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Critiques de Alain Le Ninèze (78)
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Agla : Le premier évangile

Je remercie la vieille dame charmante qui, en me prêtant ce roman, m'a fait connaître Guillaume Postel, un des principaux représentants de la Renaissance "considéré à son époque comme une grand savant en même temps qu'un original ou un illuminé".

Ce livre est écrit à la première personne, l'auteur prêtant sa plume à Guillaume pour retracer sa vie.

Se mêlent dans ce récit Histoire (avec un grand H) et fiction.



Guillaume Postel, français de confession catholique, est non seulement un grand savant (orientaliste, philologue, théosophe) mais aussi un grand voyageur ( Europe et Orient) et un écrivain ( une soixantaine d'ouvrages).

Il a environ 25 ans lorsqu'il est chargé par la sœur de François 1er, Marguerite de Navarre, d'accompagner Jean de la Forest, nommé ambassadeur auprès de Soliman le Magnifique. L'objet principal de son voyage serait de retrouver un texte ancien, l'évangile apocryphe de Jacques.



Après Constantinople il vivra quelques mois à Venise. Plus tard il se rendra à Prague, à Vienne, en Angleterre, à Rome où il sera emprisonné pendant quatre ans.

De ses nombreux voyages il rapportera de nombreux manuscrits anciens dont certains alimenteront la Bibliothèque du Château de Fontainebleau, embryon de la bibliothèque nationale. Il recherchera également d'autres textes apocryphe (l'évangile de Juda, l'évangile de Thomas).



Sa vie traverse le XVIe siècle. Dans ces mémoires il est question de personnages et événements de ce siècle. On peut citer notamment des rois de France (François 1e, Henri II, Charles IX), des princes étrangers (Soliman , Charles Quint)), des religieux (Ignace de Loyola, Paul IV), des intellectuels (Jean Gelida, Pierre de la Ramée), des scientifiques (John Dee) , des imprimeurs-libraires (Gianti, Daniel Bomberg), les guerres de religion, le massacre de la saint-Barthélémy, l'Inquisition.

Il est le fondateur en France du courant de pensée appelé la "kabbale chrétienne".



Même si certains sujets de discussion entre Guillaume et ses interlocuteurs m'ont semblé assez hermétiques j'ai apprécié la lecture de cet ouvrage.





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Agla : Le premier évangile

Roman historique s’appuyant sur des faits, des événements réels, et, qui se lit comme un roman policier.



L’auteur entraine ses lecteurs, à la suite de Guillaume Postel dans sa quête des manuscrits anciens, des évangiles apocryphes. Cette recherche le ménera de Constantinoble à Rome, en passant par Vienne, Londres et Venise.



Alain Le Ninèze en profite, par l’intermédiaire de la figure emblématique de l’érudit Guillaume Postel, pour brosser le portrait de la société française et européenne à l’époque de la Renaissance, et, pour développér les idées, la philosophie humaniste avec la découverte des auteurs anciens par les intellectuels de toutes nationnalités ainsi que de la médecine, l’astronomie, etc.



C’est aussi le moyen de découvrir tout le petit monde des libraires imprimeurs, qui - parfois au péril de leur vie, pour les livres « mis à l’index » - accèptèrent d’imprimer les ouvrages des écrivains, des savants, des astrologues, des alchimistes, et, autres illuminés en tout genre.



En ce qui me concerne, j’épprouve toujours un peu de mal à lire des ouvrages (documentaires et / ou romans) traitant de l’humanisme car c’est un domaine pas facile d’accès, mais dans le cas présent, j’avoue avoir littéralement dévoré le roman d’Alain Le Ninèze.



En effet, c’est écrit dans un style simple, limpide, clair, et, l’auteur se met à la portée de ses lecteurs afin d’expliquer des théories,des idées pas évidentes du tout, tout en réussissant à captiver ses lecteurs, et, en donnant envie d’en savoir plus sur la Renaissance et l’humanisme qui a brillé en France et en Europe.



Je ne peux que conseiller ce roman qui devrait plaire au plus grande nombre, même si l’on n’est pas très fort en histoire.
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Agla : Le premier évangile

Excellent roman. Une vraie intrigue qui vous fera voyager. Très agréable à lire, on est vite emporté pour les aventures du héros érudit.
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Agla : Le premier évangile

Ce livre est l'autobiographie fictionnelle de Guillaume Postel, l'érudit du XVIe s. dont le nom est associé à la "kabbale chrétienne" et à sa maîtrise des langues orientales. Sa vie faite d'errance (entre Paris, Venise, Constantinople, Rome, Vienne et Jérusalem), de bannissements et d'ostracisme, d'enseignement, de recherche d'ouvrages rares, d'amitiés avec les éditeurs-libraires célèbres, d'une intense activité d'écriture, de maille à partir avec l'Inquisition rappelle celle de Giordano Bruno. Ces hommes de la Renaissance, clercs savants, étaient animés par une même démarche nouvelle de recherche et de mise en question humaine, humaniste et critique du christianisme et de la "Summa" du savoir accumulés jusqu'à leurs jours. En particulier, la quête de Postel portait sur les premiers Évangiles apocryphes, c'est-à-dire sur la "véritable" figure de Jésus ; sa chimère, sur une sorte d’œcuménisme avant la lettre à même de réunir les trois religions du Livre sous la couronne de François Ier (le roi, s'entend).

A l'heure de la Réforme et des guerres de religion qui forcèrent l’Église dans ses retranchements les plus intolérants et oppressifs, ces hommes d’Église, qui se trouvaient dans une position position d'entre-deux à son seuil et que ne pouvaient satisfaire ni catholicisme ni protestantisme féroces et sectaires, payèrent le prix fort de la modernité d'un nouveau statut d'intellectuel qui surgit de leurs biographies, de façon presque prophétique. En contrepartie, celles-ci sont auréolées d'un mythe quasi immortel : celui de Bruno, donc, et de Pic de la Mirandole, de John Dee, de Pierre Ramus, de la cour de Rodolphe II... des noms où le génie et la science (au sens étymologique) se mêlent à des relents d'ésotérisme, d'hérésie ainsi que de sulfureuses alchimies...



