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EAN : 9782253934929
224 pages
Le Livre de Poche (24/04/2024)
3.85/5   42 notes
Résumé :
Un matin d'automne, Jia Jia pousse la porte de la salle de bains de son opulent appartement de Pékin et découvre son mari sans vie dans la baignoire. Il a laissé pour elle, sur le lavabo, le dessin énigmatique d'un homme poisson. Cette étrange figure aquatique ne cessera dès lors de la hanter.
Perdue et sous le choc, Jia Jia déambule dans la ville, boit plus que de raison, et noue peu à peu une relation avec un barman, Leo, susceptible de lui donner l'amour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Jia Jia découvre son mari sans vie dans son bain ! Même si l'amour n'avait jamais été présent au sein de son couple, la trentenaire n'en demeure pas moins affectée par le décès soudain et inexpliqué de cet indélicat mari avec lequel elle ne partageait pas grand-chose, mais qui lui avait promis une famille et le réconfort d'un foyer. Cette promesse envolée, que lui reste-t-il à part un grand appartement vide de vie et de chaleur, quelques toiles témoignant de cette carrière d'artiste que lui a refusée son époux et l'énigmatique dessin d'un homme-poisson ?

Jia Jia ne va pas bien, mais comme si elle était coupée d'une partie d'elle-même, celle qui a attrait aux émotions, elle ne le montre pas. Il faut dire que peu habituée à se laisser porter par ses envies et ses états d'âme, Jia Jia semble bien incapable d'exprimer verbalement son mal-être même si elle le souhaitait. À la place, elle végète dans son appartement entre velléité de renouer avec sa carrière d'artiste tuée dans l'oeuf, consommation de boissons alcoolisées et ses visites dans un bar où, de fil en aiguille, elle en viendra à nouer une relation avec le barman. Leo lui apportera un peu de douceur et de réconfort dans un quotidien assez morne et un futur devenu incertain et source d'angoisse. En effet, son mari ayant légué sa fortune à sa famille, Jia Jia doit maintenant trouver un travail pour subvenir à ses besoins…

Jia Jia est une femme que j'ai eu des difficultés à cerner, ayant cette impression tenace qu'elle était étrangère à elle-même et que son coeur était solidement cadenassé comme son manque d'investissement émotionnel dans sa relation avec Leo en témoigne. Cela lui apporte une complexité qui nous donne envie de mieux apprendre à la connaître et de la voir briser sa coquille. Un souhait exaucé puisque, petit à petit, notre héroïne évolue et gagne en humanité que ce soit grâce aux différentes rencontres qu'elle fera, aux liens (re)noués ou à un voyage au Tibet durant lequel elle suivra les traces de son défunt mari. Ce dernier s'y était, en effet, rendu en solitaire avant d'en ramener le souvenir d'un rêve étrange et la vison d'un homme-poisson qu'il couchera sur le papier. Un dessin qui deviendra l'ultime lien unissant les deux époux, peut-être de manière plus importante que leur mariage sans amour.

Cet homme-poisson sera le fil conducteur du voyage autant physique que spirituel de Jia Jia qui, en remontant la trace et les origines de cette créature hybride, devra faire face à elle-même, affronter sa douloureuse histoire familiale et dessiner son futur. Là où Jia Jia fait preuve d'un certain sens pragmatique, son voyage au Tibet la plongera dans un autre monde, celui de l'eau, si vide et si plein à la fois. Un monde qui s'agrippe à nous tout au long du roman et que l'on perçoit au détour des pages : l'eau du bain à partir duquel tout a commencé, la pluie, l'eau de l'aquarium de la tante de Jia Jia, cette mer et ses vagues que la veuve n'arrive pas à représenter, l'homme-poisson, les pleurs… Difficile de ne pas voir dans cet élément indispensable à la vie, un certain symbolisme, peut-être celui de la renaissance, la mort de son mari ayant sonné pour Jia Jia l'heure du renouveau… Si le monde de l'eau peut se révéler pesant et inquiétant, il fait aussi le lien entre rêve et cauchemar, entre vivants et morts, entre mer et terre et apporte une certaine dimension onirique flirtant parfois avec le fantastique.

