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Critiques de Alain Vircondelet (126)
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Rimbaud : Dernier voyage

Comme son titre l'indique, Rimbaud , dernier voyage raconte le retour du poète vers sa terre natale, contraint par la maladie,.

En trois parties, suivies d'une chronologie, Alain Vircondelet, ce spécialiste des littératures des XIXe et XXe siècles, retrace avec talent le départ d'Aden pour la France de Arthur Rimbaud et ses derniers mois entre Marseille et les Ardennes, avant sa mort, survenue le 10 novembre 1891.

Sur les conseils du Docteur Nouks, le 9 mai 1891, le poète est embarqué sur une civière depuis Aden, sur L'Amazone, le bateau-vapeur, fleuron des Messageries maritimes qui fait le lien entre les colonies de l'Extrême-Orient et la France, à destination de Marseille. Il y parvient le 20 mai. Lui qui souhaitait retrouver les Ardennes et les bois, revenir à Roche, la ferme familiale où vivent sa mère et sa soeur, souffre terriblement et préfère qu'on l'emmène directement à l'hôpital « Qu'on en finisse avec cette satanée jambe. Qu'on lui règle son compte. » selon ses propres termes.

Admis à l'hôpital de la Conception, à l'âge de 36 ans, un néoplasme de la cuisse est diagnostiqué et le 22 mai, les mots redoutés tombent, implacables, il faut amputer, la tumeur est trop avancée.

Sa mère vient à son chevet et y restera deux semaines. le 23 juillet, il quitte l'hôpital et prend, seul, le train pour les Ardennes. Son état de santé s'aggravant à nouveau, le 23 août, il repart pour Marseille accompagné de sa soeur Isabelle, espérant toujours retourner au Harar. Hospitalisé à nouveau à Marseille, son cancer se généralisant rapidement, il s'éteint le 10 novembre 1891, sa soeur à ses côtés, témoin de ses derniers jours.

Alain Vircondelet dont l'écriture m'a semblé en complète adéquation avec ce personnage encore aujourd'hui nimbé de ses mystères et de ses secrets, donne à lire et à découvrir, pour moi, en tout cas, une période peu connue de la vie de Rimbaud, son ultime voyage.

Loin de se satisfaire de dates et de commentaires, l'auteur se met dans la tête d'Arthur et nous fait vivre au plus près sa solitude, et sa terreur face à la mort prochaine.

Il analyse finement la relation que celui-ci a entretenue avec sa mère, la mother ou la mère Rimb' comme il l'appelle, n'omettant pas au passage la fâcherie de celle-ci avec son autre garçon et la mort de sa petite, ainsi que son trouble et sa jalousie en voyant que c'est auprès d'Isabelle, sa soeur, qu'Arthur va s'épancher, notamment avec leur échange épistolaire. Ne pas oublier que lorsqu'elle le rejoint à Marseille, cela fait douze ans qu'ils ne se sont pas vus !

De même, il rend compte de la sensation d'étouffement que ressent rapidement notre héros lorsqu'il se retrouve dans la maison familiale et toujours ce désir, même lorsqu'il est au plus mal ce désir de repartir, de reprendre la mer vers l'Abyssinie. Cette fringale de surprendre l'inconnu ne cessera jamais malgré la douleur lancinante ressentie depuis son départ d'Aden, un long calvaire, et l'accompagnera jusqu'à sa mort. Dans son délire, ne fait-il pas d'ailleurs un inventaire, assez ubuesque sur des lots de dents qui seraient en fait des défenses d'ivoire, étant à nouveau le négociant au bord de la Mer Rouge, dans l'est de l'Éthiopie ?

En utilisant les trois premières personnes du singulier pour son récit, Alain Vircondelet rompt la monotonie que pourrait prendre cette biographie romancée et, en tutoyant Rimbaud comme s'il était à ses côtés, n'hésitant pas à lui faire part de son soutien parfois, tisse un lien très serré avec lui ainsi qu'avec le lecteur.

Dans ce récit très intimiste, il n'hésite pas à insérer quelques extraits de son oeuvre dans des passages en italique pour notre plus grand plaisir.

Évidemment est posée la grande question, à savoir si dans les derniers instants de sa vie, il a retrouvé la foi, lui, qui « des bondieuseries, n'avait jamais voulu entendre parler ».

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Écriture qui m'ont permis de découvrir Rimbaud, Dernier voyage et ainsi de parfaire ma connaissance sur une des figures majeures de la littérature française.

À noter la très belle couverture avec cette célèbre photo du poète dont le regard avec ce voile qui transperce, cette intensité et cette absence tout à la fois a été saisi en septembre 1871 par Carjat.

Dommage, deux erreurs se sont glissées à la fin de la chronologie...


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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La véritable histoire du Petit Prince

« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité. »

St Exupéry en train de rire, au café Arnold à New York, assis entre son éditeur Eugène et Elisabeth Reynal. Photo jaunie de 1942...

L'écrivain souffre d'une certaine mélancolie, il peine sur son livre "Citadelle".

Nostalgie du pays perdu, l'absence de Consuelo, son épouse et blessé par l'accueil controversé de son livre "Pilote de guerre".





Antoine dessine un petit garçon aux cheveux en bataille, sur la nappe. "Un sacré coup de crayon, expressif vif et nerveux..."

-"Et si vous écriviez un conte pour enfants?

-Et pourquoi pas?"





A moins qu'Antoine ne désirait écrire un conte pour enfants, depuis 7 ans., pour son frère François, perdu si jeune, à 14 ans...

Ou grâce à la belle actrice Annabella ( Le Million de René Clair, en 1931 ) qui lui a lu "La petite Sirène". Et qui lui rend régulièrement visite dans son deux-pièces qu’ils se plaisent à imaginer quelque part dans le ciel, loin de la Terre, une sorte de petite planète telle celle du petit prince. Lors de l'écriture du "Petit Prince", Saint-Exupéry appelle son amie pour lui lire des chapitres au fur et à mesure qu’il les écrit.