Tous les ingrédients d'un bon roman historique bien documenté sont là pour rendre cette lecture agréable et fluide, y compris une histoire d'amour bien ficelée.
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Dans les yeux de Mona Lisa

Jusqu'à maintenant, quand je me rendais au musée du Louvre, je n'allais quasiment plus voir "La Joconde" ou alors juste en passant. Je me disais que je l'avais déjà vue à maintes reprises, qu'il était impossible de la regarder tranquillement et qu'il y avait bien d'autres oeuvres injustement ignorées des visiteurs et qui méritaient le détour.

Certes, il est impossible de rester au-delà de quelques secondes devant La Joconde, succès oblige, certes il y a d'autres oeuvres magnifiques dans ce musée, mais depuis que j'ai lu ce roman, mon regard sur "La Joconde" a changé. La prochaine fois que je me rendrai au musée du Louvre, j'irai lui faire un petit coucou comme à quelqu'un qu'on connaît bien, car grâce à ce roman ce tableau a littéralement pris vie pour moi ! "La Joconde" n'est plus seulement un tableau, ce n'est plus seulement l'être qui a posé pour Léonard de Vinci, c'est l'ensemble qui est vivant, la femme qui a posé et qui se trouve dans le tableau !

Il faut le reconnaître, "La Joconde" a beau attirer les touristes du monde entier, elle fait un peu partie des meubles, on la photographie, on fait un selfie et zou on part. En d'autres termes, on la voit, mais on ne la regarde pas, chacun de nous pensant bien la connaître. Pourtant, si on gratte un peu le vernis (au sens figuré !), elle a énormément de choses à nous raconter, ayant traversé par moins de cinq siècles d'histoire.





UN TABLEAU VIVANT !

Pour nous faire découvrir l'histoire fabuleuse de ce tableau, l'auteur a pris le parti ingénieux et original de donner la parole à la femme peinte dans ce tableau, à l'être humain vivant dans le tableau ! Ce mode de narration, attribué à un objet, est vraiment inattendu et l'effet est spectaculaire : en nous permettant d'approcher l'oeuvre d'une manière très sensible, il nous donne l'impression d'une très grande proximité avec le tableau qui s'humanise dès la première ligne, il devient vivant, et le demeure jusqu'à la fin... et je dirais même bien au-delà dans mon cas !





UN CARACTÈRE BIEN TREMPÉ

En prenant la parole, La Joconde nous précise de suite que ce récit, constitué de courts chapitres bien rythmés, est destiné à Edgar, son fidèle gardien qui selon elle "m'aime, et me comprend, et lit dans mes pensées", afin qu'il sache tout de son histoire, depuis sa création en 1503 dans l'atelier florentin de Léonard de Vinci jusqu'à ce mois de janvier 2019.

Entre ces deux dates, elle a vécu toutes sortes d'aventures au gré des événements de l'histoire de France et rencontré de nombreux personnages historiques : Léonard de Vinci, Salaï, Francesco Melzi, Sandro Botticelli, François Ier et ses différentes maîtresses (Marie Gaudin, Françoise de Châteaubriant, Anne de Pisseleu), Louis XIV et ses différentes maîtresses (La Vallière, Louis XIV, Madame de Montespan, Madame de Maintenon), Colbert, Louis XV, Le Bernin, Cambacérès, Talleyrand, Talma, Théophile Gautier, Delacroix, Manet, Baudelaire, George Sand, etc. C'est l'occasion pour elle de nous livrer quelques anecdotes et avis bien tranchés sur tel ou tel personnage, on peut dire qu'elle ne mâche pas ses mots et c'est vraiment drôle, car on découvre certains personnages sous un angle inédit ; on imagine ainsi sans peine La Joconde en train d'observer Louis XIV :



"Je fus, je dois l'avouer, aussi surprise que déçue par son aspect. Louis, qui était alors âgé d'environ vingt-cinq ans, était aussi petit que François avait été d'une taille et d'une stature imposantes. Il se haussait sur ses escarpins pour se grandir, et tout dans son maintien exprimait une sorte de morgue hautaine. Autant dire qu'il ne m'inspira aucune sympathie."



Quant à Salaï, il a beau être le protégé de Léonard de Vinci, qui lui pardonne tout, La Joconde n'est pas dupe : "Menteur, paresseux, hypocrite, voleur, Salaï avait tous les défauts." Mais elle n'est pas en reste non plus avec les femmes, comme George Sand qui la compare à la Méduse : "Pour qui se prenait-elle, elle, avec ses yeux globuleux, ses joues épaisses et son menton fuyant ? Il est vrai qu'elle avait autrefois séduit Musset et Chopin, pour ne citer que ces deux-là parmi ses innombrables amants… Mais qu'avaient-ils pu lui trouver ?"



Ah, elle en a du caractère ! Et il en fallait pour supporter tout ce qu'elle a subi durant ces cinq siècles d'histoire. Car contrairement à ce qu'on pourrait croire, elle n'a pas toujours fait l'objet d'admiration, se retrouvant parfois reléguée dans des pièces ou des lieux peu fréquentés, tels "le triste et sombre" appartement des Bains de Fontainebleau ou le salon de l'hôtel de la Surintendance des Bâtiments royaux de Versailles, et c'est l'une des choses que j'ai apprise en lisant ce roman. Adulée par François Ier, elle a été peu à peu délaissée par les souverains suivants, notamment Louis XIV et Louis XV qu'elle n'apprécie pas du tout ! Napoléon lui trouvait du charme mais Joséphine de Beauharnais ne l'appréciait guère, lui trouvant le "sourire ironique". Ce n'est qu'au moment de son vol, en 1911, qu'elle a véritablement regagné son aura et bien au-delà. Elle est véritablement devenue une star internationale, voyageant à plusieurs reprises jusqu'en 1974, aux États-Unis où elle rencontre Jackie et John Kennedy, au Japon, en Russie où les foules se pressent pour l'admirer.





