Citations de Alex Marzano-Lesnevich (200)
Qui sait pourquoi le passé transparaît aux moment où il transparaît ; qui sait pourquoi un secret devient soudain trop lourd à porter ?
Un individu peut être en colère et éprouver tout de même de la honte. Un individu peut brûler de haine contre sa mère et tout de même l’aimer suffisamment pour vouloir faire sa fierté. Un individu peut se sentir débordé par tout ce qu’il voudrait être et ne voir aucun moyen d’y parvenir.
Il n’y a aucun moyen d’échapper aux souvenirs, pas lorsqu’ils viennent de l’intérieur.
Votre propre fils meurt et éclairage devient la tragédie de la population, comme si c’était la tragédie du système. Une tragédie publique.
Il explique à l’assistance sociale qu’il ne sait pas pourquoi il a démissionné ; il en avait marre, c’est tout. L’assistante sociale repose la question : pourquoi ? Cette fois, il lui dit : chaque matin, en se rendant au garage, il passait devant des écoliers en train de jouer, et repassait devant eux en rentrant le soir. Il voyait les enfants et il avait envie. Il avait envie. Ricky veut arrêter d’avoir envie. S’il a plaqué son job, c’est juste pour ne jamais devoir passer devant ces enfants.
« Je porte ce souvenir quelque part dans mon corps, en un lieu que je ne peux contrôler, auquel je ne peux même pas accéder pour en supprimer toute trace. Je veux tout de même en supprimer toute trace. Je veux tout de même en être libérée. Mais je me sais assujettie à des liens que je ne verrai jamais, ne comprendrai jamais. Nous portons en nous ce qui nous fait. »
Le droit criminel ne s'intéresse pas à l'origine de l'histoire. Mais la façon dont vous jugez tient à la façon dont vous racontez l'histoire.
Si nous ne mentionnons que les moments de bonheur, peut-être seront-ils les seuls à exister.
Mon père est un conteur hors pair. Il raconte des histoires à des jurys pour gagner sa vie, et il nous en raconte, à nous, autour d’une épaisse table en Formica blanc si grande qu’il l’a trouvée au rabais : aucune autre famille n’en voulait, dit-il. Elle est parfaite pour nous. Mon père s’assoit d’un côté, flanqué de deux d’entre nous, ma mère de l’autre, flanquée des deux autres. Les bords de la table sont arrondis pour qu’Elize, la plus jeune, qui apprend tout juste à marcher, ne se fasse pas mal lorsqu’elle se cogne dedans. Autour de la table, nous sommes le public de mon père, et le texte, c’est sa vie.
Le droit n’était pas son premier choix. Quand il était petit, il rêvait de piloter des avions de combat. Son père avait été perdu en mer lors de la Seconde Guerre mondiale. Sa mère n’avait jamais plus ne serait-ce que dîné avec un autre homme, et l’héritage paternel faisait qu’une carrière militaire lui apparaissait comme un dû. Il avait les pieds plats, il était daltonien, il mesurait 1,93 mètre – il ne serait jamais pilote de chasse, en fin de compte.
Elle doit penser à lui, là-bas, la joue fripée par les brindilles, telles des marques d’oreiller, à ses cheveux qui lui retombent dans les yeux lorsqu’il a trop sommeil pour les rabattre en arrière. Jeremy dort comme un chiot, sur le flanc, les bras et les jambes étalés devant lui. Sa bouche rose entrouverte, les petites bouffées d’air qu’il prend. Elle le regardait toujours respirer quand il était bébé. Toutes les jeunes mères font ça, suppose-t-elle, mais pour elle c’était toujours un miracle, qu’il continue de respirer comme ça.
Mon père a toujours aimé les grands rêves, et Greg se retrouve aussi sec à la tête du groupe. Svelte et bronzé, il a une tignasse bouclée que le soleil éclaircit de plus en plus au fil de l’été.
Je suis venue dans le Sud pour lutter contre la peine de mort en effectuant un stage dans un cabinet d’avocats qui représente des individus accusés de meurtre. Je suis fière de ce travail que je me propose de faire, et en même temps, j’ai peur. Ma connaissance du droit vient exclusivement des livres, et des histoires de clients que mes parents, tous deux avocats, me racontaient dans mon enfance. Il s’agissait de batailles pour la garde d’enfants, d’erreurs médicales, d’une chute accidentelle, une fois d’un meurtre, mais rien de comparable à des affaires où la peine de mort était en jeu.
Il est toujours possible que la solution d’un mystère
en résolve un autre.
Truman Capote.
Qui sait pourquoi le passé transparaît aux moments où il transparaît; qui sait pourquoi un secret devient soudain trop lourd à porter?
"Je savais qu'il allait pleuvoir, leur dit-elle. Mais j'aime autant, au fond, parce que c'est comme si les anges dans le ciel pleuraient."
Le silence fonctionne de la sorte. Il n'est pas fragile. Il protège les moments resplendissants et aussi les moments perturbants.
Dans les livres, je découvre la sourde vibration de tout ce qui est indicible. Les personnages pleurent comme je voudrais pleurer, aiment comme je voudrais aimer, ils crient, ils meurent, ils se battent la poitrine et ils braillent de vie.
Sous la surface de ce qui peut être dit subsiste la vibration d'un monde qui n'appartient qu'aux ténèbres.
C'est la nuit, l'heure des rêves et des grandes décisions, et le ciel de velours au dessus de sa tête est constellé de lueurs.