La ronde, de Birgit Weyhe
[hiver 1944/45, un soldat allemand]
- D'après ce que l'on sait, il vaudrait mieux tomber aux mains des Américains.
- Ah tiens ! Vous ne croyez donc plus à la "Victoire finale". Pourquoi Les Américains devraient-ils être des occupants plus sympathiques que les autres ?
- Car ce sont les seuls participants à cette guerre qui n'ont pas eu de combats sur leur propre sol. Pas de pertes dans leur population civile. Pas de villes réduites en cendres. Pas de partisans. Pas de charniers. Pas de représailles.
(p. 131-132)
Comme tous les autres émigrés qui sont partis se construire une nouvelle vie ailleurs, je n'appartiens à aucun des deux pays. Nous sommes tous dépourvus de liens, sans attaches, flottant entre deux cultures. Que nous restions ou repartions, cela n'y changera rien.
À partir de 1979, il y avait environ 20.000 Mozanbicains en Allemagne de l'Est. Ils occupaient souvent les emplois les plus pénibles. Quand, après des années d'absence, ils durent rentrer chez eux en 1990, ils étaient devenus des étrangers dans leur propre pays. Alors se posa très concrétement la question de leur appartenance et de leur chez-soi. (p. 14-15)
Aucun d'entre nous ne s'est fait muter en province volontairement. On savait tous désormais que le racisme y était bien pire. Tant pis. L'essentiel, c'était de quitter Berlin. (p. 82)