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Critiques de Condorcet (14)
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Conseils à sa fille et autres textes

Je connais peu Condorcet. Je le voyais surtout comme un mathématicien qui s'était un peu engagé en politique. A la lecture de ces extraits de lettres, je pense qu'il faut inverser les subordonnées.



Le livre propose quatre extraits de lettres qui permettent de voir l'évolution de l'homme bousculé par la tourmente de la Révolution. Quatre extraits qui montrent surtout l'attachement de l'homme à l'arrivée d'une égalité sociale parfaite entre hommes et femmes, supportée par une instruction gratuite pour tous.



Les Lettres d'un bourgeois de New Haven à un citoyen de Virginie ont été publiées en 1787. Condorcet s'identifie à un citoyen de New Haven (dont il est citoyen d'honneur) qui écrit à Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d'indépendance de Virginie, ancien ambassadeur en France et futur Président des États-Unis d'Amérique. A cet époque, l'auteur défend l'égalité des sexes en appliquant des raisonnements logiques qu'il doit beaucoup pratiquer en mathématiques. Il s'agit encore seulement d'essais.



Puis la Révolution advient et Condorcet s'y engage pleinement. Il peut enfin défendre ses idées d'égalité et d'instruction en proposant des projets de lois. En 1790, à l'époque de la lettre Sur l'admission des femmes au droit de cité, l'ennemi est encore l'Ancien régime et les différences entre Républicains paraissent négligeables. Mais la situation évolue vite. Les ambitions personnelles, que certains veulent appuyer par des moyens définitifs (procès politiques, peines de mort) se dévoilent. Dans ce tourbillon, Condorcet reste fidèle à ses idées d'égalité universelle, et combat les lois adoptées qui « violent le principe d'égalité des droits en privant tranquillement la moitié du genre humain de celui de concourir à la formation des lois, en excluant les femmes du droit de cité ». Il m'apparaît combatif, mais surpris de la tournure que prend la Révolution.



En 1794, à l'époque des Conseils à sa fille, l'homme a bien changé. Condamné, obligé de se cacher, il lui reste peu de temps à vivre. Condorcet doit alors être dégouté de l'arrivée de la Terreur. Pour lui, la Révolution est trahie, gâtée par les ambitions des uns et des autres. Il n'a plus d'espoir pour lui-même. Pourtant, sa lettre le montre fidèle à ses idées utopiques. Il recommande à sa fille de ne pas être dépendante, d'être instruite, de ne pas tomber dans l'élitisme et cultiver la bienveillance, de rester humaine y compris envers les animaux. Il ne semble pas atteint par la colère et l'envie de vengeance envers ses tortionnaires.



C'est assurément une belle âme que nous montre ce petit livre. Une vision dont le monde aurait à nouveau besoin aujourd'hui.

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Conseils à sa fille et autres textes

Le paradoxe de Condorcet,



Cet opuscule publié en 2022 reprend quelques textes de Nicolas de Condorcet écrits entre 1787 et 1794;



Je n'ai pas été séduite par le style littéraire, trop sentencieux et directif pour moi.



Surtout, j'ai été fort incommodée par la préface Laure Et, MARRI et Nathalie Wolf ;



Après quelques recherches sur Internet, j'ai pu apprendre que Nathalie Wolf est maître de conférences en droit public à l'Université de Saint-Quentin-en-Yvelines. Je n'ai rien trouvé sur Laure Et, MARRI…



Cette préface, non rédigée par des historiennes comportent des affirmations fausses et font état d'une biographie de Condorcet ourlée de légende dorée….



Bien sûr, Condorcet était un des rares hommes à prôner les femmes citoyennes et les dotant d'un droit de vote, mais censitaire ! ;



Les femmes n'ont jamais été écartées par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ! Ici le le terme "homme" signifie humain !



Non, il n'a pu participer à la création des départements en 1789, il fut député à l'Assemblée Législative en 1791 !



