Très peu de texte dans cette adaptation, en dehors du monologue haineux du vendeur ambulant, non pas dit mais comme vomi, déversé sur l'enfant... qui ressent encore, des dizaines d'années plus tard, la salissure, la souillure et la force de cette haine. Et puis, à la fin de la BD, l'appel saisissant d'Albert Cohen, qui lie directement et intimement cette haine crachée à l'extermination des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale. La seconde n'aurait pas pu exister sans la première.
Le propos tenu est simple, dépouillé, très bien servi par le crayon de Luz qui retrace l'errance psychologique du jeune garçon. L'enfant s'égare dans la ville, se heurtant tantôt aux murs, tantôt aux adultes, et retrouve partout cette même haine, qu'il ne comprend pas et qui lui brise le coeur. Cette découverte brutale marque la fin de l'enfance, un traumatisme cuisant qui nous rappelle, à nous, aujourd'hui, combien la haine de l'autre est inacceptable et porte atteinte à notre humanité même.
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