AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.84/5 (sur 40 notes)

Nationalité : Portugal
Né(e) à : Trás-os-Montes , 1964
Biographie :

Dulce Maria Cardoso est née en 1964 dans la région de Trás-os-Montes. Elle a passé son enfance en Angola qu’elle a dû quitter en 1975 pour rejoindre Lisbonne où elle vit toujours aujourd’hui. Chevalier des Arts et des Lettres, elle a reçu de nombreux prix littéraires, parmi lesquels le European Union Prize for Literature 2009 pour Les anges, Violeta et The Portuguese Pen Prize 2011 pour O chão dos pardais. Deux de ses romans ont précédemment été traduits : Coeurs arrachés (Phébus, 2002) et Les anges, Violeta (L’esprit des péninsules, 2005).


Source : Stock
Ajouter des informations
Bibliographie de Dulce Maria Cardoso   (4)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

L'autrice portugaise Dulce Maria Cardoso est l'invitée du Chandeignographe ! Dans cet entretien, elle nous parle de son roman "Eliete, la vie normale". Elle évoque aussi son désir d'écrire des histoires de femmes, son intérêt pour la mémoire, et le choix du prénom "Eliete" pour son héroïne. Pour en savoir plus sur le roman, c'est par ici : https://editionschandeigne.fr/livre/eliete-la-vie-normale/ Vidéo : Logo : Matthieu Lambert Animation : Jean-François Bertrand Montage et réalisation : Chloé Poirat

+ Lire la suite

Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
C'est à cause de ce pays si ma mère est comme ça. Il y a toujours eu deux pays pour ma mère, celui-ci qui l'a rendue malade, et la métropole, où tout est différent et où ma mère aussi était différente;. Mon père parle jamais de la métropole, ma mère a deux pays mais pas mon père. Un homme appartient à la terre qui le nourrit sauf s'il a le coeur ingrat, voilà ce qu'il répondait quand on lui demandait si la métropole lui manquait pas. (p. 14)
Commenter  J’apprécie          90
C’est dans ce désert de sable qu’il remarqua, non sans surprise, qu’il ne s’était pas coupé les ongles depuis longtemps, ses pieds nus montraient des ongles noircis et recourbés, des griffes de chien, il faut que je me coupe les ongles, il le répéta deux ou trois fois pour ne pas oublier, ce soir il faut que je me coupe les ongles. Il se leva et se mit à marcher, il éprouva du plaisir lorsque ses pieds froids s’enfoncèrent dans le sable tiède et marcha plus lentement, en se concentrant sur le simple acte de marcher, il enfouissait un pied dans le sable et le posait en avant en le laissant sans protection, l’autre suivait, et il fit ainsi une trace de ses pas, ses pieds étaient encore petits quand ils avaient pris cette habitude, quand ils avaient connu la mer à la colonie de vacances. Le jour où il était arrivé à la colonie de vacances, on lui avait donné de la soupe au lait et on l’avait fait coucher au premier étage de lits superposés, une cabine, l’excitation d’être couché dans un lit avec une échelle l’empêchait de s’endormir, le lendemain matin il allait rencontrer la mer, on aurait dit qu’il allait rencontrer quelqu’un. Il avait préféré la cabine à la mer, mais il n’avait pas osé le dire, pendant la semaine où il avait dormi dans la cabine il s’était habitué à surveiller les traces de ses pas dans le sable, il les cherchait le lendemain, autant essayer de vider l’océan, le dernier jour des vacances ses camarades avaient laissé dans le sable une file bien ordonnée de pieds tristes, qu’a bien pu devenir le garçon qui dormait dans le lit du bas, comment s’appelait-il déjà, ses pieds avaient grandi et ils avaient des griffes de chien mais quelquefois le bonheur attaque aussi des pieds comme ça, à 19 heures 05 il laissa dans le sable des traces de pieds heureux.
Commenter  J’apprécie          70
Tout peut arriver, résonnant en moi avec un drôle d'écho, comme si je pouvais me changer en garçon, aux garçons tout pouvait leur arriver, ils n'avaient pas à avoir peur ou honte, la peur et la honte c'était toujours pour les filles, même si c'étaient les garçons qui essayaient de les tripoter ou qui les coinçaient pour leur voler des baisers avec la langue, et c'était toujours la faute des filles qui avaient provoqué, c'était toujours la faute des filles depuis la pomme qu'Eve avait donnée à Adam, point barre.
Commenter  J’apprécie          72
Mon père peut pas rester là pour tout faire flamber, c'est trop dangereux, les biens des colons qui s'en vont deviennent automatiquement propriété de la future nation angolaise, aucun colon n'a le droit de détruire les biens qu'il a évidemment amassés, si mon père se fait prendre en train de mettre le feu à la maison et aux camions, ils le tuent, ils nous tuent (...) (p. 26)
Commenter  J’apprécie          70
à partir d’aujourd’hui tout va être différent, j’ai vendu la maison, c’est vrai qu’il n’y a encore pas longtemps, sur l’aire de service, j’ai refait la même chose, un homme de plus et la même plaisanterie, le même mensonge, ou, pour être plus rigoureuse, un autre mensonge, peut-être plus grave, à tous les hommes avec qui j’ai été et qui par hasard m’ont demandé mon nom j’ai toujours répondu par une devinette et