Lors du vote de la sanction contre Louis Capet, il se prononce pour une peine de fers à vie ! Une peine en contradiction avec les idées des Lumières !



J'ai été amusée par ses conseils à sa fille qui lui dictent "d'être sincère, de ne pas dissimuler et d'avoir le courage d'avouer ses torts" ; en juillet 1793, il se cache et s'enfuie…



Non, Condorcet ne "s'empare" pas du sujet de l'éducation des enfants, mais il est nommé au Comité d'Instruction en 1791 . le projet d'éducation est présenté le 20 avril 1792 à la Convention, mais ce jour là le roi et ses amis girondins préfèrent déclarer la Guerre !



Son projet sera repris par la Convention montagnarde et appliqué : école laïque, gratuite et pour tous les enfants des deux sexes.



Non, "son projet fut mal reçu d'une Convention déjà affaiblie par des dissensions internes et dominée par la personnalité écrasante de Robespierre" !



Au final, après une préface très décevante, des textes qui n'apportent pas grand chose de nouveau.
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Déclaration des droits de la femme et de la c..

J'avais beaucoup aimé le roman graphique de Catel qui retraçait la vie d'Olympe de Gouges, personnage de notre histoire ô combien passionnant.

Je n'ai donc pas hésité à sélectionner ce nouvel ouvrage sur Olympe de Gouges et Nicolas de Condorcet, lors de la dernière masse critique pour compléter et enrichir mes connaissances très sommaires.



Je vais commencer par remercier Babelio pour l'organisation de cette masse critique et les éditions Les Plis du Ciel pour l'envoi de cet ouvrage (ainsi que le petit message très sympathique de Chrystelle Desbordes de la direction éditoriale) car je suis extrêmement ravie qu'il me soit attribué.



Ce recueil est rapide à lire, il fait à peine une centaine de pages.

Du point de vue de la forme, il est très agréable car les textes sont aérés et alternés avec des reproductions d'oeuvres de Marianne Plo.



Quant au contenu, très riche, il est construit de la façon suivante :

-une présentation de Chrytelle Desbordes qui explique entre autre son désir de rendre hommage à Olympe de Gouges et son choix de faire un parallèle avec Nicolas de Condorcet.

-Une première partie qui contient l'ensemble des textes d'Olympe de Gouges associés à sa « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » qui datent de 1791.

-Une seconde partie, plus courte, qui concerne Nicolas de Condorcet. Elle propose son texte « Sur l'admission des femmes au droit de cité » qu'il a écrit en 1790. Il est complété par les articles de la « Déclaration des droits de l'homme et du citoyen » de 1789 dont il a participé à la rédaction.

-Une dernière partie qui regroupe les biographies de ces deux personnages historiques ainsi que celle de Marianne Plo.



Concernant la partie d'Olympe de Gouges :



Un premier texte sur les droits de la femme où elle questionne l'homme sur la légitimité de sa domination. L'introduction en donne tout de suite le ton :

« Homme, es-tu capable d'être juste ? C'est une femme qui te pose la question ; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe ? »



On lit ensuite le Préambule et les 17 articles de la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) ».

Le premier article est éloquent je trouve par la force de son message et sa simplicité : « La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits. »

J'ai trouvé intéressant le choix de l'édition de publier dans le même ouvrage les articles de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, car on peut facilement observer comment Olympe de Gouges s'en est inspirée au niveau de la structure et du contenu, et là où elle nuance.



Le Postambule qui suit s'adresse directement aux femmes où Olympe de Gouges les appelle de ses voeux à se réveiller et à reconnaitre et affirmer leurs droits. Elle y évoque les injustices qui leur sont faites, mais aussi ce qui pourrait - faudrait - changer pour le bien-être tous, hommes et femmes ensembles.

