AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 143 notes
5
15 avis
4
16 avis
3
4 avis
2
3 avis
1
0 avis
Alors qu'il semble avoir trouvé le bonheur en Espagne, un jeune migrant ougandais est appelé à témoigner sur les exactions passées dans son pays, dans un esprit de réconciliation nationale. Isaïe a pourtant développé sa petite activité de réparation de vélos à Barcelone et sa compagne est enceinte de leur premier enfant. Mais il y a des cicatrices qui ne se guérissent que difficilement. Isaïe part donc à Kampala avec Lucia pour une conférence. Mais il comprend vite qu'il est tombé dans un piège et sa compagne est kidnappée. Bref, il va devoir plonger tout entier dans le passé et combattre ses démons.

Moins connu que le Rwanda ou la RDC, ce petit pays a pourtant connu de nombreux soubresauts tragiques ces trente dernières années et notamment l'apparition d'une bande de mercenaires dirigée par un certain Joseph Kony, composée principalement d'enfants soldats. Ceux-ci participaient régulièrement à des chasses aux albinos, considérés comme maudits par une grande part de la population. L'homme, dirigeant sa troupe tel un prophète illuminé, utilisait la Bible pour justifier ses actes monstrueux.

Le roman alterne entre époque contemporaine et flash-backs et décrit de façon crue une société qui semble condamnée à la violence et la misère. le sort des enfants soldats, enlevés à leurs familles, endoctrinés, violentés, menacés et drogués pour les entraîner dans une spirale de violence sans fond, y est terriblement bien décrit. Et l'Isaïe adulte, bien malgré lui, se retrouve aspiré de nouveau par cette haine provenant de son enfance brisée.

Un polar particulièrement sombre, très violent, parfaitement construit, où Víctor del Arbol, comme à son habitude, décrit le poids du passé sur le monde d'aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          60
Je crois qu'il me faut un petit roman à l'eau de rose pour oublier les horreurs que je viens de lire. le mérite de ce livre est de révéler la réalité de l'Ouganda, un pays méconnu du grand public.
Isaïe est un réfugié ougandais qui a refait sa vie en Espagne, où il est marié avec Lucia. Quand une ancienne connaissance vient le voir pour lui demander de participer à une conférence sur la réconciliation, il retourne en Ouganda et sa femme enceinte décide de l'accompagner.
Le récit se déroule en parallèle sur deux époques : le présent avec le retour en Ouganda, et d'autre part on revit l'histoire d'Isaïe, et son enfance heureuse en famille jusqu'à ce que les rebelles de la LRA atteignent son village. Ensuite c'est l'horreur, Isaïe et son frère Joel sont emmenés comme enfants soldats. Ils subissent l'horreur, et en même temps ils sont obligés d'y participer. Isaïe devient même le spécialiste de la chasse aux albinos, les malheureux étant très recherchés parce que leurs organes sont utilisés en sorcellerie.

Le plus affreux, c'est que tout est vraisemblable. La LRA est une armée de fanatiques créée par une femme, Alice Lakwena, qui arrosait les enfants d'une eau censée les rendre invisibles avant de les envoyer au combat. le chef de la LRA, Joseph Kony, est encore l'homme le plus recherché d'Afrique pour répondre des exactions commises pendant 3 décennies. En fait l'Ouganda est sorti de la férule d'Idi Amin Dada pour tomber dans l'anarchie sous Milton Obote, puis tout le nord a été ensanglanté par la LRA depuis 1986. Aujourd'hui l'Ouganda a un fort développement économique, mais il reste des progrès à faire question liberté. En 2019 le président ougandais a décrété que toute personne possédant un béret rouge serait condamnée à la prison à perpétuité. Ça serait presque risible, mais on voit bien qu'il reste encore du chemin à faire sur la route des droits de l'homme.
Les meurtres rituels d'albinos sont une autre réalité de la région, même si la Tanzanie est encore pire que l'Ouganda dans ce registre. Quant aux enlèvements d'enfant, c'était la méthode traditionnelle de recrutement de la LRA. Ensuite l'enfant doit subir la violence et la cruauté pour qu'à son tour il devienne un combattant sans pitié. C'est la réalité d'un certain nombre de conflits en Afrique, mais la LRA a battu des records dans l'exploitation des enfants.

Le retour d'Isaïe en Ouganda ne se passe pas du tout comme prévu, et la conférence n'est qu'une anecdote dans le récit. Isaïe, qui en Espagne désirait avant tout oublier son passé, va retrouver les protagonistes de sa vie d'enfant-soldat et va devoir se confronter avec ses vieux démons. Sa femme est kidnappée et retenue en otage pour mieux s'assurer de son soutien, et il devient la marionnette d'une lutte de pouvoir impitoyable. Tous ont une bonne raison de le tuer, la LRA pour sa désertion, l'armée pour ses activités passées.

