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Critiques de Alain Le Ninèze (78)
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L'empereur des alchimistes selon Arcimboldo

Livre reçu dans le cadre de l’opération « Masse Critique » de Babelio dont je remercie les organisateurs et les organisatrices ainsi que les éditions mentionnées.



Le récit écrit à la première personne met en scène le peintre Giuseppe Arcimboldo et ses deux amis, Gregorio Comanini et Giovanni Lomazzo.

D’une manière vivante et familière, la conversation retrace la création du célèbre tableau de Rodolphe II de Habsbourg, intitulé Vertumnus (dieu-jardinier, p44).



Les intentions, les doutes et les circonstances de la vie de l’artiste confessés dans un codex personnel que Gregorio et Giovanni lisent en aparté sont discutés ensuite avec l’artiste. Cet échange crée un court mais agréable roman historique (cela se passe au XVIe sc) dont je trouve l’idée originale (ceci étant ma première lecture de ce type).

L’approche romanesque pour laquelle a opté Alain Le Ninèze nous emmène sur la voie de la compréhension par la perception d’un instant de vie, lorsque l’œuvre prend naissance et progresse sous nos yeux, comme si nous partagions ce temps passé au présent en toute convivialité. C’est ainsi que nous comprenons mieux l’ensemble d’une œuvre qui dépasse son époque et ses contingences pour demeurer dans notre patrimoine artistique.

Il faut dire que l’atmosphère qui régnait à la cour d’un roi à l’imagination déréglée (p 57), où les fêtes costumées étaient organisées régulièrement (par Arcimboldo lui-même), les cabinets de curiosités en processus constant d’acquisition, l’engouement pour l’alchimie et les expériences de transmutation (p 44), métamorphoses et « transmigration » (p110) en tout genre, les légendes et les caricatures de monstres, etc., ont pu « révéler » un « art magique » dont la ville de Prague était le creuset et dont le surréalisme selon André Breton serait imprégné (p 97, 113).



Les questions qui se sont posées et qui se posent encore alimentent les « regards croisés » situés à la fin du roman. Celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur le style et l’impact des tableaux d’Arcimboldo y trouveront des analyses pertinentes en complément. Néanmoins, elles auraient pu venir étoffer davantage la conversation entre les trois personnages, ainsi que le corps du texte par la même occasion.
Lien : http://anne.vacquant.free.fr
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La femme moderne selon Manet

Dans La femme moderne selon Manet, d’Alain Le Ninèze, on ouvre les pages du journal fictif de Victorine Meurent, modèle préféré du peintre Manet.



À travers son récit, elle nous fait rentrer dans le cercle intime d’Édouard Manet, on partage ses soirées, ses débats artistiques et ses révoltes …



1862, la peinture n’a de cesse de représenter la mythologie et reste très académique.



Manet, entouré de ces acolytes Whistler, Fantin-Latour, Degas, Renoir ou Pissaro vivent pour la peinture. Ils n'ont de cesse d'étudier la lumière, renouveler les palettes de couleurs et jouer avec les ombres et les lumières.



Dans le microcosme artistique de Paris, ils font figure de fous pour l’époque. Mais rien à faire, malgré les refus récurrents de ses toiles au célèbre Salon de Paris, Manet cherche à se faire reconnaître en tant qu’artiste.



Victorine est le modèle de tous les scandales. Elle pose pour deux tableaux qui vont choquer les esprits bourgeois de l’époque et ouvrir la porte à la modernité.

Le Déjeuner sur l’herbe et l’Olympia, ce nu scandaleux représentant une courtisane alanguie. Tout sera vu comme une provocation dans ce tableau. Et pourtant Manet dira simplement « J’ai fait ce que j’ai vu ! »



Un roman court, facile à lire, très documenté, riche en anecdotes, l'occasion de de mieux comprendre une œuvre, un artiste, une époque.





Cette collection « Le roman d’un chef-d’œuvre », aux éditions des Ateliers Henry Dougier, allie récit et documentation historique pour nous raconter la face cachée d’une œuvre d'art.


Lien : https://bibliotheques.annecy..
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Moi, Judith

Impatience comblée,

Curiosité satisfaite,

Voilà enfin le troisième volume de cette nouvelle collection qui a tout pour séduire, comme la collection "le roman d'un chef d'œuvre"

Donc après Vénus, Œdipe, voici Judith figure biblique. Et le résultat est tout simplement magnifique



Texte remarquablement écrit, reproduction d'œuvres d'art splendide.

Sublime idée de positionner dans les 2 rabats :

Judith et Holopherne ou Judith décapitant Holopherne de Caravage et

Judith décapitant Holopherne d'Artemisia Gentileschi.



Et pour illustrer le texte Botticelli, Michel-Ange, Mantegna, Verne un régal pour les yeux.



Pour mémoire voici ce que l'on retrouve dans le Livre de Judith, dans l'épisode marqué les esprits :

"Quand il se fit tard, ses officiers se hâtèrent de partir. Bagoas ferma la tente de l'extérieur, après avoir éconduit d'auprès de son maître ceux qui s'y trouvaient encore. Ils allèrent se coucher, fatigués par l'excès de boisson, et Judith fut laissée seule dans la tente avec Holopherne effondré sur son lit, noyé dans  le vin. Judith dit alors à sa servante de se tenir dehors, près de la chambre à coucher, et d'attendre sa sortie comme elle le faisait chaque jour. Elle avait d'ailleurs eu soin de dire qu'elle sortirait pour sa prière et avait parlé le même sens à Bagoas.

Tous s'en étaient allés de chez Holopherne et nul, petit ou grand, n'avait été laissé dans la chambre à coucher. Debout près du lit Judith dit en elle-même :

”Seigneur, Dieu de toute force,

en cette heure, favorise l'oeuvre de mes mains

pour l'exaltation de Jérusalem.

C'est maintenant le moment

de ressaisir ton héritage

et de réaliser mes plans

pour écraser les ennemis levés contre nous.”

ElIe s'avança alors vers la traverse du lit proche de la tête d'Holopherne, en détacha son cimeterre, puis s'approchant de la couche elle saisit la chevelure de I'homme et dit : « Rends-moi forte en ce jour, Seigneur, Dieu d'Israël ! » Par deux fois elle le frappa au cou, de toute sa force, et détacha sa tète.  Elle fit ensuite rouler le corps loin du lit et enleva la draperie des colonnes. Peu après elle sortit et donna la tête d'Holopherne à sa servante, qui la mit dans la besace à vivres, et toutes deux sortirent du camp comme elles avaient coutume de le faire pour aller prier. Une fois le camp traversé elles contournèrent le ravin, gravirent la pente de Béthulie et parvinrent aux portes."



Commençons par ce qu'en dit Roland Barthes qui a écrit : "le livre de Judith figure dans la Bible des catholiques, où il fut admis tardivement, non dans celle des protestants. C'est peut-être que sa forme générale est celle d'une œuvre très littéraire. J'appellerai cette histoire un récit fort. Qu'est-ce qu'un récit fort ? . Un récit où l'on trouve à la fois une bonne performance structurale et une émotion morale et/ou sensuelle. Comme récit fort cette histoire a essaimé au long dew siècles dans toutes les formes possibles de narration des poèmes, des ballades, des drames, des oratorio, un opéra et bien sûr des peintures figuratives"



Au rang des représentations, celle qui surpasse les autres, à mon sens : celle de Caravage.

