Touchées

Le jeu de mots est facile. Cette BD traitant de la reconstruction après avoir subi des violences conjugales ou sexuelles atteint son but et on ne peut s'empêcher d'être touché par la détresse et le mal être de Lucie, Tamara et Nicole.
Un coup de fleuret qui laisse mal à l'aise. Mais l'auteur , tout en délicatesse, effleure ces vies écorchées et laisse entrevoir un espoir de guérison où l'amitié jouera un très beau rôle.

Chacune à sa manière, Lucie, Tamara et Nicole ont été violentée par des hommes au point de sombrer. Afin de reprendre tant soit peu le contrôle de leur vie, elles s'inscrivent dans un atelier d'escrime thérapeutique. Entre l'apprentissage de l'art du combat, les séances avec une psychologue et une sororité en devenir, les trois héroïnes trouvent progressivement le chemin de la guérison.
L'aquarelle délicate mais puissante, le contraste entre des attitudes de victimes dans leur vie quotidienne et de combattante durant les cours illustrent la difficulté du parcours. Tantôt lumineuses, tantôt sombres, les couleurs sont au diapason de cette dualité. Les regards vides et perdus retrouvent peu à peu de la force dans des gros plans percutants de femmes devenues de vaillantes chevalières.

« Touchées » : quand un mot se rapporte au corps comme aux émotions, il est évident que les deux sont intimement liés. Quand l'un va mal, l'autre est souvent blessé à son tour. Si le sens du toucher nous évoque la sensibilité et la douceur, dans cet album, il revêt une signification plus brutale. Être touché, c'est aussi être victime de violence et devoir apprendre à se reconstruire.
C'est à travers un atelier d'escrime thérapeutique que Lucie, Tamara et Nicole vont faire ce premier pas. Chacune avec une histoire et des réactions différentes vont s'épauler car du côté de leur famille l'incompréhension sera parfois d'une violence inouïe. le sport sera quant à lui libérateur du corps et des angoisses. Après tout en escrime, « les assauts et les duels se gagnent sur la capacité à éviter les attaques de l'adversaire par l'évitement ou la parade ». Un album fin et lumineux dans les scènes d'actions et plus sombre et flou dans les plans plus intimes. Aucun voyeurisme, le passé n'est que suggéré. le récit se concentre sur les traumatismes et la guérison. Un album rempli d'espoir, tout en sensibilité.

Une BD qui nous racontent le traumatisme de trois femmes ayant subit des violences sexuelles et qui peinent à se reconstruire. Elles vont grâce à l'escrime thérapeutique se libérer et mettre des mots sur leur mal être. J'ai trouvé ces histoires de femmes touchantes et émouvantes. Quentin Zuttion arrive avec son graphisme et sa mise en couleur toute en pastel à traiter ce sujet avec douceur et subtilité.

Comment vivre après avoir été victime de violences sexuelles ? Dans Touchées, Lucie dort avec un couteau et la peur chevillée au corps. A sa mère qui la dit forte, elle répond :

Je ne veux pas être forte, je ne veux pas être courageuse, je veux retrouver ma légèreté.

Tamara, elle, se noie dans les excès et joue la provocation, la confrontation. Nicole, elle, s'est retirée du monde et d'elle-même, elle s'est effacée. Elle souffre de mal de dos et les médecins n'y peuvent rien. Chacune porte une armure qui les cache, chacune a érigé un mur qui les protège des autres.

Lucie, Tamara et Nicole se retrouvent à un atelier d'escrime thérapeutique Là, pendant un an, elles vont apprendre à oser attaquer, affronter, toucher l'adversaire et être touchée, s'affirmer…se libérer !

Déchargez la colère, transpercez la culpabilité, tuez la honte. Libérez-vous

Quentin Zuttion sait traduire avec talent tout le poids que portent ces trois femmes à travers leur visage fermé et leurs expressions. Il décortique avec beaucoup de justesse les dégâts causés par les violences sexuelles, l'impact qu'elles ont sur la vie sociale, professionnelle, personnelle.

Quentin Zuttion avec Touchées montre aussi très bien comment le silence de la famille est une blessure supplémentaire, une façon de minimiser les choses, une façon de refuser de considérer ces femmes comme des victimes.

A travers son dessin et son récit intimiste, il met en lumière une violence invisible au regard.

Mais dans Touchées il y a aussi l'espoir. Si le passé pèse de tout son poids, le roman graphique raconte le combat de ces trois femmes qui vont se reconstruire à travers leur amitié et l'escrime. Les scènes de combat sont magnifiquement illustrées et très puissantes sans avoir besoin de mot.
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Trois femmes malmenées tentent de sortir la tête hors de l'eau avec difficulté. Jusqu'au jour où elles se rencontrent à un cours d'escrime thérapeutique. Peu à peu, elles vont panser leurs blessures. Ensemble, elles vont se reconstruire.

Quentin Zuttion signe un roman graphique sensible au ton juste. Les parcours de ces trois femmes sont malheureusement trop communs et il a su les décrire avec pudeur et sincérité. de plus, ses dessins ont un style particulier loin d'être désagréable.