UNE VIE MOUVEMENTÉE

C'est donc avec beaucoup de curiosité et d'intérêt que j'ai découvert l'histoire de ce tableau, au-delà des deux grandes dates connues de tous, sa création (1503) et son vol (1911), et l'une des autres choses apprises en lisant ce roman c'est que La Joconde n'est pas allée directement d'Amboise au musée du Louvre, elle est passée par différents lieux : le château de Fontainebleau, le château de Versailles, le palais du Louvre, le palais des Tuileries, le musée du Louvre, l'Arsenal de Brest, l'église des Jacobins de Toulouse, Montauban, le château de Chambord, le musée Ingres à Montauban, divers châteaux du Lot et du Quercy dont le château de Montal, etc.

Son périple durant les deux conflits mondiaux a tout particulièrement attiré mon attention. Plus précisément, son parcours durant la Seconde Guerre mondiale m'a passionnée – je ne le connaissais que dans les grandes lignes –, car à travers le regard de La Joconde, on assiste à son "évacuation" en différents lieux et elle va finir par se retrouver au château de Montal sous la surveillance de René Huyghe, conservateur au Musée du Louvre et résistant. On assiste même à une rencontre entre ce dernier et René Jaujard, directeur du Louvre et résistant, au cours de laquelle ils évoquent le vol des oeuvres d'art par les Allemands, la mise en sécurité des oeuvres d'art du Musée du Louvre en province et l'action de Rose Valland, attachée de conservation au musée du Jeu de paume, pour lutter contre ce trafic d'oeuvres d'art.





UNE FEMME ÉMOUVANTE

Mais ne croyez pas que La Joconde ne soit qu'une cancanière, si tant est qu'elle le soit car son jugement me semble plutôt juste, elle fait preuve de beaucoup de sensibilité, aussi bien à l'égard de son créateur, Léonard de Vinci, que de François Ier. À travers son regard, on apprend beaucoup sur ces deux personnages, leurs caractères, leurs vies... Quand elle évoque la mort de Léonard de Vinci, on sent que la tristesse, difficilement retenue, l'étreint ; il en va de même pour François Ier :



"François s'éloigna pour monter à l'étage. Lorsqu'il passa devant moi, il me lança un rapide coup d'oeil et j'aperçus, l'espace d'un instant, son visage ravagé par le chagrin. Un chagrin que je partageais. S'il considérait Leonardo comme un père, ainsi qu'il l'avait dit, nous étions l'un et l'autre frappés par le deuil. À cette différence près que, pour moi, c'était vrai. Leonardo était réellement mon père."



"La disparition de François a été le plus grand chagrin de ma vie après le décès du Maître. Car si Leonardo avait été mon père, François m'avait adoptée comme une… disons une amie de coeur. J'eus la douloureuse impression, après sa mort, d'être seule au monde. Et ce n'était pas seulement une impression : pendant les temps qui suivirent, je ne vis pour ainsi dire personne. On ne s'intéressait plus à moi, on m'avait oubliée."





DEUX HISTOIRES MÊLÉES

L'autre point original de ce roman est l'insertion d'une histoire contemporaine, permettant de donner encore plus d'ampleur à ce roman, ne le laissant pas cantonné à l'histoire de ce tableau. J'ai été un peu dubitative en découvrant le premier chapitre consacré à cette histoire qui se déroule au XXIe siècle, me demandant où elle allait mener, mais l'alternance des chapitres courts, consacrés tantôt au passé, tantôt au présent, fonctionne parfaitement bien puisque la narration est en permanence conduite par La Joconde, le lien se fait donc tout naturellement entre les différents chapitres.



Cette histoire est basée sur trois personnages, un jeune homme étudiant à l'École des Beaux-Arts de Paris, Robert Alias, qui vient chaque jour travailler devant l'oeuvre, une jeune femme un peu paumée, Alexandra Baader, dont on ne comprend pas bien le but (jusqu'au dénouement final) et le gardien de la salle, Edgar, qui aime passionnément La Joconde. Là encore, cette dernière nous fait l'honneur de ses confidences et de ses opinions sur ses visiteurs et donc sur la société actuelle, un point de vue fort intéressant et parfois incisif !



"… dans la foule de ces touristes qui, eux, me fatiguent de plus en plus avec leurs manies, dont la dernière est de se photographier eux-mêmes avec mon image en arrière-plan. Cette mode étrange est apparue il y a quelques années. Les premières fois, c'est avec stupeur que j'ai vu les gens me tourner le dos, tendre leur appareil à bout de bras et cadrer leur propre visage dans l'objectif de façon que l'on m'aperçoive de loin derrière eux… Maintenant, je sais pourquoi ils font cela. Ils veulent pouvoir prouver, une fois rentés chez eux, qu'ils m'ont bien vue, qu'ils sont réellement allés dans cette salle du Louvre qui m'est consacrée. Je ne les condamne pas, c'est la rançon de ma célébrité. Mais quand même ! M'utiliser comme arrière-plan de leur autoportrait, moi, la Joconde... Quelle imprudence !"



"Rien à voir avec le regard vide des touristes qui ne fait que glisser sur moi comme il a glissé, ce regard, sur les divers monuments qu'il est d'usage de visiter quand on vient à Paris. Ces gens pourront dire en rentrant dans leur pays qu'ils m'ont vue, oui, comme ils ont vu Notre-Dame et la tour Eiffel. Ils m'ont vue, mais ils ne m'ont pas regardée."



