LA CHRONIQUE DE GÉRARD COLLARD - MA DOUBLE VIE
L'amour, c'est un coup d'oeil, un coup de rein et un coup d'éponge.
Il faut haïr très peu, car c'est très fatigant. Il faut mépriser beaucoup, pardonner souvent, mais ne jamais oublier. Le pardon ne peut entrainer l'oubli ; pour moi, du moins.
Lorsque j'ai découvert Belle-Isle en mer, je l'ai ressentie comme un havre de quiétude, un paradis pittoresque dont je pourrais goûter le charme de sa beauté sauvage sous un ciel vivifiant. J'ai déniché sur une falaise venteuse spécialement inaccessible, spécialement inconfortable, un fort abandonné qui par son isolement, ne peut que m'enchanter !
monologue tiré et librement inspiré de "Ma double vie"
selon "Divine- Vie(s) de Sarah Bernhardt " un récit de Eddy Simon Dessin et couleur de Marie Avril - Ed Futuropolis - p-149-
Moi, j'adore la mer et la plaine, mais je n'aime pas les montagnes, ni les forêts. La montagne m'écrase. La forêt m'étouffe. II me faut à tout prix de l'horizon à perte de vue, et du ciel à perte de rêve.
Je voulais monter sur les montagnes pour ne plus qu'elles m'écrasent. Et nous montions toujours ! toujours plus haut !
Je me sentais, sans le définir, un léger mépris pour ce tribunal impitoyable. - J'ai bien souvent, depuis, pensé à cette épreuve, et je me suis rendu compte que des êtres bons, intelligents. pitoyables, deviennent inférieurs lorsqu'ils sont groupés. Le sentiment de l'irresponsabilité personnelle éveille les mauvais instincts. La crainte du ridicule chasse les bons.
Ma nourrice était bretonne et habitait près de Quimperlé une petite maison blanche, au toit de chaume très bas, sur lequel poussaient des giroflées sauvages.
C'est la première fleur qui ait charmé mes yeux d'enfant. Et je l'ai toujours adorée, cette fleur au pétales faits de soleil couchant, aux feuilles drues et tristes. C'est loin, la Bretagne, même à notre époque de vélocité. C'était alors le bout du monde.
Ah ! le beau voyage que nous fimes alors ! La Bretagne, il y a trente-cinq ans, était sauvage, inhospitalière, mais aussi belle, peut-être plus belle que maintenant, car elle n'était pas sillonnée de routes carrossables ; ses flancs verts n'étaient pas tachés de petites villas blanches ; ses habitants, les hommes, n'étaient pas affublés de l'abominable pantalon moderne, les femmes, du miséreux petit chapeau à plumes. Non, les Bretons promenaient fièrement leurs jambes nerveuses vêtues de la guêtre ou du bas à côtes, le pied pris dans le soulier de cuir à boucles ; les longs cheveux collés aux tempes cachaient les oreilles maladroites et donnaient au visage une noblesse que ne laisse pas la coupe moderne. Les femmes, avec leurs jupes courtes laissant voir leurs chevilles menues sous le bas noir, avec leur petite tête sous les ailes de la cornette, ressemblaient à des mouettes.
Je ne parle pas, bien entendu, des habitants de Pont-l'Abbé ou du bourg de Batz, qui ont des aspects tout différents.
Je visitai presque toute la Bretagne et séjournai surtout dans le Finistère. La pointe du Raz m'avait conquise. Je restai douze jours à Audierne, chez le père Batifoullé, si gros, si gras, qu'il avait fait faire une entaille dans la table pour y loger son ventripotent abdomen.
Ah ! l'injustice de la guerre ! l'infamie de la guerre ! Il ne viendra donc pas, le moment rêvé où il n'y aura plus de guerres possibles ! Où un monarque qui voudrait la guerre serait détrôné et emprisonné comme un malfaiteur ? Il ne viendra donc pas le moment où il y aura un cénacle cosmopolite où le sage de chaque pays représentera sa nation et où les droits de l'humanité seront discutés et respectés ?
Ma nourrice était bretonne et habitait près de Quimperlé une petite maison blanche, au toit de chaume très bas, sur lequel poussait des giroflées sauvages.
C'est la première fleur qui ait charmé mes yeux d'enfant. Et je l'ai toujours adorée, cette fleur aux pétales faits de soleil couchant, aux feuilles drues et tristes.
C'est loin, la Bretagne, même à notre époque de vélocité. C'était alors le bout du monde.
Il faut haïr très peu, car c'est très fatigant. Il faut mépriser beaucoup, pardonner souvent et ne jamais oublier. Le pardon ne peut entraîner l'oubli ; pour moi, du moins.