"A cette époque, raconte Baena, nous, les journalistes sportifs, on nous avait donné ce surnom péjoratif : les oreillards, parce que nous suivions les résultats à la radio mais que nous ne nous déplacions pas pour aller les couvrir. Pambélé est celui qui nous a tous mis à voyager à travers le monde".
"Le premier ring est celui de la vie, qui vous envoie la faim et la douleur en pleine gueule".
Il était égaré dans un milieu social auquel il n’appartenait pas et ses relations avaient plus à voir avec l'argent que les sentiments.
Dans les lieux où l'on fait sienne la prospérité, on trouve plus de ballerines que de chaussures de boxe.
Isolés, comme les fumeurs, par les nouveaux standards de la civilisation, les amateurs de boxe sont une secte de moins en moins nombreuse.
Tout le monde savait que Pambélé allait chuter devant Pryor l'invaincu. Je veux dire, tout le monde sauf lui.
Le boxeur rassasié se ramollit.
Le manchot s'était transformé en un bourreau implacable, en une machine de démolition qui ne présentait aucune brèche.
Il était maigre comme une anguille, mais solide comme un roc.
Il était toujours dans les bras d'une femelle, qu'elle fut maigrelette ou joufflue, grand comme une asperge ou courte sur pattes, blonde ou brune, à forte poitrine ou plate comme une planche à pain, au cul rebondi ou non.
L’or l’avait rendu fou, et le vin malade. Probablement touché par la baguette magique des dieux, il avait oublié qu’il était marqué au fer rouge par la disgrâce.
Toujours est-il que c'était la première fois que j'étais directement témoin de sa folie. C'était comme si j'avais l'opportunité de voir Dante en enfer se diriger vers son propre désastre. Ou tendre la main à Raskolnikov alors qu'il était en train d'aiguiser la hache avec laquelle il s'apprêtait à décapiter la vieille usurière.
La pauvreté, sous la loupe de Machado, est la matière première de l'ambition. A l'instar des lichens les plus tenaces qui se forment sur les roches les plus dures, les plus grands champions sont ceux qui émergent de l'adversité. Si la faim te pourchasse, tu te lèveras tôt pour aller t'entraîner et mettre ta tête en jeu. Si tu as le ventre plein et le cœur content, tu fais la grasse matinée ou tu joues du violon. Selon ce critère pragmatique, les bons boxeurs naissent, résistent, grandissent, endurent, combattent, se dépassent, remportent le titre, prennent du poids, font la bringue, dorment sur leurs lauriers et, finalement, perdent. La défaite est l'aboutissement de la parabole, la mort.
Sa mère est subitement passé du statu de princesse à celui de souillon.
Il était logique de penser qu'il avait besoin de maturité, de passer du temps au gymnase, d'accumuler de l'expérience sur le ring.
La scène résumait bien ce que sa vie avait été : les pleurs et les coups, le désordre et l’enfermement, la célébrité et l’obscurité.
L'ancien président Belisario Betancur raconte que l'écrivain Gabriel García Márquez fut accueili, à un rassemblement de Colombiens à Madrid, par l'exclamation suivante :
« L'homme le plus important de Colombie vient d'arriver ! »
Alors, García Márquez, tout en bougeant la tête de maniere théâtrale, comme s'il cherchait quelqu'un dans la pièce, avait répondu :
« Où est Pambelé ? » (13)