« Les étoiles sont éclairées pour que chacun puisse un jour retrouver la sienne. Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire. »





Le fils de son ami De Konnick lui aurait servi de modèle, le boxer de Sylvia Reinhardt pour un tigre, et le caniche d’un ami pour dessiner le fameux mouton. Parfois, épuisé, Saint-Exupéry s’endort sur son bureau.

« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »
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De l'or dans la nuit de Vienne selon Klimt

Les Ateliers Henry Dougier ont tout récemment inauguré une nouvelle collection, intitulée « Le roman d’un chef d’oeuvre », dont le troisième titre s’intéresse au célèbre Baiser de Klimt. C’est Alain Vircondelet, commissaire d’expositions, auteur de biographies et de travaux majeurs sur la peinture, qui nous fait découvrir la genèse et le sens de ce tableau parmi les plus connus au monde.





Réalisation iconique de Klimt, « sa Joconde, aime-t-on encore à dire… », le Baiser apparaît comme le chef-d’oeuvre du peintre :

« Il fallait bien qu’un jour j’accède à la voute céleste, se dit Klimt, parachevant la toile fameuse. L’œuvre d’art est signe du ciel et il faut toute une vie de peinture pour atteindre à l’étoile. Après qu’on l’a accrochée au firmament, le peintre peut mourir ou se faire plaisir en peignant des fleurs ou des paysages, puisqu’il a atteint l’essentiel à quoi il a voué sa vie ».

Et s’il survécut une décennie à son acmé, il passa en effet, après le Baiser, à « des portraits de commande pour survivre mais aussi des tableaux de la nature » ...





Atteinte d’un firmament, le Baiser est en tout cas le fruit ultime de la période de créativité la plus active de Klimt, celle connue sous le nom de « cycle d’or ». Ebloui par les mosaïques byzantines et les coupoles de la basilique Saint-Marc à Venise, le peintre trouve rapidement dans le fond d’or de ses peintures le moyen d’exprimer toute la subversion qui l’anime. Dans une Vienne et un Empire vivant leurs derniers feux en ce début de vingtième siècle, alors qu’ors et fastes ne parviennent plus guère à masquer la gangrène, et que par ailleurs Klimt multiplie les aventures sexuelles tout en idolâtrant son éternel amour, chaste celui-là, pour Emilie Flöge, les faire ressortir sur un fond d’or revient à sacraliser ses sujets, à séparer leur beauté de la hideur ambiante, à tenter de les protéger de la fin d’un monde par l’éternité de l’or. Alors, lorsqu’il se représente, étreignant avec autant de dévotion que de tendresse, son si grand et si pur amour qu’il en échappe même aux vicissitudes de la chair, c’est toute la force de son idéal qu’il tente d’enchâsser et de sacraliser en le retenant au bord de la falaise…





La très belle plume d’Alain Vircondelet n’explique jamais en termes finis et définitifs. Elle propose et ouvre les hypothèses, laissant à la sensibilité du lecteur le soin de percevoir l’immensité du sens, celui que le peintre lui-même a longtemps cherché à tâtons, laissant son âme et son inconscient s’emparer de son œuvre pour la façonner peu à peu vers l’expression de son essentiel. Et c’est ce qui fait la force et l’intérêt de cette centaine de pages : converger petit à petit vers une compréhension du tableau, comme l’artiste lui-même a progressé lentement vers l’expression ultime de ce qui lui tenait le plus à coeur.


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Mémoires de Balthus

Ces mémoires entraînent dans une longue méditation sur la peinture ce qu'elle devrait être, ce qu'elle représente pour Balthus : lumière et prière.

La lumière avant toute chose et l'espérance à chaque touche du pinceau, "apprivoiser le mystère" dans la lenteur du temps, le silence. Il prend le temps qu'il faut pour achever un tableau. Il sait en le contemplant quand il doit s'arrêter mais cela peut prendre parfois des années.

"Chaque matin, je regarde l'état de la lumière. Je ne peins que dans la lumière naturelle, jamais dans la lumière électrique, seulement celle qui change avec les mouvements du ciel, ondoie, moire et organise le tableau." p 45



"J'ai souvent pensé que la plus grande qualité, la plus belle vertu, était de se taire, de faire silence. je n'ai jamais interprété mes tableaux, cherché à comprendre ce qu'ils pouvaient signifier. Et d'ailleurs doivent-ils forcément signifier quelque chose ? C'est pourquoi j'ai si rarement évoqué ma vie, trouvant inutile de la raconter. Plutôt que de m'exprimer, c'est d'exprimer le monde par la peinture qui m'a toujours occupé." p 53

Et c'est ce qui fait tout l'intérêt de ces mémoires. Balthus ne raconte pas sa vie. Il parle de ses amis, Giacometti, Picasso, de sa mère Baladine, dernière muse de Rilke, mais sur le ton de la confidence, en douceur et avec réserve. Il nous dit aussi ce qu'il rejette dans la peinture moderne, sa séparation d'avec la nature, son oubli de ceux qui ont précédé, les anciens qui lui ont tout appris comme Piero della Francesca ou Poussin.

Il aime aussi la musique, plus particulièrement son cher Mozart :

p 156 "Écouter Mozart comme on prie aussi parce que son chant a su capter les vibrations secrètes du monde. En peinture, la même grâce doit habiter l'artiste. La même quête d'harmonie."

Les écrivains, Albert Camus, Maurice Blanchot, Henri Michaux ou Artaud, des cinéastes comme Fellini, "Tous les deux nous voulions traverser, franchir, et on revient toujours à ce mot, atteindre." p 144

La liste est longue de tous ceux qu'il a admiré et aimé.

Ces "mémoires" sont d'une grande richesse car elle font revisiter tout l'art du XXème siècle à travers le regard d'un homme qui s'efforce d'être sincère et s'incline humblement devant le mystère et l'exigence auxquels il a subordonné sa vie : la peinture

Et nous dit-il , en s'inscrivant dans la lignée des maîtres siennois dont il respecte les méthodes, "Le temps vaincu : n'est-ce pas peut-être la meilleure définition de l'art ?"