Voici comment l'interprète Dominique Fernandez dans son sublime roman :

"Je traversais une période d’entente si parfaite avec Mario, notre « idylle », bien que je déteste ce mot, était si réelle, que je décidai de suivre à la lettre les termes de la Bible, sans me permettre aucun dérapage qui m’eût attiré de nouveaux ennuis. Mon premier soin fut de relire le le Livre de Judith et de comparer le texte des Ecritures aux peintures de mes devanciers. Je disposais d’une estampe du tableau de Botticelli et d’une lithographie de celui de Mantegna. Nous retournâmes à la chapelle Sixtine. Michel-Ange a représenté la scène, au panache du mur d’entrée. Sa fresque n’est pas moins approximative que les tableaux de Botticelli et de Mantegna.

Choix de l’arme. Une épée romaine, pour un général assyrien ? « Elle s’avança alors vers la traverse du lit qui était proche de la tête d’Holopherne et en détacha le cimeterre dont il avait coutume de se servir. » Dans ma collection d’armes, le cimeterre ne figurait pas. J’envoyai Mario fouiller dans les magasins de brocante, via dei Coronari, puis chez les antiquaires, via Giulia. Il se fit donner par le marchand un certificat, en foi duquel il emportait non pas une arme de combat, mais un accessoire d’atelier. Malheur en effet à qui serait surpris dans la rue avec cette variété orientale de sabre, dont la lame s’élargit vers la pointe et se recourbe en demi-lune !

Choix du moment. Botticelli et Michel-Ange ont peint, non le crime lui-même, mais la suite immédiate du crime, lorsque Judith, escortée de sa servante qui emporte la tête du mort sur un plat, quitte d’un pas tranquille le lieu du meurtre. Pourquoi esquiver la scène de l’assassinat ? Peur du sang? Horreur de l’horrible? Refus de se salir les mains ? Choisir de peindre la sérénité qui résulte de l’acte accompli, c’est affadir la sauvagerie du texte biblique. « S'approchant de la couche elle saisit la chevelure de l’homme et dit : “Rends-moi forte en ce jour, Seigneur, Dieu d’Israël !” Par deux fois elle le frappa au cou, de toute sa force, et détacha sa tête. »

« De toute sa force », « par deux fois », la seconde fois étant la bonne : moi, c’est cet instant où elle décapite et fait sauter la tête que j’ai peint. La main gauche de Judith saisit les cheveux d’Holopherne, la main droite enfonce le cimeterre dans le cou, le sang jaillit de la gorge tranchée, les yeux révulsés et le cri qui tord la bouche du supplicié soulignent dans quelle épouvante il est mort.

Je n’eus pas besoin d’indiquer à la signora Pedrotto son jeu de physionomie : elle prit d’elle-même, en voyant la partie du tableau déjà peinte, un air si effaré que je jugeai mon ouvrage réussi.

Choix de la posture d’Holopherne. Michel-Ange, à la suite de Mantegna et de Botticelli, a représenté le général de Nabuchodonosor allongé sur le dos. Le texte dit le contraire. Pour éluder la promesse qu’elle lui a faite, Judith prend la prend la précaution d’enivrer Holopherne. « Il était sous le charme et en proie au désir, aussi avala-t-il une telle quantité de vin qu’en aucun jour de sa vie il n’en avait tant absorbé. » Après le repas, « Judith fut laissée seule dans la tente avec Holopherne, lequel était tombé en avant sur le lit, effondré ». Tombé en avant veut dire qu’il était à plat ventre, cette indication très précise ne devrait pas être négligée. De « sur le dos » à « tombé en avant », il y a la différence d’une position où ce que la femme a promis reste possible, à une posture qui l’empêcherait, même si elle le voulait, de tenir son engagement. Un homme « effondré » sur son sexe n’a plus les moyens d’en tirer du plaisir.

Ce tableau me donna beaucoup de peine. Essayez donc de couper la gorge à un homme affalé sur le ventre ! Il m’a fallu tordre la tête à Holopherne pour dégager le devant du cou et permettre à Judith d’y enfoncer l’épée."



Alain Le Nineze nous le rappelle l'histoire de Judith est légendaire. Dans le récit biblique l'inscription littéraire est vague ou carrément fantaisiste la vile de Béthulie n'existe pas, Nabuchodonosor est roi des chaldéens à Babylone et non des Assyriens à Ninive, pas de général se prénommant Holopherne, Judith est inconnue de l'ancien Testament. C' est donc une histoire dans un espace et un temps fictifs. C'est d'ailleurs en 1545 au concile de Trente que ce texte deviendra canon. Mais il faut plutôt considérer ce texte comme une allégorie la revanche du faible sur le fort.



Levi-Strauss a écrit "un mythe est la somme de ses variantes et bien le livre de Judith est à l'origine d'un mythe", et a donc toute sa place dans cette collection appelée a devenir elle-même mythique
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Moi, Oedipe

L'autobiographie d'un mythe, pour revenir à sa source.



Tel est l'objectif intelligent, original et pédagogique, des Ateliers Henry Dougier qui lancent une nouvelle collection dans laquelle parole est donnée à des personnages mythiques, des Dieux, des héros au nom parfois galvaudé mais pourtant oublié par la plupart d'entre nous dans leurs détails, dans leur genèse et dans le message qui se profile en filigrane derrière leurs aventures. Les deux premiers ouvrages sont sortis et sont consacrés respectivement à Vénus et à Oedipe. D'autres devraient voir le jour et concerneront entre autres Icare, Eve, Judith, Orphée, Ulysse…Notons également, dans les autres collections des Ateliers Henry Dugier, « le roman d'un chef d'oeuvre » retraçant l'histoire d'un tableau ou d'une oeuvre d'art. De petits livres illustrés qui permettent une mémorisation aisée.



Si je vous dis Oedipe, aussitôt, pour la grande majorité d'entre vous, vous lui associez le mot complexe. le fameux complexe d'Oedipe utilisé par la psychanalyse qui s'est emparée de cet héros mythique pour désigner les enfants, surtout les petits garçons, amoureux de leur maman, jaloux de leur papa. Pour qualifier ces enfants attirés par l'un de leur parent.

Je vous invite à aller lire la riche critique de @Aquilon62 qui met en valeur le passage à l'origine de cette interprétation et explique comment la psychanalyse a pris le dessus sur le mythe lui-même. Oui, le « complexe d'Oedipe » est mieux connu que la vie du personnage que Sophocle a créé il y a vingt-cinq siècles, comme l'explique Alain le Ninèze, et c'est bien dommage car ce qui arrive à ce personnage est une tragédie incroyable digne d'être racontée autour d'un feu de cheminée…D'où ce livre !



