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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je découvre Yourcenar avec ce livre, composée de deux courts romans qui ont pour lien l'homosexualité masculine. le premier, Alexis, est magnifiquement écrit, sous forme de lettre. Yourcenar a un style très personnel, auquel on adhère ou pas. En ce qui me concerne, j'ai adhéré. L'homosexualité du héros est à peine dévoilée, plutôt devinée. Outre le style, la grande force de ce roman est la choix du héros de ne pas adhérer aux critères sociaux de son époque et de choisir de vivre sa vie, le tout après un long combat très semblable à ce qu'on peut encore vivre aujourd'hui. Un choix de fin risquée dans une France très conservatrice à l'époque dans laquelle l'homosexualité est condamnée pénalement (le livre est écrit et édité en 1929). J'ai moins adhéré au deuxième roman, le coup de grâce, plus classique : le trio amoureux avec la femme qui aime un homme qui aime un autre homme. le tout sous fond de conflit dans les Pays Baltes qui ne nous parle pas du tout. Autant j'ai adoré Alexis, autant, je pense, on peut se passer de la lecture du Coup de grâce.
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Dès le début de cette longue lettre, on se demande... mais que veut dire Alexis à sa femme? Premier livre de Marguerite Yourcenar que je lis et je dois dire que la langue, les mots, et les phrases m'ont touché. On suit un personnage qui est dans un long tunnel depuis longtemps, déchiré entre ce que sa famille, la société attendent de lui (enfin ce qu'il croit) et ses propres envies. Finalement on est heureux qu'il en sorte et je ne peux imaginer quelle souffrance cela doit être pour les personnes qui vivent sa situation. Pour autant, ma lecture de jeune femme de 2024 me fait pense qu'il est quand même sacrément égoïste et pas franchement aidant avec sa femme. Enfin c'est un court roman et il ne faut pas s'attendre à avoir une réponse claire mais il faut s'attacher à tous les indices dissimulés avec retenu et grâce au fil de cette lettre.
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Ce sont deux nouvelles très différentes que l'on découvre dans ce livre. Dans Alexis, écrit sous la forme d'une lettre adressée à sa femme Monique, on découvre les raisons qui font qu'Alexis quitte Monique. Petit aparté, la connotation des prénoms est marquante. Pouvez vous imaginer une héroïne s'appelant Monique dans un roman actuel… difficile non ? Enfin bref Alexis écrit à Monique. Et nous sommes au siècle dernier. Il se trouve qu'Alexis aime bien Monique mais préfère les hommes. Et qu'au siècle dernier, cela n'était pas facile à vivre. Alors cette lettre est toute en délicatesse. Alexis tente d'expliquer, de rationaliser, de comprendre, de justifier ce qui lui arrive. Même si parfois on a du mal avec certaines justifications (genre la maman serait en partie responsable) …
C'est très bien écrit. On compatit à la fois avec Alexis qui vit un enfer du fait de ses préférences sexuelles mais aussi avec Monique qui n'y est pour rien. Sachant que Yourcenar n'avait que 24 ans lorsque cette nouvelle a été rédigée, on ne peut que s'incliner. Quel talent !


La seconde nouvelle est plus conventionnelle. Erich est un officier allemand qui raconte l'histoire de son non-attachement vis-à-vis de la soeur de son meilleur ami Conrad (pour lequel on peut penser que ses sentiments ne sont pas seulement amicaux). Cette soeur est très amoureuse d'Erich. Mais Erich est un homme qui a peu de sentiments et de convictions. Ce qu'il reconnait aisément. Et la situation qui aurait pu n'être qu'un malheureux incident va empirer car c'est la guerre. Une guerre, pré seconde guerre mondiale dans les états baltes. La situation va tourner au drame. Cette nouvelle, quoique bien écrite, m'a parue très noire, trop tragique. Mais par contre quel style !
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Ce roman est constitué de deux histoires courtes : Alexis et le coup de grâce.

Alexis : roman épistolaire. Il s'agit d'une longue, très longue lettre destinée à Monique, sa femme. Il lui explique pourquoi cette rupture. La plume est très pudique, rien n'est dit clairement mais tout est suggéré.
Quand Bernard Pivot interrogera l'autrice sur le pourquoi d'un tel choix, elle répondra tout simplement : "parce que je n'aime pas mettre des étiquettes" .

Le coup de grâce : C'est l'histoire d'un amour non partagé. Sophie tombe amoureuse d'Erich, officier prussien pendant la guerre civile Russe. Celui-ci, pourtant ému par cet amour, rejettera la jeune femme. Mais son attachement pour son frère, Conrad l'obligera à la fréquenter et être témoin de cet amour qui ne cessera de grandir.
Encore une fois, si les sentiments de Sophie sont clairs, ceux d'Erich sont dissimulés et suggérés... Apparaît alors un homme froid, voire cynique.