Jonglant avec habileté entre le passé et le présent, ce roman se termine d'ailleurs par une jolie pirouette surréaliste, assez étonnante, associant justement passé et présent ! Rempli d'anecdotes et de détails historiques qui nous permettent d'apprendre plein de petites choses sans s'en apercevoir, ce roman n'est pas seulement original, il est à la fois pétillant, fin, drôle, joyeux, léger. Mon seul regret ? L'avoir terminé !
Lien : http://romans-historiques.bl..
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Dans les yeux de Mona Lisa

Étant toujours très attirée par les livres qui évoquent le monde de l’art et plus particulièrement celui de la Renaissance italienne, je ne pouvais qu’être tentée par ce roman qui donne la parole à la Joconde, tableau mythique s’il en est. C’est en effet Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo, qui nous offre ici le récit de sa propre « existence ». De sa naissance dans l’atelier florentin de Léonard de Vinci, en passant par Rome, par Amboise et jusqu’à son arrivée à Paris, elle évoque les lieux dans lesquels elle a « vécu », les personnages historiques, célèbres et puissants, qu’elle a côtoyés et les grands évènements historiques qu’elle a traversés.

En choisissant cette forme de narration ludique et originale, Alain Le Ninèze nous offre une véritable petite gourmandise littéraire pour qui aime l’art et son histoire.
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Dans les yeux de Mona Lisa

Quelle superbe idée d'avoir imaginé une oeuvre d'art ayant le désir d'exprimer à nous lecteurs, ses pensées, de vouloir nous raconter son existence, l'ensemble des ses péripéties - et il y en a eu - qui n'ont fait qu'accroître sa renommée. La prochaine fois que je me rendrai à Paris, au Musé du Louvre, je regarderai le visage de cette femme avec davantage d'attention et je lui dirai tout bas : « Je vous ai écouté Mona Lisa, sincèrement... quelle sacrée vie de portrait avez-vous eue ! »



Ce roman nous fait voyager à travers différentes époques et lieux dans lesquels "La Joconde" - qui ne fût pas nommée tout de suite ainsi - s'est vue transportée. de sa création par Léonard de Vinci en 1503 - en passant par la possession de différents monarques et figures emblématiques qui ont fait l'histoire de France, mais aussi outre-Atlantique - et jusqu'à aujourd'hui en 2019, où l'oeuvre trône dans la salle des États.



Toutefois, durant ma lecture, j'avais l'impression que le tableau en question, s'échappait de sa galerie pour venir s'accrocher aux murs des différentes pièces, dans lesquelles je dévorais ce bouquin et que « Madame Lisa » - comme le dit une fois Joséphine de Beauharnais à Napoléon - s'animait pour m'avouer de nombreux secrets. Si j'ai eu cette sensation d'être complètement plongée au coeur de l'intrigue. c'est la preuve que j'ai été totalement captivée !



Une fois le livre entre les mains, les pages défilaient au rythme des confidences passionnantes faites par la mystérieuse Lisa Gherardini. On ne se lasse pas d'écouter, de lire les faits historiques qu'elle nous relate et les anecdotes indiscrètes dont elle nous fait part avec une petite pointe d'humour très agréable !



En donnant vie à une icône artistique qui se trouve être « encadrée » et protégée d'une vitre blindée, l'auteur arrive réellement à nous faire ressentir différentes émotions, mêlant la joie d'une peinture réalisée, admirée voire adulée; et en même temps, la tristesse, la mélancolie d'une toile quittant son pays d'origine, ayant subie psychologiquement les différentes évènements liés aux affres des diverses guerres.



L'empathie est bel et bien présente pour cette dame qui se demande encore, si sa gloire est véritablement légitime et qui s'insurge ou se réjouis de tout ces yeux qui la scrute.



Si parfois elle est blessée par nos remarques, une chose est sûre, et à présent je le sais, silencieusement, elle écoute ces mots d'amour qu'on lui déclare...



Un grand merci aux éditions Atelier Henry Dougier de m'avoir proposé de lire ce livre.
Lien : https://www.instagram.com/so..
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Dans les yeux de Mona Lisa

Si les œuvres, les pierres, les objets pouvaient parler, que nous diraient-ils ? Question que l’on se pose souvent quand on visite un musée, un monument ou encore quand on tient un livre ancien dans ses mains. Alain Le Ninèze, essayiste, romancier, publié chez Autrement, au Seuil, chez Acte Sud et maintenant aux ateliers Henry Dougier, essaie, à sa façon, de faire parler le tableau le plus illustre qu’il soit, l’intrigante Joconde, Mona Lisa.



À travers ce livre atypique, qui joue entre histoire et fiction, sans pouvoir entrer dans les catégories livre d’histoire ou roman historique pour autant, cinq siècles de la vie d’un tableau nous sont contés.



Des débuts dans l’atelier du maître, Léonard de Vinci, à Florence jusqu’à sa dernière demeure, au Louvre, ou des millions de visiteurs se pressent de par le monde pour la voir, dorénavant, la plupart du temps, à travers un écran de téléphone.



Formidable épopée qui ne commence réellement qu’en 1516 avec le départ du génie pour Amboise, à la demande de François Ier.



La suite à lire sur : www.actualitte.com
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Dans les yeux de Mona Lisa

Un récit sympa pour amateurs d'art ou d'Histoire de France. C'est la Joconde elle-même (le tableau, pas le modèle) qui est la narratrice.



A travers ses yeux on prend une leçon d'histoire. Tout d'abord sur Leonardo Da Vinci et François 1er, puis au grès des déplacements du tableau, on surprend les maitresses des rois s'envoyer des piques et Napoléeon discuter avec sa femme. le travail préparatoire est intéressant : l'auteur a recherché quelles étaient les scènes mémorables auxquelles la Joconde aurait pu assister. Ensuite il nous livre la suite d'anecdotes. L'écueil principal auquel il s'est confronté est celui de l'unité du texte.



