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Citations de Albert Memmi (67)


... Nous existons en fonction des autres. Sans cesse, nous sollicitons leur alliance, ou leur cherchons querelle, souvent pour obtenir le même résultat: un échange et une reconnaissance. Et comme nécessairement ils nous déçoivent, nous tâchons d'en corriger l'image, nous les ré-inventons selon nos besoins. D'où l'extraordinaire mélange d'intuitions exactes et de fantasques rêveries que nous avons les uns de autres. (p.23)
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S'accepter comme colonisateur, ce serait essentiellement [...] s'accepter comme privilégié non légitime, c'est-à-dire comme usurpateur. L'usurpateur, certes, revendique sa place et, au besoin, la défendra par tous les moyens. Mais, il l'admet, il revendique une place usurpée. C'est dire qu'au moment même où il triomphe, il admet que triomphe de lui une image qu'il condamne. Sa victoire de fait ne le comblera jamais : il lui reste à l'inscrire dans les lois et dans la morale. Il lui faudrait pour cela en convaincre les autres, sinon lui-même. Il a besoin, en somme, pour en jouir complètement, de se laver de sa victoire, et des conditions dans lesquelles elle fut obtenue. D'où son acharnement, étonnant chez un vainqueur, sur d'apparentes futilités : il s'efforce de falsifier l'histoire, il faut récrire les textes, il éteindrait des mémoires. N'importe quoi, pour arriver à transformer son usurpation en légitimité.
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Il existe, enfin, d'autres possibilités d'influence et d'échanges entre les peuples que la domination.
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Pendant comme avant la révolte, le colonisé ne cesse de tenir compte de colonisateur, modèle ou antithèse. Il continue à se débattre contre lui. Il était déchiré entre ce qu'il était et ce qu'il s'était voulu, le voilà déchiré entre ce qu'il s'était voulu et ce que, maintenant, il se fait. Mais persiste le douloureux décalage d'avec soi.
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— Je t'ai nourri, habillé, j'ai accepté que tu ailles en classe alors que les fils de tous mes confrères sont au magasin à se durcir les doigts sur le cuir.
Il ne pouvait pas dire qu'il me payait mes études et cela manquait dans son argumentation. Il en était d'autant plus furieux. Mais il réclamait pour le manque à gagner et mes années d'enfance. Et à cela je ne pouvais rien rétorquer et j'en étais exaspéré. Il présentait sa note, c'était tout.
— Je t'ai élevé.
— Oui, découvris-je, mais ton père t'a élevé, tu avais une dette ; j'élèverai mes enfants et je serai quitte aussi.
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- Ils ne nous aiment pas, disait-il, amer.
- Et toi, les aimes-tu ?
- Pourquoi aimerais-je des gens qui me détestent ?
- Il faut bien que quelqu’un commence !
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Cette nuit de Pâque, je restai longtemps tout sommeil enfui, à me demander si je n'étais pas de ceux qui, toute leur vie, seraient condamnés à hésiter au bord de l'abîme.
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Est-il encore temps ? Mon mariage n'a pas été un moment de ma vie, il lui a donné son sens.
La folie de Marie a été de croire que je serais entièrement à elle lorsqu'elle aurait tout arraché de moi, même l'odeur des pierres chaudes et du soleil. Cette femme que j'aime, qui fut le meilleur de moi-même, qui a voulu tout me donner, est devenu le symbole et la source de ma destruction. Je ne suis plus rien qu'un fantôme, mon propre ennemi et le sien. Je l'ai trahie et elle m'a détruit.
Mais, en même temps, je ne peux plus vivre sans elle. Je n'ai plus ni pays, ni parents, ni amis ; et la quitterais-je que je resterais ainsi double, en face de moi-même et juge des miens. Je supporte à peine de vivre avec elle, mais je supporte plus de vivre avec personne.
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Que des faits d’antisémitisme soient souvent des diversions colonialistes, des provocations, c’est vrai, mais que la tentation raciste soit constante chez les Arabes actuels, c’est non moins évident.
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J'entrevoyais bien que chaque pas m'éloignait davantage des valeurs de mon groupe, d'une image de moi-même qu'avec l'âge, l'alourdissement normal de la nature, la lente reprise par le passé, la famille, j'aurais aspiré à retrouver, comme la plupart des hommes se mettent, vers le soir de leur vie, à ressembler à leur père. Mais je me redis aussi, avec orgueil, que Marie, par sa seule présence, m'obligeait à vivre au sommet de moi-même.
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Au sein de la communauté tunisienne, il y a des problèmes spécifiques aux Juifs, posés par ma non-coïncidence avec les musulmans. Que nier ces difficultés, ne pas les voir, c’est fermer les yeux (ainsi pour le problème d’Israël ; ainsi pour le problème de la religion musulmane et de la part qu’elle prendra dans le futur état.
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Les fleurs éclosent en leur saison
Les poussins éclosent à leur heure
La mort attend au rendez-vous.
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Quant aux gens, trop de fréquentations ne valent pas vraie fréquentation. Il m’arrive de recevoir dans mon grenier, mais jamais plus de deux personnes à la fois. Parce que ce serait alors un groupe où chacun, jouant un rôle, n’est plus lui-même. Or ce que je recherche, c’est ce contact, même précaire, où chacun se livre , fût-ce par éclairs, et qui est pour moi un vrai bonheur.
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Albert Memmi
On dit toujours que quelqu’un exagère quand il décrit une injustice à des gens qui ne veulent pas en entendre parler
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A cheval sur deux civilisations, j’allais me trouver également à cheval sur deux classes et à vouloir m’asseoir sur deux chaises, on n’est assis nulle part.
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Je veux m'en souvenir : ma vie connut des jours d'innocence où il me suffisait de fermer les yeux pour ne pas voir.
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«Celui qui n'a jamais quitté son pays et les siens ne saura jamais à quel point il leur est attaché «(p 139),
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«Un homme à cheval sur deux cultures est rarement bien assis» (p 128),
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Ne dépendre de personne, d'aucun objet, ni d'un sol ni d'une communauté, ni d'une tradition ni d'un projet, ni d'une activité ni d'une passion, peut sembler d'une parfaite sagesse ou d'une grande force de caractère. Certains l'ont soutenu, au moins comme une visée à l'infini de l'horizon humain. Mais est-ce que cela correspond à la réalité vécue, même potentielle, de l'homme ?
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Et bientôt elle n'eut plus le courage de dissimuler. Elle souffrait de la chaleur et du froid, de l'humidité et de la lumière éclatante qui l'éblouissait, du bruit incessant des radios, des odeurs toujours présentes, celle de l'huile frite, des grillades, des fleurs ; elle ne pouvait comprendre ni excuser notre laisser-aller méditerranéen, les portes et les fenêtres qui ferment mal, les vitres cassées, l'exubérance des joies et des peines.

- Au fond, ce sont des enfants, disait-elle lorsqu'elle était de bonne humeur, ils sont naïfs et sans pudeur, il leur faut des couleurs vives, des odeurs fortes et du bruit !
Et lorsqu'elle était fatiguée :
- Quelle vulgarité !
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