Citations de Baptiste-Marrey (43)
L'essentiel est que le malade s'avoue à lui-même son véritable état.
Je me méfie de ces désherbants, et je suis persuadé qu'il devrait y avoir dans chaque bibliothèque un présentoir réservé, sinon aux chefs-d'œuvre inconnus ou oubliés, au moins au livres dont on ne parle pas, mais dont on parlera demain, plus tard, dans vingt ans ou dans un siècle.
Puis-je conclure sur ces trois points en disant que les bibliothécaires devraient venir en appui des libraires pour mener à bien ce travail éminent de la conservation de la mémoire et de la résistance à la médiatisation.
Le libraire est le seul et fragile contre-poids à la médiatisation des titres et des personnalités du monde de l'édition - plus que les écrivains - , phénomène d'amplification qui ne serait pas un mal en soi s'il n'était outrageusement sélectif, au point que même après leur disparition le petit nombre des élus continue toujours d'encombrer ondes et gazettes.
Dernière remarque sur ce combat déséquilibré et perdu d'avance si l'on n'y porte remède : pour fonctionner avec des marges faibles, le commerce a besoin d'acheter à terme tout en vendant comptant.
Or c'est exactement l'inverse qui se produit dans la librairie puisque grâce au système de l'office, c'est le libraire qui avance à l'éditeur l'argent du livre qu'il na pas encore vendu.
Je me demande donc si, et dans quelle mesure, la crise de la librairie n'est que le reflet de la crise de la littérature, et si la mort de celle-ci n'entraine pas inéluctablement la mort de l'autre.
Pourquoi devient-on libraire ? Certainement pas en vue de s'enrichir, encore qu'on garde l'espoir de gagner plus ou moins bien sa vie.
On dira qu'en somme on n'achète jamais un livre entièrement au hasard, que le nom de l'auteur, la firme de l'éditeur, sont des indications presque suffisantes, et qu'un lettré peut, en le feuilletant, avoir une conscience très nette de sa valeur.
Certes, la signature de l'ouvrage est déjà une garantie ; c'est d'ailleurs cette garantie qui règle presque tout l'exercice des libraires ; mais ce n'est certainement pas un bon principe, il est la cause que tant d'auteurs ne sont tenus de faire qu'un ou deux bons livres et peuvent, après, dormir sur leur lauriers ; il est surtout la cause de l'obscurité où gisent les productions nouvelles, quelle que soit leur valeur ; il élimine d'une façon complète les nouveaux venus de la littérature.
On citera l'exemple d'œuvres qui ont trouvé, dés leur apparition, un juste et puissant critique, mais ces cas sont bien rares ; la camaraderie et l'intrigue, comptent, hélas, plus que le mérite.
Dans le domaine pratique, il nous était venu, dès l'origine, quelques idées qui se trouvèrent assez bonnes ; par exemple, de couvrir les livres avec du papier cristal, de ne pas les faire relier, de ne pas les estampiller, coutume barbare qui les fait ressembler à des bêtes marquées pour l'abattoir.
Una strana bottega d'antiquario
s'apre, a Trieste, in una via secreta.
D'antiche legature un oro vario
l'occhio per gli scaffli errante allierta
Une étrange boutique de livres anciens
donne à Trieste dans une rue secrète.
Des anciennes reliures, l'or varié
réjouit l'œil errant sur les rayons.
Editeurs, libraire, c'est-à-dire autant de livres qu'organisateurs de rencontres
Certains de mes livres sont transparents parce que l'encre a attaqué le papier des deux cotés, ce qui fait qu'il reste maintenant une espèce de toile d'araignée.
Quel plaisir de voir un éditeur que son métier passionne !
Je suivais de loin max ph., petit, vif, discret, la parole brève, écoutant plus qu'il ne parlait, volontiers sec avec les representants ou les coursiers, mettant unlivre ou un auteur en avant, sans hesiter, quand il lui etait demandé conseil, coura
- Quel plaisir de voir un éditeur que son métier passionne !
Ma joie cependant était de fouiller interminablement dans les rayons - j'ai toujours eu l'impression que ce qui était caché dans une librairie était plus essentiel, plus important, plus précieux que ce qui, présenté à l'étalage, s'offrait au premier venu.
Le gros livre circulait de famille en famille dont chaque membre attendait son tour, harcelant l'autre pour qu'il achève sa lecture.
Oui, la lecture était alors vraiment une évasion.
Oui, le livre était rare, et étant rare, il était recherché.
Je veux prononcer, avant d'évoquer les menaces qui pèsent sur elle et la condition de sa survie, l'éloge de la librairie.
Et pour souligner l'éminente dignité du métier de libraire, j'aimerais rapidement esquisser devant vous le portrait de quelques grands libraires dont j'ai été le client ou l'ami ou le furtif visiteur.