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sur 3021 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai adoré ce premier tome des Rougon-Macquart, au-delà de mes espérances. Zola y jette les bases de sa célèbre saga et déploie les premières branches de l'arbre généalogique, à partir de l'aïeule Adélaïde.

La fortune des Rougon s'inscrit dans les événements du coup d'État de 1851, mais ce contexte historique et politique s'avère davantage un prétexte pour nous offrir un récit captivant et des personnages truculents. Les individus les plus purs poursuivent de nobles idéaux, tandis que les plus odieux (plus nombreux que les premiers !) sont prêts à tout pour la gloire et l'argent. À noter, les protagonistes féminines (Adélaïde, Miette et Félicité) arborent des personnalités particulièrement complexes et intéressantes. Quant aux descriptions des lieux (souvent la nuit), elles évoquent des images fortes et magnifiques. Bref, l'écriture de Zola est un régal et j'ai hâte de poursuivre la lecture de cette épopée familiale tragi-comique.
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La Fortune des Rougon / Émile Zola
La Fortune des Rougon, premier livre de la série des Rougon-Macquart fut publié en 1871.
L'action se déroule dans la petite ville fictive de Plassans (les connaisseurs reconnaîtront Aix en Provence), alors que le coup d'État de Louis-Napoléon est en cours en décembre 1851. Il faut se rappeler que Louis-Napoléon a été élu président de la IIe République en 1848 à la suite de la Révolution de la même date, qui a mis fin à la monarchie. La France est divisée, l'aristocratie soutenant la monarchie, la bourgeoisie soutenant l'Empire et les ouvriers la République.
Silvère, beau garçon âgé de dix-sept ans, armé d'un fusil, s'installe aux abords de l'ancien cimetière de Plassans. C'est là que le rejoint Miette, une toute jeune fille de treize ans, déjà nubile, son amoureuse. Ils n'échangent pas de baisers, rien qu'une petite étreinte où l'amour a encore l'innocence attendrie d'une tendresse fraternelle. Ils sont tristes, car cette dernière étreinte ressemble à un adieu. Ils ont peur d'être vus des gens de la ville et se cachent sous une large pelisse qui est chaque fois le nid naturel de leurs amours. Silvère veut rejoindre les républicains dont le groupe doit arriver d'un moment à l'autre. L'émotion est grande chez Silvère lorsque la petite armée d'insurgés arrive en chantant la Marseillaise et Miette qui ne veut pas être en reste brandit alors la bannière tricolore.
Nous sommes revenus 30 ans en arrière. On fait connaissance des familles Fouque, Macquart et Rougon, des familles tout ce qu'il y a de plus obscure. Adélaïde Fouque, issue d'une famille de maraîchers a épousé un Rougon, un jardinier. Elle a dix-huit ans. Leur fils Pierre nait peu avant la mort du père. Adélaïde se met alors en ménage avec un certain Macquart, un ivrogne notoire. Ils ont deux enfants, Ursule et Antoine.
le jeune Pierre, dix-sept ans, est ambitieux et sans scrupules. C'est déjà un garçon vicieux, fainéant et avide de jouissances, mais peu à peu il va se transformer en un homme économe et égoïste. Il ne supporte plus les frasques de sa famille et va l'éliminer à sa façon peu à peu, sa mère et les deux bâtards, chercher une femme lui apportant l'opportunité de réaliser de bonnes affaires. Félicité Puech sera son épouse à partir de 1808 et donne naissance à trois fils et deux filles, une grande famille dont l'éducation voulue par Félicité, femme intelligente, leur coûte cher.
