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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Découverte de ce tome jamais lu. On y retrouve Pauline, la fille des Quenu, les charcutiers des Halles, dans le Ventre de Paris. La petite est orpheline et sera recueillie par la famille Chanteau, qui vit sur la côte normande.

C'est une adorable enfant, gaie, attentionnée, et prête à aider quiconque le mérite à ses yeux, fût-il homme ou animal.

Les Chanteau sont moins enthousiasmants : le père, goûteux chronique mais incapable de résister à l'attrait d'une bonne table, il sera l'objet de toutes les attentions de Pauline. Madame Chanteau, reine de la mauvaise foi et de la cupidité et le fils, le pire des trois. Lazare est un jeune homme de dix-huit ans, inconstant, et frivole. A la manière des Bouvard et Pécuchet, il s'entiche de passions diverses et variées, qu'il abandonne aux premières difficultés. Ainsi , il sera tenté par la musique puis la médecine, puis la chimie, sans oublier la littérature, autant d'entreprises vouées à l'échec, ce qui serait un moindre mal si pour démarrer ses projets, il ne puisait pas à chaque fois dans l'héritage que la petite Quenu a touché lors du décès de ses parents.

Pour ne rien arranger, Lazare est aussi inconséquent dans sa vie amoureuse.

On imagine bien ce qui va se produire.

Ce tome est très médical : entre les descriptions cliniques de la goutte, qui ne bénéficiait à l'époque d'aucun traitement vraiment efficace, les études médicales de Lazare, certes brèves, mais néanmoins entamées, et le mal infectieux qui ronge Pauline et manque de la faire passer de vie à trépas. le personnage du médecin de famille est aussi représentatif des limites de cette science sous le second empire.

Le roman oppose des personnages radicalement différents, avec Pauline qui irradie d'une lumière douce et d'un optimisme à tout crin et la sinistre famille Chanteau. Quant à Lazare, c'est lui qui illustre ici la théorie de la dégénérescence chère à l'auteur.

Reste Véronique, la dévoué domestique, pragmatique, observatrice et conduite au désespoir par la déliquescence de cette famille.


Encore un roman passionnant.




Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Ah! la petite Pauline... difficile d'imaginer, quand on fait sa connaissance dans le Ventre de Paris que le destin va lui jouer d'aussi mauvais tours. Vous vous souvenez certainement de cette enfant mignonne et sans histoires, fille de l'emblématique couple de charcutiers de la saga. On a connu Nana, qui était un vrai petit démon dans son genre et bien Pauline c'est tout le contraire, un vrai petit ange habité par la joie de vivre, et c'est là que notre histoire va prendre un tournant décisif avec ce douzième volet des Rougon-Macquart. Bouclez vos valises les enfants, on part respirer les embruns à à Bonneville, charmante bourgade de Normandie. Prêts? alors on y va!

Orpheline à dix ans et à la tête d'une immense fortune, Pauline Quenu est confiée à des cousins de son père, Mr et Mme Chanteau, qui deviennent ses tuteurs et vont prendre en charge les intérêts de la petite fille. Attendris par le caractère doux et conciliant de l'enfant, ils mettent un point d'honneur à ne jamais toucher à sa fortune. le couple a un fils, Lazare, jeune raté passionné de musique et Madame Chanteau nourrit de grands espoirs pour sa progéniture. Frustrée par la vie qu'elle-même a mené, elle veut pour Lazare un destin hors du commun seulement pour réaliser de telles ambitions il manque une chose essentielle : l'argent! Si il y a bien une personne qui pourrait aider Lazare, c'est Pauline, qui possède cette fortune qui dort au fond d'un tiroir depuis trop longtemps...

