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Citations sur Madeleine Férat (159)

À soixante-dix ans, elle faisait encore de gros travaux. Plusieurs domestiques se trouvaient sous ses ordres, mais elle mettait un grand orgueil à s’imposer des tâches grossières. Elle avait une humilité d’une vanité incroyable. Elle dirigeait tout à la Noiraude levée des le point du jour, donnant à chacun l’exemple d’une activité infatigable, remplissant son mandat avec une rudesse de femme qui n’a jamais failli.

Chapitre III
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C’était une paysanne cévenole, appartenant à la religion réformée et gardant dans sa tête étroite et ardente tout le fanatisme des premiers calvinistes, dont elle sentait le sang couler dans ses veines. Grande, sèche, avec des yeux creux et un grand nez aigu, elle rappelait ces vieilles possédées qu’on jetait jadis au bûcher.

Chapitre III
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La véritable mère de Guillaume fut une vieille servante de la maison, qui avait vu naître M. de Viargue. Geneviève était sœur de lait de la mère du comte. Cette dernière, qui appartenait a la noblesse du Midi, s’était fait accompagner par elle en Allemagne, lors de l’émigration, et M. de Viargue, à sa rentrée en France, après la mort de sa mère, Pavait installée à Véteuil. C’était une paysanne cévenole, appartenant à la religion réformée et gardant dans sa tête étroite et ardente tout le fanatisme des premiers calvinistes, dont elle sentait le sang couler dans ses veines. Grande, sèche, avec des yeux creux et un grand nez aigu, elle rappelait ces vieilles possédées qu’on jetait jadis au bûcher. Elle traînait partout une énorme bible sombre dont la reliure était consolidée par une garniture de fer, matin et soir, elle en lisait quelques versets à voix haute et perçante. Parfois elle trouvait des mots farouche, de ces mots de colère que le terrible Dieu des Juifs laissait tomber sur son peuple épouvanté. Le comte tolérait ce qu’il nommait ses manies ; il connaissait la haute probité, la justice souveraine de cette nature exaltée. D’ailleurs, il regardait Geneviève comme un legs sacre de sa mère. Elle était dans la maison moins une servante qu’une toute-puissante maîtresse.

Chapitre III
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Guillaume, l’enfant né de cette singulière liaison, fut nourri à la Noiraude. Son père, qui avait eu pour sa maîtresse un amour passager, mêlé d’un peu de mépris, accepta ce fils du hasard avec une parfaite indifférence. Il le laissa auprès de lui pour qu’on ne l’accusât pas de vouloir cacher le témoignage vivant de sa sottise ; mais il évita de s’en occuper, le souvenir de la femme du notaire lui étant désagréable. Le pauvre être grandit dans une solitude presque complète. Sa mère, qui n’avait pas même senti le besoin de faire quitter Véteuil à son mari, ne chercha jamais a le voir. Cette femme comprenait maintenant combien elle avait été folle ; elle tremblait en songeant aux suites qu’aurait pu avoir sa faute ; l’âge venait, et elle obéissait à son sang bourgeois, elle s’était faite dévote et prude.

Chapitre III
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Personne, d’ailleurs, ne pénétra au fond de cette étrange organisation. Ses familiers ignorèrent toujours le vide brusque qui s’était fait dans son cœur. Il garda pour lui le secret du néant, de ce néant qu’il croyait avoir touché du doigt. S’il vivait encore loin du monde, en exilé, comme il continuait à le dire, c’est qu’il méprisait les petits et les grands, et qu’il se comparait lui-même à un ver de terre. Mais il resta debout, grave et dédaigneux, d’une froideur glaciale. Jamais il ne laissa tomber son masque d’orgueil.

Chapitre III
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Pendant près de quarante ans, il s’enferma chaque matin dans son laboratoire. Il y prit les foules en un dédain encore plus grand. Il laissa, sans jamais en convenir, ses haines et ses amours au fond de ses cornues et de ses alambics. Quand il eut pesé la matière dans ses mains puissantes, il oublia la France, son père guillotiné, sa mère morte à l’étranger ; il ne resta en lui du gentilhomme qu’un sceptique froid et hautain. Le savant avait tué l’homme.

Chapitre III
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Ce fut un savant étrange, un savant solitaire qui étudiait et cherchait pour lui seul. Il avait transformé en un vaste laboratoire une salle de la Noiraude, nom donné dans le pays au château qu’il habitait à cinq minutes de Véteuil. Il y passait les journées entières penché sur ses fourneaux, toujours aussi âpre, ne pouvant parvenir a satisfaire ses curiosités. Il n’était membre d’aucune société scientifique, et fermait sa porte au nez des gens qui lui parlaient de ses travaux. Il entendait qu’on le traitât en gentilhomme. Ses domestiques devaient, sous peine d’être chassés, ne jamais faire devant lui aucune allusion à l’emploi de son temps. Il considérait son goût de la chimie comme une passion dont personne n’avait le droit de pénétrer les secrètes folies.

Chapitre III
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Il était jeune encore à son entrée en France. Grand, fort, d’une activité ardente, il ne tarda pas à s’ennuyer mortellement dans l’oisiveté qu’il s’imposait. Il voulait vivre seul, loin de tous les événements publics. Mais il avait une intelligence trop haute, une inquiétude d’esprit trop grande, pour se contenter des plaisirs rudes de la chasse. La vie lourde et vide qu’il se préparait l’épouvanta. Il chercha une occupation. Par une contradiction singulière, il aimait les sciences, le nouvel esprit de méthode dont le souffle avait bouleversé l’ancien monde qu’il regrettait. Il se fit chimiste, lui qui rêvait aux grandeurs de la noblesse sous Louis XIV.

Chapitre III
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Jusqu’à l’âge de deux ans, Madeleine resta chétive. Elle était toujours entre la vie et la mort. Née d’une mourante, elle avait dans les yeux une ombre vague que le sourire éclairait rarement. Son père l’aimait davantage pour les maux qu’elle souffrait. Ce fut sa faiblesse même qui la sauva, les maladies n’avaient pas prise sur ce pauvre petit corps. Les médecins la condamnaient, et elle vivait toujours, comme luit une de ces lueurs pâles de veilleuse qui agonisent sans jamais s’éteindre.

Chapitre II
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La douleur de Férat fut atroce. Il ne put trouver une larme. Quand la pauvre morte fut ensevelie, il s’enferma chez lui, il y resta dans un accablement morne. (...)
Pendant un mois, personne n’osa troubler les souffrances de cet homme. Puis, un jour, la nourrice qui allaitait la petite Madeleine lui mit l’enfant entre les bras. Férat avait oublié qu’il eût une fille. En voyant ce pauvre petit être, il pleura des larmes chaudes qui soulagèrent sa tête et son cœur. Il regarda longtemps Madeleine.

« Elle est faible et délicate comme sa mère, murmura-t-il, elle mourra comme elle. »

Dès lors, son désespoir s’attendrit. Il s’habitua à croire que Marguerite n’était pas tout à fait morte. Il avait aimé sa femme en père ; il put, en aimant sa fille, se tromper lui-même, se dire que son cœur n’avait rien perdu. L’enfant était très frêle ; elle semblait tenir sa petite face pâle de la pauvre morte. Férat goûta une grande joie à ne pas retrouver d’abord sa forte nature dans Madeleine, il put ainsi s’imaginer qu’elle lui venait tout entière de celle qui n’était plus. Quand il la faisait sauter sur ses genoux, il lui prenait la folle pensée que sa femme était morte pour redevenir enfant, pour qu’il l’aimât d’une tendresse nouvelle.

Chapitre II
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