Mais vous rappelez-vous de l'histoire de ce mythe ? Sans doute dans ses grandes lignes en vagues réminiscences scolaires, grandes lignes qui sont celles-ci : Oedipe, « l'enfant aux pieds blessés », est ce jeune prince Corinthien, fils unique de Polybe et Mérope, à qui une prophétie de la sibylle de Delphes le voue au parricide et à l'inceste. Afin de contrer cette malédiction des dieux, il fuit. Aux portes de Thèbes, il se trouve à devoir résoudre la fameuse énigme du Sphinx pour arrêter le massacre que le monstre fait subir à la ville. Quel superbe passage d'ailleurs où nous voyons cette créature incroyable mi animale, mi humaine, au corps de fauve surmonté de deux grandes ailes, doté de pattes puissantes et de griffes crochues, mais à la poitrine de femme et au visage aux traits délicats surmonté d'un diadème…deux tableaux magnifiques de Gustave Moreau complètent cette vivante description. La résolution de l'énigme, tuant par le même coup le Sphinx terrifiant, lui permet de devenir roi de Thèbes, et d'épouser Jocaste, la femme de Laïos, roi de Thèbes disparu mystérieusement depuis quelques temps déjà. de cette union naîtront deux garçons et deux filles dont Antigone.

Cette fuite pour échapper à son destin se révélera vaine : il apprendra avec stupeur, après un épisode de peste particulièrement virulent à Thèbes, qu'il est en réalité fils adopté de Polype et Mérope, et que sa femme depuis vingt-cinq ans est sa propre mère et l'homme arrogant qu'il a tué dans le désert dans sa jeunesse d'exil son propre père. Toutes les prophéties se sont réalisées, malgré les efforts pour les contrer. Il terminera, après s'être crevé les yeux, à errer et à mendier, détrôné, condamné à l'exil, chassé de Thèbes par un de ses fils, Polynice, seule Antigone l'accompagne sur ce chemin de malheur.



« Je marche dans des ténèbres qui sont déjà celles du royaume d'Hadès. C'est vers lui que j'avance à tâtons, comme si je n'appartenais déjà plus au monde des vivants. Mes yeux blessés ne reverront plus jamais la lumière du jour vibrer sous le soleil de midi, l'or éclatant des blés avant la moisson, le vert argenté des oliviers ou la blancheur des murs d'une maison de berger découverte au détour d'un chemin ».



Plonger dans ce livre c'est connaitre tous les détails de ce mythe, c'est imaginer les ressentis des protagonistes et mettre des images et des noms à cette histoire que vous n'oublierez pas aussitôt le livre refermé. C'est s'instruire tout en se divertissant. Car vous n'aurez pas lu une leçon froide et distante d'un simple livre d'exégètes, vous aurez lu une histoire romancée pleine de rebondissements, de suspense, de couleurs, d'humanité.



Pourquoi revenir à la mythologie me direz-vous ? Car au-delà de l'histoire, le message des mythes a une portée hautement philosophique qui invite à la sagesse, au lâcher prise, à l'acceptation. Les hommes ne peuvent contrer leur destin, destin imposé par les dieux. Les hommes sont les jouets des dieux et ne sont donc pas toujours responsables moralement. Puissance des dieux et faiblesse des mortels, nous résignant à accepter le destin sans rechercher à tout prix des responsables comme nous avons constamment tendance à le faire aujourd'hui. Cette leçon est transmise via ce mythe depuis la nuit des temps, celui-ci remontant à -430 avant J.C estime-t-on, mais comme l'explique l'auteur dans une note en post-face, « on trouve une allusion au personnage d'Oedipe chez Homère, donc plusieurs siècles avant Sophocle, ce qui montre que l'origine du mythe, comme presque toujours, se perd dans la nuit des temps ».



« Il n'y a ni origine ni source avérée, simplement un récit qui traverse les siècles et s'infléchit au gré Des circonstances et des époques ».



C'est remarquablement écrit, Alain le Ninèze rend le récit épique et passionnant en faisant en sorte que Oedipe se raconte, à la première personne du singulier, ce « je » employé rendant Oedipe si proche, si contemporain. Ainsi, la mythologie devient accessible.

Par ailleurs cette histoire est sertie de magnifiques reproductions d'oeuvre d'art, de Gustave Moreau déjà cité mais aussi de Michel-Ange, de Jean-Auguste-Dominique Ingres, d'Antoni Brodowski. Un bien bel ouvrage au papier brillant, un régal pour nos yeux curieux en plus de nous enrichir. J'ai vraiment hâte de me plonger dans les autres ouvrages de cette collection.



Je remercie chaleureusement @Aquilon62 de m'avoir donné envie de lire cet ouvrage et surtout d'élargir constamment mes horizons littéraires !

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Moi, Oedipe

Si on dit Œdipe c'est instantanément l'interprétation qu'en a fait la psychanalyse qui vient à l'esprit. Heureusement, certains connaissent, au moins dans ses grandes lignes, la trame de l’histoire : Œdipe, c’est cet enfant abandonné par ses parents lorsqu’il était nourrisson et qui, une fois devenu adulte, va, selon un oracle annoncé au temple de Delphes, sans le savoir ni le vouloir, tuer son père, Laïos, le roi de Thèbes, et épouser sa mère, Jocaste, avec laquelle il aura deux filles, Ismène et Antigone, et deux garçons qui vont s’entretuer, Étéocle et Polynice.

                   

De ce mythe qui a passionné les Grecs et fait l’un des objets privilégiés de leur réflexion sur le tragique, la psychanalyse a voulu tirer une espèce d’archétype universel, comme si tous les petits garçons du monde étaient des Œdipe en puissance, comme si le succès universel des tragédies grecques s’expliquait par l’universalité du complexe affectif qu’elles avaient mis en scène et en lumière.



Pour être complet, voici le fameux passage à l'origine de cette interprétation

Œdipe. – Ô très chère femme, Jocaste que j’aime, pourquoi m’as-tu fait chercher dans le palais ?

Jocaste. – Écoute l’homme qui est là et vois en l’écoutant ce que sont devenus les oracles augustes du dieu (il s’agit bien entendu d’Apollon et de l’oracle de Delphes que Jocaste croit réduit à néant par l’annonce de la mort de Polybe, le père supposé mais non réel d’Œdipe).

Œdipe. – Cet homme, qui est-il et qu’a-t-il à me dire ?

Jocaste. – Il vient de Corinthe et il te fait savoir que Polybe n’est plus : la mort a frappé ton père.

Œdipe. – Que dis-tu, étranger ? Explique-toi toi-même.

Le Corinthien. – Si c’est la première nouvelle que je dois t’annoncer clairement, sache bien, en effet, que Polybe a disparu.

Œdipe. – Victime d’un complot ou d’une maladie ?

Le Corinthien. – Le moindre heurt suffit pour mettre un vieux par terre.

Œdipe. – Le malheureux, si je t’en crois, serait donc mort de maladie ?

Le Corinthien. – Et aussi des longues années qu’il a vécues.

Œdipe. – Ah, femme, qui pourrait désormais recourir à Pythô, au foyer prophétique ou bien à ces oiseaux piaillant sur nos têtes ? (Œdipe vise ici l’oracle de Delphes, la fameuse Pythie dont le nom vient du serpent Python qu’Apollon avait tué de ses flèches avant d’y installer son temple. Le monstre est enterré sous l’omphalos – littéralement : le nombril – de l’édifice, cette pierre symbolisant à la fois le centre du monde et la présence de Zeus.) D’après eux, je devais assassiner mon père et voici mon père mort, enseveli dans le fond d’un tombeau et moi qui suis ici, je n’ai touché aucune épée (on comprend qu’Œdipe est tout heureux d’être enfin certain que l’oracle annoncé au temple de Delphes est clairement infirmé)… À moins qu’il ne soit mort du regret de ne plus me voir ? Ce n’est qu’en ce sens qu’il serait mort par moi. Ce qui est certain, c’est qu’à cette heure Polybe est dans l’Hadès avec tout son cortège d’oracles sans valeur !

