AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Alexandre Nouvel (Préfacier, etc.)
EAN : 9782869596573
120 pages
Arléa (09/03/2004)
4.19/5   8 notes
Résumé :

Personne, sa vie durant, ne s’est davantage raconté de vive voix et par écrit que Blaise Cendrars. Mais qui jusqu’ici s’était risqué à le raconter ? Il fallait pour cela un très proche ami attentif, un esprit de même acabit. Cet homme c’est l’écrivain et le voyageur t’Serstevens qui nous parle certes de l’œuvre et du génie de Cendrars mais qui nous le montre surtout tel q... >Voir plus
Que lire après L'Homme que fut Blaise CendrarsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les amis de mes amis imaginaires sont-ils mes amis imaginaires ? Non. Cendrars m'a accompagné depuis mes quinze ans, comme un mentor qu'on adore, qu'on revoit de loin en loin et qui ne meurt jamais. J'ai même habité en face de la Santé, comme lui, rue Jean Dolent. Albert T'Serstevens - sacré pseudo de zozoteur – dit « T'Ser », son ami belge, consacre à cette rue tout son chapitre XI (p.166). « bordée d'un côté par des maisons quelque peu banlieusardes(...) elle était dominée, de l'autre, par la haute et longue muraille grisâtre de la prison de la Santé, avec, en retrait, plus élevés encore, les bâtiments troués de petites fenêtres à barreaux de fer derrière lesquels on ne voyait jamais personne, même pas les visages des prisonniers. Les fenêtres du cabinet de travail de Blaise laissaient voir en plein ce calamiteux décor de geôle, ce qui lui donnait l'occasion de rêver une fois de plus de gangsters et d'assassins, et de s'imaginer enfermé en face après une existence de hold-ups dans toutes les capitales du monde. ». Cendrars prétendait que sa maison de la rue Jean Dolent était la maison de Masséna. Doué pour l'embellissement, Blaise s'emballait même pour la baignoire : c'est « la baignoire historique de Masséna, baignoire en cuivre rouge, et si haute, si haute que le général devait s'y baigner à cheval et avec toutes ses décorations ». Chaque lieu de vie de Blaise, que T'Ser évoque avec tendresse, rappelle une anecdote. Ainsi du sixième étage de la rue de Savoie: « on tourne longtemps dans un escalier de phare éclairé par des meurtrières. La porte du logement est si mal jointe qu'on pourrait passer la main dans les brèches. Une poussière décennale recouvre toutes choses (...) on voit par la fenêtre une cohue saoule de cheminées de tôle... » Et là ils retrouvent tous deux, en fouillant « sous un amas de paperasses, son portrait peint par Modigliani (...) nous l'avons vendu à un marchand pour cinq mille francs de l'époque (...). Nous nous soucions peu de sa peinture, et lui de notre littérature. (...) Si le bon Modi avait encore vécu, il aurait été le premier à nous dire de bazarder son truc, et il l'aurait bu et mangé avec nous. » Ce portrait est aujourd'hui, dit-on, à la Galleria Sabauda de Turin. La lecture du livre de T'Ser a fait vibrer le monde réel de mon ami imaginaire, sans - c'est là sa valeur littéraire- trop le désenchanter. Mais quand même pas mal. Entre les lignes de T'Ser, émerge leur sympathie commune pour Franco et leur haine du Front Populaire. J'ai voulu lire T'Ser plus loin... mal m'en a pris. "Appel de l'aventure" publié en 1942, étalage d'abominations et d'humour sordide... « J'ai connu M. Soelich... c'était un de ces Israelites internationaux, qu'on ne savait de quel pays, et qui avaient monopolisé à leur profit l'industrie louche de l'écran... » et la suite est terrible, horrible et pire. Alors Blaise ? Sa fille Myriam avait publié un extrait consternant du "Bonheur de vivre" dans lequel Cendrars qualifait la France « de verger pas encore aux mains des j... ». Corinne Grenouillet en parle dans « Blaise Cendrars, amour du peuple, refus de la politique ». Un amour du peuple peu évident, à en juger par le livre de T'Ser. Amour de l'Homme, oui, culte de l'individu, certainement. Cendrars, anarchiste sans autre parti que celui de la vie dangereuse, a écrit dans Gringoire... avant de rejoindre l'armée anglaise, comme en 14 il avait rejoint les Français « par haine des boches » , par amour de la France. Et je veux le croire, par amour de la Liberté... guidant le peuple, par amour de notre Marianne sculpturale, à laquelle l'ami imaginaire, le Suisse errant*, a pour toujours donné la main.
*mot du génial Max Jacob, mort à Drancy en 1944.
Commenter  J’apprécie          390
Albert t'Serstevens rend un bel hommage à son ami Cendrars avec ce livre qui retrace tout autant la vie de l'écrivain que les liens qui unissent les deux hommes.
L'auteur tente de se montrer le plus juste, le plus sincère possible vis-à-vis de ce grand affabulateur que fut Cendrars, mêlant sans cesse la réalité à une large part de récit imaginaire.
Ce livre est presque un tombeau, même s'il ne revêt aucune forme poétique, tant il ressemble à un message envoyé à son ami par-delà la mort.
Mais c'est aussi pour t'Serstevens l'occasion de se raconter et d'inscrire ce que fut sa vie en quelque sorte face à celle de Cendrars, comme le souligne Alexandre Nouvel dans sa préface.
Même si nombreux y sont les espaces blancs, puisqu'il ne se veut pas foncièrement être une biographie, ce livre est un témoignage important qui rend compte de ce que fut Cendrars, écrivain quelque peu en marge dans la littérature française.
A compléter avec la magnifique biographie écrite par sa fille Miriam Cendrars.
Commenter  J’apprécie          70
J'aimerais bien avoir un ami comme Cendrars a eu en t'Serstevens. Il me semble que, maintenant, je connais mieux Cendrars et que je peux (encore) mieux comprendre ces livres
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il rêve de la Patagonie et d'un voyage dans les mers du Sud. Toujours par goût des aventures il est même allé à la guerre et y a laissé son bras droit. Maurice Barrès, qui le sut, lui fit offrir une merveille d'orthopédie, un bras de frêne et d'aluminium qui déclenchait, à la moindre pression, des doigts à charnières métalliques. Cendrars s'est amusé quelque temps à faire fonctionner cette machine sous le nez de ses amis, puis il se dégoûta de ce membre mécanique. C'est dans une gare évidemment qu'il abandonna son bras postiche: au moment de partir en voyage il l'a déposé à la consigne, et s'en fut plus léger. On peut se demander si ce bras de Cendrars est toujours à la consigne.
Commenter  J’apprécie          224

autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (15) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1720 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}