Il parvient à garder un fil directeur grâce à deux options. Tout d'abord une thématique commune : celle de l'histoire de l'art et de la conservation des oeuvres. On s'amuse de voir la Joconde tour à tour modeste (quand on l'encense) puis déçue (quand on l'ignore). Qu'est-ce que le beau ? Est-ce que cela dépend de l'époque ? La Joconde pourrait sembler être justement le tableau qui fait consensus. Mais l'auteur nous dévoile que c'est suite à son vol et aux protections dont elle est entourée qu'elle est devenu le pinacle du Louvre...



Deuxième technique pour accrocher le lecteur : le fil rouge des chapitres qui se passent au "présent" (présent de l'édition s'entend, soit 2019).



Un livre pour se cultiver et se détendre, que je conseille aux amateurs de miscellanées.
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Dans les yeux de Mona Lisa

Un immense merci à l'opération "Masse critique" ainsi qu'aux éditions Ateliers Henry Dougier pour ce livre qui est mon préféré des 4 déjà reçus dans le cadre de cette opération. Le concept? Une personnification de la célèbre Mona Lisa qui nous raconte sa vie et tout ce dont elle a été témoin. Ses souvenirs (dans l'ordre plus ou moins chronologique) sont entrecoupés de scènes se déroulant au présent (voire au futur: de janvier à mai 2019...)



Mon avis? J'ai quasi tout adoré! Premièrement, le style fluide mais beau de l'auteur. Deuxièmement, le mélange histoire, art et humour même si les passages en 2019 (qui rendent l'oeuvre plus dynamique et plus facile à lire) m'ont moins convaincu: je trouvais les "surprises" assez prévisibles et cet aspect un peu policier et un peu fantastique m'a semblé inutile.

J'ai adoré certaines anecdotes et la façon de les raconter comme cet apprenti (Salai) qui a peint la Joconde nue au grand dam de Léonard ou cet artiste dada (Marcel Duchamp) qui s'est amusé à la désacraliser en la grimant et en ajoutant L.H.O.O.Q. sur sa toile! Ou ce dialogue se déroulant chez Napoléon qui est à la fois assez vulgaire (limite pornographique) et exprimé avec subtilité et élégance (ce qui provoque un contraste génial entre le fond et la forme, je l'ai donc copié en citation!) :) Tous ces détails rendent la lecture aussi divertissante qu'instructive! Un livre que je recommande vivement à tous ceux qui s'intéressent un minimum à l'art.
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Dans les yeux de Mona Lisa

Alain Le Ninèze, essayiste, romancier, publié chez Autrement, au Seuil, chez Acte Sud et maintenant aux ateliers Henry Dougier, essaie, à sa façon, de faire parler le tableau le plus illustre qu’il soit, l’intrigante Joconde, Mona Lisa.
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Dans les yeux de Mona Lisa

Bonsoir,

Un livre très original et passionnant ce soir avec « Dans les yeux de Mona Lisa » d’ Alain Le Ninèze aux Ateliers Henry Dougier. J’ai adoré cette histoire où la fiction et la réalité se mêlent. En effet nous suivons toute la vie de La Joconde depuis sa création jusqu’à nos jours et toutes les réflexions que ses pérégrinations lui inspirent. Une plongée à la fois dans le monde de l’art et dans quelques siècles d’histoire. Un excellent moment.

Quatrième de couverture : Mona lisa raconte ce qu'elle voit depuis plus de 500 ans !



Cinq siècles après la mort de Léonard de Vinci, Mona Lisa parle. Cinq siècles à écouter, observer, espionner... Elle raconte ici son histoire, depuis le temps où elle vit le jour à Florence jusqu'à notre époque où, devenue le plus célèbre tableau du monde, elle trône en idole au musée du Louvre. Célébrité, disgrâce, kidnapping et agressions diverses, détournement d'image, vie clandestine pendant les guerres, voyages diplomatiques à travers le monde, la Joconde a traversé bien des épreuves. Elle a fréquenté aussi les grands de l'Histoire, de François 1er à John F. Kennedy en passant par Louis XIV et Napoléon. Et elle a vu, parfois, ce que ses yeux n'auraient pas dû voir...
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Dans les yeux de Mona Lisa

" A travers La Joconde, quand l'Art nous sourit, la Beauté devient intemporelle". Serge Zeller.





-J'ai 20 000 admirateurs/trices par jour, et aujourd'hui personne, (à cause du confinement!). Se plaint Mona qui lisait la tristesse dans les yeux des gardiens du Louvre.





La Joconde avait vu bien des choses: Sandro Botticelli, et bien d'autres, en train d'admirer sa beauté, ce qui lui plaisait beaucoup! Quelle femme n'aime pas les hommages ?





-François 1er m'enleva à Maître Leonardo Da Vinci et ne cessait de contempler mon joli sourire énigmatique et ma façon de suivre des yeux, mes admirateurs... Je devins célèbre, grâce à un Roi!





Mais, je fus jalousée par nombre de femmes. Tenez, cette jolie rousse, Marie Gandin, la maîtresse de François 1er qui me fit décrocher du mur de la chambre du roi!





Tant mieux, je ne souriais plus en voyant leurs ébats passionnés!

Cachez, madame, ce sein que je ne saurais voir!





Ensuite, ce fut à cause des femmes, sans doute, que sous Louis XIV et le suivant, je fus reléguée dans un petit salon...





Que des rois ne veuillent pas de moi, me chagrinait. Et même une Impératrice, Joséphine de Beauharnais me traita de " concubine, et de libertine." Mes yeux se remplissent de larmes, à ce triste souvenir.





J'ai frissonné dans ce petit salon, car je me vis nue, dans un tableau, en face de moi...





Un tableau peint par Salaï un apprenti au visage d'ange, (le favori de Leonardo) qui m'avait peint dans la même posture, mais, sans mes vêtements...





Ah, le petit diable, comme le surnommait Leonardo! Je devais détourner le regard, quand le Maître commençait à le caresser. Je n'aimais pas ces amours entre deux hommes...