Trente années vont passer. La Révolution de 1848 va offrir aux Rougon, famille de bandits aux aguets, la possibilité de s'enrichir par tous les moyens. Et en 1848, il faut choisir son camp, celui des royalistes ou celui des républicains. Ils vont s'allier aux bonapartistes et s'enrichir sur les ruines de la liberté. Félicité a alors cinquante ans et Pierre soixante et un ans. Pierre est rongé par l'ambition et se sert de son fils Eugène, bien placé dans la capitale dans les milieux bonapartistes pour avancer ses pions. En vérité, c'est la frétillante Félicité qui va tirer les ficelles avec intelligence au sein d'une famille déchirée. Tout se décide chez elle dans le cadre du Salon Jaune qui devient le centre réactionnaire où se réunissent les opportunistes bourgeois de Plassans. Pour Félicité, femme de tête, l'idée de réussir, de voir toute sa famille arriver à la fortune est devenue une monomanie, une obsession.
Dans ce roman socio-politico-historique, Zola décrit très bien le contexte de la fin de la Deuxième République et le début du Second Empire, cadre où au début du roman évoluent Miette et Silvère, fils d'Ursule, deux grands enfants avides d'amour et de liberté :
« Ce fut par cette noire et froide nuit de décembre, aux lamentations aigres du tocsin, que Miette et Silvère échangèrent un de ces baisers qui appellent à la bouche tout le sang du coeur…Leur idylle traversa les pluies glaciales de décembre et les brûlantes sollicitations de juillet, sans glisser à la honte des amours communes ; elle garda son charme exquis de conte grec, son ardente pureté, tous ses balbutiements naïfs de la chair qui désire et qui ignore.»
Un cadre également qui sert une meute d'appétits lâchés et assouvis, dans un flamboiement d'or et de sang, ceux des Rougon-Macquart qui vont mordre aux plaisirs des riches, aiguisés par trente ans de désirs contenus, montrer des dents féroces :
« Ces grands inassouvis, ces fauves maigres, à peine lâchés de la veille dans les jouissances, acclament l'Empire naissant, le règne de la curée ardente. »
Malgré toutes ses qualités notamment de style, ce roman fondateur de la saga des Rougon-Macquart est beaucoup moins connu que Germinal ou l'Assommoir, constituant la clef pour entrer dans l'univers de Zola, où l'ambition, la soif de pouvoir et de jouissance, la critique de l'Empire, l'essor du capitalisme, le rôle de la presse, l'alcoolisme, la condition ouvrière et les luttes politiques, sont omniprésents. L'opposition entre les deux forces politiques et bien mise en évidence, d'un côté, des républicains à l'idéalisme courageux mais naïf, incarnés par Silvère et Miette, de l'autre les bourgeois peureux mais opportunistes, les Rougon.
En raison du nombre très important de personnages, qu'ils soient de la famille des Rougon-Macquart ou non, il convient de noter sur une fiche dès le commencement de la lecture la filiation de chacun où leur fonction. Pour faciliter les choses, on peut se référer à l'arbre généalogique simplifié avec le lien : http://michel.balmont.free.fr/pedago/zola_bete_humaine/rougon-macquart.pdf
En conclusion, ce n'est pas le plus passionnant des romans de Zola que j'ai lus, certes, mais il est important car beaucoup de personnages apparaissent que l'on retrouvera plus tard dans les autres volumes de la saga.