C'est une belle leçon de vie, secrète et intense, que nous offre là cet homme dont j'ai plaisir à prononcer et écrire son beau nom : Balthazar Klossowski de Rola
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La cathédrale



De ce livre foisonnant, érudit, citant entre autres (entre milliers d’autres)Isidore de Séville et Saint Augustin, racontant notre Moyen Age avec ardeur et passion, nous régalant de l’explication du Couronnement de la Vierge de Fran Angelico au Louvre, et, surtout, écrit de façon éperdument enthousiaste, sublimement lyrique, épanouie, de ce livre, donc, je vais essayer, en me sentant toute petite, de communiquer ma lecture.

Dans la Cathédrale, le héros de Huysmans se demande : suis-je plus heureux qu’avant ma conversion ? et la réponse est donnée par le foisonnement des symboles présentés dans les cathédrales, et en particulier dans Notre-Dame de Chartres, cette « blonde aux yeux bleus. ».Selon Durtal, critique d’art comme son auteur Joris-Karl Huysmans, descendant de peintres hollandais et lui- même critique d’art, Chartres est la seule cathédrale à avoir gardé une âme, la cathédrale de Paris étant, après tous ses remaniements, devenue froide. (Elle a eu un coup de chaud par la suite, mais c’était imprévisible).

Chartres a été romane, art venant d’Asie, comme l’attestent ses vierges noires et sa crypte perse. Durtal se demande pourquoi les hommes ont voulu par l’arc ogival construire toujours plus haut ? Il prend exemple de la forêt de Jumièges, et l’hypothèse est que l’art gothique est une manière de copier les cimes des arbres qui se rejoignent. Cependant en voyant les plans de la cathédrale il pense au corps du Christ, et aussi à un vaisseau. Les symboles se multiplient pour expliquer un art aussi complexe que le gothique.

Que sont les symboles ? ils concernent les chiffres, les couleurs, les pierres, et chacun au Moyen Age tant décrié et que Huysmans veut réhabiliter ( avec la foi qu’il vient de découvrir) en comprenait le sens . « Ce que les illettrés ne peuvent saisir par l’écriture doit leur être enseigné par les peintures ».

1. les nombres : il y a généralement trois portails, en l’honneur de la Sainte trinité, sauf, exception sans explication, la cathédrale de Bourges, avec 5 portails et 5 nefs (la main ?) et la cathédrale d’Anvers, avec 7 nefs ( 7 dons du Paraclet ?) Chaque chiffre est porteur, depuis le 1 , Dieu unique, le 2 les deux natures du fils, les deux testaments, et selon Saint Grégoire le Grand, les double enseignement de l’amour de Dieu et du prochain, le 3, somme des hypostases et des vertus théologales …..jusqu’au 10 , 11, 12, chaque chiffre trouvant son explication symbolique .

2. les couleurs, en premier le bleu, d’abord évoqué per celui du Couronnement de la Vierge De Fra Angelico, du Louvre, tableau étudié par Durtal, ce bleu mâtiné de blanc et qui s’élève, qui s’échelonne à travers l’escalier jusqu’au drapé du ciel bleu de cobalt, certains rouges, dont la robe de Marie Madeleine.



Huysmans note alors les allégories exprimées par les couleurs :

- Le blanc : la pureté la virginité, la sagesse.

- Le bleu : chasteté, innocence, candeur. »Les bleus de Fra Angelico sont d « une sérénité extraordinaire, d’une candeur inouïe. » Les bleus dits « de Chartre » des vitraux sont eux aussi inoubliables, « d’un bleu splendide de saphir rutilant, extra-lucide », couleur si belle que toutes les autres se mettent en quatre pour la faire valoir.

- Le rouge : couleur de la robe de Saint Jean, et de celle de Marie, dans les peintures des Primitifs. : Passion, souffrance et amour.

- Le rose : l’amour de la sagesse, et douleur.

- Le vert : espoir de la nature régénérée.

- Le noir : teinte de l’erreur et du néant

- Le brun : synonyme d’agitation, avidité, sécheresse : un peu satanique.

- Le gris : couleur de la pénitence, de la cendre.

- Le jaune : Souvent assigné, au Moyen Age, à Judas, indice de la paresse, de l’horreur, de la trahison et de l’envie. (Cette haine du jaune nous parle bien évidemment)

Ces qualifications donnent cependant lieu à tergiversations, chaque couleur pouvant être interprétée en plusieurs sens différents.



3. Les pierres, enchâssées dans les parures des vierges, ont chacune une signification, connue du monde moyenâgeux, le diamant (Marilyn) le rubis (Kessel) , les émeraudes, chacune avec un pouvoir spécial de guérison.

Au delà des symboles expliqués longuement, des retours sur l’architecture gothique, de l’affirmation que les peintres primitifs venaient en premier du Nord, de la Hollande, d’Allemagne, puis d’Italie mais pas de France, qui en revanche a été la première et la meilleure à construire les cathédrales, Huysmans catalogue la Renaissance comme le sacre de la « syphilis de la décence » bien que Durtal ait choisi un peintre à la limite extrême du Moyen âge.

Assez moderne, ce livre, si beau dans son lyrisme emporté ( si on évacue le point de vue mystique /ecclésiastique) avec l’étude des couleurs dignes d’un Pastoureau, la numérologie, et la gemmothérapie, sans oublier sa conclusion : Etant donné que la médecine est devenue plus que jamais un leurre, et même un danger, pourquoi ne pas revenir aux panacées mystiques d’antan ?

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Rimbaud : Dernier voyage

Un bon biographe sait se glisser dans la peau de son sujet et l'investir totalement, de manière à nous faire oublier qu'il nous raconte la vie de quelqu'un d'autre !



Pari plus que réussi pour Alain Vircondelet, qui dépasse toutes les expectatives en « devenant » carrément Rimbaud.