« Si tenter de donner à mon sexe une consistance honorable et juste, est considéré dans ce moment comme un paradoxe de ma part, et comme tenter l'impossible, je laisse aux hommes à venir la gloire de traiter cette matière ; mais, en attendant, on peut la préparer par l'éducation nationale, par la restauration des moeurs et par les conventions conjugales. »



Olympe de Gouges est opposée au mariage tel qu'il est légiféré à son époque, elle écrira d'ailleurs « Le mariage est le tombeau de la confiance et de l'amour. » Elle propose dans son manifeste une nouvelle formule de l'acte conjugal intitulé « Forme du contrat social de l'homme et de la femme », et y justifie ses intérêts et avantages pour la société.



Le dernier texte d'Olympe de Gouges est une lettre qu'elle adresse à la Reine de France et où elle lui demande d'agir en faveur des femmes bien qu'elle soit elle-même dans une situation on le sait bien périlleuse. En voici un passage :

« Il n'appartient qu'à celle que le hasard a élevé à une place éminente, de donner du poids à l'essor des droits de la femme, et d'en accélérer les succès. Si vous étiez moins instruite, Madame, je pourrais craindre que vos intérêts particuliers ne l'emportassent sur ceux de votre sexe. Vous aimez la gloire : songez, Madame, que les plus grands crimes s'immortalisent comme les plus grandes vertus ; mais quelle différence de célébrité dans les fastes de l'histoire ! L'une est sans cesse prise pour exemple, et l'autre est éternellement l'exécration du genre humain. » J'ignore si la reine a pu lire cette lettre, des spécialistes du sujet pourront peut-être me le dire, mais il semble en tout cas que cela n'ait pas influencé la reine à l'époque.





J'ai trouvé également intéressante et instructive la partie sur Condorcet car si j'avais déjà entendu parler de ce personnage, j'en ignorais beaucoup de choses. La biographie m'a permis de mesurer l'importance du rôle de cet homme dans la lutte contre l'esclavage, sa participation dans la rédaction de la déclaration des droits de l'homme ainsi que, et ce qui justifie sa présence dans cet ouvrage, sa lutte pour l'admission des femmes au droit de cité. Son texte est une sorte de plaidoyer qui dénonce cette soi-disante « supériorité d'esprit » en démontant, un par un, les arguments avancés par la gente masculine de l'époque. On y retrouve dans son argumentation la logique implacable du mathématicien.



« Par exemple, tous n'ont-ils pas violé le principe de l'égalité des droits, en privant tranquillement la moitié du genre humain de celui de concourir à la formation des lois, en excluant les femmes du droit de cité ? » Condorcet



« Enfin, dira-t-on qu'il y ait dans l'esprit ou dans le coeur des femmes quelques qualités qui doivent les exclure de la jouissance de leurs droits naturels ? Interrogeons d'abord les fait. Elisabeth d'Angleterre, Marie-Thérèse, les deux Catherine de Russie, ont prouvé que ce n'était ni la force d'âme, ni le courage d'esprit qui manquait aux femmes. » Condorcet



Je dois en revanche avouer que, même si j'ai apprécié leur présence, je n'ai franchement pas vu le lien entre les oeuvres de Marianne Plo et les textes proposés. Mais ceci n'engage que moi, d'autres lecteurs y trouveront peut-être une interaction pertinente.Cela ne m'a toutefois nullement gêné, ni empêché d'apprécier l'ouvrage dans son ensemble.



Merci aux lecteurs qui m'ont lue jusqu'au bout car je n'avais pas prévu de faire un billet aussi long. C'est un recueil de textes importants et incontournables pour qui s'intéresse à la recherche de l'égalité entre les hommes et les femmes. Je le conseille vivement.

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Réflexions sur l'esclavage des nègres

CHALLENGE NON FICTION 2024

Il est toujours historiquement intéressant de comprendre les débats de l'époque sur l'esclavage, d'autant que j'ai connu Voltaire en Seconde (c'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe), Montesquieu et son ironie... Mais Condorcet, dont le texte est sérieux, cérébral et où il n'a pas moins mis de cœur, je l'ai lu là seulement. Condorcet était "en avance sur son temps".



