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3.85/5 (sur 104 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Minnéapolis , le 24/03/1947
Biographie :

Alan Weisman est un auteur, professeur et journaliste américain qui a écrit le livre Homo disparitus, publié en 2007.

Source : Wikipédia
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
En l'an 2000, le présage d'un avenir qui pourrait bien ressusciter le passé apparut sous la forme d'un coyote qui parvint à atteindre Central Park. Par la suite, deux de ses congénères se montrèrent en ville, ainsi qu'un dindon sauvage. La nature pourrait bien reprendre possession de New York avant la disparition de l'homme, finalement.
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Regardez le monde actuel autour de vous. Votre maison, votre ville. Les terres alentour, le macadam et le sol qu'il recouvre. Ne touchez à rien, contentez vous d'extraire les êtres humains. Et voyez ce qui reste.
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En ce matin de juin 2004, les Indiens zápara organisaient une cérémonie rituelle, la minga, à Mazáraka, leur village sur le Río Conambu, affluent équatorien de l’Amazone. Assise sous un toit de feuilles de palmier, Ana María Santi observait, le visage grimaçant, les membres de sa tribu. Cette vieille femme rabougrie de soixante-dix ans arborait encore une épaisse chevelure noire ; ses yeux gris évoquaient deux poissons perdus dans les sombres remous de sa figure. S’adressant à elles dans un patois quechua quasiment disparu, le zápara, elle houspillait ses nièces et ses petites-filles. Une heure à peine après le lever du soleil, ces dernières étaient saoules, comme tous les autres villageois, à l’exception d’Ana María.

Pour la minga, quarante Indiens zápara assis en cercle sur des bancs de bois, pieds nus, le visage peint pour certains, buvaient de la chicha par litres entiers. Ils préparaient ainsi les hommes qui devaient partir défricher un pan de forêt afin que le frère d’Ana María puisse y cultiver le manioc. Les enfants avaient eux aussi droit à leur bol de ce breuvage laiteux, cette bière aigre issue de la pulpe du manioc, fermentée avec la salive des Indiennes zápara qui en chiquaient à longueur de journée. Deux fillettes, des herbes tressées dans les cheveux, faisaient le service de la chicha et du gruau de poisson-chat. Aux anciens et aux invités, elles offraient des morceaux de viande bouillie couleur chocolat. Ana María Santi, doyenne de l’assemblée, refusait obstinément de toucher à ce plat.
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La bande de terre qui sépare les deux Corées comprend des rizières vieilles de cinq mille ans, redevenues zones humides ces cinquante dernières années. Tandis que les naturalistes s'affairent à leurs caméras, onze superbes volatiles survolent les joncs en formation serrée. Ce sont des grues du Japon. Elles viennent passer l'hiver dans la zone démilitarisée. Vénérées comme présages de bonheur et de paix, ces grues du Japon s'aventurent, insouciantes, dans ce sanctuaire accidentel bordé par les bunkers de deux millions de soldats qui attendent, leurs mortiers prêts à faire feu.
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Le firmament est d’un bleu éternel et la terre
Longtemps encore durera, au printemps fleurira.
Mais toi, homme, combien de temps vis-tu ?

Hans Bethge et Gustav Mahler, La flûte chinoise - Le chant de la Terre.
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Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de la Białowieża Puszcza. Mais pour peu que vous ayez grandi dans la zone tempérée qui couvre une bonne partie de l’Amérique du Nord, du Japon, de la Corée, de la Russie et de plusieurs anciennes républiques soviétiques, ainsi que certaines parties de la Chine, de la Turquie et d’Europe de l’Est et de l’Ouest – îles Britanniques comprises –, alors quelque chose en vous en garde le souvenir. Si vous êtes né dans la toundra ou le désert, les régions subtropicales ou tropicales, la pampa ou la savane, il existe quand même des endroits sur Terre associés à cette Puszcza qui sauront stimuler votre mémoire.

