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EAN : 9782246823056
180 pages
Grasset (09/03/2022)
3.46/5   54 notes
Résumé :
Encore quelques secondes et les Français sauront qui les dirigera pour cinq ans.
Neuf jours avant le second tour, Philippe Rex, un magnat multimilliardaire, propriétaire de la chaîne Rex News, est kidnappé au cœur même de son empire.
Sur Twitter surgit une photo de l’otage, menacé au bord d’une rivière. L’exigence du ravisseur, un survivaliste aux motivations troubles ? Un débat en direct avec le président de la République, pour faire entendre la voix... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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La campagne présidentielle bat son plein. Mais voilà que 9 jours avant le deuxième tour, Philippe Rex, grand patron de la chaîne News et magnat des médias, est enlevé par un survivaliste qui demande à participer au débat de l'entre-deux tours pour porter la voix de ceux qui n'en ont pas. « C'est commode votre discours : vous n'avez pas besoin d'être cohérent, simplement d'être constant. » (p. 144) Dans les plus hauts niveaux de la République, ça s'agite et ça réfléchit. Faut-il céder au chantage politique ? Comment protéger le président sortant de tout scandale et assurer sa réélection face à la candidate identitaire ? Les jours passent et voilà qu'il ne reste que quelques minutes avant l'annonce du nouveau président de la République...

Avec cette uchronie politique, l'auteur joue à fond la carte du cynisme capitaliste. « Dans la ruée vers l'or, n'importe quelle école de commerce l'inculque : ce ne sont pas les chercheurs qui font fortune, mais les vendeurs de pioche. Rex News, c'est ça : le piolet de l'opinion publique. » (p. 15) le seul vrai pouvoir, c'est l'information et la façon de la produire et de la diffuser. La véracité n'est plus la valeur suprême, supplantée par le temps d'attention que l'audience peut consacrer à un sujet.

David Dufresne balance par paquets des noms réels, tant de personnalités politiques que journalistiques. Pour les besoins de sa fiction, il invente des personnages, mais il est très facile de les associer à des individus de notre société. Chacun a d'ailleurs son chapitre, celui au centre duquel il est le héros, vers qui convergent toutes les décisions à prendre et qui semble le/la seul·e homme/femme de la situation. Mais dès le chapitre suivant, la caméra a dézoomé et s'est fixée sur un autre visage. C'est la société du spectacle ou les 15 minutes de gloire dont parlait Andy Warhol. Comme lors du débat de l'entre-deux tours, tous les participants veulent attirer la lumière, mais finalement le seul protagoniste, c'est le show. Et peu importe finalement le nom de la personne qui dirigera le pays pour les 5 années suivantes : le véritable gagnant, c'est la politique-spectacle, également très bien critiquée dans le premier épisode de la série Black Mirror.

Je découvre David Dufresne avec ce roman que j'ai dévoré en moins de deux heures. Sa plume m'a happée et j'ai hâte d'en lire plus !
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Était-ce une bonne idée de commencer 19 h 59, une « fable politique en réalité augmentée » juste avant le 1er tour des élections présidentielles ? Parce qu'à un moment donné, je ne savais plus où situer la réalité et la fiction, j'aime autant vous le dire. Cela dit, l'autofiction étant un genre que j'adule, ce livre avait tout pour me plaire.

Le journaliste David Dufresne nous plonge violemment dans les coulisses du cirque médiatique d'une élection, avec, en fil conducteur de l'histoire, l'enlèvement du patron d'une chaine d'info en plein milieu de l'entre-deux tours des présidentielles. À noter que toute ressemblance avec Bolloré ne serait vraiment pas de bol.

L'auteur choisit d'adopter le point de vue de plusieurs protagonistes, du patron en question, de son ravisseur, de différentes éminences grises qui se tapissent dans les arcanes du pouvoir, jusqu'au présentateur vedette de la chaine d'« infotainment ». Il décrit ainsi à merveille les effets pervers de la confusion politique qui rend notre démocratie malade.

J'avoue avoir eu du mal avec le style d'écriture, des phrases longues truffées de virgules qui donnent un rythme irrégulier par moment ; il m'aura fallu du temps pour comprendre que ce style nous immerge un peu plus dans la psyché de certains personnages. Et bien qu'éminemment politique, cette histoire se lit comme un roman à suspens, l'auteur rendant son sujet accessible au grand public.