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"La Fortune des Rougon" tient une place à part dans la bibliographie d'Emile Zola: c'est le tout premier volume de sa saga des Rougon-Macquart, le roman des origines, celui qui contient en germe toutes les obsessions de l'écrivain et presque toutes les clefs pour comprendre (et aimer) les romans mais surtout les personnages à venir!
Il tient aussi une place à part dans mon coeur de lectrice... Des quelques vingt romans que compte la fresque, ce grand frère est le dernier qu'il m'ait été donnée de lire et de rencontrer -est-ce surprenant quand la tribu compte des titres aussi fameux que "Germinal, "L'Assommoir"?- et cette dernière rencontre est l'une des plus belles à mon sens.
Cela tient peut-être à mon gout pour les généalogies, pour les secrets de famille littéraires... mais pas seulement. "La Fortune des Rougon", ce sont des personnages, du panache,un rien de romantisme aussi (attendez avant de me traiter d'hérétique!) . C'est enfin un grand souffle romanesque qui galope sur sept chapitres à la construction rigoureuse.
Le roman s'ouvre sur la peinture de Plassans et de son cimetière qui se métamorphose lentement en terrain vague... Un cimetière dès le premier chapitre... C'est audacieux, c'est attirant... Un cimetière en premier chapitre du premier volume d'une vaste construction romanesque... C'est assez génial quand on y pense... Au coeur de ce lieu atypique, inquiétant, une nuit deux enfants viennent à la rencontre l'un de l'autre: Miette, la presque orpheline et Silvère (je ne sais si il y a parmi les lecteurs de Zola des amateurs de la merveilleuses bande dessinée "Sambre" de Yslaire, mais l'entrevue de ces deux amoureux au cimetière m'a furieusement rappelé Bernard et Julie dans le premier tome de la série. Coïncidence? Après tout, Yslaire est un amoureux de la littérature du XIX°siècle...) Ils s'aiment sans calculs et simplement, avec l'authenticité de leur pré-adolescence et ne se doutent pas des remous qui les attendent. La jeune fille doit se résoudre à dire au-revoir à son ami qui s'apprête à partir avec les républicains qui ont maille à partir avec le régime politique en place. Nous sommes en 1851.
Le chapitre suivant nous convie à visiter Plassans et ses trois quartiers dont on comprend qu'ils ont chacun leur population: le centre pour le peuple et les institutions, les alentours de Saint Marc pour les conservateurs et la nouvelle ville pour la bourgeoisie et surtout nous présente les membres de la famille de Silvère: les Rougon qui descendent de la vieille Fouque et de son époux et la branche illégitime de la famille, produit d'Adélaide Fouque et de son amant Macquart, crapule notoire.
La suite du roman s'attache aux pas des membres de cette famille: des Rougon parvenus au faîte de la fortune à coups de mariages et de travail aux Macquart déchus avant même d'avoir vécu.
Du côté des premiers, c'est la peinture de l'ambition et des tensions politiques de l'époque, de l'amour de l'argent aussi qui les contraindra à briser les seconds, les parents pauvres de la famille, à en tirer profit et qui les poussera sur le devant de la scène politique. Bonapartistes, républicains... le clan se divisera et Plassans deviendra le symbole des conflits qui secouerons la France jusqu'à l'avènement de l'Empire par les armes et le sang. Il n'y a pas de place pour les sentiments dans ce roman... Il faut avoir des nerfs d'acier et le coeur sec pour arriver... ou la sagesse d'un Pascal qui ne partage pas les appétits d'un Aristide et d'un Eugène... L'Histoire passera, implacable sur Plassans et heureux ceux qui auront su miser sur le bon cheval. L'Histoire passera et au passage, on y sacrifiera deux enfants idéalistes et purs. Après tout, les Rougon-Macquart ont bien d'autres chats à fouetter que les amours enfantines: ils ont Paris et le reste à conquérir....
Un roman de sang et de poudre, beau et tragique, d'une ironie mordante aussi. Un très grand Zola qui cache en lui l'ambition, le fracas et la grandeur de ceux qui suivront.