La première chose que j'ai envie de dire, c'est que cette lecture met les nerfs à rude épreuve. Ce douzième volet de la saga pris en pincette entre deux des monuments de l'auteur (Au bonheur des dames et Germinal) est vraiment réussi, que ce soit dans son contexte ou son histoire, difficile de rester insensible au sort de la petite Pauline. On avait eu un aperçu de l'espère de malédiction dont son frappés ceux du clan Macquart, nous avons été témoins de la déchéance de Gervaise dans l'Assommoir et je trouve que le cas de Pauline dans la Joie de vivre est aussi violent dans son genre. Pourtant, Lisa, sa mère a plus ou moins essayé d'échapper à sa condition de Macquart mais on dirait que le destin revient implacable, quoiqu'il arrive, pour finir son oeuvre, par n'importe quel moyen. C'est ce ressenti qui m'a le plus choquée au cours de cette lecture, en dehors du fait que l'histoire fend le coeur à la base quand on est un humain normalement constitué. Plus d'une fois j'ai eu envie de secouer Pauline, j'avais beau penser très fort à chaque page: "bon sang ma fille, mais quitte ce merdier!" et bien non, la malheureuse a préféré se complaire avec ces sales gens qui lui ont tout pris. Non contents de la mettre dans l'impasse, ce sont d'autres malheurs qui vont frapper Pauline. Malgré tout ça nous nous retrouvons face à un ange, qui prend sur elle quand ses défauts ressurgissent et subit un quotidien lugubre sans broncher en continuant d'insuffler la joie de vivre dans un foyer ou tout est déjà mort.
J'ai aimé ce roman et plusieurs mois après l'avoir lu j'en garde encore un souvenir assez vivace. Pour le moment c'est un des volets de la saga que je préfère donc je le conseille aux lecteurs qui n'ont pas encore eu le temps ou l'envie de le lire, ce portrait au vitriol mérite qu'on lui accorde de l'attention alors si le coeur vous en dit, ne cherchez plus, lisez-le!
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Toute la finesse, tout le talent et toute la profondeur de Zola sont réunis dans l'ironie éclatante de ce titre prometteur "La joie de vivre" qui introduit l'un des romans les plus noirs de sa série des Rougon-Macquart.

Que dis-je "ironie" ? Ce cynisme est d'autant plus poignant qu'il succède au flamboyant et coloré "Au bonheur des Dames", le moins noir des vingt volumes de l'histoire sociale de cette famille corrompue par sa nature même.

Souvenez-vous de Pauline, la petite fille grasse et rieuse du "Ventre de Paris", l'enfant unique du couple Quenu, charcutiers aux Halles. Orpheline, confiée aux Chanteau qui vivent en Normandie et qui ont désormais la quasi mainmise sur la fortune colossale dont elle a hérité, Pauline, va devenir, sous la plume du grand Zola, l'incarnation de l'abnégation engendrant la désillusion.

De cette enfant en pleine santé et qui se trouve privée de toute autorité sur sa propre existence, la vie et les choix iniques de ses tuteurs (surtout ceux de l'ambitieuse Mme Chanteau) vont faire une jeune femme fragile en proie à tous les coups du sort.

Les figures de femmes que brosse Zola sont assez terrifiantes et portent au pessimisme comme l'ensemble du récit. Les hommes ne sont pas plus reluisants mais les femmes laissent vraiment transparaître avec exacerbation leur jusqu'au-boutisme, leur volonté de s'élever ou se s'abaisser. Comme toujours dans les romans zoliens, les personnages ne font pas les choses à moitié et Pauline se fera tondre jusqu'à abandonner sa seule "joie de vivre", son amour pour son cousin Lazare qu'elle poussera dans les bras de sa rivale.

"La joie de vivre", c'est aussi le constat que le fort a raison du faible. La manipulatrice tutrice qui avait été désignée pour tenir le rôle de tendre substitut de mère, révélera un monstre d'égoïsme et de protectionnisme pour son fils, au détriment de tout autre être.