un nom de fleur qui est aussi une couleur

bêtises ma chérie, bêtises

aucun n’est jamais tombé juste, peut-être que c’est bizarre, peut-être que j’aurais trouvé ça vraiment bizarre si j’avais pris la peine d’y penser, je n’y ai pas pensé, jusqu’à celui-là tous les hommes qui ont essayé de deviner ont répondu Rosa, la plupart d’entre eux ne s’y sont pas risqués, ils ont souri et se sont mis en route, qu’est-ce qu’ils en avaient à faire de mon nom, c’était juste une question, la plus banale, ils étaient pressés, juste une question, la plus commune, pour éloigner le silence, la gêne, la honte d’avoir été dans une femme comme moi, je n’ai jamais rien connu de plus impitoyable que la chair rassasiée, ce qui est sûr c’est que jusqu’à cette nuit, jusqu’à lui, tous les hommes avaient répondu Rosa, une erreur qui me plaisait, un autre nom et ce n’était pas moi qui étais là mais la Rosa en question, une créature que j’en venais à plaindre quand il m’arrivait d’y penser, donc quand l’homme m’a demandé mon nom j’ai répété la devinette en étant certaine qu’il n’allait pas me répondre autre chose que Rosa ou un sourire, j’en étais tellement convaincue que j’ai eu peur quand j’ai entendu mon nom, j’ai très peur, quand on s’adonne à ce genre de chasse on a toujours très peur, toute proie apprend rapidement la peur qui peut la sauver,
Commenter  J’apprécie          50
quand on nous met dans une vie nous devons l’emmener partout avec nous

la deuxième clerc m’observe pendant que j’essaie de repérer si son alliance raye ou non la table, non que ça m’intéresse, mais je n’ai rien d’autre à faire, je me penche, je guette, si la maille filée de mes collants ne me gênait pas je me lèverais sous un prétexte quelconque, mais elle m’oblige à rester assise et je n’arrive pas à être sûre que l’alliance a laissé une marque sur la table, la deuxième clerc a des difficultés à parvenir à une conclusion, encore heureux qu’elle ne puisse pas voir la maille filée de mes collants, à moins qu’elle se mette à quatre pattes pour examiner mes jambes, ce qui n’a pas l’air d’être le cas, la deuxième clerc est impressionnée par mes cernes, un signe évident de nuits sans sommeil mais elle hésite sur le motif, en tout jugement le motif est essentiel, la deuxième clerc ne sait pas si elle est en présence d’une insomniaque chronique, elle pense, si je ressemblais à ça je n’arriverais pas non plus à dormir, elle considère ma difficulté respiratoire, tout le monde sait que les obèses respirent mal, la deuxième clerc penche pour attribuer mes cernes à un problème de santé, je suis absoute,
Commenter  J’apprécie          50
Il y a une hygiène dans le froid qui me plaît, les gens sentent moins mauvais, ils transpirent moins, ils se couvrent davantage, la décence du froid me plaît.
Commenter  J’apprécie          61
Je suis en deuil, aujourd'hui la terre qui était la mienne est morte, à partir d'aujourd'hui je suis un déraciné, on vit en étant convaincu qu'une terre ne meurt pas, on vit en étant convaincu que la terre où l'on a enseveli nos morts sera la nôtre pour toujours et que la terre qui a vu naître nos enfants ne leur manquera, on vit avec cette conviction parce qu'il ne nous viendrait pas l'idée que cette terre puisse mourir, mais aujourd'hui la terre qui était la mienne est morte, aujourd'hui mes morts sont morts et mes enfants ont perdus la terre où je les ai fait naître, mes enfants tout aussi déracinés que moi.
Commenter  J’apprécie          40
Mon père disait, le soleil peut t'éblouir mais il faut tenir bon, parce que si tu lui tournes le dos ce que tu cherches restera caché dans ton ombre.
Commenter  J’apprécie          50
Dulce Maria Cardoso
Le monde ne tourne pas autour de toi m'avait lancé Jorge, quelques semaines auparavant, au cours d'une dispute triviale. On était ensemble depuis tant d'années qu'on ne se disait plus les choses par gentillesse ou par méchanceté, on se les disait juste.
Commenter  J’apprécie          30

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Dulce Maria Cardoso (61)Voir plus

Quiz Voir plus

Fred Vargas, presque...

Pars ... et reviens ... ?

vite / tard
tard / vite

5 questions
104 lecteurs ont répondu
Thème : Fred VargasCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..