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Sublime et bouleversant. J'ai enfin entamé ce monument de la littérature et je suis, dès les premières lignes, tombé sous le charme du premier tome, introductif, de la saga des Rougon-Macquart.

Une plume et un style magnifiques, d'une étonnante fluidité, de longues, minutieuses et splendides descriptions, de l'action, de l'humour, parfois caustique : l'ensemble est savamment équilibré, à la fois poétique et vivant, intéressant et haletant.
Émile Zola dépeint ses personnages avec une précision et une justesse redoutables et est autant capable de tendresse infinie pour brosser le portrait de Silvère et Miette, deux jeunes adolescents dont les amours naissantes et naïves sont délicieusement retranscrites, que d'âpreté pour analyser Pierre Rougon et sa femme Félicité ou Antoine Macquart qui usent de toutes les bassesses et les manigances les plus sordides pour parvenir à leurs fins dans leur poursuite désespérée de richesse, d'ascension sociale et de pouvoir, aussi minime soit-il.

Le contexte historique est extrêmement riche et on est rapidement précipité dans cette époque tourbillonnante où les régimes se succèdent. de la Révolution de Février en 1848 qui instaure la Deuxième République au coup d'état du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte qui conserve le pouvoir à la fin de son mandat officiel de Président et provoque le soulèvement des zones rurales. La fièvre républicaine pousse sur les routes de France des milliers d'insurgés, animés par un idéal de droit et de justice. La répression est sanglante, l'insurrection est matée et le Second Empire sera proclamé peu après.

L'intérêt de ce roman, de ce premier tome, est autant littéraire qu'historique et c'est également un vibrant plaidoyer pour la République.

Émouvant et magistral.

Un mot sur l'édition de la Pléiade qui regroupe les cinq premiers tomes de la saga des Rougon-Macquart. Outre la beauté et la qualité de l'objet livre, sublime en tout point, on y trouve quantité d'informations supplémentaires sur le, ou plutôt les textes originaux de Zola. Les explications, les notes et variantes sont très intéressantes pour comprendre en détail comment l'auteur a construit ce premier tome, de ses notes préparatoires à la rédaction et enfin la publication en feuilleton dans le grand quotidien le Siècle à partir de juin 1870. Je regrette toutefois que certaines annotations divulguent des éléments clefs du récit en avance. C'est un classique qui a 150 ans mais que certains lisent pour la première fois, dommage donc de leur gâcher une partie du plaisir.
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Au commencement était le Verbe... enfin, non je mégare là... Au commencement était Adelaïde Fouque, la génitrice de la très célèbre lignée des Rougon-Macquart. Adelaïde épouse Rougon, un jardinier mal dégrossi; de cette union naît un fils, Pierre Rougon. Puis elle se met en concubinage avec Macquart, un contrebandier paresseux et porté sur la boisson qui lui donne deux enfants, Antoine et Ursule.

Pierre Rougon, a hâte de ne plus être paysan, travailler la terre, soigner les légumes, lui semblait grossier, indigne de ses facultés. Très vite, il devient ambitieux et avide. Il souhaite par dessus tout devenir bourgeois. Il ne recule devant rien pour assouvir ses rêves de gloire et de fortune. Sa femme, Félicité, qui n'est pas la dernière question avidité, manipule son mari et c'est grâce à elle qu'ils parvienent à leurs fins.

Il est des hommes qui vivent d'une maîtresse, Antoine Macquart, vit de sa femme (Fine, une grande travailleuse) et de ses enfants, avec autant de honte et d'impudence. C'est sans vergogne qu'il pille la maison et s'en va festoyer au dehors. Après de nombreuses années à vivre aux crochets des siens, il se retrouve seul et voit les évènements de 1851 comme une aubaine qui pourrait bien faire sa fortune.

C'est dans ce contexte que nous suivons le destin de ces deux demi-frères (que tout oppose ou presque : Rougon choisit le camp des conservateurs alors que Macquart fait tout pour que les républicains l'emportent) à Plassans, une petite ville de province (en réalité Aix-en-Provence où a grandi Zola) sur fond de coup d'Etat bonapartiste.