Bref, je connaissais David Dufresne pour son documentaire « Un pays qui se tient sage » à propos du rapport gilets jaunes/police, 19 h 59 m'a donné envie de me plonger plus en avant dans son oeuvre.
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Lorsqu'un magnat ultra-conservateur de l'industrie et de la presse est pris en otage juste avant le deuxième tour d'une élection présidentielle française, tout un monde vacille.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/11/14/note-de-lecture-19-h-59-david-dufresne/

Philippe Rex, richissime héritier et capitaine d'industrie, devenu également magnat des médias et développeur de Rex News, la chaîne d'information continue qui fait la part belle au conservatisme le plus extrême du paysage audiovisuel français (ce personnage fictif peut éventuellement faire penser à une authentique figure économique et politique de la France contemporaine, comme celle qui hantait en sous-main, depuis son récit indochinois, le magnifique « Une sortie honorable » d'Éric Vuillard), est kidnappé à la sortie dérobée de ses bureaux de prestige, neuf jours avant le second tour de l'élection présidentielle française. Tandis que l'on prétexte en haut lieu un isolement lié à un covid relativement sévère, on s'agite dans la coulisse : entre Madeleine Jiffré, la reine de la communication et de la gestion d'image à long terme, Brice Bataille, le conseiller occulte de tant de présidents, déjà, en matière de sécurité intérieure, Rachida Haddad, la brillantissime coordinatrice du renseignement et les mystérieux ravisseurs aux surprenantes exigences, une étrange et feutrée course contre la montre se met en place, au coeur de l'appareil politique, sécuritaire, économique et médiatique de l'Etat et des puissants – alors que des bénéfices nets se préparent à être reçus, mais par qui ?

Au moins depuis son documentaire « Prison Valley » (2010) et son enquête sur l'un des plus énormes fiascos policiers relativement récents, dans le mélange des genres paranoïa, provocation, déni de justice et pantalonnade (« Tarnac, magasin général », 2012), on sait que David Dufresne est l'un des plus nécessaires investigateurs de l'appareil sécuritaire français, dans ses liens beaucoup trop distordus aujourd'hui avec la démocratie et dans ses toujours curieux appétits d'argent. On peut désormais régulièrement le retrouver dans sa passionnante émission « Au poste », sur Blast (web télévision qui propose aussi l'émission de science-fiction et de politique « Planète B », à laquelle Charybde est associée). Devenu encore davantage la bête noire de la frange la moins démocratique de nos multiples polices depuis son recensement minutieux et continu des mutilations et éborgnements infligés aux Gilets jaunes protestataires (« Allô Place Beauvau »), dont le pendant romanesque était son « Dernière sommation » de 2019, il nous offre en 2022, toujours chez Grasset, ce « 19 h 59 » dans lequel, avec une verve et une férocité qui viennent joliment tangenter celles du Jérôme Leroy du « Bloc », de « L'ange gardien » ou du plus récent et tout aussi remarquable « Les derniers jours des fauves », il questionne avec un impressionnant brio (et un bel humour noir) l'état exact des connivences, des franchissements de seuils et des jeux de billard à plusieurs bandes qui habitent une partie non négligeable des élites politiques et économiques prétendant dicter nos destins à bien des niveaux, au milieu des fumigènes de toute nature. Une lecture d'une sombre délectation et d'une véritable nécessité.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Allez, une fois n'est pas coutume, une critique au débotté à peine le livre refermé.
C'est la première fois que j'aurais aimé avoir une étoile de plus à attribuer tant la plume de "davduff" me plaît.
Une fiction tant mêlée à un réel à peine dissimulé qu'on pourrait y voir une prémonition. le compte à rebours enclenché jusqu'à ce 20h de dimanche de deuxième tour d'élections présidentielles vous tiendra jusqu'à la dernière page. Ce pays c'est le nôtre, ces journalistes, ces politiques , nous les connaissons, ce peuple c'est nous et ces chiens de guerre nous savons qu'ils existent.
Quelques phrases disséminées dans ces pages nous montrent la partie cachée du fonctionnement intime de notre République et ces rouages n'ont que faire des gens qui peuplent ce pays.
Personne n'est assez malin pour jouer avec le feu politique sans se brûler ...
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Grande lectrice de Houellebecq, j'ai l'impression de relire anéantir mais en mal écrit. J'avoue aussi avoir lu Laurent Obertone et ça me fait penser à Guérilla mais de gauche. Et puis j'ai lu récemment Il faut bouger ce putain de pays et 19h59 c'est pareil mais en chiant. Bref, 19h59 est une uchronie - non, le mot est trop dort; c'est une blague - sur l'élection présidentielle de 2022. Macron se retrouve face à Elsa Sénéchal (Marion Maréchal) et le patron de Rex news (une sorte de Bolloré) est kidnappé par un survivaliste 9 jours avant le second tour. le ravisseur exige un débat. C'est une satire du cirque médiatique mais tellement appuyée et caricaturale que ça en devient ridicule. Les personnages n'ont aucune consistance et je me fous éperdument du sort de l'otage. J'abandonne à la moitié.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Boulevard Raspail, une immense berline électrique faisait l'admiration des badauds : coup de génie de la firme allemande, proposer un SUV mammouth, le vendre comme écologique et marger encore et encore par la grâce du greenwashing. [Elle] connaissait par coeur toute l'histoire : on l'avait appelée à la rescousse pour ouvrir la contre-attaque médiatique des marques automobiles, au tournant des années 2010, quand les constructeurs germaniques avaient été soupçonnés, l'un après l'autre, la main sur le coeur et dans le moteur, de traficoter les valves pour minimiser leurs émissions polluantes.
(p. 26)
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La voiture bifurquait maintenant sur l’A1, laissant Paris dans la lunette arrière, pour se frayer une percée, et Haussmanienne, et du pauvre, dans ce 9-3 camouflé derrière les kilomètres de mur anti-bruit, parfaits cache-misère de tout ce que la Bourgeoisie ne saurait voir : les résultats nets de ses propres turpitudes. Cette trouée était l’évidence même que tout ne tenait qu’à un fil, à un ruban de goudron à six voies. De Roissy à Paris, des avions au vivant qu’on tue, la banlieue grossissait, grossissait, bidonvilles avec fibre — et fibres de révoltes en sommeil.