Avec tout le lyrisme dont l'auteur est coutumier, le récit se déploie au grand air des falaises normandes mais n'en demeure pas moins aussi oppressant que s'il se déroulait dans les rues grises de Paris.
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« On prétend que je suis un romantique. Eh bien ! je suis un romantique, tant pis pour moi ! Nous avons tous sucé ça à seize ans. », finit par confesser Emile Zola...
Chez lui, les personnages sont tels des tournesols aveuglés de glaise, inaptes à la lumière, condamnés au tourniquet des appétits et si son écriture éblouissante ne cède pas aux élans lyriques, la poésie exprime les âmes comme le moulin l'huile mordorée, à partir de simples graines de tournesol égarées dans le silo des mots...

En tournant les pages de ce livre, je sentais la stupeur naître en moi : une profondeur psychologique inouïe, enrobée d'une tendresse acérée pour ces humains trop humains...

Si désespoir et euphorie alternent au hasard de ses journées décousues chez Lazard le morbide, Pauline, la sublime, transcende, après bien des larmes d'introspection, son insatiable besoin d'amour en une nécessité d'aimer.
"A quoi bon être, si l'on ne donne pas son être.", s'écrie-t-elle.
Zola n'est pas très catholique mais, dans le désir et l'impossibilité amoureuse entre ces deux personnages, s'énonce une sagesse toute bouddhique : surmonter le désespoir et la vacuité de l'existence par une farouche compassion envers les vivants.
Cette "joie de vivre" n'est, ici, ni matérielle ni superficielle. Elle est lucide. Elle est révolte face à l'absurde de nos existences.

“Je me révolte, donc nous sommes.”, écrit Camus dans "L'Homme révolté" puis peu avant sa mort :
“Personne ne peut mourir en paix s'il n'a pas fait tout ce qu'il faut pour que les autres vivent.”
Pauline pourrait être ce "Premier homme"...

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♬ Y'a d'la joie
Dans le ciel par-dessus le toit
Y'a d'la joie... ♬

Dans le cycle des Rougon-Macquart, après le onzième volume parisien, Zola nous emmène au bord de la mer dans un petit village normand.
Ah, les embruns, l'air marin vivifiant : ce douzième tome devrait regorger de vie... et de joie.
Détrompez-vous, le titre n'est que pure ironie et l'auteur se moque bien de son lecteur à qui il dépeint un tableau très sombre.

Le personnage principal est Pauline Quenu, fille du couple de charcutiers prospères rencontrés dans le ventre de Paris.
L'enfant devenue orpheline à l'âge de dix ans est recueillie par des cousins. Ceux-ci sont d'emblée attendris par la fillette qui, malgré son triste sort, n'est que douceur et gentillesse : "Tous trois regardaient l'enfant assoupie. Son haleine s'était calmée encore, ses joues blanches et sa bouche rose avaient une douceur immobile de bouquet, dans la clarté de la lampe. Seuls, ses petits cheveux châtains dépeignés par le vent jetaient une ombre sur son front délicat. Et l'esprit de madame Chanteau retournait à Paris, au milieu des ennuis qu'elle venait d'avoir, étonnée elle-même de sa chaleur à accepter cette tutelle, prise d'une considération instinctive pour une pupille riche, d'une honnêteté stricte d'ailleurs, et sans arrière-pensée au sujet de la fortune dont elle aurait la garde."
On pourrait penser que Pauline est entre de bonnes mains, que ses cousins vont lui offrir la chaleur et la tendresse d'un nouveau foyer. Une orpheline si jeune mériterait bien ça, non ?
La réalité sera tout autre !
Et sans surprise car, connaissant le contexte de la famille Chanteau, le lecteur ne peut qu'être alerté par la fin de l'extrait ci-dessus.

J'ai dévoré ce volume au fond très sombre et à l'écriture limpide dans lequel Zola fait preuve d'un grand lyrisme.
Contrastant avec Au bonheur des dames qui le précède, il contient très peu de personnages, et ceux-ci sont décortiqués dans les moindres détails. C'est sans doute ce qui les rend si vivants, si réels... et consternants parce que l'image qu'ils renvoient est peu flatteuse pour la nature humaine.
Zola n'est décidément pas tendre avec les hommes dont il se plaît à montrer les travers !

