AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,26

sur 386 notes
5
24 avis
4
12 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je me suis replongée dans les affres de la psychologie tourmentée des personnages de l'auteur que j'adore : Stefan Zweig.

Cette fois, c'est la vie d'une jeune employée des Postes que nous partageons, pauvre, s'occupant de sa mère très malade dans un réduit quasi insalubre. Elle a l'occasion de connaitre une expérience exaltante : des vacances avec sa tante d'Amérique, en Suisse, dans un hôtel luxueux. le changement de son existence étriquée en quelques jours merveilleux l'a métamorphosée, et ce, jusqu'à ce qu'arrive à nouveau un retournement de situation. Les rêves évanouis vont-ils interférer dans sa vie, au point de la bouleverser à nouveau ?

Ce roman en deux parties parle essentiellement de la pauvreté et de la richesse.
Dans cette société des années vingt, le fossé est énorme entre les privilégiés et les autres.
Stefan Zweig nous fait connaitre de l'intérieur les tourments des moins nantis, leurs réactions devant la richesse qui s'étale, ou même simplement devant une vie un peu moins dure que la leur.
C'est extrêmement fouillé, très clair, très lucide. Cela se lit lentement, car tout a un poids. L'action n'avance pas beaucoup, donc la stagnation dans ces eaux boueuses de la pauvreté, après une parenthèse passionnée et fiévreuse dans la richesse, n'en est que plus dure.

Le roman est inachevé, puisque Zweig s'est suicidé, et c'est à nous d'interpréter la suite possible. En tout cas, l'état d'esprit de l'auteur se reflète complètement dans ce roman de la désespérance.
Commenter  J’apprécie          467
C'est la dernière oeuvre que Stefan Zweig a écrite.
On y discerne toute la tristesse, la colère, le dégoût de la vie.

Il y a une petite note d'espoir et puis les derniers mots tombent comme un couperet.
Un titre intelligemment bien trouvé…
On y découvre toute la beauté de l'opulence, de l'amour, du désir et puis le rejet, la honte, la pauvreté, et la lâcheté.
L'avantage avec Stefan Zweig c'est que l'on peut s'arrêter de lire, pour relire encore et encore ces mots qui se déversent comme un poème douloureux.

Extrait :

Qu'on ne vienne pas me dire qu'il faut se contenter de respirer et manger à sa faim, et qu'ainsi tout est en ordre. Je ne crois plus à rien, ni en Dieu, ni en l'État, ni à un sens quelconque du monde, à rien. Aussi longtemps que je n'aurai pas le sentiment d'avoir acquis ce qui me revenait, mon droit à la vie, aussi longtemps que je ne l'aurai pas, je dirai que l'on m'a volé, que l'on m'a trompé.
Commenter  J’apprécie          395
Les derniers écrits de Zweig, comme ce roman, témoignent de son inquiétude, de son effroi face au nazisme, effroi qui sera en grande partie la cause de son suicide.
Ces derniers écrits sont ainsi plus réalistes, ils sont inscrits dans l'histoire et les personnages sont moins dominés par leurs passions que par l'histoire en marche. C'est le cas ici, les personnages se démènent, entre soucis financiers et révolte personnelle, dans une Autriche au bord du gouffre.
C'est comme d'habitude magnifiquement écrit et comme le titre l'indique, les personnages vont peu à peu se transformer, en y prenant du plaisir.
Et nous aussi, on prend du plaisir, comme lecteurs, à découvrir les différentes facettes de cet auteur original et remarquable.
Commenter  J’apprécie          100
Avec sa sensibilité coutumière, Zweig nous raconte sa propre Cendrillon. Naturellement, il y est bien plus question du jour d'après, on y croit même percevoir, par moments, un succédané des pensées noires qui ont pu pénétrer l'auteur vers la fin tragique de sa vie au Brésil. J'ai cependant trouvé certains développements inutilement longs.
Commenter  J’apprécie          40
C'est une oeuvre posthume publiée pour la première fois en 1982. le titre n'est pas de Zweig mais emprunté à une phrase du livre. La première partie a été écrite en 1930-1931, la seconde huit ans plus tard. D'où une notable différence de ton entre elles (plus amer, plus féroce et plus sombre dans la deuxième partie). Malgré cela, elles se répondent parfaitement comme dans des jeux de reflets : omniprésence de l'argent dans l'une, absence dans l'autre, rêve et espoir dans l'une, réalité sordide et désespoir dans l'autre, expression de la vie et beauté dans l'une, mort et laideur dans l'autre… L'ensemble est donc d'une grande cohérence.
Véritable chant du cygne, le roman est inachevé mais il peut être considéré comme abouti si on accepte la fin ouverte. Zweig, une fois de plus, nous envoûte par ses fines analyses psychologiques bien connues, par ses descriptions réalistes et sans concessions de l'injustice sociale, des ravages de la guerre, de l'égoïsme des nantis… Pessimiste face à la montée du nazisme, il montre que ce qui mène le monde c'est bien, hélas, l'argent et non l'amour (certaines pages sont parmi les plus dures qu'il ait pu écrire)… Un testament émouvant (on pense au propre suicide de Zweig et de sa compagne Lotte), en forme de cri de révolte communicatif, qui se lit avec un immense plaisir…
Commenter  J’apprécie          40
Écrit durant l'entre-deux-guerres, Ivresse de la métamorphose fait partie des quelques romans inachevés de Stefan Zweig. Publié post-mortem et reconstitué à partir de divers manuscrits, il détonne de façon radicale des autres oeuvres de l'auteur autrichien, qui nimbe ici son récit plus que jamais du contexte historique, politique et social dans lequel il a lieu. le roman présente le destin tragique de Christine Hoflehner, modeste employée des postes qui verra son parcours chamboulé le jour où sa tante et son oncle l'inviteront à passer une semaine au sein de la haute société. Une façon intéressante pour Zweig de dépeindre les inégalités qui régissaient l'Europe avant que l'Allemagne nazie ne vienne commettre le plus grand crime que l'humanité ait connu, mais aussi de se détacher de son style habituel et de sa fougue si particulière.