Je crus revoir Salaï, en 2020 mais c'était un sosie, qui se nomme Robert Alias (c'est drôle !) en train de me peintre.

Edgar, mon gardien au Louvre, surveille ce Robert, il craint qu'on ne me kidnappe encore une fois.





Je l'avais été le 21/08/1911, par un vitrier italien qui se nommait Enzo...





Mon coeur saigne, quand j'y repense, et mes yeux sont embués, par ces souvenirs...

Et mon sourire se fige, devant le regard enfiévré de ce Robert Alias...





Il y a un minuscule L et un S (pour Salaï) dans les yeux de La Joconde, selon Sylvano Vincenti. Et Salaï aurait servi de modèle, selon Sophie Herford...

Sur ce sujet, je préfère fermer... les yeux!
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Dans les yeux de Mona Lisa

La Joconde a l'art de raconter nos histoires



Pourquoi “nos histoires”, et comment une oeuvre d'art serait-elle un témoin privilégié et une narratrice habile ? C'est parce que sous la plume d'Alain le Ninèze, la Joconde n'est pas un tableau figé : durant ses cinq siècles d'existence, depuis sa naissance en 1503 à Florence, son regard perçant et délicat a suivi des intrigues politiques et amoureuses, mais aussi l'engouement pour des oeuvres picturales et littéraires devenues éternelles. “Nos histoires” donc, celles qui ont scandé les rapports diplomatiques et la création artistique de la France, ici racontées à travers le prisme d'une Mona Lisa tout en modestie, et finement observatrice.



L'ouvrage d'Alain le Ninèze célèbre la Joconde non pas comme l'une des toiles les plus admirées au monde, mais bel et bien comme une peinture qui a voyagé, et qui a vécu. Le dialogue intérieur retranscrit par l'auteur s'attarde moins sur les états d'âme de Mona Lisa dépassée par sa notoriété - bien que ces passages fassent sourire le lecteur -, que sur les personnalités et les événements qu'elle a connus, et qui ont influencé le cours de l'Histoire.



Au-delà d'un focus sur le chef-d'oeuvre de Leonardo Da Vinci, ce livre déploie toute sa portée pédagogique. Pas d'hypotypose à la Diderot donc, ce n'est pas l'objectif ici. Entre ces pages, un style simple et oralisé qui dévoile - par le biais de conversations privées fictives tenues sous le regard de la Joconde -, les enjeux émotionnels et patrimoniaux autour des oeuvres d'art. C'est ainsi que le lecteur indiscret devient les yeux et les oreilles de Mona Lisa, et se plait à surprendre les échanges entre François Iᵉʳ et Leonardo Da Vinci, ou entre Napoléon Bonaparte et Joséphine…



Mais il y a aussi, au cours de sa longue vie de pérégrinations, des choses qui ont détourné le regard de Mona Lisa : cachez-moi ces Joconde qu'elle ne saurait voir ! L'auteur fait parler une oeuvre académique qui s'interroge sur son unicité, se sentant parfois offensée par toutes ces copies, et plus particulièrement celle de Marcel Duchamp, avec une moustache et la signature L.H.O.O.Q. (1917). Pourtant, Mona Lisa le reconnaît : la caricature, la lithographie et la sérigraphie font partie de l'Histoire de l'art. Et malgré tout, la “bellezza potente” (puissante beauté) de la peinture de Leonardo Da Vinci (la seule, l'unique), est toujours intacte. Peut-être parce que son charme réside dans tous les secrets qu'elle ne nous dévoile pas encore…

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L'Amour, fou

Le narrateur, journaliste, écrivain, écrit en feuilleton, dans une revue littéraire, des articles sur l'amour, en se référant à 5 romans, Mme Bovary de Flaubert, le Rouge et le Noir de Stendhal, Le lys dans la vallée de Balzac, Manon Lescaut de l'abbé Prévost et Du côté de chez Swann de Proust.

Incroyable, au fil de la parution de ses articles, il reçoit des lettres de femmes qui se disent être les vraies héroïnes des 5 romans dont il parle dans ses articles : Emma Bovary, Mme de Mortsauf, Mme de Rênal, Odette de Crécy. Dans ces lettres, elles critiquent les articles du narrateur et donnent des éclaircissements sur la psychologie des personnages des romans en question.

Parallèlement à cette intrigue, le narrateur relate les péripéties de sa relation avec son ex-amante, une certaine Manon, qui s'apparente au personnage de Manon Lescaut.

L'idée du roman est ingénieuse. Les articles littéraires de l'auteur-narrateur dans le roman lui-même sont intéressants, les interventions des héroïnes sont amusantes et stimulantes, le suspense est entretenu avec un style alerte. On trouve même une touche d'érotisme qui n'est pas désagréable;

Malheureusement, l'auteur cède à la facilité avec certaines scènes ridicules et inutiles qui décrédibilisent l'ensemble. Exemple, Manon utilise frauduleusement la carte de crédit de son amant, atterrit en prison (similitude avec Manon Lescaut sans doute). C'est stupide et n'apporte rien d'intéressant à l'intrigue. Autre exemple, le narrateur se livre à un moment à des scènes de violence gratuite indignes de son statut d'homme de lettres. C'est dommage.

Pour autant, j'ai apprécié cette histoire qui reste intéressante, divertissante, originale, plutôt bien écrite.
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L'empereur des alchimistes selon Arcimboldo

Qui ne connaît pas Giuseppe Arcimboldo ? Connu pour ses tableaux plus fantasques les uns que les autres, fascinants comme dérangeants.. Dans "L'empereur des alchimistes selon Arcimboldo", Alain Le Ninèze part du célèbre portrait "Vertumne" en fruits et légumes de Rodolphe II, pour nous faire découvrir cet empereur du Saint Empire Roman Germanique, féru d'alchimie et de son célèbre peintre Arcimboldo entre Prague et Milan.



