subi les bombardements américains. Et les femmes sont souvent plongeuses (dans l'océan) toute leur vie pour subsister. Les enfants ont parfois des séquelles physiques et morales à cause d'un incendie, d'un requin, d'un tremblement de terre ou de la disparition d'un parent.
Quelque soit la nouvelle, chaque personnage a cette douceur, cette fragilité lié à l'histoire de famille, cette réserve qui les rend touchants. Les sentiments entre les personnages sont à la fois forts et mystérieux.
Jim, ce serveur qui vient de perdre son frère dont le bateau a été pulvérisé par un sous-marin américain n'en éprouve pas moins de la compassion pour cette vieille veuve américaine qui recherche des traces de son amour perdu.
" L'attente, poursuit-elle. C'est comme une fièvre. Et lui je l'ai attendu. Mais celui qui est rentré, ce n'est pas l'homme que j'avais connu."
Ahrim, la vieille plongeuse s'émeut pour cet enfant manchot battu par ses camarades.
L'amour de Miya, orpheline et volontaire dans un hôpital pendant la seconde guerre mondiale, pour le jeune Junpei disparu à la guerre est d'un force gémellaire la conduisant aux limites de la folie.
Ma nouvelle préférée, Cherche-moi dans le camphrier est d'une profonde émotion avec la jeune Mihna qui ne peut se résoudre à quitter la maison familiale emplie des traces de sa mère disparue.
Si les nouvelles progressent dans l'échelle temporelle puisque la dernière se passe dans les années 2000, je regrette toutefois que chacune soit dans le même registre émotionnel.
L'auteur possède une belle sensibilité qui lui permet d'équilibrer force et émotion des personnages.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Est-ce que c'était Kori ?" demanda-t-elle une dernière fois. Elle lui tint les mains pour les empêcher de bouger. Elle essuya avec ses pouces son menton humide de salive, frottant la peau mal rasée. "Je vais te le décrire, ça t'aidera à ta souvenir." Sojin ramassa la canne qui lui avait échappé et la posa en travers de ses genoux. Elle se tourna pour s'asseoir dos contre ses jambes. "Je l'ai connu enfant, mais ensuite il est parti."
Son père demeura immobile.
"Il a voyagé loin. Il a allumé des incendies."
Elle entendit son père remuer, respirant lentement.
"Je trouvais que c'était beau. Et je l'aimais."
[La forêt incendiée]
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Un soir il y avait eu une pluie de météores, et Linn et ses parents avaient veillé pour aller l'observer du haut de la colline. Ils avaient bu du thé, drapés dans une couverture, et pour chaque étoile qui tombait, ils avaient rendu hommage à un de leurs défunts. Et les vivants, alors ? Linn avait posé la question, et son père avait pointé son doigt vers toutes les étoiles suspendues, celles qui ne tomberaient pas avant de longues années.
[Cherche-moi dans le camphrier]
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Il était capable d'une certaine forme d'amour, et il y avait aussi un amour auquel il aspirait. Sa femme était devenue une inconnue. Et son fils, lui semblait-il, était parti avant qu'il ait une chance de le connaitre. Où finissaient en ce monde les choses que l'on avait perdues ? se demanda-t-il alors. Quelqu'un les avait-il jamais retrouvées ?
[Au milieu du naufrage]
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Il soufflait un grand vent à l'odeur saline. Bey regarda Soni tremper ses doigts dans le thé et en humecter ses lèvres craquelées. A travers ce geste, il mesura à quel point elle avait vieilli, comme si elle s'amenuisait avec chaque jour qui passait. Lui aussi, d'ailleurs. Peut-être le temps les rognerait-il suffisamment pour qu'ils soient de taille à entrer dans une poche. C'était en ces termes qu'il concevait la mort. Un amoindrissement.
[Au milieu du naufrage]
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Les Américains venaient faire des essais. C'était désormais chose commune. Ils prenaient pour cible des îles inhabitées. Il en était ainsi depuis que l'occupation japonaise avait pris fin. Ce que les pilotes ignoraient, c'est que cette île en particulier, à l'est de Solla, était fréquentée par des pêcheurs qui ramassaient des algues et des coquillages.
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