Ce livre était mon tout premier roman de Marguerite Yourcenar, première femme élue à l'académie française en 1980. Quand je referme le livre, je constate qu'il regorge de post-it !! Des phrases sublimes, des extraits touchants et surtout des passages qui m'ont profondément émue ... Excellente lecture donc !
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C'est la première fois que je lis un livre de cet auteur et que j'expérimente ce style de lecture.
Cela n'est pas déplaisant à lire certes mais il ya de grands passages fort ennuyeux ; néanmoins l'écriture est de grande beauté ; de plus c'est culturellement très bien.
Quant aux deux histoires présentées : bof bof.
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Ces deux nouvelles ne font pas partie de mes préférées, malgré mon admiration sans borne pour Marguerite Yourcenar, dont on retrouve la plume exquise et précise, tant dans la description documentée d'une époque révolue que dans la minutieuse analyse des sentiments que s'imposent ses personnages : le premier révèle à sa femme dans une longue lettre ses travers, en la priant de le pardonner, révélant entre ses lignes une vision bien masculine de la femme et de sa place dans la société austro-hongroise, tandis que le second, officier allemand et balte, joue des sentiments qu'éprouve pour lui la jeune Sophie, même si cela doit les détruire tous les deux.
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Un lent crescendo. Ou plutôt, pour la lectrice de cette longue lettre, une lente descente aux enfers. Lente mais inexorable... jusqu'à ce moment, où, brutalement, est annoncée comme évidence, sans plus de précaution: "le bonheur n'est pas venu, Monique".
Un nouveau clou est planté une page plus loin: "je cherche à revivre, le plus exactement possible, les semaines qui menèrent aux fiançailles, Monique, ce n'est pas facile. Je dois éviter les mots de bonheur ou d'amour, car enfin, je ne vous ai pas aimée."
Au delà même de l'amour du bonheur, les instants de prière en semble sont saccagés par un brutal: nous nous forcions aux pratique d'une dévotion exaltée". Et Dieu ne sera pas un recours: "ceux auxquels tout manques'appuient sur Dieu, et c'est à ce moment que Dieu leur manque aussi"

Descente au enfers: c'est confirmé! Elle est rendue plus poignante par le style souple, fluide, "l'acoustique du livre" qui est mentionnée en préface.
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Alexis,
Une lettre de séparation d'une grande profondeur qui est toute en retenue et d'une grande beauté de par son style très intellectuel. Alexis nous livre son combat intérieur et nous met face à nos propres émotions où les non-dits baignent... le mot n'est pas nommé, secret trop lourd à porter ! Il nous fait ressentir ce mal qui le ronge comme une maladie sournoise qui vous tourmente et ne vous lâche pas ! à l'époque, qualifiée même de "honteuse" car indicible.
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Etonnante cette facilité de Marguerite Yourcenar à se glisser dans la peau de ses personnages, surtout masculins : Hadrien, Zénon, Alexis dans cet ouvrage ou Eric von Lhomond encore dans le coup de grâce.

Etonnant aussi chez elle cette faculté d'autopsier le processus de pensée de l'homme, au sens de mâle de l'espèce humaine, dans sa relation au monde, dans sa relation à l'autre. L'autre étant souvent féminin naturellement, mais pas seulement, tel Antinous pour Hadrien.

Son approche des sentiments est très intellectualisée, un peu trop même. Elle lui confère une froideur presque scientifique. Cette maîtrise imposée ôte à mon sens à l'expression du sentiment sa spontanéité, sa sensualité qui donne de la chaleur à l'épanchement amoureux. Comme elle le dit elle-même : "Au lieu de parler d'amour, nous parlions sur l'amour".

Il est beaucoup question d'états d'âme de la part de ses héros dans l'évocation de ce combat qu'est la vie, en quête de plénitude plus que du bonheur, estampillé trop convenu. Ces personnages évoluent dans un univers écartelé entre les aspirations du corps, certes bien gouvernées, les convenances imposées par le milieu social et l'élévation intellectuelle, seule à pouvoir supprimer les barrières qui cloisonnent nos sociétés. On verse toutefois peu dans les croyances. le spirituel est trop hasardeux.

Mais la maîtrise de la langue vient au secours de cette analyse quelque peu déprimante. Pas un mot superflu, chacun est lourd de signification. Pas une phrase creuse. Pas un paragraphe qui ne soit construit. La syntaxe de Marguerite Yourcenar, qu'elle façonne en orfèvre, est l'escabeau qu'elle place sous nos pieds pour accéder à la puissance de son univers sémantique.
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Deux histoires différentes qui se rejoignent dans le thème: le malaise dans les relations amoureuses dans les années vingt. A l'époque, l'éducation de la petite noblesse enseignait des idéaux et ne permettait pas d'être différent.

La première histoire est une longue lettre D Alexis à Monique, dans laquelle il essaye d'expliquer leur mariage raté.

Dans le coup de grâce, Eric raconte ses relations difficiles et ambiguës avec Sophie durant la guerre civile qui a suivi la révolution russe dans les pays Baltes.

Ce qui fait la beauté du livre, ce sont les mots toujours si justes de Marguerite Yourcenar. Rien n'est dit et tout est dit à la fois. Il suffit juste de déguster le texte pour comprendre ses messages.
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