Citations de Voltaire (2229)
L'usage est le maître de tout.
Quoi qu'il en soit, la vérole ressemble aux beaux-arts : on ne sait point qui en fut l'inventeur ; mais à la longue, ils font le tour de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique.
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La croyance d'un Dieu rémunérateur des bonnes actions, punisseur des méchants, pardonneur des fautes légères est donc la croyance la plus utile au genre humain : c'est le seul frein des hommes puissants, qui commettent insolemment les crimes publics ; c'est le seul frein des hommes qui commettent adroitement les crimes secrets. Je ne vous dit pas , mes amis, de mêler à cette croyance nécessaire des superstitions qui la déshonoreraient, et qui pourrait même la rendre funeste : l'athée est un monstre ne dévorera que pour apaiser sa faim; le superstitieux est un autre monstre qui dechirera les hommes par devoir. J'ai toujours remarqué qu'on peut guérir un athée, mais on ne guérit jamais le superstitieux radicalement ; l'athée est un homme d'esprit qui se trompe, mais qui pense par lui-même, le superstitieux est un sot qui n'a jamais eu les idées que des autres. L'athée violera Iphigénie prête d'épouser Achille, mais le fanatique l'égorgera pieusement sur l'autel, et croira que Jupiter lui en aura beaucoup d'obligations ; l'athée dérobera un vase d'or dans une église pour donner à souper à ses filles de joie, mais le fanatique célèbrera un auto-da-fé dans cette église, et chantera un cantique juif à plein gosier, en faisant brûler des juifs. Oui mes amis, l'athéisme et le fanatisme sont deux pôles d'un univers de confusion et d'horreur. La petite zone de vertu est entre ces deux pôles : marchez d'un pas ferme dans ce sentier ; croyez un Dieu bon et soyez bon.
Mais l'athée pauvre et violent, sûr de l'impunité, sera un sot s'il ne vous assassine pas pour voler votre argent. Dès lors tous les liens de la société sont rompus, tous les crimes secrets inondent la terre, comme les sauterelles, à peine d'abord aperçues, viennent ravager les campagnes ; le Bas peuple ne sera qu'une horde de brigands, comme nos voleurs, dont on ne pend pas la dixième partie à nos sessions ; ils passent leur misérable vie dans des tavernes avec des filles perdues, ils les battent, ils se battent entre eux ; ils tombent ivres au milieu de leurs pintes de plomb dont ils se sont cassé la tête ; ils se réveillent pour voler et assassiner ; ils recommencent chaque jour ce cercle abominable de brutalités.
Que retiendra les grands et les rois dans leur vengeance, dans leur ambition, à laquelle ils veulent tout immoler? Un roi athée est plus dangereux qu'un Ravaillac fanatique.
Travaillons sans raisonner dit Martin, c'est le seul moyen de rendre la vie supportable .
Zadig dirigeait sa route sur les étoiles. La constellation d'Orion et le brillant astre de Sirius le guidaient vers le pôle de Canope. Il admirait ces vastes globes de lumière qui ne paraissent que de faibles étincelles à nos yeux, tandis que la terre, qui n'est en effet qu'un point imperceptible de la nature, paraît à notre cupidité quelque chose de si grand et de si noble. Il se figurait alors les hommes tels qu'ils sont en effet, des insectes se dévorant les uns les autres sur un petit atome de boue.
Le roi avait perdu son Premier ministre. Il choisit Zadig pour remplir cette place. Toutes les belles dames de Babylone applaudirent à ce choix ; car depuis la fondation de l'empire il n'y avait jamais eu de ministre si jeune.
Zadig voulut se consoler par la philosophie et par l'amitié, des maux que lui avait faits la fortune. Il avait dans un faubourg de Babylone, une maison ornée avec goût, où il rassemblait tous les arts et tous les plaisirs dignes d'un honnête homme. Le matin, sa bibliothèque était ouverte à tous les savants ; le soir, sa table l'était à la bonne compagnie...
Du temps du roi Moabdar il y avait à Babylone un jeune homme nommé Zadig, né avec un beau naturel fortifié par l'éducation. Quoique riche et jeune, il savait modérer ses passions ; il n'affectait rien, il ne voulait point toujours avoir raison, et savait respecter la faiblesse des hommes.
C'est toujours l'importance qui décide du nom.
On croit nécessaire de dire à ceux qui pourront lire cet ouvrage qu'ils doivent se souvenir que ce n'est point ici une simple relation de campagnes, mais plutôt une histoire des mœurs des hommes.
Les Anglais et les Hollandais combattirent comme des nations accoutumées à se disputer l'empire de l'Océan.
Ces conditions d'une paix qui tenait tant de la servitude parurent intolérables, et la fierté du vainqueur inspira un courage de désespoir aux vaincus. On résolut de périr les armes à la main.
Le roi, avec tant d'avantages, sûr de sa fortune et de sa gloire, menait avec lui un historien qui devait écrire ses victoires : c'était Pellisson, homme dont ils sera parlé dans l'article des beaux-arts, plus capable de bien écrire que de ne pas flatter.
Il n'est pas dit s'il en coûta de l'argent pour cette étrange négociation : d'ordinaire ce principal article de tant de traités demeure secret.
Louis XIV pouvait sans péril avoir ou n'avoir pas de premier ministre : il ne restait pas la moindre trace des anciennes factions ; il n'y avait plus en France qu'un maître et des sujets.
Il arrive souvent parmi les hommes d'État ce qu'on voit tous les jours parmi les courtisans : celui qui a le plus d'esprit échoue, et celui qui a dans le caractère plus de patience, de force, de souplesse et de suite, réussit.
En lisant les lettres du cardinal Mazarin et les "Mémoires" du cardinal de Retz, on voit aisément que Retz était le génie supérieur : cependant Mazarin fut tout-puissant, et Retz fut accablé.
*Il fut enterré en monarque légitime, et laissa dans l'Europe la réputation d'un homme intrépide, tantôt fanatique, tantôt fourbe, et d'un usurpateur qui avait su régner.
(*Cromwell)
Le roi réunit les parlements de Paris et de Pontoise ; il défendit les assemblées des chambres. Le parlement voulut remontrer ; on mit en prison un conseiller, on en exila quelques autres ; le parlement se tut : tout était déjà changé.
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Toute la petite société entra dans ce louable dessein; chacun se mit à exercer ses talents. La petite terre rap- porta beaucoup. Cunégonde était, à la vérité, bien laide : mais elle devint une excellente pâtissière ; Paquette broda : la vieille eut soin du linge. Il n'y eut pas jusqu' à frère Giroflée qui ne rendit service; il fut un très bon menuisier, et même devint honnête homme2: et Pan- gloss disait quelquefois à Candide : « Tous les événe- ments sont enchaînés dans le meilleur des mondes possi- bles : car enfin si vous n'aviez pas été chassé d'un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l'amour de mademoiselle Cunégonde, si vous n'aviez pas été mis à l'Inquisition, si vous n'aviez pas couru T'Amérique à pied, si vous n'aviez pas donné un bon coup d'épée au baron, si vous n'aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d'Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.