Le biographe, Chevalier des Arts et des Lettres tout de même ! ne se limite pas simplement à raconter le Dernier voyage du poète mondialement connu, il retranscrit en rajoutant librement son interprétation de l'état d'esprit du poète « aux semelles de vent » en route vers sa dernière demeure.



Fort de plusieurs dizaines d'ouvrages traitant de figures majeures de la littérature, des arts et de la spiritualité chrétienne : Albert Camus, Marguerite Duras, Blaise Pascal, Saint-Exupéry, Jean-Paul II, Balthus ou encore Casanova, on ressent l'expérience de la recherche et du travail d'orfèvre.



C'est avec brio, intelligence et sensibilité qu'Alain Vircondelet nous embarque dans cette promenade bucolique où Rimbaud, l'archange de la révolte, lutte pour ne pas abandonner la vie.

C'est écrit sans fioritures, comme dans une religion permanente de l'instant !

Le style est vif, les sentiments vrais et nobles et le verbe est cru ! C'est un si long voyage que de quitter la vie !



L'intensité bien connue du poète est bien retracée et des faits de sa jeunesse et de sa création artistique nous permettent de découvrir encore quelques traits de sa personnalité.



Rimbaud était le maître des idées marginales, anti-bourgeoises et libertaires. Il a choisi une vie aventureuse, d'explorateur des terres et des hommes, qu'il l'a amené à l'autre bout du monde.

Au fil des confidences, le lecteur recompose la trajectoire du personnage et de ses blessures, surtout celles qui ont forgé sa personnalité singulière.



La poésie française ne serait pas la même sans Rimbaud et son génie !



Embarquez-vous dans ce Dernier Voyage et vivez comme si vous y étiez la vie brève et aventureuse de l'un des géants de la littérature mondiale.





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Guernica : 1937

"Guernica 1937" est bien plus qu'un roman, c'est un livre sur la relation entre Picasso et Dora Maar et aussi sur la genèse de sa toile "Guernica "

Ce "roman" ne fait que renforcer et confirmer ce que l'avais déjà lu sur Picasso, à savoir qu'au delà des apparences, c'était un homme très , voire uniquement egocentré. " L'idée même de se laisser conduire par l'amour le révulsait. C'était lui qui devait mener la barque, diriger le jeu, contrôler les vents. Il était en fait obsédé par l'idée de la posséder, de la pénétrer, de l'asservir et de la ruiner."

Il nous est aussi rappelé ici qu'il n'a pas été bouleversé par l'exécution en 36 de Federico Garcia Lorca . Il n'a également rien fait pour sauver son ami Max Jacob détenu au Vél' d'Hiv' puis déporté dans les camps.



C'est à travers Dora Maar, cette photographe talentueuse qui tomba follement amoureuse de Picasso et qui partagea de nombreuses années avec lui que Alain Vircondelet nous parle de Picasso et de sa fameuse œuvre Guernica.

Ce tableau veut dénoncer la barbarie en général elle ne veut pas être uniquement une réponse au terrible bombardement de la petite ville basque Guernica.

Dora Maar a joué un rôle important dans la création de cette toile mais Picasso taira cette collaboration.

Si Picasso ne m'est pas sympathique, vous l'aurez compris, ses œuvres peuvent quant à elle forcer l'admiration et à ce titre le roman de Vircondelet est très intéressant. Ilnous explique certaines toiles ce qui est toujours un plaisir d'en comprendre le sens.

Si ce livre reste un roman, ce n'est pas pure invention.

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Guernica : 1937



Quand on se promène dans Ménerbes, un des villages perchés les plus pittoresques du Luberon, on passe, inévitablement devant une bâtisse cossue construite par le général d’Empire, Baron Robert, gouverneur de Tortosa en Espagne.

En façade, derrière une baie vitrée, une photographie en noir et blanc, le portrait d’une femme énigmatique, aimante le regard des passants, c’est Dora Maar (ThéoDORA MARkévich, née et morte à Paris 1907- 1997), peintre, et surtout photographe talentueuse , amie des surréalistes, qui devint propriétaire de cet hôtel cossu, somptueux cadeau de son amant Pablo Picasso qui concrétisa, ainsi , leur rupture, qui fut très douloureuse pour sa muse.

Alain Vircondelet nous livre un roman, un beau roman d’amour fusionnel, où il décrypte avec beaucoup d’émotion, de poésie, cette idylle corrodante.

Dora croyait apprivoiser Pablo, mais elle s’est brulée les ailes auprès de son génial amant.

Dora Mar photographia les différentes étapes de Guernica, - plus de cent clichés - que Picasso entrepris de peindre dans son atelier de la rue des Grands-Augustins dès février 1937

Les fortes personnalités de deux amants sont finement analysées, les caractères des protagonistes exposés avec justesse, perspicacité.

Quand Picasso , le Minotaure machiste, ténébreux, rusé, mettra un terme à cette relation incandescente qui dura huit ans, passion conflictuelle, destructrice, Dora l’adorée, femme-artiste au caractère de feu mais d’une sensibilité à fleur de peau, en sortira irrémédiablement , cruellement, fatalement, meurtrie , à tout jamais et pour la postérité « La femme qui pleure ».



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La cathédrale

Antoine Compagnon, dans l'histoire de la littérature française à laquelle il a collaboré, sous la direction de Jean-Yves Tadié, décrit avec justesse la crise que le roman traverse dans les dernières années du XIX°s, à la fin du naturalisme. Il signale que "l'écriture romanesque a donc été tentée de s'éloigner de la présentation dramatique de la vie. Sur le modèle de L'Education Sentimentale, on a rêvé d'un roman où il ne se passait rien, à l'envers du roman d'aventures.(...) Avec Huysmans, toutes sortes de développements non narratifs ont pu s'intégrer au roman, comme les chapitres de critique littéraire dans A Rebours (1886) ; dans Là-Bas (1891) et En Route (1895), le truchement de la fiction servait à l'écrivain pour faire part de ce qui lui tenait à coeur : le satanisme, l'histoire de Gille de Rais, la religion, tandis que les personnages restaient vagues." (La littérature française, dynamique et histoire, tome II, p. 605). C'est aussi le cas des "Trois Villes" de Zola, ou de ses "Quatre évangiles", ses très médiocres derniers produits.



