Citations de Aki Ollikainen (49)
Un doux grésillement s'élève quand le brandon de bois touche l'eau dans le baquet. La faible lumière parvient encore à dessiner l'ombre de Juhani sur le mur en rondins lorsqu'il se redresse sur le lit, soulève la robe de Marja, pose les mains sur ses genoux et lui écarte les jambes. Marja attrape son sexe en érection. Elle en a envie elle aussi, mais sa peur est plus forte que le désir qui la brûle. Et si elle tombait enceinte? Une bouche de plus à nourrir dans toute cette misère. Elle repousse Juhani sur le matelas. Il soupire, essayant de masquer sa déception.
Le silence roula sur l'herbe, passa les bouleaux sur la berge, traversa la jonchaie et se déploya au-dessus du lac étale. Et combien de sons ce silence renfermait-il ? Toute la cacophonie du monde précédant l'aube - le coup de queue du grand brochet parmi les joncs, le friselis du vent dans les feuilles du tremble. C'était un silence tissé de voix. Les oiseaux chantaient durant les heures de la nuit, y compris le temps de ce bref intermède gris-bleu, essayant de trouver un compagnon avec qui se reproduire. Et ailleurs, sur la rive de ce lac étendu, des êtres humains cherchant leur lumière intérieure se réunissaient en une retraite silencieuse, pour écouter les nombreuses manières qu'a Dieu de se taire.
Le silence roula sur l'herbe, passa les bouleaux sur la berge, traversa la jonchaie et se déploya au-dessus du lac étale. Et combien de sons ce silence renfermait-il ? Toute la cacophonie du monde précédant l'aube - le coup de queue du grand brochet parmi les joncs, le friselis du vent dans les feuilles du tremble, c'était un silence tissé de voix. Les oiseaux chantaient durant les heures de la nuit, y compris le temps de ce bref intermède gris-bleu, essayant de trouver un compagnon avec qui se reproduire. Et ailleurs, sur la rive de ce lac étendu, des êtres humains cherchant leur lumière intérieure se réunissaient en une retraite silencieuse pour écouter les nombreuses manières qu'a Dieu de se taire.
- Je ne voulais pas être méchant. Juste dire que tu seras toujours la même.
- La même quoi ? Fille de la campagne ? Pourquoi est-ce que je voudrais rester la même ? C'est peut-être ce que, toi, tu veux; mais moi sûrement pas.
La longueur de nos chaines montre les frontières de notre liberté [...]
Les premières étoiles s'allument, et une cape grise drape la faucille de la lune.
Elle n'avait pas besoin de compagnie pour aller aux champignons à l'automne, ni pour passer d'agréables soirées, tranquille au coin du feu. Elle voulait rattraper une dernière fois la ravissante minijupe de sa jeunesse, avant que celle-ci ne s'échappe définitivement
«Seule la femme est capable d'effacer l'image d'une ville de la mémoire d'un homme» (p 61)
Elle n'avait pas besoin de compagnie pour aller aux champignons à l'automne, ni pour passer d'agréables soirées, tranquille au coin du feu. Elle voulait rattraper une dernière fois la ravissante minijupe de sa jeunesse, avant que celle-ci ne s'échappe définitivement.
Le soleil s'élevait vers le ciel. Il chassait les nuages duveteux hors de la route de la lumière, il dispensait le bonheur aux humains avec parcimonie. Aux jeunes, il avait réservé des moments enivrants. À ceux qui avaient perdu leur jeunesse, il avait ça et là proposé une petite occasion inespérée, au cours de laquelle ces pauvres hères s'imaginaient pouvoir retrouver l'euphorie envolée il y a si longtemps.
... elle se souviendra de son Papa. Il est heureux pour eux, mais il ne viendra pas à Viklund. Il reste assis au bord d'un nuage, et chaque fois qu'il pleuvra l'été, qu'elle regardera par la fenêtre, et qu'elle verra des gouttes glisser sur la vitre, elle saura que c'est une larme de joie de son père qui tombe sur la terre.
Sur les rives de la Méditerranée, les arbres déploient leurs branches dans un sens ou dans l'autre, et les gens de là-bas sont pareils. Mais ici au Nord, les gens poussent droits.
La sirène s'assit sur le banc du milieu et se mit à souquer. Vilho contemplait la femme nue, la creature la plus belle qu'il eût jamais vue.
Reino songea à la jeunesse en général, puis à la sienne. Il se souvenait comme le temps décrivait autrefois des cycles, en fonction des saisons. C’était ça la vie pendant son enfance à la campagne. Mais ensuite les saisons avaient perdu leur signification. Le temps était devenu chronologique, des chiffres sur un calendrier mural. Il n’y avait plus rien à faire, même si tu connaissais tous les signes de la nature, les tempêtes qui levaient, les présages du plus beau juillet sans nuages.
Il n’avait pas d’ambition. C’est ce que sa femme lui avait dit. Mais il fallait bien qu’il fasse quelque chose. Sur ces mots, Aatu avait, un jour pluvieux de septembre, marché jusqu’à la bibliothèque. Il se répétait le mantra de son absence d’ambition. Et comme par un caprice du destin il s’était avancé, perdu dans ses pensées, jusqu’aux ouvrages de poésie et avait pris en main « Le gardeur de troupeaux » de Fernando Pessoa. Le livre s’était ouvert à l’endroit où Pessoa écrivait, sous la figure de son grand maître, le berger Alberto Caeiro: « Je n’ai ni ambition ni désir. Être poète n’est pas mon ambition. C’est ma façon à moi d’être seul ». Et à cet instant Aatu avait trouvé sa vocation. Il ne voulait pas écrire des poèmes qui finiraient au fond d’un tiroir. Il voulait être berger.
- Il faut le faire lever pour qu'il mange, je ne peux pas vous laisser emporter la nourriture. Ils ont tous faim dans la dépendance, et la faim rend les gens prêts à tout. J'en ai vu qui ôtaient le pain de la bouche à des enfants, reprend Mr Hackmann, en montrant du doigt Juho.
La famine retranche à la nation ses éléments les plus faibles, comme le jardinier élague les mauvaises branches d'un pommier.
C'est du travail qu'il faut créer. Si on commence à remplir les greniers sans contrepartie, on n'en verra jamais la fin. Notre devoir premier est de fournir du labeur aux désœuvrés.
Ils filent déjà vers le Sud, soupire Juhani.
Qui ça ?
Les cygnes.
Je ne vois pas d'oiseaux, moi.
C'est qu'ils sont déjà partis.
Vous chassez des feux follets , et vous ne pouvez rien faire d'autre, dit-il.