Cetro

Une fille comme moi, ça reste pas longtemps à traîner seule à la rue sans se faire violer. Et c'est ce qui m'est arrivé. Alors Jack a profité de ma détresse pour me recruter, et moi, plutôt que me morfondre et continuer à subir, j'ai choisi de rendre ces viols payants, tout simplement. C'est assez débile, mais ça donne l'impression d'avoir le contrôle, de pas subir.

Cette bonne femme lui tape sur le système plus efficacement qu'une bouilloire entière de café très corsé.
Il s'habille en vitesse, et sort pour vérifier que Virginie n’est vraiment pas là, à jouer avec ses nerfs. Aucune trace de cette chieuse, pas plus que de son balai à chiottes masqué.
Alma se tient à l'entrée de sa tente et le fixe d'un air entendu.

Le problème, c'est qu'arrêter de vivre, ça protège de rien du tout, même si on le veut fort, on peut rien faire quand la mort a décidé de frapper. Et elle a frappé mémé, quelques mois après pépé.

Je crois que j'étais heureux, avec eux. Ils m'ont donné tout ce dont on peut avoir besoin, ils m'ont même appris à lire et écrire correctement, à dessiner... enfin, tout, quoi.
Ils avaient peur d'une seule chose, c'était de mourir et me laisser seul. Alors ils m'ont appris à me débrouiller en tout, et je peux dire qu'ils ont plutôt bien réussi.
Pépé m'a aussi enseigné tout un tas de trucs sur les animaux, c'est qu'il les adorait, lui. Les cochons, les moutons, les vaches, les chiens, et même les animaux sauvages.

J'arrivais pas à comprendre, je voulais pas que ce soit vrai. C'était comme si on m'avait arraché des morceaux, là, en dedans, et que j'arrivais plus à fonctionner normalement.

Elle était blanche... tellement. Et froide aussi, et ça je savais bien que c'était pas trop normal, mais son visage disait qu'elle se sentait enfin bien.
Alors je me suis couché à côté d'elle. Tout contre elle. Je me disais que je pourrais la réchauffer assez pour qu'elle se réveille.

Elle a jamais écouté la souffrance, maman, même quand son corps lui disait ça suffit, elle se bouchait les oreilles.

On était pas riches, c'était pas le grand luxe, des fois même fallait un peu se serrer la ceinture, mais elle, elle était là pour moi, toujours, et ça, ben ça vaut bien toutes les richesses, tu vois.

Je l'ai jamais connu, je sais même pas quelle gueule il a, et ça m'a jamais manqué, parce que ma mère comptait pour deux. J'en ai connu, des comme moi, qui voulaient à tout prix retrouver la paire de couilles d'où ils sortaient, moi, ça m'a jamais traversé l'esprit.

Pas agréable, faut pas déconner, juste que j'ai dans les pensées de quoi me déconnecter du réel et ressusciter un espoir que j'avais laissé mourir à petit feu.
Les cochons eux-mêmes tirent profit de cet état d'esprit inédit. Habitués à subir nos humeurs, nos énervements injustes, nos vengeances mesquines, ils découvrent aujourd'hui la douceur sous l'impulsion d'un sacré petit bonhomme.

Ceux dont il faut le plus se méfier, c'est ces énormes verrats. Quand ils sentent une femelle prête à être remplie, ils deviennent encore plus agressifs, parce que tarés, je crois qu'ils le sont tout le temps. Sammy, attrape un des aiguillons pendus au mur, mets-toi au bout et attire ce rôti à toi. Tu le surveilles et tu m'avertis quand il bouge, et si jamais tu vois qu'il s'excite un peu trop, tu lui piques la couenne pour l'empêcher de se retourner et me laisser le temps de sortir.

Le seul avantage quand on vient ici, si on peut dire, c'est qu'on est pas épiés à chaque seconde, et que si on avait envie de bavasser, on pourrait le faire sans s'attirer les foudres d'un Salazar.
Jusqu'à maintenant, j'avoue que je discutais pas trop avec les autres, ils nous avaient tellement conditionnés à fermer notre gueule et à gratter que même sans surveillance, j'osais pas trop sortir des clous.
Aujourd'hui, les choses sont un peu différentes, avec Sammy.

C'est presque instinctif, peut-être qu'y a des gens comme ça qui nous correspondent vraiment, et qu'ont pas besoin d'en faire des tonnes pour qu'on les aime. Un truc dans les gènes, le sang, l'aura, chais pas moi, un truc qu'on sent de suite compatible avec ce qu'on est profondément. J'imagine que les émotions vécues ces derniers jours sont pas étrangères à ça, ça m'a rendu plus réceptif, ça a rouvert ce que j'avais cadenassé après ces années de maltraitance.

Je l'ai regardée s'éteindre, impuissante. Je m'en suis beaucoup voulu, et j'en ai pas fini avec cette culpabilité. Si j'arrive à vous aider, vous qui étiez si importants pour elle, ce sera un peu comme un dernier hommage à Élisa.

J'ai l'habitude de gérer des tordus, mais je crois bien en avoir rencontré un de compétition, ce soir. J'ai l'impression de revenir de l'enfer. Ce type m'a rien fait, m'a pas touchée, mais... brrrr. Il est diabolique, y a quelque chose de si... malsain, en lui. Moi qui le prenais pour un timide un peu crétin, je m'étais méchamment gourée sur son compte. Faut qu'on sorte ton frère de là, ça c'est sûr, mais faut surtout pas qu'on fasse quoi que ce soit qui puisse mettre la puce à l'oreille de ce gars-là. Si on se précipite, on va faire des conneries qui pourraient lui coûter la vie. Il a attendu toutes ces années, je suis sûre qu'il tiendra encore le temps qu'on trouve le moyen le plus sûr de le tirer de ce guêpier.

Derrière le masque de l'amoureux transi, elle a vu surgir le tortionnaire impitoyable craignant qu'on fouille dans ses affaires louches.
Jamais auparavant elle ne s'était sentie en danger en sa présence. Lourd, pressant, dégueulasse étaient à peu près les principaux reproches qu'elle aurait pu lui adresser, mais elle n'imaginait pas un instant qu'il puisse représenter une menace.

Je sais pas encore ce qui est vrai, mais si ça l'est, c'est le truc le plus fantastique qui pouvait arriver. Ninie... c'est ma petite sœur. J'ai jamais su ce qui lui était arrivé après qu'ils m'ont embarqué.

On est des éphémères, des cons de fourmis ouvrières qui grattent pour la colonie et crèvent à la chaîne, pour être remplacées aussitôt, pendant que les reines s'engraissent et comptent les morts.

Ce petit cadeau, c'est rien, juste un petit avant goût. Je t'offrirai tout, Mandy, tout ce dont tu peux rêver. Je serai l'un des hommes les plus puissants de la région. Et tu vois, je vais bientôt avoir trente ans, j'avance en âge, et je me dis qu'il me faudrait quelqu'un pour partager mes biens, peut-être même pour faire un petit héritier Salazar.

Il n'est pas sur le point de la violer, il n'a de toute façon que de rares érections molles, ni même de l'agresser, mais elle se sent prise au piège et moins bien armée pour répondre à ce genre de situation.