Jocaste. – N’était-ce donc pas là ce que je te disais depuis bien longtemps ?

Œdipe. – Assurément, mais la peur m’égarait.

Jocaste. – Alors, cesse de te mettre martel en tête à cause de ces oracles !

Œdipe. – Mais comment ne pas craindre encore la couche de ma mère ?

Jocaste. – Et qu’aurait donc à craindre un mortel, jouet des événements, qui ne peut rien prévoir de sûr ? Il vaut bien mieux dans ces conditions se laisser aller à vivre comme on peut. Ne redoute pas l’hymen d’une mère : bien des mortels ont déjà dans leurs rêves partagé le lit maternel. Celui qui attache le moins d’importance à pareille chose est aussi celui qui supporte le plus aisément la vie.



Et voilà comment l'analyse psychanalytique à pris le dessus sur le mythe en lui-même....



Alain Le Nineze le reconnaît : "Lorsque Henry Dougier m’a proposé d’écrire pour cette collection, j’ai aussitôt choisi Œdipe, mythe célèbre depuis que Freud s’en est emparé, à tel point que le « complexe d’Œdipe » est mieux connu que la vie du

personnage que Sophocle a créé il y a vingt-cinq siècles. Or c’était cela, justement, que j’avais envie de raconter : les aventures de ce jeune prince de Corinthe qui, apprenant une terrible prophétie le vouant au parricide et à l’inceste, fuit son pays pour tenter d’échapper à son destin."



Et sous la plume de l'auteur on retrouve u e magnifique synthèse de ce qui fait la source principale du mythe, bien entendu, qui nous est fournie par les tragédies grecques, surtout celles de Sophocle : Antigone, Œdipe roi, Œdipe à Colone.

On le retrouve en route avec Antigone, rencontrant Demetrios un berger, et Œdipe accepte de lui raconter sa terrible histoire, et les célèbres jalons de celle-ci :

L'oracle de la Pythie ;

Le choix de quitter Corinthe ;

Le choix de la route à prendre ;

L'Énigme du Sphinx (avec un grand É, bien sûr, tant elle est connue) ;

La peste sur la Ville de Thèbes ;

"L'enquête" qui va tout lui révéler.... La terrible vérité



C'est remarquablement écrit et on en revient aux sources du mythe.

L'écriture est sublimée par les reproductions d'œuvres d'art, qui viennent magnifier l'ouvrage.

On y retrouve notamment :

Œdipe explique l'énigme du Sphinx de Jean-Auguste-Dominique Ingres ;

Œdipe et le Sphinx de Gustave Moreau ;

La statue Œdipe rappelé à la vie par le berger Phorbas qui l'a détaché de l'arbre par Antoine-Denis Chaudet ;

Le Photogramme d'Œdipe roi par Pier Paolo Pasolini ;

Sans oublier la Sibylle de Delphes de Michel-Ange.



D'un point de vue philisophique car c'est bien comme cela que les Grecs concevaient les mythes

Cela nous rappelle que les humains sont les jouets du destin, d’une histoire dont les tenants et aboutissants leur échappent totalement de sorte qu’ils n’en sont pas responsables moralement.

Nous appartenons, nous, à des histoires qui nous précèdent, qui sont là, présentes et déterminantes, bien avant notre naissance, et la part de liberté réelle qui nous revient est infiniment moins grande que nous ne l’imaginons en général. Il y a donc deux niveaux dans nos vies : celui du destin, qui appartient aux dieux et que dévoilent les oracles, et celui de la liberté humaine dont nous pensons à tort qu’elle est souveraine, la preuve dans le texte d'Alain Le Nineze : "Moi qui étais promis à être roi de Corinthe, voici que j'allais régner sur une autre cité. Et tout cela parce que, à l'embranchement des routes de Daulis et de Thèbes, sans trop savoir pourquoi, j'avais pris ce chemin plutôt que l'autre...."



Jean-Pierre Vernant se pose la question da savoir "dans quelle mesure l’homme est-il réellement la source de ses actions ? Lors même qu’il semble en prendre l’initiative et en porter la responsabilité, n’ont-elles pas ailleurs qu’en lui leur véritable source  ? "

Sinistre leçon de vie, peut-être, mais néanmoins pleine de vérité et pleine de sagesse. D’abord, tout simplement, parce qu’elle est factuellement vraie : oui, l’existence humaine est parfois, pour ne pas dire toujours tragique, en ce sens que le malheur frappe sans que nous puissions lui donner un sens. Nous avons tort de tout faire pour l’oublier. Aujourd’hui, dès que le mal s’abat injustement sur nous, nous cédons aussitôt à la manie moderne qui consiste à chercher des "responsables " .

On pourrait ajouter les questions "Doit-on vouloir absolument tout savoir sur soi-même ? Peut-on faire le mal en croyant faire le bien ?



Ce sont autant de questions (devant lesquelles nous place le mythe d’Œdipe, et qui nous questionnent sur nous-mêmes, pour que que l'on veuille dépasser les interprétations et nos certitudes : OUI le destin nous échappe et nous échappera toujours et de toutes parts. Non seulement le hasard fait partie de la vie, non seulement la contingence est inhérente à l’histoire, mais nous sommes en outre parties prenantes de contextes si variés, si complexes et ramifiés, que prétendre tout maîtriser de ce qui advient aux hommes est purement et simplement grotesque.



La sagesse des Grecs va à l’inverse. Pour eux, il s’agit d’accepter l’absurdité du monde comme il va, de tenter de l’aimer comme il est. Une sagesse au présent, en quelque sorte, qui nous invite à « faire avec ». Non pas une résignation, mais une incitation à développer notre capacité d’accueil, d’ouverture au monde, à profiter de la vie tant qu’elle est là, tant qu’elle va bien, qui suppose un certain rapport au temps que nous avons largement perdu. Telle est la conviction, simple et profonde, qui s’exprime dans la sagesse grecque telle que le stoïcisme, notamment, va la populariser.



En résumé cette collection est un trésor, j'attends avec impatience la sortie de la suite de cette collection Ève, Judith, Icare, Orphée, Ulysse, mais la patience est une vertu....
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Moi, Oedipe

Bonsoir,

J’ai découvert cette toute nouvelle collection chez les ateliers henry dougier avec Vénus. Là je me suis plongée dans l’histoire d’Œdipe , autobiographie d’un mythe par Alain Le Ninèze.

J’adore nous sommes dans l’interprétation de la vie du mythe, l’auteur nous le rend vivant et nous suivons au gré des tableaux mis en exergue l’histoire de notre personnage. Tout le monde connaît Œdipe et sa malédiction. Là elle est mise en scène de manière remarquable. J’ai adoré.

Quatrième de couv. Un personnage mythique raconte son histoire

Des dieux, des héros et des mythes... Des écrivains donnent la parole à des figures légendaires qui les hantent. Ces voix venues de très loin dans le temps ne nous parlent-elles pas encore aujourd'hui ? Tel est le pari de cette collection qui est aussi un voyage à travers la peinture.