Ecrit à la première personne, ce récit met en lumière l'un des plus célèbres peintres, longtemps oublié et remisé au placard, Giuseppe Arcimboldo et ses deux amis, Gregorio Comanini et Giovanni Lomazzo. La création du célèbre tableau de Rodolphe II est le fil rouge du récit, entrecoupé de la vie d'Arcimboldo à Prague quand il était au service de l'empereur, et de son retour à Milan pour créer le fameux tableau "Vertumne".



Outre la création de ce portrait, Alain Le Ninèze plonge le lecteur à travers un récit romanesque et historique, dans les passions d'un empereur obnibulé par l'alchimie et l'astrologie. On se laisse vite happer par le récit, par le personnage d'Arcimboldo, par sa vie, sa vision du monde, ses sources d'inspirations et ses méthodes de travail.



Une fois de plus, les ateliers Henry Dougier publie un formidable voyage au coeur de la Renaissance avec un récit complètement captivant, des reproductions d'une grande qualité et des regards croisés en fin d'ouvrage pour nous éclairer encore plus sur Giuseppe Arcimboldo.
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L'empereur des alchimistes selon Arcimboldo

Comme beaucoup de monde je pense, je connais Arcimboldo pour ses curieux portraits aux airs de nature morte rendant hommage à des métiers (comme Le Bibliothécaire ou Le Cuisinier), aux quatre saisons ou encore aux quatre éléments. Mais je ne connais rien de sa vie, aussi ce nouvel opus de la collection "Le roman d'un chef-d'œuvre" tombait à pic !



Via le portrait de Rodolphe II en Vertumne, Alain Le Ninèze nous propose une plongée à la cour pragoise de l'empereur Habsbourg mais surtout dans le monde mystérieux des alchimistes et des astrologues car le dirigeant du Saint-Empire romain germanique était semble-t-il féru de ces disciplines.

Le résultat est plutôt réussi : j'ai apprécié découvrir le temps de ce petit roman cet univers de l'alchimie et des cabinets de curiosités, de côtoyer des personnages comme Tycho Brahé et John Dee ou avoir un petit aperçu de la vie à la cour de Rodolphe II. On en apprend plus aussi sur Giuseppe Arcimboldo, ses sources d'inspirations et sa méthode pour arranger ses compositions de fleurs, de fruits et de légumes afin de créer un personnage : j'ai trouvé ça vraiment très intéressant et je pense que désormais je verrai ses peintures d'un autre œil et je m'attarderai plus longtemps sur les petits détails qui s'y trouvent.
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L'empereur des alchimistes selon Arcimboldo

Livre reçu dans le cadre de l’opération « Masse Critique » de Babelio dont je remercie les organisateurs et les organisatrices ainsi que les éditions mentionnées.



Le récit écrit à la première personne met en scène le peintre Giuseppe Arcimboldo et ses deux amis, Gregorio Comanini et Giovanni Lomazzo.

D’une manière vivante et familière, la conversation retrace la création du célèbre tableau de Rodolphe II de Habsbourg, intitulé Vertumnus (dieu-jardinier, p44).



Les intentions, les doutes et les circonstances de la vie de l’artiste confessés dans un codex personnel que Gregorio et Giovanni lisent en aparté sont discutés ensuite avec l’artiste. Cet échange crée un court mais agréable roman historique (cela se passe au XVIe sc) dont je trouve l’idée originale (ceci étant ma première lecture de ce type).

L’approche romanesque pour laquelle a opté Alain Le Ninèze nous emmène sur la voie de la compréhension par la perception d’un instant de vie, lorsque l’œuvre prend naissance et progresse sous nos yeux, comme si nous partagions ce temps passé au présent en toute convivialité. C’est ainsi que nous comprenons mieux l’ensemble d’une œuvre qui dépasse son époque et ses contingences pour demeurer dans notre patrimoine artistique.

Il faut dire que l’atmosphère qui régnait à la cour d’un roi à l’imagination déréglée (p 57), où les fêtes costumées étaient organisées régulièrement (par Arcimboldo lui-même), les cabinets de curiosités en processus constant d’acquisition, l’engouement pour l’alchimie et les expériences de transmutation (p 44), métamorphoses et « transmigration » (p110) en tout genre, les légendes et les caricatures de monstres, etc., ont pu « révéler » un « art magique » dont la ville de Prague était le creuset et dont le surréalisme selon André Breton serait imprégné (p 97, 113).



Les questions qui se sont posées et qui se posent encore alimentent les « regards croisés » situés à la fin du roman. Celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur le style et l’impact des tableaux d’Arcimboldo y trouveront des analyses pertinentes en complément. Néanmoins, elles auraient pu venir étoffer davantage la conversation entre les trois personnages, ainsi que le corps du texte par la même occasion.
Lien : http://anne.vacquant.free.fr
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L'empereur des alchimistes selon Arcimboldo

Milan - 1589

Giuseppe Arcimboldo qui a reçu commande d'un portrait de Rodolphe II de Habsbourg décide de le représenter en dieu-jardinier.

De retour de Bohême dans sa Lombardie natale après vingt-sept ans d'absence et hébergé par Morigia Gherardini , Il retrouve ses amis Gregorio Comanini, et Giovanni Lomazzo le peintre devenu aveugle. Il leur raconte pourquoi il est parti un jour et leur confie un codex contenant des feuillets dans lesquels il a consigné des événements au fil de sa vie, qu'il aurait pu nommer : Chronique d'un artiste lombard à la cour du Saint-Empire.



À la suite d'Arcimboldo, via le codex lu par ses amis, j'ai découvert que Rodolphe II de Habsbourg était un grand collectionneur d'art, féru d'astrologie et fasciné par la science des alchimistes. J'ai aussi visité son 𝑲𝒖𝒏𝒔𝒕𝒌𝒂𝒎𝒎𝒆𝒓, cabinet de curiosité qui, pour la partie animale, m'a évoqué un bestiaire fantastique et pour la partie humaine les contes et légendes de mythologies de tous horizons.

