Il est des livres dont on sort ébloui, émerveillé… Cette oeuvre de Michel del Castillo, «
La Guitare » publiée en 1957 (la même année que
Tanguy son premier roman) n'est pas de ceux là… On en sort ahuri, médusé…
Il s'agit du récit d'une tranche de vie d'un nain difforme et repoussant, haï des siens mais qui cherche en vain à atteindre leur coeur. Riche de vingt fermes il tentera de les donner à ses métayers, à la mort de son père, contre reconnaissance en vain… Devant une telle ingratitude, il les reprendra toutes ces fermes, ainsi que les femmes des fermiers, et deviendra méchant, tel qu'il se plait à le dire, "un monstre» ; du moins c'est ainsi qu'on l'appellera désormais dans le voisinage, où tout le monde se détourne ou fuit sur son passage…
Seul Jaïro, le guitariste Gitan de passage en Galice lui fera caresser l'espoir de toucher le coeur de ses « semblables » par la musique. Aussi, se fait-il violence, pendant un an , avec l'aide de Jaïro, pour atteindre un niveau compatible avec son grand projet : se produire en récital aux « Fêtes de l'Eau » organisées en hommage aux disparus en mer…
Dans ce récit, le narrateur s'adresse à plusieurs reprises directement au lecteur, l'agresse… Ou lui explique qu'on ne peut comprendre la Galice qu'à la condition d'en être natif.
Michel del Castillo alterne le violent (les agissements du et contre le nain ; on lapide ici, Monsieur, dans le cimetière) et le lyrique quand il décrit les paysages embrumés des rias de Galice, ou un accord de guitare.
Quelle puissance, dans ce « petit » récit. Ahuri, vous dis-je…