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Moi, Oedipe

Si vous aimez les mythes, ce beau livre est une formidable plongée dans le mythe d’Oedipe révélé à la première personne.

Je connaissais les grandes lignes du mythe mais ce fut l’occasion d’une formidable immersion pour connaître tout le cheminement et les acteurs du malheur d’Oedipe qui a voulu échapper à son destin révélé par la Sibylle de Delphes.

On le rencontre alors qu’il erre guidé par sa fille Antigone. Il raconte sa malheureuse histoire à Démétrios. L’occasion pour nous de redécouvrir le mythe, rencontrer la Sphinx, Tirésias le devin, la Pythie, de suivre comment Oedipe est devenu roi, a épousé Jocaste, découvert qu’il n’avait pas pu échapper à ce que lui avait été prédit.

Le texte est suivi d’écrit autour du mythe, le révélant sous différents aspects : psychologique, rituel mettant en avant toute l’ambivalence du personnage.

J’ai adoré la mise en page, agrémentée de tableaux représentant les différentes étapes du mythe et ce papier glacé qui font livre, un objet de toute beauté.

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Moi, Oedipe

Les Ateliers Henry Dougier lancent une nouvelle collection et elle promet déjà un beau succès. Je suis déjà fan de leurs autres collections comme « Le roman d’un chef-d’œuvre » qui retrace l’histoire d’un tableau ou d’une œuvre d’art. Ici, la parole est donnée à des personnages mythiques, des Dieux, des héros. Ils vont raconter leurs histoires au travers de la plume d’écrivains. Les deux premiers ouvrages sortis sont sur Vénus et Œdipe. J’ai choisi de découvrir ce dernier, même si je suis très intriguée par le personnage de Venus.



 



Alain Le Ninèze donne donc la parole à Œdipe qui se raconte. Je connais ce personnage grâce, surtout, au complexe du même nom, rendu célèbre par Freud. Cette phase de l’enfance où l’enfant est attiré par un de ses parents. Je connaissais donc plus ou moins l’histoire d’Œdipe, je suis contente d’avoir pu le découvrir plus en détail grâce à ce livre.



Œdipe se raconte. Lorsqu’on le rencontre au début du livre, c’est un vieillard qui fuit Thèbes avec sa fille Antigone. Il va croiser le chemin d’un voyageur, Demetrios, à qui il va faire une prophétie qui va s’avérer juste. Il va revenir voir Œdipe le soir même, et celui-ci lui racontera son histoire. Et ce depuis sa naissance qui commence au palais royal de Corinthe où il est le fils unique de Polybe et Mérope. Plus tard, il va fuir ce palais pour échapper à un oracle lui prédisant qu’il tuerait son père et épouserait sa mère. Il se rend ainsi à Thèbes, où il va affronter un Sphynx et ainsi devenir le roi de Thèbes en épousant Jocaste. Il aura quatre enfants avec elle, mais malheureusement, le destin va le rattraper et la prophétie aussi. Et il se retrouvera, les yeux crevés, à errer et mendier…



 



Ce récit est construit comme un livre à suspense. Je me demandais bien comment la prophétie allait se réaliser vu qu’Œdipe avait quitté ses parents. Je n’ai pas du tout pensé à cela. C’est fait pour montrer que ce que le destin mettra sur notre route et devra de toute façon se réaliser, quoiqu’on ait décidé de faire pour essayer de le modifier.



Je me suis très vite attachée à Œdipe. Il est conscient du drame dont il pourrait être l’origine et lutte pour essayer de le contrer le plus possible. L’attachement est renforcé aussi par la narration à la première personne du singulier qui est celle qui doit être lors d’un récit autobiographique. Ce « je » me permet de rentrer encore plus dans la peau et la tête du personnage, de me mettre à sa place et de ressentir toutes les émotions qui le traversent. Et celles-ci sont nombreuses comme on peut se douter.



 



La lecture est passionnante. Comme je le disais plus haut, le livre est construit comme un roman à suspense. Je savais que la prophétie allait se réaliser mais c’était surtout le comment qui était captivant. Le format du livre est court, il y a en tout 128 pages, comprenant les notes de l’auteur et ses remerciements. Je l’ai donc lu sur un après-midi. Le style de l’auteur rajoute beaucoup de fluidité à la lecture. Il va à l’essentiel tout en détaillant les scènes et leurs décors.



Et puis, bien sûr, cette chronique ne serait pas complète sans parler de la beauté du livre en tant qu’objet. La couverture est magnifique et représente Œdipe face au Sphynx, un tableau de Gustave Moreau. Celui-ci est encore plus détaillé à l’intérieur du livre. Il y a aussi d’autres représentations d’Œdipe avec des œuvres d’autres peintres, Michel-Ange, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Antoni Brodowski entre autres. Ces œuvres sont magnifiques. Et le papier brillant utilisé pour l’impression du livre le rend encore plus beau. J’en ai pris plein les yeux. J’adore quand mes lectures m’enrichissent ainsi. Je ne me souvenais plus bien de l’histoire de ce mythe, et j’ai aussi découvert plein de belles œuvres d’art. Je crois qu’il faut absolument avoir ce livre dans sa bibliothèque, rien que pour sa beauté. Et le petit plus de ce livre, ce sont les rabats qui cachent des détails agrandis de du tableaux.



 



J’avais déjà lu d’autres livres d’Alain Le Ninèze, notamment celui sur Mona Lisa (Dans les yeux de Mona Lisa) publié également aux ateliers Henry Dougier. Il a aussi écrit sur les peintres Manet et Caravage dans la très belle collection de la même maison d’édition, « Le roman d’un chef-d’œuvre ». J’aime beaucoup sa façon de m'embarquer dans son récit, de me laisser imaginer que j’en fais partie. Il sait aussi parler avec des mots simples, l’histoire pouvant être lue ainsi par tous. Ce qui permet de s’instruire tout en se divertissant. Au vu des références qu’il a noté en fin d’ouvrage, on se rend compte du travail qu’il a dû faire en amont pour amener un texte si précis, malgré que ce soit un mythe.



 



Je suis vraiment très satisfaite de cette lecture et de la découverte de cette nouvelle collection. Je vais continuer à la découvrir d’ailleurs en lisant celui paru en même temps que celui-ci, Moi, Vénus. En octobre 2022, devrait paraître un sur Ève et un sur Judith. Encore de quoi en apprendre plus sur ces personnages mythiques. C’est d’ores et déjà pour moi une collection très réussie que je vais continuer à suivre. Et un très beau coup de cœur.



 



Je ne peux, bien entendu, que vous recommander et vous conseiller ce roman, mais aussi cette nouvelle collection et sa maison d’édition. Ce sont toujours des livres à la portée de tous, et on apprend plein de choses très intéressantes.



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Moi, Oedipe

Les Ateliers Henry Dougier nous gâtent : ils lancent une nouvelle collection « Autobiographie d’un mythe ». 



Deux premiers titres inaugurent cette collection : « Moi, Venus » et « Moi, Œdipe ». J’ai choisi de découvrir ce dernier titre.