Avec pudeur et une subtilité maîtrisée, l'autrice explore, à travers la figure intrigante de l'homme-poisson et du voyage, des thématiques à la résonance universelle : la famille, les malentendus, le deuil, la résilience, l'absence, l'amour et ses différentes facettes, la nécessité d'accepter l'être aimé dans ses différences et de ne pas l'enfermer dans une cage dorée, mais aussi le rêve, et le besoin pour certains de s'évader dans des limbes qui peuvent se révéler inaccessibles au commun des mortels et desquels il est parfois bien difficile d'en sortir, sans y perdre une partie de son âme… En toile de fond, il y a également cette Chine que l'on connaît finalement peu en Occident et dont l'autrice nous brosse un portrait nuancé entre modernité et tradition, entre liberté d'une jeune veuve d'entamer une relation charnelle avec un barman peu de temps après la mort de son mari, mais superstition poussant des parents à craindre pour la vie de leur enfant unique en raison de l'aura funeste entourant le destin d'une veuve.

Quant à la plume de l'autrice, j'ai été étonnée par sa puissance et sa fluidité : sans jamais entrer dans le registre de l'émotif ou du larmoyant, l'autrice arrive à insuffler beaucoup de beauté et de poésie à son roman et à nous faire ressentir toutes les émotions, attentes et blessures de ses personnages. D'ailleurs, au-delà de Jia Jia à laquelle on ne peut que s'attacher, j'ai adoré la palette de personnages secondaires plutôt variée, bien que peu étendue. de la maladresse d'un père qui peut passer pour de l'indifférence aux tentatives de rapprochement d'une belle-mère vue comme une briseuse de ménage en passant par un écrivain recherchant sa femme disparue ou un guide bavard, mais accueillant, chaque personnage possède un petit quelque chose qui le rend terriblement humain, fragile et/ou émouvant.

En résumé, mélange de réalité et d'onirisme, de retenue et de passion, de peine et d'espoir, Porc braisé, c'est une porte d'entrée sur l'univers d'une autrice dont on ne peut que louer le sens de l'authentique et de la poésie ainsi que le talent pour plonger ses lecteurs dans une mer d'oubli, d'incertitude et de curiosité. Au gré des rencontres et des découvertes, nous nous ouvrons, aux côtés de l'héroïne, à un monde fascinant et empreint de mystère dont les contours nous apparaissent tour à tour flous et épais, brumeux et infranchissables, attirants et effrayants… Un premier roman envoûtant et indéfinissable nous menant sur le chemin de la sérénité !
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Premier roman d'une jeune auteure chinoise où se mêlent culture asiatique et occidentale, réalisme, poésie, onirisme, traditions et modernité.

Le sentiment qui se dégage de cette lecture est une bulle de bien-être dans laquelle flotter le temps des quelques pages de ce court roman.

Une ode à la réappropriation de son essence profonde par cette jeune femme abîmée par la vie, par l'abandon de son père et de ses rêves de jeunesse.
On sent très fort l'impact de la culture chinoise et l'empreinte que celle-ci laisse encore sur les jeunes générations de femmes qui même cultivées et éduquées 'à l'européenne' se rangent finalement dans une vie qui ne leur convient pas. En filigranes également le culte de l'effort et de la réussite dans une société où les apparences sont plus importantes que le 'bonheur' et où l'échec est ressenti comme une trahison 'familiale', nationale tout autant que personnelle.

L'art est le moyen qu'a trouvé Jia Jia pour s'exprimer et se retrouver comme autant de métaphores d'une renaissance en se réconciliant aussi avec un passé dont seule une partie lui avait été révélée. Cette réconciliation avec son autre elle lui permet de l'enterrer au fond de l'océan pour remonter à la surface et enfin voir la lumière d'un nouvel horizon, comme lavée et allégée de tout le poids d'une vie antérieure qui n'est plus la sienne et de se tourner vers l'avenir.

Un joli récit proche du conte et du rêve, avec des défauts et aussi tellement de douceur, de langueur, de force qu'il enveloppe son lecteur consentant d'une bulle absolue de bien-être. Une ouverture vers une réflexion que chacun continuera selon son propre chemin.