Le chauffeur était bien renseigné.
- Ça vous rappelle des choses, Madeleine ?

Elle ne répondit pas, et plissa légèrement ses lèvres, comme pour s’assurer qu’elle était bien ce qu’elle était devenue, désirable, importante, puissante même, s’assurer qu’elle avait bel et bien échappé à cet enfer. Les parois cache-pauvres de l’autoroute n’y faisaient rien : arrivée à Sarcelles, toute son enfance remontait. Miracle terrestre, les premiers grands ensembles, les Flanades, tenaient encore debout. Construites à la va-vite, dès les années 1950, à l’horizontal, longues barres sans fin ni lendemain, à coups de grues pressées qui avançaient le long d’une ligne droite de chemin de fer, les Flanades avaient avalé toutes les vagues : immigration rurale, espagnole, turque, algérienne, africaine, boat people, irakienne, afghane, syrienne. La famille Jiffré était restée, vaille que vaille, hormis un ou deux cousins, qui avaient pu se mettre au vert, à Villiers-le-Bel la voisine. Seule Madeleine avait osé le cap au sud, vers Paris Pouvoir. Un détail l’avait conduit dans cette direction. Comme disait l’autre, l’important n’est pas de prendre le train, c’est d’aller à la gare.
C’est de préparer armes et bagages.
D’attendre la guerre. En voiture de tête.
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J’ai d’abord pensé à mon mauvais schéma corporel ; la douleur dans le dos, c’était de ma faute, j’avais dû heurter quelques chose dans l’ascenseur. Je sentais une pointe dure comme du métal, au bas des reins, une gêne d’abord anodine, puis insistante.
En contrebas, la ruche s’agitait, toute à son œuvre et à mon succès, indifférente à mon sort, comme je l’étais au sien.
C’est quand la porte s’est refermée que j’ai perçu son souffle dans ma nuque. Le métal bougeait comme s’il cherchait entre les côtes, un dard pour me percer, comme il se devait : en traître.
Il n’y a jamais eu de barre d’appui dans cet ascenseur.
Le métal, c’était ma hantise. Le canon d’une arme.
Cet espace, je l’avais voulu, et même dessiné, tout de verre, transparent, pour qu’on me voie bien, que tous les employés sachent quand j’étais là, au-dessus d’eux au sommet de l’Olympe ; Paris, ce chenil, à mes pieds. Un ascenseur concave et de vitre, la presse avait adoré mes sornettes – Madeleine Jiffré l’avait compris : cet ascenseur, c’était moi, ma marque de fabrique, la transparence et la rondeur apparente ; ces carreaux translucides signifiaient que je n’avais rien à cacher de mon héritage, ou plus rien, ou plus grand-chose, rien qui puisse mettre en péril l’image du pays. Cette vue imprenable sur mes studios était l’aboutissement de ma vie, ma grande affaire, sur mes petites affaires.
Avec cette cage de nudité, je voulais rendre lointaines les asianeries de papa. Fortune était faire, loué soit Lui : il fallait en tirer profit, et sans sourciller, et sans culpabiliser. D’où ce verre, cette visibilité brandie ; et ces arrondis de parois et de parure. Pur joyau du design intérieur, outil de rupture d’apparence.
Pourquoi étais-je maintenant sous la menace ?
Mon père avait connu la bonne époque. Pas de comptes à rendre en place publique, pas de service après-vente, ni pub ni com, il n’y avait qu’à se baisser. Le sang des ouvriers jaunes se confondait avec une seule couleur, la plus belle, la patriote : la couleur de la stabilité de la France. Les rétrocommissions, et les petits compromis, longtemps, personne ne les voyait ou ne voulait les reconnaître. La corruption avait ceci de bien qu’elle fixait les tarifs du marché. La traîtrise est, quoi qu’on en pense, comme un métal froid: très abordable.