Car Œdipe est, pour moi, la quintessence de la tragédie. Un homme qui aura lutté pour échapper à son destin mais qui, se faisant, le réalisera. Même si on oublie, trop souvent, que ses parents ont souhaité, eux aussi, échapper à leur destin et ont, ainsi, tissé les premiers fils de la catastrophe. 



L’histoire d’Oedipe est également célèbre grâce à la théorie de Freud, qu’il n’est plus la peine de présenter.



Ici, c’est le roi de Thèbes, aveugle après s’est crevé les yeux, qui se raconte. 



Comment il s’est échappé de chez lui, après un oracle de la Pythie prédisant qu’il tuerait son père et épouserait sa mère. Comment malheureusement, il fini par rencontrer son destin. 



Le format est très court, le livre fait, en tout et pour tout, 128 pages, et va à l’essentiel. Il permet de (re) découvrir ce mythe. 



Il faut saluer les références citées à la fin de l’ouvrage et la bibliographie qui donnent matière à creuser au lecteur. 



Cerise sur le gâteau, le livre est magnifique. Le récit est accompagné de belles illustrations et j’avoue être absolument fan de l’objet livre. 



Encore donc une très belle réussite des ateliers Henry Dougier que je vous invite à découvrir. 
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Le dernier sommeil selon Caravage

Amoureux des œuvres du Caravage,j'ai été attiré par cet ouvrage qui met en forme de récit la période cruciale de la vie du peintre où il réalisa "La mort de la Vierge"dont la reproduction accompagne le texte. Basé sur des biographies de qualité ,il raconte ces jours par l'intermédiaire de proches de l'artiste (Francesco Buoneri principalement) ,ses échecs et ses succès artistiques mais aussi ses frasques . Si du point de vue documentaire le texte est intéressant ,du point de vue romanesque il m'a paru plat ,trop désireux de fournir des éléments d'information pour donner vie aux personnages et aux dialogues
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Le dernier sommeil selon Caravage

Avec ce petit livre de 120 pages, nous entrons dans le monde de Michelangelo Merisi plus connu sous le nom de Caravage. Un récit qui mêle fiction et repères historiques pour mieux nous faire connaître l'histoire d'un des chefs d'œuvre du peintre italien né en 1571.

En 1606, La Mort de la Vierge, ce tableau que nous pouvons admirer encore aujourd'hui au Louvre, n'apporte pas à son auteur le succès qu'il espérait. Bien au contraire, il déclenche les foudres de son commanditaire tant il ne correspond pas à ses attentes. Le modèle choisi pour représenter la Vierge n'est autre que le corps d'une prostituée retrouvée noyée dans le Tibre. Sa peinture ne correspond pas non plus à la représentation de la Vierge telle qu'il était de bon ton de le faire à l'époque.

C'est par la voix de ses deux assistants, Cecco del Caravaggio et Mario Minniti, amis, modèles et/ou compagnons de l'époque que nous sont contées les dernières années de la vie du grand homme. On ouvre ainsi une parenthèse temporelle afin de mieux se représenter ce que pouvait être la vie du Caravage. J'ai beaucoup aimé la forme du témoignage dans le style d'un journal tenu par Cecco del Caravaggio mais aussi de l'échange épistolaire entre lui et Mario Minniti.Un vrai plaisir de lecture, une belle découverte et une réussite pédagogique avec en plus deux rabats qui offrent en illustrations le tableau dans son ensemble ainsi qu'un détail agrandi, ce qui donne au lecteur toute opportunité de suivre les détails et les explications qui sont fournies dans le livre. Un chef-d'œuvre romancé avec de nombreux repères biographiques et un beau travail de recherches bibliographiques. De nombreuses œuvres sont citées et pour ma part je retiendrais la spécificité de la technique du clair obscur magnifié par le Caravage. Bonne lecture.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
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L'énigme Gerstein

Je reste, comme l'auteur de ce récit, entre deux opinions concernant Kurt Gerstein; un homme débordé par ses sentiments, allant au bout de ses idéaux mais en même temps faisant les mauvais choix, prenant les mauvaise décisions tout en se défendant de les faire pour la bonne cause.



Des témoignages de l'époque mais aussi à postériori pour étayer et tenter de cerner cet homme, mi héros, mi criminel de guerre.



L'histoire débute sur un cas personnel de l'entourage de Gerstein, qui va lui donner l'idée de vouloir comprendre, au plus près du pouvoir, comment les choses ont pu en arriver là.

Dans cette première partie, le récit nous ramène à un autre livre sorti il y a quelques mois:" l'heure des spécialistes".

Dans un second temps, les écrits sur la seconde guerre mondiale nous donne matière à comparer et compléter celui-ci.

Des livres ainsi que des films ont été inspirés par la vie de K. Gerstein et en tout premier "Amen" de Costa Gavras.
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Le dernier sommeil selon Caravage

J'ai découvert cette collection, Le roman d'un chef d'œuvre, avec La femme moderne selon Manet, et je ne m'en lasse pas.

Pour découvrir le Caravage, que je connais très peu, j'ai retrouvé Alain Le Ninèze qui raconte cette fois le tableau La mort de la Vierge, exposé au Louvre.



En 1606, la rumeur court qu'une prostituée bien connue du Caravage aurait servi de modèle à la Vierge.

Le point de vue adopté dans Le dernier sommeil selon Caravage est celui de Cecco del Carravagio, élève et amant du célèbre peintre.

Il nous relate les faits et gestes de ce dernier depuis le refus de son tableau par les moines qui l'avaient commandé, jusqu'à sa condamnation à mort et sa fuite hors de Rome.

Les quatre années qui suivront, faites d'exils, de fuites, de tentatives de se ménager un retour à Rome sans danger, nous sont rapportées au travers des lettres que Mario Minniti, autre ancien élève de Caravage, adresse à Cecco.



Ce court roman m'a beaucoup plu, il fait vivre le tableau et son peintre, nous plonge dans l'époque et dans les tourments du Caravage.

Le format me plait toujours autant et j'ai passé beaucoup de temps pendant ma lecture à scruter l'œuvre ou l'agrandissement représentés dans les rabats intérieurs.
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Le dernier sommeil selon Caravage

Vers 1601, Caravage avait reçu la commande d'un tableau représentant "La Mort de la Vierge" pour l'autel de la chapelle dans l'église de Santa Maria della Scala au Transtevere. Le tableau aurait dû être livré avant la fin de l'année, mais cinq années s'écoulèrent..



Dans une Rome en perpétuel mouvement, Caravage livre enfin "La Mort de la Vierge" en 1606. Hélas, dès le tableau installé dans son autel, celui-ci fait scandale. Le prieur des pères carmélite le fait enlever à cause du soi-disant "scandale" : Caravage aurait utilisé comme modèle pour sa Vierge une prostituée retrouvée morte dans le Tigre.



Comme souvent chez le Caravage la lumière est vraie, la lumière délivre la vérité sur la vraie vie, le clair obscur est omniprésent. La lumière ici exhale la mort physique du seul personnage entièrement éclairé, la Vierge, en rien cela renvoie au rituel funèbre comme l'Eglise l'entend.



Alain Le Ninèze a travers ce très court roman, et le traitement du scandale nous fait revivre les dernières année du Caravage, les rouages de l'art de la ville Eternelle. Caravage étant déjà un artiste célèbre dans les années 1600, se fait confier de nombreuses commandes. Mais, il est aussi un bagarreur, ce qui fait des dernières années de sa vie un vrai roman d'aventure.