Car la principale curiosité de ce roman se situe dans son absence d'exaltation : les phrases paraissent écrites avec empressement et la fébrilité, pourtant si inhérente à l'auteur qu'elle en est devenue sa marque de fabrique au fil des oeuvres, manque ici à l'appel. En dépeignant l'ascension de la jeune Christine, qui goûte pour la première fois aux douceurs de la richesse durant son séjour en Suisse, puis sa descente aux enfers lorsque celle-ci est forcée de retrouver son quotidien miséreux, Zweig se livre, comme à son habitude, à une analyse profonde des sentiments humains, qui avait déjà marqué les esprits dans le Joueur d'échecs, La Confusion des sentiments ou Vingt-quatre heures de la vie d'une femme. Pourtant, malgré quelques métaphores délicieuses laissant place à une poésie envoûtante et en dépit de ce titre qui promettait une ivresse dans la lecture, force est de constater que la passion que l'on connaît à Zweig s'est ici muée en désespoir.

En effet, les personnages, dénués de ressources, ne permettent pas à leurs émotions de naître, leurs corps et leurs coeurs étant étouffés par l'atmosphère de détresse qui règne en Autriche au milieu des années vingt. La misère, les privations et la dureté de la routine ouvrière les empêchent de s'adonner entièrement à l'indolence des passions ou aux plaisirs charnels. Lorsque Christine rencontre Ferdinand, un mutilé de guerre révolté contre l'entité hypocrite que forme l'Etat, la jeune femme ne peut donner vie à l'amour qui l'anime, tant la peur et les contraintes de sa situation paralysent son être. Aucune place n'est donc laissée à l'effervescence amoureuse et à la folie dévorante que l'on a pu croiser dans Amok ou Lettre d'une inconnue : ici, les battements de coeur peinent à exister sous les maux de la société et les lignes de l'auteur elles-mêmes semblent manquer d'air et de liberté pour s'évader de la réalité oppressante dans laquelle elles sont couchées sur papier.

