Sans rien abandonner de son besoin de provoquer, de surprendre, en restant le contestataire qu'il a toujours été, ennemi de la convention, de la soumission, du mensonge, il va produire des chefs-d'oeuvre qui, tout à la fois, étonneront, inquiéteront, et attireront ses commanditaires.
Scandaleux, provocant, inacceptable de son vivant, Caravage le fut encore plus après sa mort. Certains allèrent jusqu'à prétendre, puisque son corps n'avait pas été retrouvé, qu'il avait lui même organisé une fausse sortie, qu'il avait simulé sa mort, pour décourager ses persécuteurs.
" Sans lui il n'y aurait pas eu Ribera, Vermeer, Georges de La Tour, Rembrandt. Et Delacroix, Courbet, Manet eussent peint autrement."
La mythologie grecque et romaine a laissé de nombreuses traces dans toutes les langues européennes. Dans la nôtre, elle est a l'origine d'expressions aussi courantes que "les travaux d'Hercule", "le chant des sirènes", "le fil d'Ariane", "le noeud gordien", "le supplice de Tantale", "le tonneau des Danaïdes", etc. On pourrait encore citer "tomber de Charybde en Scylla" ou "descendre de la cuisse de Jupiter". La mythologie nous a légué en outre des adjectifs dont on ne soupçonne pas toujours l'origine divine, tels que chaotique (du dieu Chaos) et panique (du dieu Pan), érotique (d'Eros, fils d'Aphrodite). Et nous célébrons encore les jeux Olympiques.
...Deux ou trois jours après son installation à Sakkara, alors qu'il se trouve mètre en main, entre deux puits examinant un fragment de stèle portant un graffiti, il aperçoit, à peu de distance, émergeant du sable, une tête humaine ! Elle lui rappelle aussitôt les têtes de sphinx de calcaire, qu'il a remarqués à Alexandrie, chez Zizinia, et ensuite au Caire, chez Linant de Bellefonds, à l'école polytechnique et dans les réserves de Fernandez.
Ces statues, taillées dans le calcaire de Mokattam, venaient toutes, lui a-t-on affirmé, de Sakkara.
C'est bien un Sphinx saïte, semblable aux autres, qui se trouve devant lui. Un de plus. Mariette pense immédiatement à une allée de sphinx, semblable à cette que l'expédition de Bonaparte a décrites dans la vallée. On serait donc dans le voisinage d'un temple ! ...
A bord du vapeur, la cabine avant, réservée aux hommes, est obscurcie par la fumée des narguilés. Mariette s'installe sur le pont. Au décor gris, un peu monotone du canal a fait place un paysage varié, coloré, verdoyant. Palmiers, sycomores, tamaris jaillissent des bouquets de roseaux. Des fellahs travaillent dans l'eau jusqu'à la taille.
Le soleil couchant teinte de mauve un ciel cristallin. Le navire passe au large d'îles survolées par des cygnes sauvages, des échassiers inconnus, des aigles, des pigeons, des migrateurs, des tourterelles. Des huttes de pêcheurs apparaissent, un puits, une file de dromadaires, et tout à coup, dans une boucle du fleuve, un couvent fortifié, de couleur ocre - ou un tombeau blanc. Des felouques à voiles triangulaires glissent lentement, surchargées de passagers qui agitent les mains en signe de bienvenue. Témoignage de l'étonnante gentillesse des Egyptiens à l'égard des étrangers.....
Mariette joue son avenir sur une intuition et retrouve un temple perdu d'Apis. Il perce le mystère du Grand Sphinx.
Chacune de ses œuvres est un scandale et certains s'indignent. Nicolas Poussin, arrivé à Rome peu après la mort de Caravage, déclara : "Il était venu pour détruire la peinture."
- La MORT ? Je la connais mieux que quiconque. D'ailleurs, je n'aurais jamais dû naitre. Ma mère, pendant sa grossesse, avait pris du Distilbène, une hormone de synthèse aujourd'hui interdite aux femmes enceintes. Je suis né avec des malformations osseuses et j'ai du être opéré. Même du sexe, m'a-t-on dit. Depuis, je n'ai jamais cessé de fréquenter la mort.
Dans notre famille, on sait mourir dignement. -
Viré de partout, Guillaume ne trouve pas non plus le ton juste avec sa mère. Il lui en veut d'accepter les absences, les frasques de son père, à qui on prête des aventures multiples, des liaisons vraies ou fausses. Il suffit de lire les journaux. Elle ne les lit pas. Lui, Guillaume, en entend parler ; l'école est une boite à échos et il est à l'affut du moindre chuchotement concernant sa famille.
Prend-il pour argent comptant tout ce que la presse raconte sur son père, depuis ses démêles d'adolescent avec la police jusqu'à; l'amalgame que les journalistes entretiennent entre sa vie privée et les rôles qu'il incarne ?
À la maison, c'est devenu pour lui irrespirable. Il ne voit pas de solution. - Dans ma tête, écrira-t-il plus tard, les idées, les sensations s'entrechoquaient. -