Avant les années terribles est un ouvrage sur la culpabilité et la recherche de soi. Un enfant qui massacre des villageois innocents est coupable, mais il est également innocent puisqu'il n'a agi ainsi que parce qu'on l'a forcé à commettre ces tueries. Soit il devient aussi fou que les leaders qui l'ont envoyé se battre, soit il garde son âme, mais comment peut-on vivre avec un tel poids sur la conscience ?
Commenter  J’apprécie          50
difficile de m 'exprimer sur ce bouquin...
pourtant le pitch est très intéressant et instructif puisque pour moi je connaissais le drame tutsi mais je ne connaissais pas cette autre horreur africaine en Ouganda qui a consiste a pourchasser et tuer sinon torturer les albinos!!! terrible . mais pour moi malgré tout cela j 'ai trouvé un manque d 'émotions dans ces personnages , peut être un peu trop de retournements dans l intrigue. je l 'ai lu il y a 2 semaines....le poids des morts etait cependant excellent...
D'autres babelio ont ils perçu le même vide????

Commenter  J’apprécie          30
Ma première incursion en Ouganda est sur l'invitation de Victor del Arbol.

J'aurais certes préféré découvrir ce beau pays d'Afrique de l'Est à travers sa faune abondante ou les célèbres sanctuaires d'animaux.
Malheureusement c'est sous un prisme beaucoup plus sombre et tragique, celui des enfants soldats pendant la guerre civile, qui j'embarque dans Avant les années terribles.
On découvre le destin tragique de tous ces enfants enlevés à leurs familles, endoctrinés de force, vivant dans l'obscurité et la terreur.

A la croisée du documentaire romancé et du roman initiatique, dans cette « novela negra » l'auteur espagnol délivre une fable amère sur la fin de l'innocence.
Il s'aventure également dans les rituels de superstition et de sorcellerie avec la chasse aux albinos.

Le prolifique écrivain capture une fois de plus le lecteur dans une sorte d'univers parallèle, quoique hélas bien réel, très noir et oppressant.
Victor del Arbol traîne ses pompes dans le bitume et parfois il trempe sa plume dans le caniveau.

Peut-on réparer les traumatismes de l'enfance ? Peut-on se reconstruire une nouvelle vie et restaurer notre part d'humanité lorsqu'on a commis des actes innommables?

Ces questions trouvent des réponses dans l'analyse toujours très juste et humaniste de l'écrivain.

L'intrigue est un peu trop longue et détaillée à mon goût, un peu de concision aurait allégé un sujet déjà bien dense et pesant.

Un autre bémol: comme dans les films d'action des années 80, ici on a du mal à tuer les méchants, qui « reviennent à la vie » après s'être pris des balles à bouts portant et autres atrocités, ce qui malheureusement décrédibilise un peu l'intrigue.

Commenter  J’apprécie          320
Un excellent roman qui traite de nombreux sujets d'actualité, les enfants soldats, le fanatisme, l'esclavage moderne, la violence faite aux femmes etc...
Il figure à présent dans mon top 3 des romans consacrés à l'Afrique avec "Un Turbulent Silence" d'André Brink et "Les Fils du Ciel" de Philippe Morvan. Ils ont en commun le fait d'avoir été écrit par des auteurs blancs, mais qui ont choisi des héros noirs ou métis, ce qui apporte à l'intrigue une certaine distance d'autant plus romanesque et qui est un vrai plus je trouve. Voilà, un vrai coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          150
Mondernier livre de l'année.
Je croyais avoir tout lu de Victor del Arbol, eh bien j'étais passé à travers celui là.
Trouvé par hasard à la bibliothèque de ma ville, j 'ai lu ce roamn avec grand intérêt. Parce qu'il se passait en partie en Ouganda, pays relativement méconnu dans nos espaces médiatiques où, pourtant il s'est passé des événements terribles il y a 40 ans environ.
C'est ce que raconte ce roman entre deux époques. Celle actuelle 2016 et celle où le personnage principal du roman est enrôlé de force avec son petit frère dans une guerilla essentiellement faite d'enfants soldats.
L'auteur nous fait rentrer dans cet environnement de folie, dans lequel les sentiments non aucune place et où les perversions les plus atroces existent tous les jours. En 2016 le personnage revient dans son pays pour relater ces années d'enfants soldats et surtout pour témoigner. Mais voilà le passé n'est jamais vraiment très loin et le pays malgré son ouverture vers le monde occidental, vers une relative paix, traine encore ses scories du passé. Les mercenaires qui n'ont pas oubliés, les repentis qui sont au pouvoir et les vengeance personnelles qui persistent.
Magnifique roman-témoignage(?) qui montre bien que la plume de Victor del Arbol peut s'exprimer sur tous les terrains.
Commenter  J’apprécie          41
Un récit à la première personne d'un enfant soldat ougandais, en alternance durant son embrigadement forcé, de 12 à 15 ans, puis à 37 ans. Adulte et réfugié en Espagne, où il a trouvé une vie normale et une compagne, le passé le rattrape lorsqu'on lui demande de revenir au pays, sous prétexte d'un sommet sur la réconciliation. Isaïe flaire le piège, mais son enfance fauchée nette avec la plupart de sa famille, les tortures qu'il a subies et ses propres exactions ne lui ont jamais permis d'oublier.
Le récit est agencé de façon classique (un chapitre de la période 1992/94, un autre en 2016), avec certains personnages réels, dont Joseph Kony, terrible chef de l'Armée de libération du Seigneur (ARL) dont le charisme en fait une sorte de Messie. L'ARL a elle aussi bien existé, ramassis d'illuminés navigant entre le mysticisme, la sorcellerie, les drogues, et raflant les gamins pour en faire des tueurs ou des esclaves, à qui on ne laisse que des choix cornéliens : devenir bourreau ou victime, et passer sans transition de l'enfance à l'âge « adulte ». Avec en sus, une obsession horrible pour les albinos, chassés pour être dépecés vivant et revendus organe par organe.
Un livre dur donc, qui cite à plusieurs reprises « Au coeur des ténèbres », sur lequel il faut se concentrer puisque del Arbol prend tout son temps pour décrire les sentiments les plus intimes. Pas de phrases punchy, peu de dialogues chocs, mais de vraies sensations. Et de la très bonne littérature.
Commenter  J’apprécie          40
Terrible, addictif, envoûtant... En trois adjectifs, je vous livre mes impressions à chaud de ce roman que j'ai eu du mal à lâcher...

