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Citations de Alain Badiou (245)


Pour Heidegger, la voie poético-naturelle qui laisse-être la présentation comme non-voilement, est l’origine authentique. La voie mathématico-idéelle, qui soustrait la présence et promeut l’évidence, est la clôture métaphysique, le pas premier de l’oubli.

Je propose, non pas un renversement, mais une autre disposition de ces deux voies. J’admets volontiers que la pensée absolument originaire se meut dans la poétique et le laisser-être de l’apparaître. Cela est prouvé par la caractère immémorial du poème et de la poésie, et par sa suture établie, et constante, avec le thème de la nature. Mais cette immémorialité témoigne contre le surgissement événement de la philosophie en Grèce. L’ontologie proprement dite, comme figure native de la philosophie occidentale, n’est pas, et ne saurait être, l’advenue du poème dans sa tentative de nommer, en puissance et en éclat, l’apparaître comme venue-au-jour de l’être, ou non-latence. Cela est beaucoup plus ancien dans le temps, et beaucoup plus multiple dans le site (Chine, Inde, Égypte…). Ce qui constitue l’événement grec et au contraire la deuxième voie, qui pense soustractivement l’être dans le mode d’une pensée idéelle, ou axiomatique. L’invention propre des Grecs est que l’être est dicible dès lors qu’une décision de pensée le soustrait à toute instance de la présence.