Au cours de mes lectures, il m'arrive parfois d'apostropher intérieurement des personnages. Dans des situations diverses, je peux les encourager, les féliciter, les gronder ou même les invectiver. C'est en général très bon signe, cela montre que je suis complètement prise par le texte et immergée dans l'histoire.
Ici, les occasions n'ont pas manqué !

Pauline est un ange. Foncièrement bonne et généreuse, dévouée à tous, même aux animaux. Son arrivée apporte de la joie de vivre dans une maison qui jusque-là en manquait cruellement.
Je me suis adressée à elle à de nombreuses reprises : "Pauline, de temps en temps il faut savoir cesser d'être gentille." ou "Pour une fois, pense un peu à toi !"
Quel contraste avec Lazare, le fils Chanteau !
Égoïste au plus haut point, il ne se préoccupe que de sa petite personne et s'enflamme tour à tour pour quantité de choses dans des domaines aussi variés que la musique, la littérature, la chimie, la médecine... passions fugaces abandonnées dès la première difficulté pour retomber dans l'abattement extrême et une obsession morbide pour la mort. On le qualifierait aujourd'hui de bipolaire.
Ce manque cruel de persévérance devient de plus en plus exaspérant et je ne compte plus les fois où j'ai eu envie de lui crier : "Bon sang, Lazare, secoue-toi un peu !"
Je me suis même demandé si le choix de son prénom n'était pas une facétie de l'auteur, un petit clin d'oeil au célèbre "Lève-toi et marche !"

Je vous laisse découvrir les autres protagonistes de l'histoire, que Zola n'a pas épargnés.
Pauline mise à part, le plus humain de tous les personnages est certainement Mathieu... le chien ! Avoir donné à cet animal un nom d'homme n'est sans doute pas innocent.

Ce douzième opus est beaucoup moins superficiel que ce que le lyrisme du texte et la facilité de lecture pourraient laisser penser : Zola nous offre une analyse psychologique profonde et très fine.
Il en profite pour donner quelques coups de griffes bien sentis, comme il aime le faire : à travers les personnages du curé et du médecin, il règle ses comptes avec le clergé et toute la corporation médicale.
Dans le roman, le docteur Cazenove et l'abbé Horteur passent leur temps chez les Chanteau, jouant les pique-assiettes, et se montrent l'un comme l'autre parfaitement inutiles.
On sent que l'écrivain a pris un grand plaisir à les dépeindre ainsi.

Pour compléter le tableau, je ne peux pas ne pas mentionner une scène dantesque qui va longtemps rester dans ma mémoire : celle de l'accouchement. Doublement incroyable sous la plume d'un homme du dix-neuvième siècle, elle ébranle le lecteur qui a intérêt a bien avoir pris son souffle avant ! La maman de quatre enfants que je suis ne peux que mesurer sa chance de les avoir mis au monde à une époque médicalement bien plus favorable.

Les embruns, l'air iodé et vivifiant... quel contraste avec la noirceur de l'intrigue !
Il y a bien peu de joie dans ce livre au titre trompeur. Même la mer, qui habituellement apporte de la vie et de la gaieté aux villes littorales, n'apporte ici que des problèmes.
Zola a rédigé cet opus au moment du décès de sa mère et certains interprètent les personnages de Lazare et Pauline comme l'incarnation de l'état d'esprit ambivalent de l'auteur : un pessimisme quasi dépressif chez le premier, un optimisme de fond pour la seconde.