L'histoire se déroule au travers de chapitres successifs sur deux périodes, présent et passé, d'un même acteur, un jeune homme, Ougandais, vivant actuellement en Espagne mais dont la jeunesse a été horriblement éprouvante.

L'auteur nous renvoie dans une horde d'illuminés qui embrigadent des enfants avant de les modeler.
Une armée de dieu, qui mélange foi chrétienne avec paganisme local, qui vante les vertus du sacrifice des albinos...

Terrible roman, qui, sans ménager le lecteur ou atténuer l'horreur, dévoile tous les aspects de ces guérillas d'enfants, sans rentrer dans la psychologie de comptoir.

Bien mené, ce roman fait rattraper le présent par le passé et la lecture en est vraiment fluide et les mots choisis.

Le demi point manquant est pour la narration du présent qui présente beaucoup de rebondissements, sans être complètement irréaliste.

Je n'avais rien lu de l'auteur mais visiblement j'ai raté des polars,des navets et un autre superbe roman... Donc à bientôt....
Commenter  J’apprécie          40
Il semble que Victor del Arbol soit devenu pour moi un auteur incontournable.
C'est la troisième fois que je le lis et je retrouve une nouvelle fois une certaine "sécurité" de lecture. La garantie que son style, le rythme et l'histoire ne me décevrons pas.
Pari gagné avec ce roman qui nous prend aux tripes et ne nous lâche plus. Que ce soit sur le fond comme sur la forme, j'y retrouve ce rythme de lecture élevé, l'intensité des mots et des situations, la profondeur des personnages et surtout une histoire captivante empreinte d'actualité, de violence et de réalisme.
C'est un réel envoûtement que nous offre V.d.A avec un enchaînement de chapitres qui, bien que séparés dans le temps, se mêlent les uns aux autres sans jamais nous perdre. Une plongée au coeur de conflits armés, familiaux, sentimentaux et diplomatiques aussi douloureuse que passionnée qui ne nous épargne aucune horreur. L'auteur ne fait aucune concession quant au rôle de chacun, n'épargne aucune sensibilité et nous immerge totalement dans cette intrigue étouffante et douloureuse.
Ce récit marque notre esprit comme le fouet marque la peau des enfants soldats.
Bonne lecture.
Commenter  J’apprécie          80
Isaïe enfant soldat enrôlé de force dans l'armée de résistance de Joseph Kony en Ouganda réussit à s'enfuir à l'adolescence, émigré en Espagne il tente de se reconstruire pour échapper à son passé d'enfant martyrisé à la fois victime et bourreau.
20 ans plus tard, sollicité par un ancien compagnon d'armes victime comme lui, il retourne en Ouganda dans le cadre d'une tentative de réconciliation nationale.
Victor del Arbol alterne chacun de ses chapitres entre ces 2 périodes et nous fait entrer dans la réalité cruelle et l'horreur que ces enfants arrachés à leur famille vivent pour servir des seigneurs de la guerre insensibles et imprégnés par des superstitions ancestrales qui engendrent une haine viscérale et macabre contre les personnes albinos.
Une réalité que l'on a peine à croire et à admettre et pourtant ....
Construit sous forme de thriller, un choix que l'on peut contester car il conduit à une série de rebondissements peu vraisemblables face à une réalité vrai qu'il convient de dénoncer. Ceci étant ce choix littéraire nous permet d'être tenu en haleine tout au long du récit malgré la violence des situations.
Un bémol : la traduction n'est pas toujours au top !
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (391) Voir plus




{* *}