Les Grecs n’ont pas inventé le poème. Ils ont bien plutôt interrompu le poème par le mathème. Ce faisant, dans l’exercice de la déduction, qui est fidélité à l’être tel que le vide le nomme, ils ont ouvert la possibilité infinie d’un texte ontologique. (pp. 143-144)
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Quel est donc ce « nous » qui se rassemble dans la rue et s’affirme – parfois dans la parole et par l’action mais plus souvent encore en formant un groupe de corps visibles, audibles, tangibles, exposés, obstinés et interdépendants ?
Judith Butler
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La « vraie vie », rappelons-le, est une expression de Rimbaud. Voilà un vrai poète de la jeunesse, Rimbaud. Quelqu’un qui fait de la poésie à partir de son expérience totale de la vie qui commence. C’est lui qui, dans un moment de désespoir, écrit de façon déchirante : « La vraie vie est absente. »
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Finalement, la corruption de la jeunesse par un philosophe, ce n’est ni une question d’argent, ni une question de plaisir. Serait-ce alors qu’il est question d’une corruption par le pouvoir ? Sexe, argent, pouvoir, c’est une sorte de trilogie, la trilogie de la corruption. Dire que Socrate corrompt la jeunesse, ce serait dire qu’il fait jouer la séduction de sa parole pour obtenir un pouvoir. Le philosophe utiliserait des jeunes en vue d’une puissance, d’une autorité. Les jeunes seraient là pour servir à son ambition. De ce point de vue il y aurait corruption de la jeunesse au sens où on en intégrerait la naïveté à ce qu’on pourrait appeler, avec Nietzsche, une volonté de puissance.
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Socrate, le père de tous les philosophes, a été condamné à mort sous le chef d’accusation de « corruption de la jeunesse ». La toute première réception officielle de la philosophie prend la forme d’une très grave accusation : le philosophe corrompt la jeunesse. Alors, si j’adopte ce point de vue, je dirai assez simplement : mon but est de corrompre la jeunesse.
Mais que veut dire « corrompre », y compris dans l’esprit des juges qui ont condamné Socrate à mort sous le chef d’accusation de corruption de la jeunesse ? Ce ne peut pas être « corruption » en un sens lié à l’argent. Ce n’est pas une « affaire » dans le sens de ce dont les journaux parlent aujourd’hui : des gens se sont enrichis en utilisant leur position dans telle ou telle institution de l’État.
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La philosophie reste une discipline menacée dans les classes terminales, et les mathématiques un opérateur ennuyeux de sélection sociale.
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De même que je pense que l'on peut apprendre beaucoup de mathématiques élémentaires en racontant des histoires et en résolvant des énigmes ludiques, de même je pense que la plus haute philosophie est aussi engagée dans cette affaire.
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C'est pourquoi je rejette la théorie selon laquelle les mathématiques dérivent de l'expérience sensible. C'est l'inverse : Le réel de l'expérience sensible n'est pensable que parce que le formalisme mathématique pense " à l'avance" les formes possibles de rout ce qui est.
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Ce sentiment quasi esthétique des mathématiques m'a frappé très tôt.
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Je retiendrai le concept de l'infini, son histoire, l'état contemporain de la question et ses conséquences. Rien que sur ce point, dans les cinquantes dernières années, se sont déployées dans les mathématiques des recherches saisissantes de nouveauté, de profondeur. Si vous les ignorez, il se produit ceci que, lorsque vous pronocez le mot "infini", vous ne savez pas de quoi vous parlez.
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Les mathématiques n'ont pas été créés pour que Kant puisse poser la question critique de la provenance de l'universalité rationnelle, elles ont été créées par hasard, un jour, par le génie d'un seul homme. Comme si c'était une esthétique contingente. Mais cette contingence crée la possibilité de la question critique, qui définit l'entreprise philosophique.
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la vérité serait à jamais cachée au genre humain si la mathématique n'avait montré aux hommes la vraie règle de vérité
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les zéros ont mangé tout ce qui n'est pas zéro, c'est pour cela qu'ils sont ronds, ils sont bien nourris, ils bouffent du nombre toute la journée rien que pour rester zéro.
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Il y a une complexité, une hétérogénéité même de la démocratisation, qui est la condition de son effectivit
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Alain Badiou - La seconde, c'est ma conviction, qui ne peut évidemment être la vôtre, que la France, c'est fini. Je sens ce pays, qui est le mien et que j'aime, au bout de son cycle d'existence historique. j'en ai moi-même la nostalgie, je suis pris dans ce devenir négatif. Je suis un vieux patriote français, mais je pense que c'est fini et c'est aussi pour ça que je cherche une formule qui sauverait quelque chose.
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Alain FInkielkraut - A cela, je réponds aujourd'hui, avec Simon Leys, que l'exigence d'égalité est une noble aspiration dans sa sphère propre, la justice sociale, mais qu'elle est néfaste dans l'ordre de l'esprit. "La démocratie est le seul système politique acceptable, mais précisément, elle n'a d'application qu'en politique. Hors de son domaine propre, elle est synonyme de mort: car la vérité n'est pas démocratique, ni l'intelligence, ni la beauté, ni l'amour [...]. Une éducation vraiment démocratique est une éducation qui forme des hommes capables de défendre et de maintenir la démocratie en politique; mais, dans son ordre à elle, qui est celui de la culture, elle est implacablement aristocratique et élitiste."
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Alain Badiou - Acceptons une fois pour toutes, je le redis, que l'arrivée massive de gens venus d'Afrique soit la continuation du processus enclenché au XIXème, quand les auvergnats, les savoyards sont venus à Paris, puis les Polonais dans les villes du nord et les Italiens à Marseille. Faute de cette vision large, l'image qu'on se fait de la France est étriquée et dangereuse. La seule vison qui puisse donner sens au mot « France », c'est ce qui fait l'universalisme français aux yeux du monde entier, à savoir la filiation avec la Révolution française, avec la politique populaire, ça oui par contre, au moins au niveau subjectif, cela peut être salvateur.
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Alain Finkielkraut - Dans une conférence de 1945, Camus parlant de l'amitié française disait : le nazisme nous a contraints à la haine, il importe maintenant de triompher de la haine, et de ne laisser jamais la critique rejoindre l'insulte. Il appelait cela : refaire notre mentalité politique. Sartre a pris la décision contraire. Il a voulu prolonger le climat exceptionnel de la résistance en faisant de la politique la continuation de la guerre absolue, et il a donc écrit : «Toute la valeur qu'un opprimé peut avoir à ses propres yeux, il la met dans la haine qu'il porte à d'autres hommes.» Camus est célébré aujourd'hui, mais c'est Sartre qui rafle la mise. La reductio ad hitlerum fonctionne à plein régime.
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Aude Lancelin - On connait le précepte antique : "A Rome, fais comme les romains." Mais, justement, ces gens-là, les gens des quartiers, ils ne vivent pas à Rome. Très concrètement, ils vivent dans des zones de relégation complètes, et leur accès à la citoyenneté française reste donc assez largement théorique...
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