"Le dernier sommeil selon Caravage" est un roman d'art, d'aventure, très rythmé, addictif en tout point, où l'on apprend énormément sur l'art en Italie mais sur la vie et les techniques du Caravage. L'épilogue avec les lettres et les regards croisés sont absolument exquis.



Un petit roman extrêmement bien exécuté, idéal pour ceux qui s'intéresse et veulent découvrir une petite part de la vie du Caravage et de l'un de ses tableaux les plus connus au monde (à découvrir au musée du Louvre) !
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Le dernier sommeil selon Caravage

J’avais vaguement en cours d’histoire d’art vu des informations sur cette œuvre de Caravage. Je savais que l’Église avait refusé ce tableau ne répondant pas à ses canons, l’humanité et la vulgarité mortelle de la Vierge étant trop présentes à son goût. Je me souviens dans le cours, qu’il y avait vaguement été question de ce vide que masque cette grande tenture rouge. Et c’est déjà pas mal.



Mais grâce à Alain de Ninèze, qui est - faut bien le dire - très bien renseigné sur le peintre, la profondeur de l’œuvre comme de l’artiste m’est apparue dans toute sa complexité et sensibilité ; me laissant entrevoir ainsi le lien et la blessure qui unissent l’œuvre au peintre. Du moins si on part du principe que Riccardo Bassani et Fiora Bellini racontent la vérité sur Anna Bianchini en modèle de la Vierge. Car en effet, il semblerait selon ces historiens d’art, que le modèle qui servit pour la représentation de la Sainte Vierge était une prostituée avec qui Caravage a entretenu des liens forts.



Néanmoins, si on découvre dans ces pages la genèse de ce tableau, si on voit dans ces pages un peintre qui peint vite (ça change de Léonard de Vinci !), qui aime à choisir ses modèles dans la rue, un peintre moins imbu de lui-même qu’un Michel-Ange Buonarroti, un peintre avec ses problèmes (et pas des petits !) et son entourage. J’ai pour ma part apprécié davantage le portrait psychologique que l’auteur a dépeint de Caravage grâce à des lettres d’époque. Donnant ainsi, et même si c’est discutable, un fond d’authenticité à ce livre. Certes, le coup du peintre ou de l’artiste torturé, sombre, bourru, qui souffre de la pauvreté ou du quand dira-t-on, et qui connaît mille problèmes avec la loi, c’est à défaut d’être éculé déjà bien connu. Mais le fait est que c’est bien la vie de Caravage, donc on ne peut pas en vouloir à l’auteur de ne pas faire dans l’originalité, surtout que l’écriture ne rattrape même pas ce point. Cependant, il faut bien admettre que sans cela le livre serait passé à côté de l’œuvre et de l’artiste avec un cœur qui bat. L’auteur ne partageant de surcroît que le minimum, laissant au portrait de l’artiste ce que l’histoire a de silence.



Outre Caravage, soulignons aussi la grande érudition d’Alain le Ninèze qui nous partage son savoir par des petites notes en bas de page mais aussi par le décor et les informations glissaient çà et là dans les paragraphes. Finalement on en apprend autant sur Caravage que sur Rome en ce temps.



En résumé, c'était un livre court à l'écriture pas si fantastique, mais pour tout ce que l'on découvre il vaut la peine d'être lu.



Éditions Atelier Henry Dougier.
Lien : http://voyagelivresque.canal..
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Le dernier sommeil selon Caravage

C'est pendant ses années romaines que Caravage peint une grande partie de ses oeuvres les plus célèbres. Parmi ces oeuvres, La mort de la Vierge, un tableau commandé et refusé par les frères carmes qui estiment scandaleuse la représentation de Marie sous les traits d'une prostituée repêchée morte dans le Tibre. Néanmoins la toile est rapidement achetée par un collectionneur privé, le duc de Mantoue. Car si le réalisme, en quelque sorte la marque de fabrique de Caravage, ne convient pas aux frères carmes il séduit en revanche nombre d'admirateurs dont le jeune hollandais Petrus Paulus Rubens, qu'il inspire. Un réalisme, il faut bien le dire, en corrélation avec la vie de l'artiste au caractère bagarreur condamné plusieurs fois à la prison et s'aliénant un certain nombre d'ennemis irréductibles, tel le peintre Giovanni Baglione. Pour le sortir des situations inextricables heureusement Caravage peut compter sur le soutien de son protecteur et mécène le cardinal Francesco Maria del Monte. Mais celui-ci ne peut plus rien quand le peintre est jugé pour meurtre et contraint de s'exiler à Naples. Caravage ne reverra plus Rome. Quelques années plus tard sur le chemin du retour vers sa ville tant aimée, alors qu'il bénéficie d'une grâce papale, Caravage trouve la mort dans des conditions mystérieuses. Il avait 38 ans.



Alain le Ninèze avec ce Dernier sommeil selon Caravage raconte l'histoire passionnante d'une transgression dans le traitement d'un sujet religieux : la Dormition de la Vierge (son dernier sommeil en présence des apôtres avant sa glorieuse Assomption vers le ciel) transformé par Caravage en un dernier sommeil qui est celui de la mort (d'une prostituée) et non celui d'un prélude à la vie éternelle. le roman d'un chef d'oeuvre qui est également l'histoire de Caravage (tout aussi passionnante) à un moment où sa vie bascule vers le plus sombre, s'appuyant sur les écrits des deux premiers biographes contemporains de Caravage, Giovanni Baglione et Guilio Mancini, ainsi que sur des études récentes consacrées au peintre.



Merci à Babelio et aux Éditions ateliers henry dougier
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Le dernier sommeil selon Caravage

Encore jeune collection, "le roman d'un chef-d'œuvre" aux éditions Henry Dougier mérite toute l'attention. Le concept est assez simple : raconter, de manière romancée, les coulisses d'une œuvre d'art.



Après avoir lu "Les scandales d'un naufrage selon Géricault", j'espérais ardemment une arrivée prochaine du Caravage au catalogue... L'attente ne fut guère longue !



Ayant un très fort penchant pour le maître du clair-obscur et eu la chance de revoir récemment "La Mort de la Vierge" dans la Grande galerie du Louvre, je ne pouvais que saliver à l'annonce de cette publication !



Michelangelo Merisi, dit Le Caravage (en français), peint en 1606 "La Mort de la Vierge", tableau crûment réaliste quand ses commanditaires s'attendaient à plus de sacré...

Peintre en vogue, un peu voyou, se déplaçant épée à la ceinture - un privilège acquis de l'un de ses protecteurs -, il détonne dans le paysage artistique, à la hauteur de l'effet de ses toiles dans le milieu de la peinture. Nicolas Poussin dira de lui qu'il "est venu pour détruire la peinture".

Pour ce tableau, qu'il n'appelle pas "dormition" mais bien "mort", il fait appelle à une prostituée pour servir de modèle pour la Vierge, et à une "repentie" pour représenter Marie-Madeleine - ce qui choqua moins. D'autres éléments de la composition poseront problème, à (re)découvrir dans le livre.