Ceci vaut pour la Cathédrale, roman où il ne se passe absolument rien. Durtal, le héros converti du tome précédent, a suivi son père spirituel à Chartres et il contemple la cathédrale. Il la décrit par le menu, en détaille tous les motifs, toutes les statues, tous les symboles, en compagnie d'un abbé local dont c'est la passion. Ceci est donc moins un roman qu'un traité d'architecture et de symbolique médiévales, et si l'on veut à toute force trouver un fil narratif, ce sera celui des hésitations du héros à transformer sa conversion (relatée dans "En Route") en vocation monastique. Mais même ces tergiversations d'une âme à entendre Dieu manquent singulièrement d'énergie, puisque Durtal est définitivement passé du bon côté, le péché tel que nous le connaissons n'ayant plus de prise sur lui.



Reste, de ce roman raté, la splendeur de la prose, qui est l'écho fin de siècle du Génie du Christianisme. Je crois qu'il faut une érudition phénoménale et une attention de tous les instants pour bien comprendre "La Cathédrale" et j'ai toutes les chances d'être passé complètement à côté, car j'attendais, en somme, le roman d'une âme, comme Bernanos en fit plus tard. C'est plutôt ici le poème d'un édifice, de la foi manifestée dans la pierre, d'un Moyen-Age rêvé et célébré en couleurs, lumières et mots.
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Guernica : 1937

Dora Maar ou Guernica, ce beau roman raconte une femme, comme un détour indispensable avant la visite à l'Expo Dora Maar Pompidou, il nous dévoile un destin méconnu, si déchiré de passions pour l'Art.

De la femme inconnue farouche et sublime à la fois découverte par Picasso dans le studio-atelier de Man Ray, au tableau de Guernica peint par Picasso, il y a une déchirure amoureuse, celle de Dora Maar.





L'exposition qui est consacrée au mois de juillet 2019 à Dora Maar, trouve dans le livre d'Alain Vircondelet publié en 2018, quelques clés indispensables pour comprendre l'oeuvre et la personnalité de cette femme singulière dont le destin a voulu qu'il soit incrusté dans le tableau de Pablo Picasso Guernica.





Loin de lever toutes les circonstances de leur rencontre et du déroulement minutieux de leur vie amoureuse, Alain Vircondelet, a eu l'intuition que le tableau Guernica racontait bien plus que le massacre perpétré contre une petite localité espagnole proche de Bilbao.





Le Livre est aussi l'histoire de leur rencontre, la rencontre de deux artistes, qui n'ont pas cessé de se mesurer, de se défier et peut-être de s'aimer un peu. Chaque soir Dora Maar revenait dormir chez elle, rue de Savoie au numéro six. C'est dans son atelier, rue de Savoie qu'elle attendait l'appel de Picasso pour le rejoindre. Cependant près de Paris, Picasso veillait sur Marie-Thérèse et sa fille Maya, qui s'installaient au Tremblay-sur- Mauldre dans une maison que Vollard leur céda.





Ayant quitté Bataille et ses amis, Dora avait mis définitivement, un terme à cette relation surréaliste faite de soirées sadomasochistes, rencontres mystérieuses entre anarchisme, ésotérisme et érotisme. Dans cette pagaille, elle ne trouvait plus aucune raison de vivre, leur dégradation intellectuelle perverse la vouait au désespoir.





Picasso pouvait nourrir beaucoup de fantasmes face à cette femme si étrange et par laquelle son énergie et sa virilité pensait-il, pouvaient une nouvelle fois s'exprimer. C'est en Minotaure qu'il voyait l'espoir de dominer et de séduire cette femme étrange et envoûtante qui semblait prête à le défier.





Le véritable défi c'est Guernica, c'est un séisme que signe la destruction de la ville. Pablo Picasso s'effondre peut-être pour la première fois. Il ressent le désarroi du monde, et pour les femmes le sentiment de devoir les protéger, le sentiment d'avoir à porter le lourd fardeau de ce chagrin immense déversé sur les terres d'Espagne.



C'est ensemble que Pablo et Dora feront grandir le tableau, il va se déployer se métamorphoser au fil des mois. Picasso insista auprès de Dora pour que toutes les phases de construction de cette fresque soient photographiées, étape par étape, avec l’œil de Dora, avec œil de la femme ensevelie de Guernica qui pleure..





Ce que Dora n'imaginait pas c'est que Picasso par sa peinture a identifiée Dora à Guernica. Picasso décréta que chaque jour dora devait poser pour lui. Picasso va sacrifier Dora à cette fresque, la transformant elle, l'artiste en une femme qui pleure ses enfants.





C'est le tournant de leur histoire c'est le tournant de la vie de Dora Maar qui va jour après jour repeindre les mêmes tableaux, ses portraits avec sa façon à elle de les peindre.

À chaque toile qu'il faisait, elle répondait par une autre, presque la même, comme si elle voulait par là récupérer son image, se la réapproprier, ne pas la lui laisser. C'était un acte de survie décrit page 165.





Quand Picasso les vit, il ne fit guère de commentaires, il ne voyait rien du drame qui se jouait. l'exhibition de ses autoportraits lui fut cependant irréparable, il y voyait une manœuvre magique presque du maraboutisme ce dont il se méfiait par-dessus tout.

Il fallait que tout ou tard elle soit punie. Qu'elle en meurt même.



La déchirure entre eux est consommée au moment où Picasso lui offre une villa à Méherbes.

Quand un artiste iranien profanera Guernica écrivant : tuer tous les mensonges, cette injonction fit pâlir Dora dans sa solitude. Elle lui donnait raison, tout avait été que mensonge et poursuite du vent.
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Rimbaud : Dernier voyage

La vie de Rimbaud fascine, et cette année, commémoration oblige, il y a beaucoup de livres sur le sujet.

