Laura Lippman: 2015 National Book Festival
Si cet individu avait effectivement élevé les sœurs Bethany, c'était un monstre. Mais même les monstres vieillissent et deviennent fragiles. Même les monstres finissent par mourir.
Les femmes devaient se rendre compte que les meilleurs hommes étaient ceux qui prendraient soin d’elles, non sur le plan financier, mais affectif. Elles ne devaient pas les juger sur l’apparence, le physique ou les vêtements, mais apprendre à reconnaître les hommes bons et fiables.
En cours d’histoire, avait-elle dit aux filles, on vous apprend la différence entre sources primaires et sources secondaires. Dans les médias, on distingue entre connaissance de première, de deuxième et de troisième main. La première désigne les choses que vous avez vous-mêmes observées. Dès que vous vous fiez à ce que dit quelqu’un d’autre, même si son avis fait autorité, vous vous exposez à des erreurs. Même en répétant les détails d’un événement auquel vous avez assisté, vous pouvez commettre des erreurs, grandes ou petites. La mémoire est imparfaite.
Toute information se réduisait à un ragot, pensait Alexa, même dans la bouche des gens animés des meilleures intentions. Comme elle le disait à ses élèves, le ragot ne se définissait pas par son contenu, et il n’était pas nécessairement mensonger. Le ragot permet à son auteur de se donner de l’importance, on se sent fier de savoir une chose et de la communiquer aux autres.
Kay cachaitdes provisions de livres de pochedans les moindres recoins de sa vie - dans la voiture, au bureau, dans la cuisine et la salle de bains. Cinq ans auparavant, quand la douleur du divorce était encore vive et récente, elle s'était mise à lire pour ne pas penser à la vacuité de son existense. A la longue, elle s'était apçue qu'elle préférait la compagnie des livres à celles des humains. la lecture n'était pas pour elle un pis-aller mais un moment de plénitude.
A supposer qu'elle ait eu des grands-parents. Ça devenait une denrée rare, de nos jours, comme les gens faisaient des enfants de plus en plus tard.
The world kept telling her to look away, to pay no attention to an age-old system, in which men thrived and inconvenient women disappeared.
Du soda ? lui demande sa mère en lui montrant une canette. J’en ai une au citron et citron vert, et une autre à la cerise. Tu m’as prévenue de ta visite au dernier moment, donc je n’ai pas eu le temps d’aller faire des courses.
— Pas de problème. Donne-moi celle dont tu n’as pas envie.
Héloïse se retrouve avec la canette de soda à la cerise, bien qu’elle soit persuadée que c’est le parfum préféré de sa mère, qui ne peut pas s’empêcher de donner à sa fille ce qu’elle pense être le meilleur. Bon sang, la passivité tordue et sans fin des femmes ! Cette incapacité qu’elles ont à dire : « J’ai envie de ça ». Elle dit à sa mère de prendre le soda dont elle a envie. Sa mère pense quelle ment et lui donne donc le soda dont elle a réellement envie, en partant du principe que c’est celui que tout le monde aurait préféré. Alors qu’Héloïse aime davantage celui au citron. C’est épuisant, cette relation…
Est ce qu'il existe une plus grande folie que de croire qu'on contrôle complétement une situation ?
Mais si l'hypocrisie n'existait pas dans notre monde, il n'y aurait aucune prostituée.