Sur la forme, Alain Le Ninèze réussit son exercice en composant un agréable mélange de formes. Journal intime d'abord, puis correspondance épistolaire, avant de reprendre le chemin du réel en condensant en de courts paragraphes les informations connues sur les différents protagonistes. Puis en laissant la parole à diverses personnalités s'étant exprimées - par oral ou écrit - sur Le Caravage, et plus particulièrement sur ce tableau.

Le romancier place de savoureuses formules dans la bouche du peintre, et tout ceci apparaît comme fort vraisemblable.



À lire ou faire lire pour découvrir la vie du maître, ou s'évader à l'évocation des différents tableaux cités au fil des pages.
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La face cachée de Maître Pardès

C'est un livre qui m'a beaucoup fait pensé au magicien d'oz et à Alice au pays des merveilles. Sauf qu'il parle littérature. J'ai trouvé que c'était beaucoup trop répétitif et même si j'ai découvert des extraits de livres j'ai eu du mal à finir ce livre.
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Le dernier sommeil selon Caravage

Le postulat de cette collection "Le roman d’un chef-d'œuvre" selon Henry Dougier est que :

- Certains tableaux ont cette étonnante capacité de nous réenchanter, corps et âme, de mobiliser notre mémoire, notre imaginaire, nos émotions. Mais comment sont-ils nés ? Dans quelles circonstances et à quel moment de la vie de l’artiste ? ;

- Chaque auteur de cette collection raconte la véritable saga d’un tableau en le mettant en scène à l’époque et dans le lieu où il a vu le jour ;

- Ces fragments de notre patrimoine universel sont une source inépuisable d’émerveillement et d’empathie.

Et que face aux violences du monde, à nos peurs, à nos tentations de repli sur soi, la voix des artistes réconcilie, réveille et rassemble. Résonne alors en nous cette quête éperdue du beau. La beauté. Simplement.



Et bien c'est encore le cas avec le volume de cette collection consacré à Caravage et un tableau charnière dans son œuvre La Mort de La Vierge.

Ouvrage que j'attendais avec encore plus d'impatience depuis un récent séjour à Rome, pendant lequel j'ai suivi "l'itinéraire Caravage" de Dominique Fernandez dans "Le piéton de Rome"



Alain le Ninèze, nous emmène avec Francesco "Cecco" Buoneri, plus connu sous le nom de Cecco de Caravaggio, qui fut l'assistant le modèle et l'ami de Caravage, "à un moment où la vie du peintre bascule dans une "course à l'abîme" titre donné à Dominique Fernandez à sa magnifique et somptueuse biographie romancée.



Ce tableau est une commande passée à Caravage en 1601 pour orner la chapelle de Laërte Cherubini, dans l’église Santa Maria della Scala in Trastevere à Rome.

Les moines souhaitent une représentation de l’épisode de la Mort de la Vierge ou plutôt une dormition. Mais une fois terminé, le tableau est refusé par les moines qui se tourneront vers le peintre Carlo Saraceni pour une nouvelle la Mort de la Vierge plus "académique".



Les moines auraient motivé leur refus du fait du "non-respect" de l’iconographie traditionnelle de ce sujet.

En effet le Maître, se serait inspiré, pour représenter Marie, d’une prostituée qui avait été sa maîtresse et qui se serait noyée dans le Tibre.

Représentée comme une femme du peuple, Marie a un visage d'une telle blancheur qui révèle sa mort, son corsage légèrement dénoué comme un ultime appel d'air mais vain, sa main gauche pend sans grâce dans le vide, tandis que l’autre repose sur son ventre gonflé.

Ses pieds sont nus et sales comme souvent chez Caravage (comme par exemple dans la crucifixion de Saint-Pierre à Santa Maria del Popolo) .

Les objets ont aussi leur importance comme la couverture marron qui évoque le froid mortel, la bassine au premier plan comme pour signifier toute absence d'aspect divin et que le corps de la Vierge subira la toilette mortuaire, et enfin le rideau présent comme un obstacle à l’Assomption.

Marie comme une simple humaine... Et ancrant le tableau dans une réalité, tout sauf sacrée.



Avant que Caravage ne propose cette version du récit de la mort de la Vierge, il était d’usage de figurer ses derniers moments sur terre au travers d’une assomption ou d’une dormition.

Les peintres la représentaient donc soit bien vivante dans une éclatante assomption la conduisant au ciel par des anges, soit comme paisiblement endormie.

Quoiqu'il en soit il fallait bannir les traces ou les marques de la mort. Caravage s'affranchit de ces codes en introduisant une dimension profane à cette scène sacrée. 



De plus il fallait que dans ces représentations classiques soient présentes des personnalités bibliques.

La version de Caravage n'y déroge pas : en effet, Jean est bien présent sous les traits du fils de la maison, en pleurs, au chevet de la mère mourante, un autre apôtre se morfond de chagrin, un troisième a le souffle coupé, tandis que d’autres préfèrent détourner les yeux de cette scène. Au premier plan, une jeune femme semble faire la toilette mortuaire de la Vierge, comme le relate Jacques de Voragine dans "La Légende Dorée".



En résumé, dans la vie de Caravage, il y aura un avant et un après, mais ça c'est une autre histoire, d'autres histoires, d'autres tableaux... D'autres histoires de tableaux...



Le dernier mot de ma critique reviendra à Cecco :

"je suis toujours surpris de la vitesse à laquelle il travaille. Pas d'esquisse préparatoire, il dessine en passant directement les couleurs sur la toile. Jamais non plus de repentir. L'œuvre naît sous son pinceau comme par miracle, telle qu'elle sera pour les années et les siècles futurs."

Et j'ajouterai pour notre émerveillement

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Le dernier sommeil selon Caravage

Lors de mon voyage à Rome, il y a quelques années, j’ai eu la chance de pouvoir admirer quelques œuvres du Caravage.

A la suite de ce voyage, je m’étais promis de lire sa biographie romancée « La course à l’abîme » de Dominique Fernandez qui se trouve dans ma PAL.

Ne dérogeant pas à ma réputation de lectrice super dispersée, je me suis tournée vers d’autres lectures et c’est finalement grâce à un autre auteur que je me suis retrouvée à lire un livre retraçant une partie de la vie de ce peintre.

Alain Le Ninèze nous fait rentrer dans l’entourage proche du Caravage puisque le narrateur n’est rien d’autre que Cecco del Carravagio, un de ses élèves.

Cecco, sous la forme d’un journal, va nous relater un des épisodes les plus marquants de la carrière du Caravage. En effet, une grande partie de cette histoire tourne autour du célèbre tableau intitulé « La mort de la Vierge » qui date de 1606. Ce tableau, que son créateur a voulu très réaliste, va se voir refuser par les religieux commanditaires du dit-tableau. En effet, une des raisons du refus est entre-autre que Caravage s’est inspiré du cadavre d’une prostitué pour représenter la vierge.

J’ai beaucoup aimé cette histoire, fort courte, car ce petit livre (par la taille, mais non par le contenu), nous fait plonger dans une période fort intéressante de l’histoire de l’art.

Je vais replonger dans ma Pal pour repêcher « Au bord de l’abime », car clairement, j’ai envie de retrouver ce peintre génial, disparu prématurément, puisqu’il n’avait même pas quarante ans lors de son décès.

Encore merci à Babelio pour son opération masse Critique ainsi qu’aux éditions henry dougier pour l’envoi de ce livre.







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