Alain Vircondelet a choisi la dernière année du poète, les derniers mois même.

Gravement malade, il doit partir d'Aden et rejoindre Marseille par bateau pour se faire amputer de la jambe.

La traversée est difficile, il souffre et ne sait pas s'il doit se réjouir ou non de regagner la France.

Une fois l'opération réalisée, il retourne dans son village natal dans les Ardennes, avant de finalement revenir à Marseille où sa soeur l'accompagnera jusqu'à la fin.



La biographie romancée est un exercice difficile.

Vircondelet fait deux choix :

L'emploi d'une prose poétique très « rimbaldienne » qui tente de recréer un monde vu par le prisme de Rimbaud.

Et une narration à trois voix : celle du « je » de Rimbaud (ou comment se mettre dans la tête de Rimbaud), celle du « tu », c'est-à-dire du narrateur s'adressant à Rimbaud, et celle du « il », plus factuelle, qui s'appuie sur des dates et des faits avérés.

Je mesure la difficulté de l'exercice mais je dois avouer que je n'ai pas été convaincue, et je vois que les avis sur Babelio sont partagés.

Néanmoins cela m'a permis de renouer avec le poète et je note le conseil d'un membre de Babelio de lire « Rimbaud le fils » de Pierre Michon.



Je remercie Babelio / Masse critique et les éditions Ecriture pour ce livre.

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Sagan : Un charmant petit monstre

Une autre biographie qui dévoile une Françoise Sagan "un charmant petit monstre" (Mauriac) , femme fragile, instinctive, souvent scandaleuse, attachante et douloureuse.

L'écriture est belle, mais j'ai préféré la spontanéité de la biographie de Geneviève Moll.

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Et nos pleurs seront des chants

En un mot : superbe. Cette écriture, le ton, les mots. Et surtout cette émotion à toutes les pages, toutes les phrases : c'est puissant, exceptionnel. Sous forme d'énumération, presque de liste, notre narrateur se souvient de se jour si particulier où sa mère et lui sont montés au bord de "Ville d'Alger", expulsés comme d'autres de leur pays natal, la "Barbarie", pour éviter les violences, partir en exil vers la France, désillusionnés à babord, sans grand espoir à tribord : quand on n'est plus les bienvenus ni d'un côté, ni de l'autre. Un bateau pour trait d'union, ceux qui ont glissé vers le Sud la valise pleine de projets, sur cette même mer, et ceux qui reviennent la valise pleine de rejets un siècle après. Un retour forcé, les larmes roulant sans cesse comme ce bateau qui vogue, mélancolique, chargé, lui permet aussi de revenir sur le départ de ses ancêtres, des promesses faites d'un Eldorado escroqué, du courage de quitter les campagnes pour des déserts. Les mots répétés pour rappeler la répétition des exactions. Je n'ai jamais lu un livre aussi intense sur cet épisode sombre de notre histoire. Chaque page est une brise marine qui fait frissonner. L'auteur nous embarque pour un voyage inoubliable, à fleur de peau, des "derniers hommes". Magnifique.
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Des amours de légende

Des artistes engendrent-ils des relations hors normes ? C'est ce que l'on se demande en lisant A. Vircondelet.

Avec la verve d'un chroniqueur d'art, il nous narre dix histoires de couples singuliers, avec un angle et une interrogation sur les répercussions de la relation sur l'œuvre de chaque artiste. Parfois les histoires se recoupent, dressant un tableau de la vie culturelle du Paris des années 20.



Il ou elle, tour à tour ou en même temps, muse, égérie, inspiratrice, ange gardien, souffre douleurs, double, épouse, sœur, mère, miroir, madone protectrice, maître de vie...



Au premier couple Camille Claudel/Auguste Rodin, j'ai lâché l'ouvrage car j'ai eu envie d'en savoir plus dans le livre cité d'Anne Delbée : "Une femme", qualifié de révélation.



Retrouverez -vous Consuelo Sucin (désolé, je ne sais pas faire l'accent aigu sur le i), la femme de Saint-Exupéry dans ses dessins? Leur histoire est entre les lignes : la rose, c'est Consuelo, lui est le Petit Prince à qui s'adressent les leçons de conduite : "tu deviens responsable de ta rose " dit le renard.



A chaque fois, la recherche des œuvres picturales sur le net a interrompu ma lecture.



"Des amours de légende" est un livre enflammé comme l'est l'amour de ces dix couples, avec des ingrédients qui colorent la relation : perversion, violence, dépendance, indépendance, misère, alcool ...cependant chaque fois l'auteur nous ramène à l'influence de la relation sur l'œuvre.



Le concept de ce projet biographique est une réussite.

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Rimbaud : Dernier voyage

En mai 1891, le poète Arthur Rimbaud qui est devenu négociant en Afrique, doit rentrer en France pour se faire soigner de la jambe. En effet, il souffre depuis quelque temps et ne peut plus se déplacer en marchant. Son voyage de 12 jours à bord de l'Amazone sera particulièrement difficile et marqué par la douleur permanente. Il arrive à Marseille où il est pris en charge à l'Hôpital de la Conception où sa mère Vitalie vient à son chevet avant son amputation de la jambe. Rimbaud a du mal à accepter le retour de celle-ci dans les Ardennes quelques semaines plus tard et tout ce qu'il espère, c'est d'être vite soigné pour repartir à Aden où l'attend sa vie qu'il aime tant. Rimbaud va passer quelque temps à Roche où il est né et a grandi, entouré de l'affection de sa sœur Isabelle. Voyant que la maladie reprend, il décide de repartir pour Aden mais il n'ira pas plus loin que Marseille où Isabelle l'accompagnera durant ses dernières semaines.



Je remercie Babelio à travers cette opération Masse Critique et la maison d'éditions Ecriture de m'avoir permis de découvrir cette biographie d'Arthur Rimbaud, poète que j'ai beaucoup apprécié plus jeune.