Il faudra attendre 1794 pour que l'esclavage soit aboli, et ce texte de Condorcet, en faveur de l'abolition, date de 1781. Il y répond aux objections et arguments pro esclavage, et avance ses propres arguments, d'un point de vue moral, mais pas seulement. Pour lui, l'esclavage est un crime, et il fait de nombreux parallèles avec le vol, moins grave mais bien plus condamné par la loi et par l'opinion publique. Car Condorcet a conscience, comme la Fontaine dans ses animaux malades de la peste, que la justice protège les puissants.



Mais il ne s'agit pas de militer pour l'abolition seule : Condorcet tente de planifier une société post-esclavage, et admet que l'abolition ne se fera pas d'un coup. Il imagine une société qui commence par de la ségrégation (le mot n'est pas employé mais c'est de ça qu'il s'agit) puis où les "races" finissent par être abolies. A noter, mais ce n'est pas l'aspect principal, de l'Ironie, comme vers la fin lorsqu'il évoque les méchants philosophes qui souhaitent la ruine de la société (on peut le lire comme une réflexion sur la philosophie contre le statut quo).

Ce texte m'a plu et m'a beaucoup appris sur la nature du débat à l'époque.

**



En 1980, la Mauritanie est le dernier pays à abolir l'esclavage. Cela dit, l'esclavage contemporain existe encore et j'espère, si je réussis mon concours d'inspection du travail, pouvoir lutter contre l'esclavage contemporain en France, à ma modeste échelle.



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Conseils à sa fille et autres textes

Le recueil regroupe quelques textes sur les femmes et les filles du fameux mathématicien féministe de la fin du XVIIIème siècle (notamment ami d'Olympe de Gouges) Nicolas Condorcet :



Dans les extraits de "lettres d'un bourgeois de New Haven" (1787), il explique dans une argumentation bien de l'époque et parfaitement claire (il en est de même dans tous les autres textes) que l'intégration des femmes au droit de cité n'est que justice et que non seulement elles devraient pouvoir voter mais également pouvoir être élues, que les différences naturelles entre les sexes sont indéniables mais que pour tout le reste, c'est une question d'éducation.



"Sur l'admission des femmes au droit de cité" (1790) poursuit la thématique. Une petite citation au cas où vous n'auriez pas compris le bord du bonhomme : "Or, puisqu'il serait complètement absurde de borner à cette classe supérieure [celle des hommes très "éclairés"] le droit de cité, et la capacité d'être chargé de fonctions publiques, pourquoi en exclurait-on les femmes, plutôt que ceux des hommes qui sont inférieurs à un grand nombre de femmes ?" (p.41)



Il est ensuite question, dans les onze pages extraites du "premier mémoire" des "cinq mémoires sur l'instruction publique" (1791), non seulement du droit à l'éducation des filles, mais en plus du droit à une instruction équivalente à celle des garçons. Il met en avant les nombreux avantages de la mixité à l'école (!!!) (autant financiers que moraux, culturels et scientifiques) Très beau plaidoyer !



Et enfin un texte d'à peine quinze pages divisé en cinq parties listant les cinq "Conseils à sa fille" (1794) : travailler pour s'assurer l'indépendance ; exercer son esprit et sa sensibilité avec les arts ; faire œuvre d'une "bienfaisance éclairée par la raison, dirigée par la justice" ; conserver l'estime de soi ; être indulgent.

Ce que je trouve particulièrement touchant et puissant, c'est que ces conseils auraient vraisemblablement été les mêmes s'il s'était adressé à un fils (l'insistance sur le travail qui rend indépendant aurait peut-être été moindre, certes).



En résumé, un recueil court et efficace pour évoquer le statut de la femme et de la fille à l'époque révolutionnaire, et d'un point de vue masculin - ce qui n'est pas inintéressant - à l'heure où Olympe de Gouges s'échinait à dénoncer leur situation et à défendre leurs droits.