C'est une oeuvre dont l'auteur Quentin Zuttion ne nous est pas inconnu (Sous le lit et Appelez-moi Nathan). Elle s'inscrit dans le combat actuel des femmes qui s'insurgent contre les violences sexuelles faites par des hommes; que cela soit des hommes célèbres (chanteur de rock, réalisateur, producteur hollywoodien...) ou pas.

Nous avons trois femmes (Lucie, Tamara et Nicole) avec trois histoires différentes qui s'inscrivent à un cours d'escrime pas comme les autres. Il s'agit d'une véritable thérapie pour ces femmes meurtries dans leur chair par des êtres ignobles. Cela sera sans compter sur un entourage pas toujours compréhensif avec leurs lourds silences ou leurs reproches incessants. Elles ont été violentées, au point de sombrer même des années plus tard. C'est un difficile travail de reconstruction qui s'opère.

On apprendra par exemple au détour d'une terrasse de café que les vieux beaux qui sont présents toujours au bon moment, c'est la pire race. Elles ont été touchées mais elles se relèveront pour être courageuses, fortes, tout en retrouvant un peu de légèreté.

Le dessin, tout comme le récit pas facile, est assez intimiste. L'auteur a su trouver les bonnes postures et les expressions, à commencer par un graphisme tout en nuance et en couleur. le ton est également très juste. On pourra regretter ou peut-être apprécier l'absence de scènes violentes pour décrire ce qui s'est réellement passé, car c'est seulement suggéré. Cela donne une certaine puissance au scénario qui fait encore une fois dans la singularité.

En tous les cas, j'apprécie toujours les personnes cabossées qui se relèvent de situations fort difficiles.

Je suis tombée par hasard sur ce livre lors d'une virée en bibliothèque, il avait été mis en avant par les bibliothécaires pour un grand angle sur les violences faites aux femmes. J'ai bien fait de me laisser tenter.
Le style un peu vaporeux des dessins apportent un vrai plus au récit de ces femmes qui ont vécu des drames (à cause de leur genre), des drames qu'elles sur lesquels elles ont du mal à revenir, et qu'elles ont du mal à dépasser. Plusieurs destins, plusieurs façons de gérer la violence subie, toutes reliées par ce stage d'escrime qui va leur permettre de se rencontrer et de sortir la tête de l'eau. On peut difficilement ne pas être touché.e par ces histoires, la bataille intérieure qu'elle mène contre les autres et contre elles-mêmes.
Un beau récit qui permet d'aborder les violences faites aux femmes sans nous plonger dans l'action même mais en nous en apprenant plus sur la gestion du traumatisme.

Cher Quentin,

Tu vois, je fais partie de ces personnes qui lisent les faits divers en pensant que tout est dit quand le drame, la violence sont retranscrits. Souvent, j'estime même qu'à partir du moment où on sait, tout est fini et ça ne peut qu'aller mieux….

Rarement, sont évoqués les « et puis après », la reconstruction, la vie à poursuivre pour chaque victime, pour toutes celles qui ont subi et qui doivent continuer d'avancer, voire se réinventer parce que celle de demain ne sera plus jamais celle d'hier.

Alors quand je lis un album comme celui-ci, je remets tout en perspective, et je prends conscience que pour toutes celles qui ont vécu des violences quelles qu'elles soient, ce n'est jamais complètement fini….

Tu saisis d'un trait de dessin, une aquarelle légère, la profondeur des sentiments, chaque émotion forte, chaque blessure qui s'expose. Lumineuse ou plus sombre, chaque esquisse exprime mieux que mille mots les douleurs qui paralysent, les attitudes qui tranchent, les peurs qui persistent, les traces laissées au coeur des corps.

Derrière les portraits de ces trois femmes, ce sont ceux de toutes les femmes qui ont été touchées, blessées et qui cherchent à se relever. Solidaires, de cette solidarité qui naît quand on reconnaît chez l'autre ce qui nous concerne directement, elles puisent dans ce lien qui les réunit, une énergie salvatrice. Entre elles, aucun jugement, juste une acceptation de l'autre avec son histoire, et une volonté, être là pour l'autre, l'aider, l'accompagner. Trois chevaleresses que tu m'as permis de rencontrer et qui m'ont particulièrement touchée….
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Dans ce roman graphique, trois femmes toutes victimes de violences physiques tentent de se reconstruire en participant à un atelier d'escrime thérapeutique. Ce programme d'un an leur apprend à se défendre, à attaquer, à toucher mais aussi à être touchées pour se libérer de ce qu'elles ont subi et pouvoir reprendre la maîtrise de leurs vies. Lucie, jeune mère de famille violentée par son mari, Tamara, abusée par son frère et Nicole violée quand elle était jeune ont besoin d'extérioriser ce qu'elles ont vécu pour pouvoir enfin aller de l'avant et tenter de retrouver une certaine légèreté. Alexandra Lamy a récemment adapté ce roman graphique pour TF1. Un sujet important très bien traité par l'auteur. Seul petit bémol : le graphisme qui ne m'a pas particulièrement séduite.
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