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Citations de Alexandre Zinoviev (83)


- Les miracles n'existent pas, dit le petit-fils.
- Comment cela ? s'indigne le grand-père. Si je saute du clocher et que je me retrouve indemne, tu appelles cela comment ?
- Un hasard, répond tranquillement le petit-fils.
- Et si je saute une deuxième fois sans me fracasser en bas ?
- C'est la chance.
- Et une troisième fois ?
- L'habitude.
(page 134)
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C'est curieux, dit le Physicien. J'ai déjà fréquenté des milieux très variés : des académiciens, des écrivains, des généraux, des ministres ... Un jour j'ai même été invité par le Grand Chef ! Eh bien, c'était partout la même conversation : la bouffe, les nippes, les appartements, les maisons de campagne, les voitures ... Au mieux, on parlait des bonnes femmes. Les seules variations touchaient les niveaux et les formes des conversations, parfois seulement, les expressions employées. Par exemple, l'Académicien disait : « coucher », le général : « sauter », le ministre : « tringler » et l'écrivain (le mieux éduqué bien sûr) : « foutre ». Sinon, c'est toujours la même chose. C'est seulement depuis qu'on m'a vidé de partout que je commence à avoir des conversations intéressantes avec les gens.
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Rien ne prend si bien racine dans l'esprit des gens que des idées fausses devenues préjugés. L'ignorance est une force !
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De nos jours, la peur de la vérité n'est pas une peur de l'inconnu, mais une peur de quelque chose qu'on connaît très bien. Les gens ont peur d'eux-mêmes parce qu'ils savent qui ils sont.
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Les masses approuvent massivement la déclaration de leurs chères autorités et stigmatisent l'exclu volontaire, tout en exigeant que des mesures sévères pour que notre société déjà si saine le soit encore plus et se débarrasse de semblables dégénérés. Certains exigent qu'on le mette dehors. Mais il s'agit d'une minorité. La majorité, elle, exige qu'on le coffre immédiatement. Car le mettre dehors, c'est comme une récompense capitale. Où le mettre dehors ? En Occident ? À ce compte, nous aussi aimerions bien être exclus en direction de l'Europe. Non, il n'en est pas question. Faut le coffrer sans attendre, parce qu'il y en a vraiment qui se croient tout permis.
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Bien sûr que nous vivions mal à l'époque. Mais ce n'était pas pire que maintenant. Ni meilleur non plus. C'est simplement que la vie s'est déplacée par rapport à nous, il y a eu un changement d'angle. Par exemple, actuellement, nous n'avez pas de voiture. C'est aussi le cas de la majorité d'entre nous. On peut imaginer que dans dix ans, chacun en aura une, de même que de nos jours, toutes les familles ont un réfrigérateur et un poste de télévision (ce que nous ne pouvions même pas soupçonner de notre temps). Qu'est-ce que ça changera ? Nous avons bien une vie, mais elle ne nous appartient pas. Si nous avons du travail, c'est parce qu'on veut bien nous en faire l'aumône. Si nous avons accès à certains biens, c'est parce qu'on veut bien nous en faire l'aumône. Nous ne sommes pas maîtres de notre vie, ce n'est pas la nôtre. On parle de liberté d'expression, liberté de la presse, d'information, de libre circulation... C'est ridicule, tout ça ! Ce pour quoi on doit se battre, ce n'est pas une amélioration de l'existence, mais une participation à l'existence.
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[N]ulle part l'essence la plus profonde et en même temps la plus superficielle de l'ibanisme ne se voit mieux que sur notre lieu de travail.