Une lecture bienvenue qui s'est présentée quand j'en avais besoin. Il n'y a pas de hasard. Ce récit était fait pour moi à ce moment précis.
J'espère que d'autres auront cette chance également que cela soit avec ce roman ou avec un autre. Quelle importance s'il vous réchauffe le coeur (il y fait un peu froid, humide et même glacial, c'est après être remonté à la surface que s'installe la chaleur et le réconfort)
- Lecture du 10/12/2020 -

A suivre assurément.
Evitons les comparaisons avec Murakami, ce serait loin de rendre justice à cette jeune auteure et hommage à ce grand auteur, même s'il y a une légère filiation de par l'onirisme.
L'auteure a son univers propre encore à parfaire de par sa jeunesse d'écriture et de style. Il est simple, poétique, sans fioritures, quelques heurts dans les liaisons à certains moments et déjà de magnifiques bases solides dans la construction et de l'histoire et des personnages.

"Un matin d'automne, Jia Jia pousse la porte de la salle de bains de son opulent appartement de Pékin et découvre son mari sans vie dans la baignoire. Il a laissé pour elle, sur le lavabo, le dessin énigmatique d'un homme poisson. Cette étrange figure aquatique ne cessera dès lors de la hanter. Perdue et sous le choc, Jia Jia déambule dans la ville, boit plus que de raison, et noue peu à peu une relation avec un barman, Leo, susceptible de lui donner l'amour qu'elle croyait impossible. Libérée d'un mariage asphyxiant, Jia Jia se redécouvre, renoue avec sa passion pour la peinture et affronte son passé et toutes ces choses que ceux qu'elle aime ont trop longtemps tues."
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j'ai beaucoup aimé ce roman très intriguant qui nous mène dans les pas de Jia Jia, jeune femme pékinoise complètement perdue après la mort se son mari. L'atmosphère du roman est très particulière et prend parfois des teintes mystiques, notamment avec cette quête spirituelle et les rencontres qu'elle peut faire tout au long de son périple. Nous la suivons dans un cheminement intense et de longue haleine, autant psychologique que géographique puisqu'elle nous emmène jusqu'au Tibet.
La jeune femme nous fait part de la pression qu'elle ressent en tant que jeune veuve, nous permettant ainsi de découvrir la société chinoise : difficultés à se remarier après le décès du conjoint (eh bien oui, elle porte malheur !), difficultés également financières puisqu'elle n'a pas su lui donner un fils, elle n'est pas digne de recevoir l'héritage qui va revenir aux parents du défunt (tout naturellement). Nous découvrons la dure réalité des citadins chinois devant faire face aux charges mensuelles, aux escrocs etc. Plus généralement, nous découvrons la société dans son ensemble : la corruption (et le combat contre celle-ci), l'envoi des enfants en pension à l'étranger, la douce folie de certaines personnes aisées (peinture du Bouddha), etc.
Jia Jia est une jeune femme torturée, n'ayant pu vivre de son art à cause de son mariage, doutant de ses actes et blessée par ses conditions familiales étant jeune. Elle est pétrie de culpabilité et ne trouve pas le repos. Elle va alors se lancer dans cette quête de l'homme-poisson et du monde de l'eau. Je suis très intriguée par ce monde parallèle. Doit-on y voir une métaphore de la dépression (le tâtonnement lors de la quête) et du suicide (le départ pour le monde de l'eau) ? Je serai très intéressée pour discuter de ce point de vue avec les autres lecteurs. Je ne suis pas sûre de ma lecture des faits mais j'aime à y croire.
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Un très beau premier roman à l'atmosphère mélancolique et poétique qui enchantera le lecteur et l'emmènera à se poser de nombreuses questions sur la place qu'il occupe, sur la vie, sur le passage du temps. Un roman beau et déroutant à la fois, qui nous prend par la main et nous entraîne dans les méandres de l'absence.

Jia Jia est un personnage bouleversant qui se perd petit à petit pour mieux se retrouver et enfin se reconstruire. On s'attache très vite à cette femme en souffrance qui cherche des réponses et un sens à sa vie au fond d'un verre, au fond d'un rêve…

Si la mort de son mari est l'élément déclencheur de cette prise de conscience, cette mort l'oblige à réaliser que jusque-là elle était enfermée dans sa propre vie, enfermée dans sa place d'épouse, enfermée dans son appartement, enfermée dans la société à laquelle elle appartient. Son existence semble se dérouler dans un brouillard, une sorte de flottement perpétuel, comme si elle était constamment entre deux eaux, anesthésiée, les sens engourdis.