J'avais lu il y a quelque temps deux biographies sur ce poète, Vie prolongée d'Arthur Rimbaud de Thierry Beinstingel et Les jours fragiles de Philippe Besson qui m'avaient bien plu et permis d'en savoir plus sur les dernières années du poète, plus méconnues du grand public que son adolescence fougueuse ou ses amours avec Verlaine.

J'ai apprécié cette nouvelle biographie consacrée aux 6 derniers mois de Rimbaud. J'ai notamment aimé l'écriture d'Alain Vircondelet qui prend la plume de Rimbaud en disant "Je" et transcrit parfaitement ses souffrances, sa nostalgie d'Aden, son désir intense d'y retourner mais aussi son envie de revenir chez lui, à Roche dans les Ardennes, où il éprouvera vite une sensation d'étouffement devant cette vie si différente de celle qu'il a connue en Afrique. Ses sentiments ambivalents pour sa mère sont aussi bien retranscris.

Alain Vircondelet réussit à intégrer des phrases du poète dans son récit et certaines de ses expressions , cela nous rend plus proche encore l'écrivain.

Par contre, j'ai fait quelques recherches car je trouvais étrange que dans le récit, Rimbaud décède mi-novembre alors que la chronologie à la fin de la biographie date sa mort du mois de septembre, ainsi que son retour en France de 1890 alors que vraisemblablement, il est revenu en mai 1891. Cela m'a un peu perturbée car je me suis demandée si ce récit prenait des libertés avec la vie de Rimbaud, la romançait, ou s'il y avait des erreurs chronologiquement. C'est dommage que certaines dates de cette chronologie soient fausses.

Ce livre intéressera les lecteurs curieux d'en découvrir plus sur Rimbaud et plus spécifiquement ses dernières expériences à Aden et sa fin de vie. Il se lit agréablement et vite.
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Marguerite Duras : La traversée d'un siècle

Marguerite Duras fascine depuis toujours aussi bien le grand public que les romanciers actuels ée en 1914 dans l'Indochine coloniale, elle traverse le siècle au coeur de ses turbulences, de la trouble période de l'occupation aux mouvements ultra-gauchistes de l'après 68, en passant par le communisme.

La biographie de référence de Duras, par l'un de ses amis les plus intimes.
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Chez Barbara : La dame brune

Un bel hommage aussi que ce 2. beau livre"Chez Barbara, la dame brune" d' Alain Vircondelet ( biographe de Marguerite Duras, B, Antoine de Saint-Exupéry ou , Arthur Rimbaud.) paru aux éditions du Rocher en cette rentrée de septembre .

Ce qui domine toujours, c'est l'idée qu'elle "chante vrai", qu'elle ne "joue" pas. Son désespoir et son désir de vivre et d'aimer rejoignent ceux de son public, les mêmes aveux en demi-teintes, la même inconsolable nostalgie, indéfinissable

pourtant, où se mêlent les souvenirs de l'enfance, la peur de la mort et sa fascination, et aussi le même émerveillement devant la nature entière que chaque saison renouvelle. »

Dans cette biographie, par touches sensibles, Alain Vircondelet évoque les histoires d'amour que cette artiste rebelle et solitaire a tissées avec son métier, son public, sa famille, ses hommes et son engagement, sa générosité auprès des blessés de la vie ou des malades du sida.

Un portrait au plus vrai de la « longue dame brune ».

Grace aux belles illustrations de Philippe Lorin le livre fait revivre, avec des portraits très réalistes accompagnés d'aquarelles fines et nuancées, cette grande très grande même figure de la chanson française .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Albert Camus et la guerre d'Algérie

Quand je lis certains livres, je me demande toujours s’ils trouveront leur public, même si, bien sûr, je le souhaite.

L’on parle peu, très peu de la guerre d’Algérie – des « événements », disait-on à l’époque, des « événements », disent encore certains (si), pour qui rien ne semble s’être passé, là-bas. Aussi c’est avec intérêt que j’ai lu ce livre, très bien documenté, qui nous parle de ce qui se passait là-bas, de l’autre côté de la Méditerranée, qui nous parle aussi de ce qui se disait, en France, du côté des intellectuels « rive gauche ».

Albert Camus paraît seul – et pourtant. Il a une vie amoureuse que je qualifierai de riche, de complexe. Il était partagé entre plusieurs amours, qui lui inspiraient, pour chacune des femmes qu’il a aimé, des lettres passionnées. Il était partagé entre la France et l’Algérie, lui qui est né, a grandi, a étudié sur la terre algérienne, lui qui craint chaque jour pour sa mère, lui qui sait également la misère qui règne là-bas.



Albert Camus écrit beaucoup, et n’est pas toujours compris par ceux qui sont sûrs de la justesse de leur position, par ceux qui n’ont pas vécu là-bas. La violence et l’horreur des « événements » (oui, je garde le terme) nous sont racontés, et je me demande ce que l’on en savait réellement en France, à l’époque. Mais… il est tant de faits qui paraissaient « normaux » à l’époque, qui peut-être paraissent encore normaux aux yeux de certains, au nom du « la fin justifie les moyens ». En étant aussi elliptique, j’ai l’impression de passer à côté de ce qui s’est joué à cette époque, en Algérie, en France, des tourments, bien réels, vécus par Albert Camus. Et pourtant, ce livre nous parle de lui, de cette époque, de tout ce qui a été vécu, enduré, souffert.

Un livre à découvrir, pour ceux qui veulent en savoir plus sur la vie d’Albert Camus et sur ses liens avec sa terre natale.
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Un été à Long Island

Comme vous le savez tout ce qui touche aux écrivain(e)s et à la création littéraire me passionne et j'aime de temps en temps jouer la curieuse pour découvrir se qui se cache derrière un ouvrage : comment il est né, comment il a été construit, dans quelles circonstances, où l'auteur(rice) a trouvé l'inspiration etc....



J'avais déjà été très intéressée par la lecture de Journal d'une vie de Jean-Pierre Guéno sur Antoine de Saint-Exupéry dont je connaissais peu de choses et j'ai eu envie d'en savoir un peu plus sur la genèse d'un des livres les plus connus, lus et vendus dans le monde entier.