Zola nous révèle donc les premiers secrets du "livret de famille" et pose les bases de cette fresque familiale et sociale sous le Second Empire. On remarque déjà que les racines et le tronc de l'arbre sont pourris, que les descendants de cette famille vont cumuler de nombreux vices et défauts. Assurément un très bon début, tant je me suis délecté de ces personnages fourbes et opportunistes que sont Pierre, Félicité et Antoine et de voir les subterfuges qu'ils imaginent poussés par leur avidité maladive.
Pour finir, je laisse la parole à Pascal Rougon (le fameux Docteur Pascal, dont le vingtième roman éponyme clôt la série) qui résume à merveille la situation : "Il songeait à ces poussées d'une famille, d'une souche qui jette des branches diverses et dont la sève âcrecharrie les mêmes germes dans les tiges les plus lointaines, différement tordues, selon les milieux d'ombre et de soleil. Il crut entrevoir un instant, comme au milieu d'un éclair, l'avenir des Rougon-Macquart, une meute d'appétits lâchés et assouvis, dans un flamboiement d'or et de sang".
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Voici le premier des vingt romans qui constituent "l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire". Une ancêtre hystérique, Adélaïde (elle partage son nom avec l'une des filles de Louis XV, ce qui nous conforte dans l'idée que le roman s'ouvre sur la fin d'une époque) donne naissance à deux branches: celle des Rougon, qui est légitime et destinée à accéder à la bourgeoisie montante. L'autre, bâtarde, celle des Macquart restera du côté du peuple. Ce qui est frappant dans ce roman, en plus des caractéristiques qui renvoient sans cesse le lecteur vers le naturalisme (c'est tout de même prodigieux de réaliser une démarche d'observation scientifique sur toute une famille!), c'est la réalité historique qui le caractérise: Zola relate le massacre des insurgés républicains dans le Var en décembre 1851, et dénonce le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte. L'auteur ne se contente pas de narrer les faits, il procède à une analyse minutieuse des milieux, des mentalités de son époque. Sa démarche documentée est si rigoureuse, qu'aujourd'hui encore, des historiens louent ce roman. le plus beau souvenir que je conserve de ce roman, ce sont bien sûr les rencontres de Miette et de Silvère Mouret, et toute la symbolique qui les accompagne: leurs rendez-vous secrets dans le jardin, puis le cimetière (un signe prémonitoire), l'innocence de la jeunesse sacrifiée que ces deux personnages représentent m'ont très agréablement surpris, puisqu'il m'ont permis de découvrir de nouvelles subtilités venant de l'auteur, que je n'avais nullement subodorées avant de lire cet ouvrage.