L'élément liquide est très présent dans ce roman, l'eau, l'homme-poisson, la boisson qui apporte un semblant d'apaisement à Jia Jia quand la solitude et les doutes se font trop pesants. Cette allégorie de l'eau, symbole des émotions qui ne demandent qu'à se libérer, représente l'envie de Jia Jia de réapprendre à vivre tout simplement. Cette eau est en réalité, une libération, un fil conducteur qui va relier Jia Jia à son passé, à ses parents, à son mariage, à sa vie future et la réconcilier avec elle-même et surtout l'aider à s'accepter et à retrouver sa place dans la vie, dans sa vie. Cette eau qui coule au fil des pages devient tout au long du roman un personnage à part entière de l'histoire.

Les personnages secondaires, s'ils peuvent sembler anecdotiques pour certains, simplement de passage pour d'autres, tiennent en réalité une place très importante. Ils représentent, chacun à leur manière, ces rochers à fleur d'eau qui aideront Jia Jia à remonter à la surface pour reprendre sa respiration, pour continuer à avancer et à s'ancrer à nouveau dans sa vie. Léo le barman, oreille attentive qui aidera Jia Jia à renouer avec son corps, Madame Wan qui l'aidera à renouer avec sa créativité et la peinture, Ren Qi, qui l'aidera à renouer avec son passé… Tous aideront Jia Jia à reprendre possession de sa vie et à libérer enfin l'homme-poisson.

Un très beau roman initiatique sur cette femme qui retrouve sa vie et sa place dans la société, un roman prenant, très émouvant, qui vous emmène dans une plongée en apnée dont on remonte comme groggy et un peu nostalgique aussi.

A lire sur le blog :
Lien : http://bidules16.canalblog.c..
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Ayant lu ce joli roman au cours d'un partenariat entre le Handbo(o)k Club et les Éditions Delcourt, je tiens tout d'abord à les remercier pour cette belle découverte !

Alors qu'ils sont sur le point de partir en voyage, Jia Jia découvre son époux Chen Hong (avec qui elle est mariée depuis quatre ans) raide mort dans sa baignoire ! Près du corps, Jia Jia va trouver un bien mystérieux dessin, représentant un poisson à tête humaine …

Complètement déstabilisée, la jeune femme prend l'habitude de se rendre dans un bar, manifeste un goût certain pour le champagne et entame une liaison avec Léo, le barman des lieux. Débarrassée de toute contrainte – si ce n'est financière – elle a décidé de recommencer à consacrer sa vie à l'art. À visiter le Tibet également !

Une superbe et courte intrigue, teintée d'une douce nostalgie poétique, un conte improbable sur le monde de l'eau qui m'a fait rêver toute éveillée … Un délicieux roman de résilience, un lent cheminement vers une renaissance. J'ai adoré !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
"Comment connaît-on vraiment quelqu'un ? dit-elle finalement. Même si je mettais mon cœur à nu, que je le découpe en morceaux, et que je t'en explique chaque détail, minutieusement, à la fin, il faudrait bien que je remette tout ce bazar dans ma poitrine. Encore plus fragile qu'avant. "
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En de meilleures circonstances, Chen Hang avait veillé à ce qu'elle ne manque de rien, mais à présent il était mort et n'avait pris aucune disposition. Depuis ce jour fatal, Jia Jia avait compris que ses dernières années - les plus belles- avaient été gâchées, gaspillées, emportées par un misérable dans sa mort, emballées dans une urne funéraire trainée par sa famille jusqu'à ce cimetière où, d'après cette même famille, elle n'avait pas droit de cité. Elle aurait dû lui donner un enfant plus tôt. Ainsi aurait-elle davantage compté pour lui.
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La meilleure façon de perdre quelqu'un, c'est de le garder auprès de nous.
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Disparaître, songea-t-elle, ce n'était rien d'autre que partir sans dire au revoir.
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Elle sortit son masque antipollution de sa poche et l'agita en l'air avant de pousser la porte. p18
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