Paix à son âme, au père : Antoine Rex. Il avait pu travailler en toute tranquillité, à l’abri du regard des uns, des jugements des autres. Ceux qui venaient à la gamelle savaient, mais comme disait papa, ils venaient à la gamelle. Ça les tenait, ces toutous. Les plus dociles étaient parfois les plus puissants, sur le papier. Le défilé à la maison de ministres ventre à terre m’a probablement forgé mieux que toute leçon de vie. Ils venaient chercher un poste futur, un petit service, un conseil d’ami, des enveloppes – un pacte face à leurs propres renoncements. Pourquoi respecter ces indignes ?
Et maintenant, ils se vengeaient ? Lesquels ? Lequel ? Laquelle ? Dans mon dos, la silhouette se tenait sans un bruit, sans un indice.
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Il en relevait de la Sûreté de l’Etat, Bataille étant lui-même à la manœuvre dans le scandale Pegasus. C’était lui, depuis le Palais, qui pilotait le programme hautement confidentiel. Bataille avait passé un accord de sous-traitance avec le Maroc : il ne fallait pas que les citoyens français puissent imaginer que leur propre pays utilisait un logiciel illégal pour les espionner. Contre des formations policières gratuites, dispensées aux troupes du roi du Maroc, Rabat avait accepté de jouer les intermédiaires. Bataille avait tout de même pris la précaution de se faire mettre sur écoute, preuve de son innocence, en cas de remarques indiscrètes du président, ou de son entourage. Le conseiller n’avait jamais envisagé que son nom, un jour, puisse se retrouver étalé sur la place publique. Pegasus vendait de la certitude et de la certification : jamais personne ne devait pouvoir remonter sa piste. C’était sans compter sur une fuite d’un employé de la maison Pegasus, qui se rêvait un destin à la Snowden, et dont la tête fut retrouvée gisant à ses pieds dans une ruelle de Jérusalem-Est.
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Si le Capitalisme pouvait vendre sa propre mort, il se pousserait au suicide, s’était dit Madeleine Jiffré, qui se voyait sans mal dans le rôle du croque-mort. Madame Quinquennat savait une chose : suivre l’argent est la seule option. En attendant, le Capitalisme se contente de tuer les autres, à petit feu ou à credit, ce qui revient au même, la seconde formule étant la version présentable de la première.
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Vidéo de David Dufresne
Rencontre au Cirque électrice le 17 novembre 2022 Captation par Anthony Francin Paul Rocher est l'auteur de "Que fait la police ? et comment s'en passer" (https://lafabrique.fr/que-fait-la-police/) et de "Gazer, mutiler, soumettre Politique de l'arme non létale" (https://lafabrique.fr/gazer-mutiler-soumettre/) Frédéric Lordon est notamment l'auteur de "Figures du communisme" (https://lafabrique.fr/figures-du-communisme/) et de "Vivre sans? Institutions, police, travail, argent..." (https://lafabrique.fr/vivre-sans/) À lire également : "Police" avec les contributions de Amal Bentounsi, Antonin Bernanos, Julien Coupat, David Dufresne, Eric Hazan et Frédéric Lordon (https://lafabrique.fr/police/) Un grand merci à la librairie Planète Io (Rennes)
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