C'est un voyage réjouissant qui nous est offert là, au coeur même de la créativité des artistes du XVIème siècle et des superstitions des grands de ce monde.



Pour moi qui ai toujours aimé les tableaux d'Arcimboldo, totalement fantaisistes pour son époque, son histoire écrite sous la forme d'un cours roman m'a enchantée.

J'ai eu l'impression de replonger dans mes cours d'histoire de l'art quand j'étais étudiante lorsque Arcimboldo décrit son oeuvre, et j'en ai profité pour regarder en détail la reproduction à l'intérieur de la première de couverture. J'avoue que je ne l'avais jamais vue sous cet angle. Je me suis rendu compte que j'ai tout oublié de mes années aux Beaux-arts, que j'ai fait table rase de cette période de ma vie. C'est très étrange… Cette piqûre de rappel a été bienfaisante.



On suit Arcimboldo dans ses nombreuses fonctions, car attaché à la cour de Rodolphe II, il n'était pas que peintre... il était multitâches, tenu d'organiser des événements mais aussi de partir à la recherche d'ouvrages à travers l'Europe.

J'ai beaucoup aimé cette balade au coeur de la renaissance.

Le dernier chapitre nommé Regards croisés nous offre plusieurs courtes analyses concernant Arcimboldo et son oeuvre, ainsi que sa relation avec Rodolphe II de Habsbourg, tout en nous éclairant sur la personnalité de ce dernier. C'est très instructif.

Les Ateliers Henry Dougier racontent bon nombre d'artistes qui me tentent tout autant que celui-ci.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
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L'empereur des alchimistes selon Arcimboldo

Le peintre des plaisanteries sérieuses....



Les peintures d’Arcimboldo étaient des plaisanteries sérieuses, selon une idée largement répandue et bien connue grâce aux écrits d’Érasme, et explicitement mentionnée par François Rabelais dans le prologue de Gargantua comme un modèle pour son propre livre, où comme dans le poème de Gregorio Commanini repris dans cet ouvrage et qui sera publié dans son traité sur la peinture Il Figino.



"Les auteurs traitant d'Arcimboldo abondent dans ce sens. Comanini évoque clairement la notion de « plaisanteries sérieuses » dans son poème sur le Vertumne d'Arcimboldo. Il en suggère aussi une signification ultérieure lorsqu'il explique pourquoi l'observateur doit réfréner son envie de rire pour prendre conscience du contenu sérieux du tableau. Après avoir mentionné le côté ridicule, Comanini avertit immédiatement l'observateur que cette monstruosité contient quelque chose de plus. Lorsqu'il révèle que « l'image d'un roi » est un portrait de Rodolphe II, il nous fait savoir que la source du concept est l'idée, implicite chez les antiques silènes, qu'un aspect extérieur laid, monstrueux ou risible peut cacher quelque chose de beau ou de divin."





On pourrait dire au sujet d'Arcimboldo que le diable se cache dans les détails, je lui préfère cette citation que l'on attribue à De Vinci "Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail." Voilà qui correspond bien à son œuvre



Car il y a 2 manières de voir ou de regarder un tableau d'Arcimboldo

Soit s'en éloigner... partir de cette cerise ou de cette mûre qui nous fait de l'œil, ou fait tout simplement l'œil, encore un peu de recul et se dire que ce Rodolphe est une bonne pomme, ou plutôt que sa joue est faite d'un belle pomme, encore un peu de recul cette châtaigne qui s'accroche au menton, à moins que ce soit pour donner plus de piquant au portrait, encore quelques pas et découvrir ce melon en guise de front, faut-il y voir matière à sous-entendu, et finalement un ultime pas en arrière et là se dire que ce portrait, qui est considéré aujourd'hui comme son chef-d’œuvre, prend toute sa dimension ou plutôt toute sa majesté.



Vertumne dieu des jardins et des vergers, est-ce lui que nous avons devant nous mais déguisé en Rodolphe II ?

À moins que ce ne soit Rodolphe II déguisé en Vertumne ?



Soit s'en rapprocher.... partir de ce portrait tel un amoncellement de fruits et de légumes, un peu comme ce que l'on retrouvait dans ce Kunstammer de Rodolphe, ("La première salle était celle des pierres précieuses. Je demeurai muet d'étonnement à la vue des innombrables joyaux qui brillaient derrière les vitrines. Diamants de toutes tailles, rubis, agates, lapis-lazulis, topazes, saphirs, perles de Golconde, obsidiennes d'Egypte, émeraudes de Perse, toutes ces pierreries scintillaient d'éclats multicolores sous les lustres à girandoles de cristal qui descendaient du plafond, déversant une faible lumière dans la pénombre. C'était une véritable caverne d'Ali Baba."), s'approcher encore et y découvrir un chou pour un épaule, des poireaux pour l'autre bref une symétrie dissymétrique, encore un effort et plonger dans ce regard qui nous fixe fait d'une cerise et d'une mûre.



Voilà ce que sont ces détails qui font toute la différence, et qui créent toute cette alchimie car d'alchimie il est question également.



Sont-ce des natures mortes qui prennent vie sous nos yeux ?

À moins que ce ne soient des vies devenues, sous le pinceau de l'artiste, natures mortes ?

Sont-ce des cabinets de curiosités devenus peintures ?

À moins que ce ne soient des peintures propres à rejoindre un cabinet de curiosités ?



En tout cas ce vingtième volume de cette collection admirable, nous permet de mieux connaître la peinture d'Arcimboldo, artiste atypique peu prolifique car de son œuvre on ne compte que 17 tableaux si l'on fait exception des reprises, et qui est considéré comme un maître quand on songe que la version de 1573 des Saisons qui est aujourd’hui exposée au Louvre dormait encore dans les réserves du musée en 1977....
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