Une lecture ou une étude d'un ou plusieurs textes accessible et profitable au lycée, notamment en Première (et pour tout type de lecteurs s'il s'agit d'une étude en classe), en lien avec le parcours "écrire et combattre pour l'égalité", en complément de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d'Olympe de Gouges qui est au programme.
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Esquisse d'un tableau historique des progrès ..

Lecture obligatoire dans le cadre d'études scientifiques , L'Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain m'avait laissé un souvenir pour le moins mitigé. Pas facile de s'impliquer dans un texte philosophique quand on est sous pression! La lecture en est assez ardue pour cause de phrases interminables et d'un style désuet. Il est donc assez facile de passer complètement à côté du message que Condorcet a souhaité transmettre , qu'Alain Pons résume bien mieux que je ne pourrais le faire dans l'introduction : "(...) ce que les hommes ont fait de mieux, depuis qu'ils sont sur terre, c'est de s'être instruits, cultivés, d'avoir fait de la philosophie, des sciences et des arts, d'avoir inventé l'esprit critique, la démocratie et la liberté."
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Esquisse d'un tableau historique des progrès ..

Qu'est ce que j'ai pu souffrir à la lecture de ce livre... Il faisait parti d'une liste d'ouvrage à lire l'été précédent l'entrée en classe préparatoire scientifique....

Le style est un peu désuet et c'est assez indigeste, mais c'est un point (de l'époque) sur les progrès humains dans tous les domaines.

On peut presque le comparer à notre "Sapiens" d'aujourd'hui...(version mise à jour;) )

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Esquisse d'un tableau historique des progrès ..

La terreur a aussi fait des erreurs.

Cet homme (Condorcet) était un humaniste de 1er rang mais il a commis l'erreur d'être Girondin.

Diffuser ces écrits dans l'école de la république est un aveu (posthume) d'erreur.

Sa vision était superbe, la croyance en la capacité de l'homme pour s'élever sans noyer les autres.

Il n'a bien sûr pas prévu la rapacité de certains, des dérives du libéralisme.

Evidemment, les échanges commerciaux à l'international diminuent les risques de guerres, mais celui qui pense pouvoir accumuler, sans limites, les richesses qu'il capte ne peut pas être humaniste.

Grand respect pour Monsieur de Condorcet, qui s'est effacé devant ses idées.

Gloire à ceux qui pensent pour les autres face à ceux qui pensent pour eux.

Amitiés.
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Cinq mémoires sur l'instruction publique

Ces cinq mémoires dépendants sont assez agréables à lire, assez bien menés et réfléchis, mais peu propices à un commentaire général. Il est assez amusant de constater que de nombreuses idées ont été appliquées ou adoptées (justification philosophique de l'instruction publique, laïcité, organisation des degrés d'enseignement, principe même d'une instruction générale commune, évènements culturels, structuration des académies et de l'éducation selon les départements, etc) mais, puisque les divergences sont plus intéressantes en histoire des idées (et elles ne manquent pas dans ce texte : refus du corporatisme, refus des concours, rôle des sociétés savantes, etc), c'est la plus significative que je vais pointer. Il ne s'agit en effet pas d'une "éducation nationale". Condorcet s'oppose au modèle qui consiste à éduquer les futurs citoyens à la place des parents. Son projet ne consiste pas à dicter des "valeurs", ne serait-ce nationales ou républicaines, pour former les citoyens. L'instruction publique doit rendre possible le jugement éclairé des citoyens, car c'est là l'une des conditions de la res publica. L'historien de la Révolution française trouvera aussi intéressantes les références indirectes à Marat, notamment en ce qui concerne la question des sociétés savantes (Marat étant pour leur suppression, sans doute, d'ailleurs, par frustration personnelle).
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Déclaration des droits de la femme et de la c..

Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Article premier. La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits […] (1791) – Olympe de Gouges.



[…] les droits des hommes résultent uniquement de ce qu’ils sont des êtres sensibles, susceptibles d’acquérir des idées morales, et de raisonner sur ces idées. Ainsi les femmes ayant ces mêmes qualités, ont nécessairement des droits égaux […] – Nicolas de Condorcet.