Dans le cycle des Rougon-Macquart, La joie de vivre est l'un des titres les moins connus ; il mérite pourtant d'être lu !
Justesse des personnages, qualité de l'intrigue, beauté de l'écriture, tout est là.
Et à défaut de joie de vivre, Émile Zola nous offre une incontestable joie de lire !
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Orpheline à 10 ans, Pauline est recueillie par des parents éloignés. Elle quitte l'exubérance du Ventre de Paris pour Bonneville, un village normand assez reculé. La fille de la belle Lisa et du charcutier Quenu se prend très vite d'affection pour son cousin Lazare, un adolescent rêveur aux projets sans cesse changeants. Mme Chanteau nourrit de grandes ambitions pour son fils, mais l'indolence placide de son époux et la goutte qui le frappe entravent ses projets. La maladie est accusée de tous les maux de la famille Chanteau : « Elle l'exécrait comme l'ennemie, la gueuse qui avait gâté son existence, ruiné son fils, tué son ambition. » (p. 41) Ce qui manque tant à Mme Chanteau, c'est l'argent. Or, Pauline est riche de la vente du florissant commerce de ses parents. Il serait bien dommage que cet argent dorme alors qu'on pourrait l'investir pour faire de Lazare un grand homme ! Finalement, ce qui ne devait être qu'un modeste prêt se révèle une gabegie : la fortune de l'enfant est pillée et perdue dans les projets sans consistance d'un jeune homme sans poigne.

Pauline grandit et ne veut rien d'autre qu'être heureuse. Ses penchants avaricieux fondent devant les besoins de son cousin pour qui elle éprouve une inclinaison de plus en plus tendre. Pourtant, « même en donnant argent, elle se sentait moins aimée qu'autrefois. » (p. 136) Pire, sa tante en vient à l'accabler de reproches et à lui imputer les misères du foyer et les échecs de son fils. « C'est drôle, cette malheureuse Pauline ne nous a jamais porté bonheur. Et dire que les gens la croient notre ange. » (p. 167) Face à cette mesquine ingratitude, Pauline est prête à tout donner sans retour, mais on lui en veut encore davantage pour cette générosité sans faille : « elle exécrait Pauline de tout l'argent qu'elle lui devait. » (p. 168)

Le renoncement de Pauline est pourtant loin d'être achevé. Dans l'espoir de s'acheter le bon vouloir de sa nièce, Mme Chanteau lui avait promis le mariage avec Lazare. Mais il y a la Louise, la filleule, celle que Lazare ne considère pas comme un bon camarade, mais comme une fleur exotique. Pleine de sa santé franche et de sa simplicité, Pauline est encore prête à s'arracher le coeur pour que son cousin soit heureux. Mais c'est compter sans les démons qui rongent Lazare, son ennui de tout et sa terreur de la mort.

Lazare préfigure le héros décadent : torturé par l'ennui et rongé par l'insatisfaction, il est incapable de mener un projet à son terme et se prend de passion pour un sujet aussi vite qu'il est rattrapé par le désintérêt. Il tend vers des plaisirs trop raffinés et se berce d'ambitions trop grandes. Entre l'inachèvement et le taedium vitae, Lazare ressuscite sans fin à de nouveaux projets qui n'ont aucune solidité face à l'angoisse de la mort que le jeune homme porte en lui comme une Némésis.

Sous son titre aux allures printanières, ce roman est une machine à broyer les espoirs. Arrivée enfant dans un foyer au bord de la faillite, Pauline ne savait pas qu'elle y entrait pour toujours et sans espoir de recouvrer sa liberté. Les scrupules n'ont pas fait long feu et même la générosité de l'enfant a été pillée. Pauline est la bonté même et elle fait tout pour se corriger de ses travers afin d'apporter une félicité sereine dans un foyer rongé par la mesquinerie. La joie de vivre ? Pauline en est débordante, mais tout empêche son épanouissement. L'aigreur contamine toutes choses et l'entourage de la jeune femme semble s'acharner à détruire toutes les pousses des joies simples. « C'était donc possible ? La charité ne suffisait pas, on pouvait aimer les gens et faire le malheur : car elle voyait son cousin malheureux peut-être par sa faute. » (p. 291) L'abnégation de Pauline confine au sacrifice et son existence est phagocytée par des ingrats et des insatisfaits.