L'histoire des Rougon-Macquart est étroitement liée à celle du Second Empire: Zola était considéré jadis comme un opposant à ce nouveau régime. En dépit de ses codes qui se rapprochaient de la monarchie constitutionnelle, le Second Empire n'était qu'une dictature, puisque l'empereur détenait à la fois le pouvoir exécutif et législatif. D'autre part, la presse et les sphères administratives étaient hautement surveillées: une loi de sûreté générale permettait d'incarcérer sans jugement des suspects. L'opposition n'avait par conséquent aucun moyen de tenir tête au régime. Ce qui est déconcertant lorsque nous découvrons ce roman pour la première fois, c'est la structure de l'oeuvre. L'intrigue oscille entre quatre fils narratifs: tout d'abord, nous découvrons l'idylle de Miette et de Sylvère, puis la quête de fortune des Rougon, puis la,marche des insurgés et l'histoire des principaux membres de la famille avant 1851. Ajoutez à cela une narration qui ne suit pas d'ordre chronologique; les analepses sont très récurrentes dans le récit. Quelques prolepses sous-entendent ce que sera la ville de Plassans en 1870. Cela a pour conséquence de créer un très bel effet de dramatisation et de relier les quatre fils conducteurs de la trame du roman. Une oeuvre captivante par la galerie de personnages qu'elle dresse devant nous.
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Zola est un virtuose qui a conquis définitivement mon coeur. Chacun des romans que j'ai lu a toujours reçu la note ultime, celle que je donne uniquement aux chefs-d'oeuvre de mon coeur.
Ce livre ne déroge pas à la règle pourtant je le craignais d'une manière irrationnelle. Je croyais à tort que ce livre, qui inaugure le cycle des Rougon-Macquart, serait un tableau assez fade brossant l'origine des Rougon-Macquart. Mais détrompez-vous, dès les premières lignes, nous sommes plongés dans un récit foisonnant, riche et plein de personnages finement travaillés !
L'auteur nous offre des portraits saisissants d'une famille recomposée où les caractères les plus divers se côtoient. Un fil ténu les lie et les enchaîne, celui de leur hérédité et des tares familiales qui se transmettent de génération en génération, notamment celle d'Adélaïde Fouque, leur aïeule, atteinte de légère folie et de crises nerveuses régulières. Cette dame aura trois enfants : Pierre Rougon, issu d'un premier mariage ; Antoine et Ursule Macquart, issus d'un concubinage avec un braconnier enclin à l'alcoolisme.
L'auteur se focalise ici sur les deux fils qui sont chacun à leur manière égoïstes, cupides et ambitieux. Ils seraient prêts à tout pour assouvir leurs projets et leurs désirs. Mais n'oublions pas la pire qui est Félicité Puech (devenue Rougon après son mariage avec Pierre), un personnage digne de Lady Macbeth : elle ne recule devant rien pour atteindre son objectif, c'est-à-dire devenir une bourgeoise riche et respectée dans la ville de Plassans.
J'ai découvert aussi que Zola était très ironique envers les bourgeois, les nobles et le clergé. J'ai souri mille fois devant toutes les piques, les sarcasmes et le mépris qu'il jette à la figure de ces classes sociales qui veulent à tout prix conserver leurs privilèges.
Ce roman se situe aussi dans un contexte politique intéressant, celui du coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851. Nous découvrons les espoirs évanouis des citoyens qui croyaient à la République, les troubles qui ont eu lieu dans le sud de la France ainsi que la répression qui suivit.
Le style d'écriture est riche, limpide avec des magnifiques descriptions, réalistes et pleines de détails intéressants.
Bref, si je devais continuer mon éloge de ce merveilleux roman, je n'en aurai pas fini ! C'est un chef-d'oeuvre à ne pas rater ! J'ai hâte de lire la suite !
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Ma bonne résolution de 2022 : lire la saga des Rougon-Macquart. Et dans l'ordre ! J'ai lu plusieurs Zola au collège ou lycée et j'avais à chaque fois beaucoup aimé. Mais j'étais curieuse de les relire avec un regard plus adulte.
Je commence donc ce mois de janvier avec La fortune des Rougon, premier roman de la saga qui met beaucoup de choses en place (on y rencontre déjà très rapidement Gervaise de L'Assommoir). Ça se lit très bien, malgré la dimension historique qui m'a au début un peu perdue (je suis nulle en Histoire de cette période). La plupart des personnages sont carrément détestables mais certains sont aussi vraiment très beaux.
Bref, je n'ai plus qu'à courir chez ma libraire acheter La Curée.
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Il y a bien longtemps que j'attends dire, il faut lire Émile Zola.
Voilà, c'est chose faite avec le premier tome de la série des Rougon-Macquart.
Une très belle découverte pour moi, qui, à la base, n'est pas du tout mon style de lecture.
J'ai aimé les deux personnages principaux, Miette et Silvère.
La découverte de tous ses personnages , de ses familles, qui nous mènent vers de fabuleuses aventures.
La plume de Zola est un délice
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Premier tome de l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire, Emile Zola décrit ici les origines des Rougon-Macquart. « L'hérédité a ses lois, comme la pesanteur. » C'est avec cette idée de darwinisme social que Zola décrira tous les événements vécus par cette famille comme la conséquence directe de la « première lésion organique », la folie d'Adélaïde Foulque, qui épousa le paysan mal dégrossi Rougon puis prit Macquart, un homme mal famé, comme amant. Les trois enfants qu'elle eut avec ces deux hommes et qui grandirent « dans le sens de leurs instincts » constituent les ascendants de toute cette famille marquée par l'hérédité.
Nous sommes en 1851, le coup d'état vient d'avoir lieu et des insurgés prennent les armes. A Plassans, petite ville imaginaire du sud de la France, les bourgeois ont peur, les ambitieux espèrent tirer profit de la situation trouble. Entre lâcheté, cupidité, jalousie et intrigue, Pierre Rougon termine avec « une fortune gagnée par le sang ».
Beaucoup de personnages sont présentés dans ce roman introductif de la saga familiale mais Zola a ce don de description qui vous empêche de confondre ou d'oublier qui est qui : entre la folle, le cupide, ou le docteur, les différents protagonistes sont facilement identifiables.
La plongée dans cette période trouble de l'histoire est bien documentée : Zola s'est d'ailleurs inspiré de l'actualité de l'époque pour écrire ce roman (le soulèvement populaire, le soldat à l'oeil crevé ou les insurgés tués à la fin par exemple).
Je vais bien sûr enchaîner sur La Curée !
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