Si la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est bien connue, « Sur l’admission des femmes du droit de cité » l’est moins. Pourtant ces textes ont tous deux vocation à défendre les femmes bien avant les mouvements féministes et leur rapprochement, dans cet ouvrage est vraiment pertinent. Les deux textes se répondent avec une vraie justesse.



Ce document, court, est cependant bien complet puisqu’il ajoute aux textes déjà mentionnés la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui permet de comparer avec la version d’Olympe de Gouges. Y sont ajoutées également deux courtes biographies des auteurs qui les resituent dans leur contexte historique.



Les dessins de Marianne Plo accompagnent avec beaucoup de couleur et de dynamisme les textes. La présentation de l’éditrice Chrystelle Desbordes au début de l’ouvrage n’est d’ailleurs pas inutile pour expliquer le lien. J’avoue que sans cette explication je serai peut-être passée à côté…



Je suis ravie d’avoir reçu cet ouvrage et je remercie Babelio et les éditions Les plis du ciel. Ces textes sont indispensables, ce livre va trouver sa place dans ma bibliothèque et m’accompagnera longtemps…
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Esquisse d'un tableau historique des progrès ..

J'avais été impressionné par le livre Sapiens et la capacité d'Harari à synthétiser et analyser l'évolution de l'humanité en quelques dizaines de pages. Je découvre que Condorcet l'avait fait 2 siècles avant lui, dans des conditions d'écriture plus que difficiles, et de fort belle manière ! Magnifique d'humanisme !
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Déclaration des droits de la femme et de la c..

Chrystelle Desbordes, éditrice des éditions Les plis du ciel, donne à voir un véritable triptyque en mettant en parallèle les oeuvres de De Gouges, de Condorcet et de Plo. Ce sont les illustrations de cette dernière qui attirent d'abord l'oeil du lecteur. Beaucoup de couleurs flamboyantes dans un mélange de réalisme et de symboles. Une interprétation à saisir !

Olympe de Gouges : Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, écrite sur le modèle de celle des droits de l'homme. On connaît son engagement révolutionnaire et hélas les conséquences pour elle qui déclarait :"la femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune "

En regard, le texte de Nicolas de Condorcet , mathématicien et philosophe, est tellement en avance sur son temps qu'il est toujours d'actualité. Dans l'article Sur l'admission des femmes au droit de cité il reprend les arguments de ceux qui refusent ce droit aux femmes en les réfutant point par point avec bon sens et raison. C'est clair et efficace.

Je remercie sincèrement Babelio et la toute nouvelle édition Les plis du ciel que j'encourage à poursuivre dans cette voie. Très belle découverte.

















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Réflexions sur l'esclavage des nègres

Si les philosophes des Lumières (Voltaire en tête) dénonçaient l'esclavage, Condorcet fut l'un des tout premiers à militer pour son abolition en proposant de changer la loi. Mais cet essai (publié en 1781) reste très révélateur d'une époque. le ton employé ici relevant plus du "il ne faut pas maltraiter les animaux" que "les noirs sont nos stricts égaux"...

A noter en complément de ce court essai, en fin de livre, "le code noir de 1685" fait par Louis XIV, qui, bien que semblant cruel, visait à l'époque à réglementer un tant soit peu le traitement des esclaves "nègres" par leurs maîtres (quasiment jamais appliqué dans les faits).

Un livre utile qui nous replonge dans les horreurs d'un esclavage maintenant aboli, et nous renvoie à l'actualité en miroir de l'esclavage moderne (esclaves sexuels, travail au noir, condition des Ouïgours en Chine...). L'homme sera-t-il vraiment libre un jour ou sa condition l'en empêche-t-elle à jamais?
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Esquisse d'un tableau historique des progrès ..

Le fond est intéressant mais la forme est horrible avec des phrases à rallonge. C'est mon pire souvenir de lecture.
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