Ne vous fiez pas au titre bien innocent du roman : Zola signe ici un tableau très violent. À l'instar de la mer qui ravage les côtes de Bonneville, une tempête sourde souffle sous le toit des Chanteau. Dans cette marine mesquine, Pauline est un bateau en perdition et Zola est la puissance supérieure qui relance les vagues. Beaucoup ont rapproché ce roman de celui De Balzac, Eugénie Grandet : il s'agit en tout cas de deux destins de femmes sacrifiés au bon vouloir des égoïstes.
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"La joie de vivre" ou "l'angoisse d'une misère cachée" c'est un peu ce qu'a voulu nous transcrire Zola dans son roman.
Et plus on lit ses tomes et plus on découvre que ses héroïnes n'ont jamais une vie facile, c'est le moins qu'on puisse dire.
Ici on suit la vie de la jeune Pauline qui a perdu ses parents l'un après l'autre en l'espace de quelques années et que la vie parisienne va prendre un autre tournant et se poursuivra chez son oncle et sa tante, en Normandie. Les Chanteau accueillent donc la jeune fille et son héritage bien conséquent.
Comme d'habitude, nos personnages ne sont pas très équilibrés entre le cousin Lazare, faineant de 1ère, hypocondriaque et dépressif, les parents toujours dans le besoin n'auront d'autre recours que de dilapider la fortune de notre pauvre Pauline. On peut dire aussi que la peur de la mort est un élément très présent tout au long de l'histoire et que nos personnages en sont malades d'angoisse.
Heureusement que Pauline est d'une bonne composition, tout le contraire de sa famille, son destin entre les mains de sa tante, manipulatrice lui impose le mariage de convenance avec son cousin mais la jeune fille ne tombera pas dans cette tradition et fera tout autrement en fonction des circonstances de l'histoire.
Bref, un roman que l'on ne repose pas comme cela et qui nous tient jusqu'à la fin de par le caractère psychologique de ses personnages.
Encore un chef d'oeuvre de Zola dans lequel le mariage de convenance est annulé mais celui de raison est il plus heureux pour autant? La réponse est dans ce tome...
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Oppressant, de par le destin de la petite Pauline et la personnalité des personnages, ce qui ne m'a nullement empêchée de beaucoup apprécier ce roman . Titre pour le moins ironique en effet .
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La joie de vivre, c'est celle de Pauline, jeune orpheline placée chez des cousins, qui vont s'employer, l'air de rien, à la plumer... Toute sa fortune va y passer, ou presque, mais pas sa joie de vivre, justement. Même confrontée à l'amour impossible avec son cousin, au sacrifice permanent de son temps et de sa vie au service des malades et souffreteux, Pauline s'oblige à garder cette bonne humeur si essentielle à la bonne marche de la maison...
Je me demande comment Zola pouvait avoir le courage de s'acharner autant sur un personnage aussi attachant, aussi positif à tous égards ! Tout, absolument tout, finit par se retourner contre elle, et elle reste debout... La méchanceté et l'égoïsme des gens qui l'entourent ne semblent pas l'affecter.
Je retiendrai aussi quelques pages d'anthologie à peine soutenable pour la jeune maman que je suis, un accouchement compliqué, très compliqué... Des pages incroyablement réalistes et détaillées qui m'étonnent, vu l'époque et le sexe de l'auteur.
Bref, Zola n'en finit pas de m'épater, encore un roman extrêmement réussi, d'une acuité sans faille, et d'une beauté littéraire à couper le souffle !
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Loin de Paris, les membres de cette famille tarée (au sens littéral, j'entends!) et notamment Pauline, n'échappent pas au déterminisme et à la loi de l'hérédité.
Un titre parfaitement ironique quand on voit que tous les personnages sont en proie à la peur et à la maladie tentant, en vain, de (sur)vivre...
Un roman puissant, même s'il n'est pas le plus célèbre, qui n'a rien à envier aux autres tomes de la fresque familiale.
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