Citations de Diglee (264)
En 2015, un an après ma rupture définitive avec mon père, j'ai rompu avec le garçon aux paumes constellées. On se faisait trop pleurer. Mises en abyme de trois saccages.
Je comprends mieux, à présent d'où me vient ma soif d'indépendance, cette hostilité à tout compromis, à tout sacrifice. Je ne fais que poursuivre la quête ébauchée par ma grand-mère. J'ai acheté ma chambre à moi, pour moi, pour elle. Pour toutes.
Ma grand-mère a été la seule femme de la famille à avoir pu s'offrir un toit à elle. Sa soeur Georgie a lutté contre le patriarcat d'une autre manière, en refusant toute sa vie le mariage, le concubinage et la maternité. Je suis l'héritière de ces soeurs excentriques, révoltées, puissantes et libres.
Je songe à tout cela, seule, sur cette plage grise, à ces canevas complexes que sont nos familles, à la manière dont ce tissage multigénérationnel oriente nos vies, et je cherche vainement mon moi réel, si tant est qu'il existe, dans ce tumulte opaque. Il me semble que je leur tiens la main, à toutes, autant que je les implore de me laisser être.
Les embruns sentent l'enfance : ils sentent la légèreté d'avant, l'insouciance dépouillée. Face à l'océan je me laisse décontenir, j'emplis mes tissus d'une autre sève. J'emprunte aux roches mères la régularité de leur structure, et je me rebâtis.
C était bien la peine de traverser la France entière pour me retrouver seule dans une abbaye face à un double de moi-même
Le gérant du café pose un plat sur la table centrale, celle au bouquet. C'est un far breton. Il ne manquait que cela à mon bonheur. Criminelle en fuite de sa propre vie, j'en demande fébrilement une part, et elle a le goût de paradis.
J'allais fuir ma ville, ma région, ma famille, les réseaux sociaux, mon amoureux, mes chats, ma routine, mes mails, mes amis, ma comptable, ma banque, mon agent, mes éditeurs, tout et tout le monde, pendant 5 jours.
Ton passage dans ce monde a incendié tellement de vies.
Nous avons agi en pilleuses, maman et moi. Deux téméraires folles d’amour, cherchant à te garder encore un peu.
Les femmes sont depuis toujours biberonnées au sacrifice, à l'effacement de soi.
Étendues de sable fin cachées entre les hanches anguleuses de la falaise couleur champagne et perles d'eau douce, et là, enfin, l'odeur de la mer, en récompense. Salée, collante, acide. Minérale.
Je suis minérale. La force qui m'habite vient des rochers. Encadrée de leurs ombres, je danse près de l'écume. Je cours après les vagues, évitant leur morsure.
Les embruns sentent l'enfance: ils sentent la légèreté d'avant, l'insouciance dépouillée. Face à l'océan je me laisse décontenir, j'emplis mes tissus d'une autre sève. J'emprunte aux roches mères la régularité de leur structure, et je me rebâtis.
Collecter des morceaux de quotidien est une autre de mes obsessions. Phobie maladive de la perte, de perdre la trace des autres, de celles et de ceux que j'aime et que j'ai aimés, de perdre mes souvenirs et leur son, leur odeur.
Je songe à tout cela, seule, sur cette plage grise, à ces canevas complexes que sont nos familles, à la manière dont ce tissage multigénérationnel oriente nos vies et je cherche vainement mon moi réel, si tant est qu’il existe, dans ce tumulte opaque.
Je mourus pour la Beauté - mais à peine
Étais-je ajustée dans la Tombe
Qu'un Être mort pour la Vérté, fut couché
Dans une Chambre adjacente -
«Pourquoi tombée ? » souffla-t-il
«Pour la Beauté», répondis-je -
«Et moi - pour la Vérité - Elles ne font qu'un -
Frères nous sommes», dit-Il -
Alors, comme des Parents, réunis un Soir -
Nous causâmes de Chambre à Chambre -
Avant que la Mousse ait atteint nos lèvres -
Et recouvert - Nos noms -
je t'aime d'un amour qui
fait sourire
les gens sérieux.
[Lise Deharme]
Chaque nuit
je m'entraîne à mourir
j'explore la cartographie
de l'au-delà
Dans les villes où je passe
j'organise des expositions
de mes rêves
que je vends au marché noir
[Anise Koltz]
J’ai enregistré sur mon Iphone le contenu sonore de cette balade. Collecter des morceaux de quotidien est une autre de mes obsessions. Phobie maladive de la perte, de perdre les traces des autres, de celles et ceux que j’aime et que j’ai aimés, de perdre mes souvenirs et leur son, leur odeur. Je porte un parfum inhabituel, Jersey, et je sais que dans quelques mois, lorsque je le sentirai de nouveau, je serai immédiatement transportée ici. Ça ne marchera pas longtemps, il ne faut pas abuser de la magie de l’odeur, mais au moins une ou deux fois, trois si j’ai de la chance, la machine à remonter le temps fonctionnera.
Christian, compagnon de ma mère, il avait de longs cheveux noirs ébouriffés, de grands gestes fluides, les yeux toujours brillants . Ma mère était heureuse c'était son amour de jeunesse retrouvé.
Dans la nuit du 3 au 4 février 2020, la bipolarité de mon beau-père a précipité sa voiture dans le fossé d’une route tranquille de la campagne lyonnaise.
Le 5 au matin, je partais seule à l’autre bout de la France pour effectuer une retraite dans une abbaye bretonne, face à la mer.
Ces deux événements a priori étrangers l’un à l’autre se sont retrouvés inextricablement mêlés, confondus en une seule et même expérience déterminante.
Aujourd’hui, je me sens pleinement présente à moi-même. Fusionnée au lieu. Le spleen qui m’habitait hier a complètement disparu. J’ai fait peau neuve.
J'ai senti que ma soif, mon vide, ce vide que j'attribuais au manque de passion pouvait être comblé par autre chose. Qu'il ne réclamait pas nécessairement l'Autre. Il réclamait une passion tout court, qui pouvait prendre la forme de l'art, de la littérature, de l'échange intellectuel, de l'apprentissage. La création comme passion nourricière.