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Citations de Alain Mabanckou (778)


Papa Roger n’aime pas les militaires et il croit que les nôtres ont toujours faim… Papa Roger croit aussi que si nos militaires ne font pas de sport c’est parce qu’ils se disent que c’est pas demain que nous serons en guerre et que de toute façon c’est pas un pays comme le Congo qui peut la gagner.
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A table, chez tonton René, on me fait asseoir à la mauvaise place, juste en face d'un vieux Blanc qui s'appelle Lénine et qui n'arrete pas de me regarder alors que moi, je ne le connais pas et que lui ne me connait pas. Moi aussi, comme je ne suis pas d'accord qu'un vieux Blanc qui ne me connait pas me regarde méchamment, eh bien je le regarde droit dans les yeux. Je sais que c'est impoli de regarder les grandes personnes droit dans les yeux, c'est pour ça que je regarde en cachette sinon mon oncle va s'énerver et me dire que je manque de respect à son Lénine que le monde entier admire.
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- Nom de Dieu ! Je vous répète qu'un Africain m'a piégé avec une peau de banane ! Et ce n'est pas la peau de n'importe quelle banane ! C'est une banane venue directement d'Afrique !
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Moi je croyais que les gens avaient souvent peur d'entrer dans une librairie au risque d'en ressortir avec un livre qu'ils ne liraient pas et de voir les personnages de cette œuvre les poursuivre dans leur sommeil pour les mettre devant leurs responsabilités.
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[…] donc fallait que je lui dise que je l'aimais, fallait que je ne cache pas mes sentiments, fallait que je les exprime sans tabous, me disait-elle, et c'est-là que j'ai vraiment appris à dire pour la première fois à une femme que je l'aimais, et tu sais bien qu'ici au pays c'est pas des choses à dire au risque de passer pour un gars faible, ici on tire son coup la nuit et on se dispense de cette littérature à l'eau de rose, mais en France c'est une autre histoire, il faut pas déconner avec les sentiments, on ne badine pas avec l'amour […]
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Comme il me l'avait lui-même raconté il y a bien des années, L'Escargot entêté avait eu l'idée d'ouvrir son établissement après un séjour à Douala, dans le quartier populaire de New-Bell où il avait vu La Cathédrale, ce bar camerounais qui n'a jamais fermé depuis son ouverture, et L'Escargot entêté, changé en statue de sel, s'y est installé, il a commandé une bière Flag, un monsieur s'est présenté comme étant le responsable des lieux depuis des lustres, il a dit qu'on l'appelait « Le Loup des steppes », et d'après les dires de L'Escargot entêté le type ressemblait à une espèce en voie de disparition, une momie égyptienne, il n'y avait que son commerce qui comptait, même se brosser les chicots ou se raser les cactus clairsemés de son menton, c'était pour lui une perte de temps, il mâchait de la noix de cola, fumait du tabac moisi, on aurait dit qu'il se déplaçait à l'aide d'un tapis volant comme dans certains conte, et alors L'Escargot entêté lui a posé mille et une questions auxquelles le commerçant a répondu sans hésitation, et c'est comme ça que L'Escargot entêté a réalisé que, pour ne pas fermer son bar depuis des années, ce Camerounais comptait sur un personnel fidèle, une gestion rigoureuse et sa propre implication […]
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Je me trouvais alors à la gare du Nord et devais me rendre à La Courneuve chez mon cousin qui organisait une fête. Quelques types bien de la négraille parisienne avaient été conviés et je savais au fond que c'était pour aller exhiber les costumes en vogue sur la place de Paris. Quand c'est comme ça on arrive toujours bien sapés, bien parfumés et bien rasés, on se toise en chiens de faïence, on inspecte un peu les quatre coins de la baraque, question de voir s'il y a quelques nouvelles filles du pays qui valent la peine qu'on s'y attarde parce que quand ces gazelles sauvages débarquent à Paris avec leur crasse on ne doit pas leur laisser le temps de comprendre comment marchent les métros ou à quel guichet elles doivent s'adresser pour les allocations familiales.
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"je jure aussi que j'aimais leur apprendre les participes passés conjugués avec l'auxiliaire 'avoir' et qui s'accordent ou ne s'accordent pas selon qu'il fait jour ou nuit, selon qu'il pleut ou ne pleut pas, et les pauvres petits, hébétés , désemparés, parfois révoltés me demandaient pourquoi ce participe passé s'accorde aujourd'hui à 16h alors qu'il ne s'accordait pas hier à midi avant la pause déjeuner, et moi je leur disais que ce qui est important dans la langue française, c'était pas les règles mais les exceptions, je leur disais que lorqu'ils auraient compris et retenu toutes les exceptions de cette langue aux humeurs météorologiques les règles viendraient d'elles-mêmes, les règles couleraient de source et qu'ils pourraient même se moquer de ces règles, de la structure de la phrase une fois qu'ils auraient grandi et saisi que la langue française n'est pas un long fleuve tranquille, que c'est plutôt un fleuve à détourner"
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Nous on en est encore à la musique qui se transmet par la peau. Foutaises ! Inepties ! faut aller à l'école de musique comme tout le monde, un point c'est tout. Et là on verra bien le jour de l'examen final que ces histoires de musique dans la peau c'est que du pipeau puisque les Blancs aussi ont une peau même si malheureusement pour eux elle n'est pas noire comme la nôtre...