Une oeuvre déstabilisante donc, pour qui connaît bien Zweig, tant le tourment et les effluves environnantes ne manquent pas de rattraper les personnages et l'auteur lui-même, sans qu'une once d'espérance ne puisse poindre à l'horizon. Ce sombre ouvrage, duquel le lecteur ressort sans joie, trouve tout de même un intérêt certain en regard du propre destin de l'auteur, qui a mis fin à ses jours durant la Seconde Guerre mondiale, hanté et accablé par la lente agonie de l'humanité. On ressent alors dans Ivresse de la métamorphose toute cette aversion que Zweig éprouve à l'égard de son époque, un temps de pauvreté et l'aube d'une guerre qui lui procurent un vif sentiment de dépression et le pousseront à commettre l'irréparable le 22 février 1942, accompagné de son épouse Lotte. En plus de marquer le début d'une période obscure, cette oeuvre résonne surtout comme la fin d'un auteur de génie éminemment sensible, qui n'aura pas su résister moralement à la montée du courant de haine le plus destructeur de l'Histoire.
Lien : https://airsatz.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          31
Très beau texte.
amateurs de suspense, abstenez-vous ! si on a bien quelques hésitations quant au devenir des personnages, cette maigre attente ne constitue pas l'intérêt du roman.
Dans cette description de la déchéance de Christine, c'est l'absurdité de la vie, telle qu'elle surgit dans le quotidien de cette employée des postes, qui est intéressante pour la révolte qu'elle crée.
Christine n'a jamais été heureuse dans sa vie de misère mais, faute de comparaison, elle n'a jamais eu l'idée de se plaindre. Les vacances avec l'oncle et la tante américains vont tout changer : découverte du luxe, du confort, du plaisir, de la vie facile... et de l'injustice et des inégalités. Pourquoi n'aurait-elle pas droit, elle aussi, à cette vie si agréable ? le retour à la vie réelle, dans sa petite ville, dans son petit bureau, l'achève. Elle ne supporte plus sa vie et ne supporte plus que son entourage se satisfasse de cette existence médiocre.
Lorsqu'elle rencontre Ferdinand, lui même révolté, c'est le déclic : enfin quelqu'un qui la comprend, qui souffre comme elle.
Mais ce n'est pas une histoire d'amour : la misère les en empêche. C'est simplement l'histoire de deux vies désespérées poussées aux décisions extrêmes.
Commenter  J’apprécie          30
ultime testament inachevé de Zweig qui donne une force et une intensité à son récit.
de son vivant il n' a eu de cesse de se battre contre une idéologie rampante arrivant à grand pas (de l'oie) dans son pays et a préféré tirer sa révérence.
Commenter  J’apprécie          10
La pauvreté n'est pas un simple état ; elle anime, accompagne à jamais celui qui l'a suffisamment intériorisée, et ce jusque dans la jouissance et le luxe.
Voilà ce que démontre Stefan Zweig dans ce court roman, où le lecteur assiste à l'éveil de la conscience de Christine, jeune fonctionnaire miséreuse qui se retrouve projetée dans un monde de luxe et de beauté. Ivre d'un bonheur inespéré, ivre de se voir métamorphosée en élégante demoiselle, elle ne se rend d'abord pas compte de la médiocrité et des intentions parfois malhonnêtes de son brillant entourage. Au cours de ces courtes vacances à la montagne (l'élévation géographique faisant ici écho à son élévation sociale), elle alimente le réservoir de ses frustrations futures. Car sa pauvreté est une maladie incurable et, une fois ébruité dans l'hôtel le secret de ses modestes origines, elle sera contrainte de quitter "son moi ailé pour réintégrer une larve amorphe, aveugle, rampante". Christiane van Boolen devra redevenir la quelconque Christine Hoflehner, auxiliaire des postes à Klein-Reifling. Une fois de retour dans son morne village autrichien, Christine se découvrira incapable de poursuivre son ancienne existence.
A bien des égards, cette oeuvre peut entrer en résonance avec un autre roman inachevé, qui lui aussi dévoile ce mystère qu'est l'impossibilité de cacher sa modeste ascendance. Cette oeuvre porte un nom ambigu : "Le Paysan parvenu". Comme dans "Ivresse de la métamorphose", le protagoniste (Jacob) n'a d'abord aucun mal à se fondre dans la haute société. D'une part, il adopte les codes en vigueur ; comme Christine, il sait qu'un simple nom peut ouvrir ou fermer des portes. D'autre part, il séduit par sa spontanéité et son enthousiasme, alors que ceux qui sont nés dans l'opulence et le plaisir y sont devenus presque insensibles. Mais ce visage à deux facettes ne suffit pas à sauver de l'opprobre ces deux héros continuellement rattrapés par leur passé.
C'est le double de Christine, sa propre tante, qui la chassera poliment du paradis où elle l'avait invitée. Sentant ressurgir en elle la crainte d'être démasquée (car comme sa nièce, elle doit son élévation à un heureux hasard), la respectable Claire van Boolen, autrefois Melle Clara, congédiera sa nièce sans savoir quels bouleversements elle aura provoqués chez elle.
Commenter  J’apprécie          10
Lu en 2017. L'oeuvre avait échappé à mes découvertes adolescentes de Zweig. Ce récit construit sur un drame aussi fatal que tragique traduit en fait le propre pessimisme de l'auteur, dont le roman inachevé fut publié à titre posthume (après son suicide en 1942).
L'épisode d'"ivresse" que vit Christine, telle une Cendrillon dans la lumière, symbolise toute l'hypocrisie politique et sociale de cet entre-deux-guerres, liée au pouvoir de l'argent d'une certaine catégorie de profiteurs, face à la misère et la désespérance des plus humbles...
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (1096) Voir plus



Quiz Voir plus

Le joueur d'échec de Zweig

Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

Santovik
Czentovick
Czentovic
Zenovic

9 questions
1885 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *}