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EAN : 9791025102350
French Pulp Éditions (10/03/2017)
3.7/5   10 notes
Résumé :
Novembre 1989, le mur de Berlin va tomber. La France exfiltre de Berlin-Est le général du KGB Magomed Akhmediov, contre la révélation d’un montage à long terme qui doit mener l’URSS à diriger l’exécutif français. Pour camoufler sa disparition, son épouse et ses enfants sont sacrifiés pour raison d’État sous les yeux des officiers de la DGSE en charge de les protéger. L’un d’entre eux était l’amant de la femme d’Akhmediov. Novembre 2019, trente ans plus tard, après l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre rempli son contrat de visibilité. Un titre conjugué au passé qui promet une lecture d'avenir et de bouleversement, une couverture mettant en scène deux personnages célèbres, Poutine et Marianne s'embrassant devant une explosion atomique.
Comment donc ne pas avoir envie de livre l'ouvrage de Patrick de Friberg ?

L'histoire s'ouvre sur un évènement transitoire, la chute du mur de Berlin, en 1989. Malgré l'effervescence ambiante, le point de vu semble suspendu dans le temps, flottant au dessus de la masse berlinoise en mouvance vers l'Ouest promise.
Ce second degré, parfois déroutant à côté de l'agitation extérieure, donne le ton pour la suite.

J'avoue avoir eu du mal à rentrer dans la dynamique du roman. Tout d'abord, il faut comprendre le schéma alternant plusieurs périodes historiques. Effectivement, le résumé laisse penser à une anticipation politique mais nous avons également de fréquents retours vers le passé. Il faut donc apprendre à suivre le fil directeur qui peut facilement se perdre.
Une fois la lecture lancée, nous rentrons dans l'intimité de l'Histoire, c'est-à-dire un envers du décor, on passe de l'autre côté de nos manuels scolaires.
Souvent confrontée à des thermes compliqués aussi lointains que mes cours d'Histoire, j'ai fortement apprécié accompagner ma lecture de quelques informations complémentaires. Se perdre entre les thermes et les positions politiques représente un risque de ne pas comprendre la subtilité des certains éléments.

Les acteurs principaux de cette réflexion sont Vladimir Poutine, élément intemporel puisqu'il apparaît autant dans les flash-back que dans les anticipations, Marine Lepen, récemment positionnée à la tête d'un Etat en 2019 allié à la Russie par un pacte d'alliance économique, Gunther et « Jean », personnages fictifs (mais représentatifs) chargés de missions d'espionnage.
Au début, nous pensons suivre à travers leur regard la suite des événements mais c'est avec surprise que le livre prend une dimension de thriller. Sûrement pour donner un rythme encore plus effréné à l'histoire, l'auteur nous plonge dans un monde en pleine transition avec une vengeance comme toile de fond.

La lecture de ce livre n'est pas aisée. En effet, entre les références politiques et historiques, le nombre de personnages, les nuances et les non-dits de l'auteur, le sens de certains passages peuvent restés obscures. Je pense cela-dit qu'il ne faut pas livre ce livre comme un roman mais plutôt comme une source de réflexions et d'idées, une occasion d'être le spectateur invisible des plus grandes scènes politiques.
Malgré cette danse entre les secrets d'Etats, les intentions cachées des plus hauts placés, nous percevons clairement le véritable électrochoc de l'auteur. C'est avec géni que Patrick de Friberg met en lumière les véritables dangers qui menacent notre société actuelle.
Sans utiliser de moyens flagrants et exagérés, il fait doucement clignoter l'ampoule de remise en question, de la réalité souvent assombrie par les mensonges et les vaines promesses.

Le Jazz est également un personnage principal du livre. Personnellement, je l'ai perçu comme une représentation de la Liberté. Les « apartés sur le Jazz » de Gunther font sourire si on reste sur cette vision. « du bon travail de la section Désinformation du KGB de vouloir faire danser les jeunes sur des mélodies hippies, en leur faisant croire qu'ils écoutent du Jazz. »
L'illusion d'une liberté n'est-elle pas l'arme la plus persuasive pour une société de dictature ?
Ce genre musical, si important, si vital pour Gunther, représente donc bel et bien, à mon avis, cette soif d'émancipation, ce risque audacieux à prendre au nom de la libération.
Pourquoi un tel amour pour le Jazz se retrouve-t-il dans le personnage de Gunther ?
L'interprétation de toutes choses est personnelle mais il me semble évidement qu'ici, la vérité s'impose.

L'opinion et la position politique des personnages est souvent difficile à cerner, ce point a parfois ralentit ma lecture. Il faut savoir lire entre les lignes et se souvenir de chaque subtilité. le fait que cela rende la lecture compliquée n'est pas en soit un problème mais la preuve du talent de l'auteur, intimement lié au monde complexe de la politique sous-marine.

La partie d'anticipation du roman est tout à fait passionnante, j'ai beaucoup plus aimé les sauts dans ce futur proche et plausible plutôt que les passages dans le passé du début. Nous sommes donc en 2019 et l'ordre mondial vole en éclat sous la domination des gouvernements d'extrême droite tandis que l'OTAN n'est plus qu'un vestige du passé. Se lançant dans une troisième Guerre Mondiale contre la domination islamique, la France, prolongement du bras d'une certaine Marine Lepen, se recouvre d'un sombre nuage de violence et de complots.
Entre le royaume de Vladimir Poutine et le nouvel empire du Front National, le monde semble plus que jamais voué à sort funeste.

En résumé, Nous étions une frontière de Patrick de Friberg, partagé entre le genre du thriller et de l'anticipation, nous ouvre les yeux sur notre propre époque. Nous vivons en plein tournant historique et de telles lectures ne peuvent qu'éclaircir ce que le reste passe sous silence. Avec un regard franc et intelligent sur ce qu'il se passe, l'auteur nous divertit et nous pousse vers une évidence à prendre ou à laisser.
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La couverture est attirante : un baiser à la russe entre un Vladimir Poutine stylisé et Marianne sous fond d'explosion nucléaire. le sujet est intéressant : la guerre froide vue par un espion français et son mentor, un juif d'Allemagne de l'Est qu'il a enrôlé sous la bannière tricolore. A cela s'ajoutent un Vladimir Poutine chef du KGB à l'Ouest, déjà très ambitieux, retors, dominateur, incitateur, parfois commanditaire d'assassinat avec pour cadre le camembert berlinois pré-explosion de la RDA puis post-disparition du Mur (l'époque se déroule entre Novembre 89 et 2019, une année apocalyptique où la guerre totale est engagée entre l'Europe et Daesch). Un scénario que n'aurait pas renié John le Carré.
Seulement n'est pas J. L. C. qui veut. La lecture est rebutante, étouffante pour ne pas dire asphyxiante. Une écriture pleine d'emphase, métaphorique, trop lyrique même à mon goût, alimentée par des phrases hypertrophiées qui alourdissent le texte. Patrick de Friberg est un érudit, personne ne le conteste. La géopolitique est son domaine et il manie parfaitement la philosophie, les idéologies et une grande culture du jazz. Mais son roman n'est pas à la portée du premier péquin venu. Un vieux journaliste que j'ai connu dirait que ce texte n'est pas fait pour le boucher de Pouldreuzic. Sans offenser la caste des bouchers, il n'est accessible qu'à une certaine catégorie d'intellectuels. Il faut parfois relire à deux fois le paragraphe entamé (en reprenant son souffle) avant de comprendre où l'auteur voulait en venir et l'on perd du coup le fil de l'histoire. Pour avoir précédemment lu « le dossier Rodina » qui m'avait fait passer un moment… sympathique, je dois bien avouer que ce « Nous étions une frontière » ne me laisse pas la même impression. Sa lecture a été par moments une souffrance. La deuxième partie du livre est pourtant plus intéressante, mais mon Dieu est-il bien utile de parler de paysages sur plusieurs pages ou des défauts physiques d'individus (la couleur d'une langue ou la forme d'un bouton par exemple) sur un paragraphe. J'ai terminé l'ouvrage heureux, non pas du dénouement parce que je n'ai toujours pas tout compris entre les assassinés, les ressuscités, les amants réels ou les cabotins, les femmes authentiques ou adultères, les traîtres, les renégats, les sincères, mais soulagé. Que diable, revenez à un peu plus de simplicité !
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Les Barbouzes chez les Trois Mousquetaires, Vingt ans après !