"Ils vivaient ainsi tous deux dans cette sorte de distance qui finissait par être un art de vive accepté d'eux et de leurs amis, par la force des choses et la nature étrange de leur amour. Chacun avait rejoint son camp, son univers, son style. (p50)"



Eté 1942 - Etats-Unis - Le couple formé par Antoine et Consuelo est au bord du divorce après onze ans de mariage. Elle ne supporte plus les relations extra-conjugales de son époux, ses absences, ses errances mais elle aime malgré tout l'homme et donc n'arrive pas à franchir le pas. Lui est en rupture avec la diaspora des français émigrés aux Etats-Unis, les surréalistes, ami(e)s de sa femme, peintre elle-même n'ayant pas le même positionnement face à la guerre mais également sur De Gaulle, Antoine passant même pour un "ami" de Vichy.



Antoine, lui, veut combattre, s'engager sur le terrain et faire ce qu'il aime le plus : voler, mais n'obtient pas les autorisations nécessaires des autorités françaises. Il a 42 ans et est plongé dans l'écriture de Citadelle, ce qu'il appelle son œuvre maîtresse qui lui demande beaucoup de concentration mais son esprit n'est pas à l'écriture, traversant une dépression qui le mène dans les bars ou à retrouver soit une maîtresse soit une femme de petite vertu, ne se cachant nullement de ses infidélités, allant jusqu'à trouver dans l'alcool et certaines substances une manière d'accepter ses frustrations et ses douleurs. Un couple discordant mais indissociable, mêlant l'air, la plume, la mélancolie d'Antoine aux pinceaux et couleurs du tempérament brûlant du feu salvadorien d'une Consuelo faisant preuve de patience, de résignation pour finalement s'octroyer des aventures et amitiés masculines pour répondre aux caprices d'un homme se souciant avant tout de ses besoins, à la recherche d'une enfance choyée mais lointaine, recherchant inlassablement auprès de ses nombreuses conquêtes l'attention, la présence bienveillante des femmes de sa famille : sa mère, ses sœurs. Il s'ennuie, il déprime mais régulièrement il dessine, il crayonne un petit personnage à la fois une représentation de lui-même, de la solitude dans laquelle il vit mais lui offrant certains traits de Consuelo.



"(...) Consuelo et Antoine étaient deux être totalement antagonistes. Il aimait la nuit et ses secrets, elle aimait la lumière et les choses spontanées. lui était empêtré dans une psychologie compliquée et sinueuse, elle était frontale et sans profonds abîmes... Elle voulait vivre une vie harmonieuse et joyeuse, il tentait de rassembler ses forces pour résister à ce qu'il appelait les "glissements de terrain" du monde et de soir, sûr que tout était voué à la nuit, qui emporterait avec elle le mirage d'un monde ancien qu'il avait tant aimé et le fantasme d'une vie familiale heureuse qu'il n'avait jamais connue, quoi qu'il ait put en écrire. (p54)"



Et peu à peu l'idée surgit de ses éditeurs qui vont le pousser à écrire et dessiner un conte et un message universel, sur cet enfant d'une autre planète et son amour pour une rose. Inutile de vous préciser que la rose c'est sa Pimprenelle, sa rose c'est Consuelo. Ils vont s'installer dans une très jolie maison, la Maison du bonheur, qui leur a été prêtée le  temps d'un été, en bord de mer, où ils vont vivre une période de paix relative, de réconciliation et de création, une parenthèse de bonheur donnant naissance à un enfant : Le petit Prince.



Une biographie sur la création et sur un amour fou mais ne réussissant pas à trouver la paix et la sérénité, une biographie qui se lit comme un roman d'amour, de destruction et de création. Agrémenté de quelques photos du couple, des toiles de Consuelo et des traces de cet été 1942 qui va se révéler être leur dernier été (Antoine disparaîtra en vol en Juillet 1943 lors d'une mission au large des côtes marseillaises).



S'appuyant principalement sur des lettres, Antoine de Saint-Exupéry entretenant une abondante correspondance que ce soit avec sa famille mais également avec ses maîtresses et épouse, Alain Vircondelet évoque la relation de ces deux êtres qui se sont aimés à la folie, déchirés passionnément mais également le New-York de l'époque avec la présence de nombreux artistes français réfugiés, les distensions entre les différents camps et dresse le portrait d'un écrivain pris dans la tourmente de la création, de ses doutes, de son besoin d'action, son besoin d'amour et de reconnaissance, inguérissable d'une mélancolie persistante sur l'insatisfaction du présent, voulant revivre inlassablement son enfance privilégiée. Vivre un rêve, être le héros d'un conte, celui de sa vie.



J'ai aimé retrouvé ce personnage complexe, mystérieux et parfois imprévisible, capable des plus belles preuves d'amour comme des pires blessures et même si j'ai parfois trouvé des redondances, des répétitions parfois inutiles sur qui était qui, en particulier sur les affrontements entre les surréalistes et l'écrivain ou sur la construction de certaines phrases.



j'ai été très intéressée par les détails et rapprochements entre tous les symboles du Petit Prince, l'enfant de leur dernier été, un conte aux nombreuses interprétations et sur un couple que seule la guerre aura réussi à séparer.



J'ai aimé.
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De l'or dans la nuit de Vienne selon Klimt

Un petit livre très instructif sur un pan de la vie du célèbre peintre Klimt (1862-1918).

Nous faisons un agréable voyage ,grâce à l'écriture et au style d'Alain Vircondelet,au côté du peintre,pour qui son célèbre tableau: le baiser fut source de nombreux questionnements et d' incertitudes; mais il remporta un vif succès lors de l'exposition de 1908 ,à Vienne,organisée dans le cadre de l'anniversaire de l'empereur.Un tableau universel que chacun interprétera selon son ressenti mais pour moi d'une grande beauté où le souffle éphémère du baiser dénote d'une grâce exceptionnelle.

A recommander pour les amoureux de l'art .⭐⭐⭐⭐
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