Puszcza est un vieux mot polonais signifiant « forêt vierge ». À cheval entre la Pologne et la Biélorussie, le demi-million d’acres de la forêt de Bialowiesa renferme les derniers fragments européens de forêt à l’état primitif. Souvenez-vous de la forêt mystérieuse et embrumée que vous imaginiez quand on vous lisait un conte de Grimm. Ici, les frênes et les tilleuls culminent à quarante-cinq mètres de hauteur, et couvrent de leur ombre un enchevêtrement humide de charmes, de fougères, d’aulnes rugueux et de gros champignons. Les chênes, tapissés d’un demi-millénaire de mousse, sont tellement immenses qu’ils servent de garde-manger aux pics épeiches : ceux-ci creusent le tronc à sept centimètres de profondeur pour y entreposer des pommes d’épicéa. L’air, épais et frais, se pare d’un silence que seuls viennent briser les cris brefs du casse-noix, le sifflement grave d’une chevêchette d’Europe, ou la plainte d’un loup.
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Tant de kilomètres nous séparent des forêts et des savanes de nos origines que rares sont parmi nous ceux qui ressentent un lien les unissant à nos ancêtres animaux. Le fait que les Zápara ressentent ce lien est d’autant plus remarquable qu’humains et primates se sont dissociés sur un autre continent que le leur. Cela dit, nous avons depuis peu des raisons de comprendre le sens des paroles d’Ana María. Sans aller jusqu’au cannibalisme, ne pourrions-nous pas, nous aussi, être à l’avenir confrontés à de terribles choix ?

Les humains ont échappé à l’apocalypse nucléaire il y a une génération de cela ; avec un peu de chance, nous continuerons à esquiver cette menace ainsi que d’autres dangers de masse. Mais il nous arrive fréquemment de nous demander si, par mégarde, nous n’avons pas empoisonné ou échaudé la planète, et nous-mêmes par la même occasion. Nous avons tellement usé et abusé des sols et des ressources en eau que les réserves des uns et des autres ont grandement diminué. Nous avons en outre entraîné la disparition, sans doute définitive, de milliers d’espèces animales. À en croire certains avis respectés, notre monde pourrait un jour dégénérer en une sorte de terrain vague où rats et corbeaux se pourchasseront parmi les mauvaises herbes. Si cette prédiction se réalise, les choses ne seront-elles pas allées trop loin pour que, malgré notre fameuse intelligence supérieure, nous fassions partie des survivants ?
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Quel choc que de se dire que l’Europe entière ressemblait jadis à cette Puszcza. On se rend compte, en y pénétrant, que la plupart d’entre nous n’ont jamais connu qu’une pâle copie du programme originel de la nature. Ces sureaux aux troncs de deux mètres de large, ou ces gigantesques épicéas sans âge, devraient nous sembler aussi exotiques que l’Amazone ou l’Antarctique, à nous qui avons grandi près des bois de deuxième génération, chiches en comparaison, qui parsèment l’hémisphère Nord. Eh bien non, ce n’est pas le cas. Au contraire, on s’y sent en terrain connu. Une impression de plénitude en émane, au niveau cellulaire.

Étudiant en sylviculture à l’université de Cracovie, Andrzej Bobiec avait appris la gestion des forêts dans une optique productiviste maximale, notamment en se débarrassant de la couche organique « excessive », de crainte qu’elle n’abrite scolytes et autres nuisibles. Quand il découvrit la forêt de Bialowiesa, il fut stupéfait d’y trouver dix fois plus de biodiversité que dans toutes les forêts qu’il connaissait.
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De fait, nous ne sommes pas obligés d’abattre les moineaux pour les éliminer du ciel. Qu’on leur retire une portion suffisante de leur habitat ou de leur nourriture, et ils mourront tout seuls.
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Pour comprendre ce que serait le monde si nous n’y étions plus, commençons par regarder comment il était avant notre arrivée. Les voyages dans le temps restent hélas de la science-fiction. Quant aux fossiles, ils ne représentent qu’un échantillon partiel. Mais quand bien même cet échantillon serait complet, l’avenir ne reflétera pas le passé à l’identique. Nous avons si bien réduit certaines espèces à l’extinction qu’elles ne réapparaîtront sûrement plus jamais, ni même leur ADN. Certaines de nos réalisations étant irrévocables, la planète que nous laisserions en disparaissant ne sera pas la même que si nous n’avions pas existé.

Néanmoins, elle pourrait aussi ne pas être si différente que cela. La nature a subi des pertes bien plus importantes par le passé, et elle s’est tournée vers d’autres potentiels. Aujourd’hui encore, il subsiste sur Terre quelques rares endroits où nous pouvons inhaler, de tous nos sens, un souvenir vivant de cet Éden qui nous précéda. Inévitablement, ces souvenirs nous conduisent à nous demander comment la nature pourrait se remettre, si elle en avait l’occasion.
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