« Nous étions une frontière » est un roman ambitieux à tous les points de vue mais Patrick de Friberg possède les moyens de ses ambitions.

Au niveau de la structure narrative, Patrick de Friberg crée une histoire dans l'Histoire, une histoire complexe qui plus est dans une Histoire qui ne l'est pas moins. Il navigue allègrement entre les années 1980 et l'année 2019, en faisant un grand écart de trente ans dans son récit, en intercalant parfois quelques scènes dans les années 1990 et il fait tout cela sans jamais perdre son lecteur entre les dates, sans jamais que cela soit un fardeau de devoir se souvenir de l'époque dans laquelle se situe tel ou tel chapitre.

Il faut aussi dire que l'auteur structure tous ses chapitres de la même façon : une date, suivie d'un aparté de Gunther, un de ses personnages récurrents, sur le jazz et livré à Jean Lefort, LE personnage central du roman, en 1989, au moment de la chute du mur de Berlin, lui-même suivi d'un titre de Chet Baker avant d'en arriver au chapitre lui-même.

Le choix de l'auteur de placer son intrigue sur 30 ans et dont l'issue se situe dans le futur n'est pas anodin. Il fait de ce livre autant un livre mémoriel qui présente le passé comme un témoignage et le futur comme une anticipation pas si élucubrante que cela qu'un livre montrant à quel point l'histoire et l'Histoire se répètent, à quel point les hommes et les méthodes évoluent si peu. L'étendue temporelle choisie par l'auteur lui permet de boucler la boucle en usant des mêmes personnages quitte à faire revenir les morts à travers leurs fantômes.

Patrick de Friberg n'a pas son pareil ensuite pour tisser une histoire où tous les fils s'entremêlent pour mieux tromper aussi bien son lecteur que ses personnages. A tel point qu'on confond les maîtres et leurs marionnettes, les rôles changeant de main au grès de l'intrigue et des personnages. Chaque marionnette est le pantin d'un marionnettiste dont elle manipule elle-même les fils, personne ne sachant qui manipule quels fils ni quand… une vraie prouesse narrative.

Le style de Patrick de Friberg n'est par en reste car aujourd'hui, sur plus de 450 pages, il faut tenir la distance pour ne pas perdre son lecteur. Aucune chance pour Patrick de Friberg de tomber dans les pièges des longueurs. le récit est aussi rythmé que parfaitement écrit. le style utilisé pour le récit des événements du passé confère à ces parties du livre un caractère hautement réaliste : on y est, avec les Jean Lefort, les Gunther et autres François Carignac, Magomed Akhmediov ou Vladimir Poutine en chef du KGB. le style change quand Patrick de Friberg quitte ses frusques de témoin pour prendre ceux de l'inventif auteur qui doit imaginer l'avenir. Il ne démérite pas non plus dans cet exercice.

Cet aspect « anticipatif » du livre permet à Patrick de Friberg quelques libertés avec l'histoire et l'autorise à dénouer demain toutes les trames entamées dans les années 1980 par l'ensemble de ses protagonistes. Patrick de Friberg ne s'interdit pas non plus quelques réflexions sur les enjeux du pouvoir, sur les coulisses de la politique qui n'est plus alors une fiction et dont l'usage de personnages réels lui permet de l'ancrer dans une réalité d'autant plus sordide qu'elle a les couleurs du réalisme.

L'histoire de Patrick de Friberg a donc le piment de l'aventure, le sel du réalisme mais aussi le sucre du romantisme à travers l'histoire de Jean Lefort et de Kristina, sans pour autant sombrer dans la mièvrerie. Tout y est juste, à propos, parfaitement écrit. Un grand roman d'aventure dont on ressort avec quelques sueurs froides et en ayant perdu quelques illusions, s'il nous en restait, sur les pouvoirs qui agissent dans l'ombre de nos misérables vies.