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L'Occident nous a trop longtemps gavés de mensonges et gonflés de pestilences, mon frère africain ! Tu sais quel poète noir a dit ces paroles courageuses, hein ?
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L'Africain a été le premier homme sur la Terre, les autres races ne sont venues qu'après. Tous les hommes sont donc des immigrés, sauf les Africains qui sont chez eux ici-bas.
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On aurait pu, avec un peu plus de courage politique, nous acheter une version revue et corrigée de la Révolution française et la France elle-même nous l'aurait volontiers livrée clés en main, avec un service fiable de maintenance 24 h/24, 7 j/7 et un numéro vert au cas où il y aurait eu des pannes de révolution la nuit et que personne dans le pays n'aurait été capable de changer les boulons et de changer les ampoules grillées à cause du voltage surélevé des Lumières ! D'accord, on aurait alors eu notre 1789 à nous. Et après, hein ?
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Ecoute mon gars, sois réaliste ! Laisse tomber tes histoires de t'asseoir et d'écrire tous les jours, y a des gens plus calés pour ça, et ces gens-là on les voit à la télé, ils parlent bien et quand ils parlent y a un sujet, un verbe et un complément. Ils sont nés pour ça, ils ont été élevés dans ça, alors nous autres les nègres, c'est pas notre dada, l'écriture. Nous c'est l'oralité des ancêtres, nous c'est les contes de la brousse et et de la forêt, les aventures de Leuk-le-lièvre qu'on raconte aux enfants autour d'un feu qui crépite au rythme du tam-tam. Notre problème c'est on n'a pas inventé l'imprimerie et le bic, on qu'on sera toujours les derniers assis au fond de la classe à s'imaginer qu'on pourrait écrire l'histoire du continent noir avec nos sagaies. Est-ce que tu me comprends ? En plus on a un accent bizarre, ça se lit aussi dans ce que nous écrivons, or les gens n'aiment pas ça. D'ailleurs il faut avoir un vécu pour écrire. Et toi, qu'est-ce que tu as comme vécu, hein ? Rien ! zéro ! Moi par contre, j'aurais des choses et des choses à raconter par ce que je suis un métis, je suis plus clair que toi, c'est un avantage important. Si je n'ai pas encore écrit une seule ligne à ce jour c'est que le temps me manque. Je me rattrapperai quand je serai à la retraite dans une belle maison en pleine campagne, et le monde entier saura ce qu'est un chef- d'oeuvre !
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Si je suis toujours habillé en costard c'est qu'il faut "maintenir la pression", comme on dit dans notre milieu de la Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes, la SAPE, une invention de chez nous, née dans le quartier Bacongo à Brazzaville, vers le rond-point Total, polémique à part.
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Le jour on inventera des tams-tams sans bruit, beaucoup de vieux nègres perdront leur raison de vivre…
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« ..ce groupe fait la pluie diluvienne et le beau temps là-bas... C’est pour ça qu’à la différence de notre Arabe du coin, moi je respecte les Chinois et les Pakistanais. Ce sont de braves types à qui on colle injustement la mauvaise réputation qu’ils se démènent ou restent cois alors qu’ils ne font de mal à personne….
Le jour on inventera des tams-tams sans bruit, beaucoup de vieux nègres perdront leur raison de vivre… »
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Combien de litres tu comptes dans ton ventre comme ça, papa", et moi je dis que j'ai pas encore bu, que depuis ce matin j'ai pas bu une seule goutte d'alcool, et je ris en débitant ce mensonge gros comme une résidence secondaire d'un dictateur africain,...........
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au petit matin, Amédée entreprit sa promenade quotidienne dans la brousse, il ne portait qu'un short, marcha en sifflotant jusqu'au bord de la rivière où il plongea ses pieds dans l'eau, s'étendit sur la rive et se mit à lire ses livres de mensonges, mon maître m'avait dit d'aller l'épier, d'aller voir ce qu'il était en train de manigancer seul, de m'assurer que ce jeune homme ne possédait pas lui aussi un double qui pourrait nous causer des ennuis lorsque nous nous occuperions de lui, c'était une précaution inutile car, mon cher Baobab, ces hommes qui vont en Europe, nom d'un porc-épic, deviennent si bornés qu'ils estiment que les histoires de doubles n'existent que dans les romans africains, et ça les amuse plutôt que de les inciter à la réflexion, ils préfèrent raisonner sous la protection de la science des blancs, et ils ont appris des raisonnements qui leur font dire que chaque phénomène a une explication scientifique, et quand Amédée me vit déboucher d'un bosquet près de la rivière, nom d'un porc-épic, il hurla de rage « sale bête, dégage de ma vue, espèce de boule à piquants, je vais te réduire en pâtée et te manger avec du piment et du manioc
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