De ce point de vue, mon bureau est typique. Il est difficile de comprendre quelle est la teneur de son activité productive. D'ailleurs ça n'a aucune importance. Ce genre de bureaux surgissent par des voies mystérieuses et existent au moins pour que quelques centaines de personnes puissent en tirer leurs moyens d'existence, tuer le temps comme ils peuvent, dépenser leurs meilleurs dons et sentiments, recevoir des logements, des congés payés dans des maisons de repos et autres biens du même type. Dès que surgit une entreprise ou un bureau de ce genre, aucune force à Ibansk ne peut plus la détruire, même si chacun comprend parfaitement qu'elle ne sert à rien. C'est en ce sens que l'Ibanien ne se soucie pas du lendemain. La peur du chômage lui est inconnue. D'abord, personne ne permettra qu'on fasse disparaître l'entreprise, car il n'y a que très peu de personnes pour le vouloir réellement. Ces dernières sont d'ailleurs le plus souvent des contestataires-jamais-contents ou bien de jeunes arrivistes qui veulent se tailler un chemin en se mettant dans le vent. Or, on n'aime ni les uns, ni les autres à Ibansk. Ensuite, les dépenses excéderaient de beaucoup le coût de son existence. La liquidation, cela signifie des commissions, des comités, des réunions, des mises en congé, etc. Comme le bureau s'enracine dans l'existence des dizaines d'entreprises avec lesquelles il forme un tout organique, sa liquidation suppose leur réorganisation. En outre, il faut reclasser le personnel. Enfin, le processus de liquidation lui-même engendre des commissions et des comités qui finissent par se transformer à leur tour en bureaux du même type, si bien qu'au lieu d'un bureau habituel et bien tranquille, on en aura au moins deux, mais cette fois, jeunes, agressifs, et en plein développement. Pour un héros tombé, une armée de combattants qui se lève !
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Le degré d(instruction d'une société ne défini;t pas son degré intellectuel
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[...] C'est ainsi que se fit la rencontre avec Kroutov et le Tchaadev de Partgrad, alias le directeur du dépôt de légumes Grobyka. Cette rencontre se tint dans la maison de campagne de celui-ci, qui ressemblait extérieurement à la datcha banale d'un escroc moyen soviétique. Mais une fois à l'intérieur. Kroutov comprit que lui, premier personnage de la région, n'était qu'un mendiant en comparaison de ce Tchaadev. Après le dîner, dont l'abondance royale stupéfia Kroutov qui pourtant en avait vu d'autres, on passa dans le bureau du maître de maison.
- Ça, c'est une bibliothèque ! s'exclama Kroutov à la vue de l’énorme quantité de livres.
- Je les ai collectionnés toutes ma vie, répondit fièrement Grobyka. Cette bibliothèque n'a pas de prix. Vendue au marché noir, elle pourrait monnayer tout le déficit financier de la région. Seulement il vaut mieux ne pas le faire.
- Pourquoi ?! Pour une action patriotique de ce genre, on vous décernerait une décoration, vous auriez les honneurs de la presse.
- Je n'en ai pas besoin, je ne suis pas vaniteux. Ni pingre non plus d'ailleurs. La question n'est pas là. Les difficultés, ça n'empêche pas de vivre. En fait, on ne peut pas s'en passer. Si vous vous débarrassez de certaines difficultés, vous en aurez d'autres, encore pires. Alors mieux vaut garder les vieilles parce qu'on s'y fait. [...]
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Tamourka est arrivée en courant, les yeux exorbités, toute en nage.
-- Vite ! Il y a de papier hygiénique à la papeterie ! J'ai retenu ma place dans la queue.
Nous, c'est-à-dire ma belle-mère, Lenka et moi, interrompimes le repas que nous venions juste de commencer et nous ruâmes à la suite de Tamourka. Deux heures plus tard, nous revenions à la maison, heureux, couverts de chapelets de rouleaux de papier hygiénique. J'appréhendais que les passants ne se paient notre tête. Mais ils prirent la chose avec une compréhension parfaite. Beaucoup nous demandaient où nous nous étions procuré ce papier et s'y précipitaient à leur tour.
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Le bâillement est un phénomène particulièrement contagieux. A peine l'un a t'il commencé que tous ceux qui l'entourent s'y mettent avec une énergie décuplée. Un jour, à la suite d'un pari, j'ai ainsi interrompu une réunion importante. On ne m'a pas sanctionné parce qu'on a pas trouvé de formule de blâme adéquat. Vous imaginez qu'on écrive dans mon dossier que j'avais incité des dizaines de responsables à bâiller ? !
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Les pays occidentaux ont connu une vraie démocratie à l’époque de la guerre froide. Les partis politiques avaient de vraies divergences idéologiques et des programmes politiques différents. Les organes de presse avaient des différences marquées, eux aussi. Tout cela influençait la vie des gens, contribuait à leur bien-être. C’est bien fini.

Parce que le capitalisme démocratique et prospère, celui des lois sociales et des garanties d’emploi devait beaucoup à l’épouvantail communiste. L’attaque massive contre les droits sociaux à l’ouest a commencé avec la chute du communisme à l’est.
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Alexandre Zinoviev
Tantôt laboure la terre,
Tantôt écrit des vers.
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Qu'un intellectuel soviétique arrive à placer son fils à l'université tout de suite après l'école, et sans aucun piston, c'est bien plus impressionnant qu'un lieutenant corse qui devient empereur de France.
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La tragédie russe a ceci de spécifique que d'abord elle suscite le rire, ensuite l'horreur, et enfin une indifférence obtuse.
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Le degré d'instruction d'une société ne définit pas son degré intellectuel.

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Mikhaïl Sergueevitch décide de regarder lui-même comment travaillent les ouvriers lorsqu'ils n'ont pas bu. Il arrive à l'usine. S'approche d'un ouvrier qui paraît travailler avec énergie. Lui demande s'il pourrait travailler avec un verre de vodka dans le ventre. L'ouvrier lui répond avec hésitation que sans doute, il pourrait. Et si tu en buvais deux, pourrais-tu travailler? demande Mikhaïl Sergueevitch. L'autre répond d'un ton plus assuré que oui. Et avec un demi-litre de vodka? insiste Mikhaïl Sergueevitch. Ben tu vois bien que je travaille, répond l'ouvrier.
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Chacun sait que le Barbouilleur est un ivrogne, un drogué, un coureur, un homosexuel, un lesbien, un trafiquant, un spéculateur, un combinard, un requin.
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Une société intellectuelle est une société qui est capable de se connaître objectivement et de s'opposer aux tendances aveugles et élémentaires qui existent en elle. C'est une société qui est capable de perfectionnement et de progrès spirituel.
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La vie éternelle est le rêve fou des mortels. Si nous étions immortels, nous rêverions de la mort.
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