Citations de Alex Marzano-Lesnevich (195)
L'homme qui est assis en face de moi est un homme. Il ne sera jamais entièrement telle chose, ou telle autre. Seule une histoire peut l'être. Jamais un être humain.
Ricky, dans son corps d'adulte, ressemble parfois à un enfant condamné pour l'éternité à se déguiser en grande personne. L'enfant a l'intérieur de lui a besoin d'attention, de soins.
Lorsqu'on vous offre une planche de salut, vous ne cherchez pas à savoir si c'est la bonne. Vous l'attrapez et vous y cramponnez de toutes vos forces, un point c'est tout.
Sommes-nous déjà ceux que nous serons toujours ?
Qui sait comment chacun trouve sa place dans une famille ? Les rôles sont-ils assignés ou choisis ? Et au demeurant, même entre les frères et sœurs - même entre jumeaux -, on ne grandit pas dans la même famille. On n'a pas le même passé.
Mais nous n'en parlons pas. [...] Si nous ne mentionnons que les moments de bonheur, peut-être seront-ils les seuls à exister.
Dans les livres, je découvre la sourde vibration de tout ce qui est indicible. Les personnages pleurent comme je voudrais pleurer, aiment comme je voudrais aimer, ils crient, ils meurent, ils se battent la poitrine et ils braillent de vie.
Il n'existe pas d'histoire simple.Il n'existe pas d'histoire achevée.
Lorsqu’on vous offre une planche de salut, vous ne cherchez pa à avoir si c’est la bonne. Vous l’attrapez et vous y cramponnez de toutes vos forces, un point c'est tout.
Je suis venue ici pour aider à sauver l'homme à l'écran. Je suis venue pour contribuer à sauver des hommes tels que lui. Je suis venue parce que mes idéaux et mon identité existent indépendamment de ce qui s'est produit dans le passé. Il le faut. Sinon, que me réserve la vie ?
Mais je regarde l'homme à l' écran, je sens les mains de mon grand-père sur moi, et je sais. Malgré la formation que j'ai suivie, malgré le but que je poursuivais en venant travailler ici, malgré mes convictions.
Je veux que Ricky meure.
« Ce qui m’a tant séduite dans le droit il y a si longtemps, c’était qu’en composant une histoire, en élaborant à partir des événements un récit structuré, il trouve un commencement, et donc une cause. Mais ce que je ne comprenais pas à l’époque, c’est que le droit ne trouve pas davantage le commencement qu’il ne trouve la réalité. Il crée une histoire. Cette histoire a un commencement. Cette histoire simplifie les choses, et cette simplification, nous l’appelons vérité ».
Toutes ces causes possibles sont des causes directes. Les causes directes se multiplient à l’infini. L’idée de cause adéquate apporte une solution. Le travail de la justice consiste à déterminer la source de l’histoire, afin d’assigner les responsabilités. La cause adéquate est la seule qui compte vraiment du point de vue de la loi. La seule qui fait que l’histoire est ce qu’elle est.
Alors j essaie quelque chose de neuf. Pas de tourner le dos au passé, pas de le fuir, mais de lui tendre la main. Je dis au passé :Viens avec moi, donc, tandis que je poursuis ma vie.
« Ce que j’aime dans le droit, c’est qu’il me donne la chance d’apprendre un peu de tout », me dit mon père.
Je me rappelle très bien cette photo. Quand j'étais enfant, elle était posée sur la coiffeuse de ma grand-mère, chez eux, et j'aimais bien la regarder. Comme les personnes que je regardais me paraissaient inimaginables à cette époque. Mais à présent, je ne vois plus la photo de la même manière. À présent, quand je les regarde, ce que je vois, c'est leur jeunesse...Ils n'ont aucune idée de ce qui les attend.
Ricky monte après lui. Il veut seulement regarder Jeremy jouer - plus tard, c'est ce qu'il dira, ce qu'il jurera. Mais, à l'observer, quelque chose change à l'intérieur de lui et, à partir de cet instant, c'est comme s'il évoluait dans un rêve. Il s'approche de Jeremy, par-derrière, passe son avant-bras autour du cou de l'enfant, et le soulève. Jeremy se débat avec une telle vigueur qu'il en perd ses chaussures. Ricky serre plus fort.
Jeremy cesse de respirer.
Ce qui m'a tant séduite dans le droit il y a si longtemps, c'était qu'en composant une histoire, en élaborant à partir des événements un récit structuré, il trouve un commencement, et donc une cause. Mais ce que je ne comprenais pas à l'époque, c'est que le droit ne trouve pas davantage le commencement qu'il ne trouve la vérité. Il crée une histoire. Cette histoire a un commencement. Cette histoire simplifie les choses, et cette planification, nous l'appelons vérité. [...] Voilà. Maintenant ils savent. Je raconte cette histoire. Je veux que ces mots soient les derniers que je leur adresse. Que là où était le silence, soit la parole. Que là où étaient les secrets, j'ouvre la voie à la complexité de la vérité.
Mais je ne m'arrête pas là. Je dépasse le stade de la danseuse classique, et je file dans une zone de danger. Lorsque je rentre à Tenafly pour Thanksgiving, je n'ai pas pris quelques kilos comme presque tous les autres étudiants livrés aux sirènes de la malbouffe pour la 1re fois. J'ai perdu quinze kilos depuis le début des cours fin août. [...]
Indiana, 1986.
L'homme au centre de ce procès, dont la personnalité sera interminablement discutée et débattue, interminablement reconstituée et disséquée dans un dossier qui finira par faire près de 30 000 pages, cet homme restera en ce sens une énigme.
Il est bien possible que ce que l'on voit en Ricky dépende davantage de qui l'on est que de qui il est.
Je dis au passé : Viens avec moi, donc, tandis que je poursuis ma vie.