Et pour ne rien gâcher, il paraîtrait qu'il y aurait une suite à paraître… on se demande bien ce qu'il attend pour nous l'offrir.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-Qs
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Ce roman d'espionnage acheté lors de sa parution me tentait énormément par sa quatrième de couverture : une intrigue se construisant sur 40 ans à partir de la chute du mur de Berlin jusqu'à une période contemporaine dans laquelle Lepen a accédé au pouvoir et un califat règne sur une partie du monde.
Tous les ingrédients du roman d'espionnage sont bien présents : complot, assassinat, retournement, agents doubles , triples , corruption, ... et l'auteur a construit un scenario riche voire trop riche. Il y a pourtant dans ce roman une idée qui était fort séduisante : celle de la compromission d'un espoir politique de haut niveau d'un pays par des services secrets étrangers (en l'espèce russes via Poutine). Cela m'a fait penser au dossier Steele de l'élection américaine de 2016 mais je suis resté sur ma faim.
Mais surtout le "hic" en ce qui me concerne est au niveau stylistique car je n'ai pas du tout apprécié l'écriture et le style narratif de l'écrivain. Les références récurrentes au personnage de Gunther et au jazz ainsi que l'histoire d'amour du personnage principal m'ont peu convaincu.
Chose rare, j'ai failli abandonné la lecture et j'ai retrouvé un petit regain d'intérêt de lecture à partir du Livre II, partie du livre se situant davantage dans la période contemporaine .
J'ai vu dans les critiques que certains lecteurs ont vu dans ce roman complexe matière à réflexion. Pour ma part, en matière de roman d'espionnage et de géopolitique, DOA reste la référence française de ces dernières années avec "Citoyens clandestins" et "Pukhtu".









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Un livre étourdissant, qui m'est un peu tombé dessus par hasard puisque qu'on me l'a livré par erreur ! Un beau titre, une couverture absolument superbe, presque hypnotique... ma curiosité a fait le reste et je n'ai pas été déçu : Nous étions une frontière est exactement le genre de roman que j'adore. Un thriller politique qui brasse beaucoup d'Histoire et de complots, qu'on découvre avec délectation remplie d'espions mélancoliques et de politiques corrompus. Impossible à lâcher !!
Le must ? La présence d'une guest-star bien connue, j'ai nommé l'effroyable et magnifique Vladimir Poutine, superbe dans son rôle d'homme araignée, tirant avec gourmandise sur les cordes d'une toile qu'il a savamment tissé pendant plus de 30 ans. Oui, parce que j'ai oublié de vous dire, Nous étions une frontière se passe en 2019... et anticipe tout simplement les conséquences de la montée actuelles du populisme : la troisième guerre mondiale !
Précipitez vous sur ce thriller incandescent qu'il faudrait distribuer dans la rue, voir larguer par caisses entières avant les prochaines élections.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Carignac réveilla de son songe le général du KGB. Il lui posa la main sur l’épaule.
« Je suis satisfait de notre petit week-end d’amoureux à Londres, mon ami. Nous avons augmenté d’un bon quart ma collection que je destine à prouver par des faits historiques que nous avons gagné Waterloo contre l’avis des historiens payés par l’infâme Anglais. C’est la désinformation autrichienne qui a désorienté l’empereur. Un modèle du genre dans la manipulation des ennemis. Je t’expliquerai tout cela plus tard après le cognac. Tu vas pouvoir maintenant remplir ta part du contrat, non ?
— Je te ferai ton futur Premier ministre ou président dont j’ai chargé l’un de mes meilleurs éléments, Vladimir Poutine, d’installer au sein du pouvoir français. Nous allons inventer un parti qui effacera tous les autres, comme Constantin a créé l’Église à partir d’une secte ridicule. Après, nous tiendrons nos camps, jusqu’à la fin des temps. Enfin, pour être plus précis, la fin de leur Temps. »
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Vidéo de Patrick de Friberg
Nouveautes JIGAL fevrier 2012 .Les Éditions Jigal vous présentent les nouveautés de février 2012 avec par ordre d'entrée en scène : ET L'ÉTÉ FINIRA de Maurice GOUIRAN, LE CHASSEUR DE LUCIOLES de Janis OTSIEMI, LES AUTEURS DU NOIR FACE À LA DIFFÉRENCE, Collectif ? Et par ordre d?entrée en scène : Nicolas Sker, Sophie Loubière, Laurence Biberfeld, Valéry le Bonnec, Patrick de Friberg, Hervé Sard, Elena Piacentini, Sébastien Gendron, Gaëlle Perrin, Paul Colize, Michel Vigneron, Thierry Brun, Fabien Hérisson, Bob Garcia, Maxime Gillio ? LE CRAMÉ de Jacques Olivier BOSCO.
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