Zinoviev a eu raison avant tout le monde, ou presque...
Et de nos jours des soi-disant philosophe après avoir soutenu la Chine sde Mao continue à venter le communisme et ses 100 millions de morts.
Cher lecteur saurez-vous le reconnaitre ?
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Tamourka est arrivée en courant, les yeux exorbités, toute en nage.
-- Vite ! Il y a de papier hygiénique à la papeterie ! J'ai retenu ma place dans la queue.
Nous, c'est-à-dire ma belle-mère, Lenka et moi, interrompimes le repas que nous venions juste de commencer et nous ruâmes à la suite de Tamourka. Deux heures plus tard, nous revenions à la maison, heureux, couverts de chapelets de rouleaux de papier hygiénique. J'appréhendais que les passants ne se paient notre tête. Mais ils prirent la chose avec une compréhension parfaite. Beaucoup nous demandaient où nous nous étions procuré ce papier et s'y précipitaient à leur tour.
"- Ce que les gens peuvent être mal élevés, de nos jours, quand même ! Et ça court, et ça se presse et ça bouscule ! Pas un pour vous céder le passage. Peuvent pas rester une minute derrière vous...
- Ce n'est pas possible autrement, mémé, dit Lenka. Si on te suivait dans tes désirs, le flot humain serait obligé d'adopter l'allure de la personne la plus lente. Ce n'est pas une solution. La vie serait embouteillée."
J'ai déjà remarqué plus d'une fois que sur toute une série de problèmes, la jeunesse actuelle fait figure d'apologiste du communisme, bien plus encore que les vieux obscurantistes. Les vieux ont encore gardé un peu d'idéalisme. La jeunesse part des faits dans toute leur normalité.
Qu'un intellectuel soviétique arrive à placer son fils à l'université tout de suite après l'école, et sans aucun piston, c'est bien plus impressionnant qu'un lieutenant corse qui devient empereur de France.
La tragédie russe a ceci de spécifique que d'abord elle suscite le rire, ensuite l'horreur, et enfin une indifférence obtuse.
Cessons un instant nos vaines vaticinations.
Qu'il devienne réel, notre objet de risée.
Que s'érige enfin cet Edifice Radieux.
Et que le Paradis nous livre enfin ses clés.
« Ce livre fut écrit en 1975 ; il devait reconstituer un chapitre perdu des Hauteurs béantes. Je voulais le publier en même temps que L'avenir radieux, dont le contenu et la forme littéraire étaient proches du Veilleur de Nuit. […] Pourtant, je l'ai gardé tel quel. […] l'ibanisme n'est pas un phénomène exclusivement soviétique […]. » (Alexandre Zinoviev)
« […] Ibansk […]. Ce lieu mystérieux, véritable sujet du livre et « localité qui ne localise rien » dans laquelle on ne peut entrer qu'en remplissant des formulaires […]. […] le pays Ibansk est un foutu pays et […] ses habitants les Ibaniens se font toujours baiser […], soit par leurs chefs, soit par l'Ibanisme, puissante théorie qui régit le pays, soit par les Ibaniens eux-mêmes. » (Wladimir Berelowitch)
« Ainsi donc, je me suis volontairement exclu. […] Celui qui s'exclut volontairement, c'est un Ibanien qui a eu le toupet d'exposer publiquement une opinion non conforme à celle des autorités, ni, par voie de conséquence, à celle du peuple ibanien tout entier, puisque lesdites autorités passent leur temps à exprimer les pensées et les aspirations profondes du peuple. […] » (Alexandre Zinoviev)
« […] En Union Soviétique, on appelle « les exclus » (otchtchepentsy) les personnes qui s'opposent non seulement à une collectivité soviétique donnée, mais à toute collectivité soviétique. Ils s'y opposent de telle façon qu'ils sont exclus de la société tout entière. de la sorte, ils s'opposent à la structure même de la vie sociale. le plus souvent, ceci se produit indépendamment de la volonté de l'exclu, ou du moins sans qu'il le remarque. […] la société a besoin d'exclure et […] elle produit des exclus de façon régulière et systématique. Elle les combat, mais elle en a également besoin, précisément pour les combattre. […] La société a besoin de l'exclu, car en le combattant, elle se soude, s'unifie, devient monolithique. […]
le Veilleur de Nuit, supposé être l'auteur de ces Notes, est un exclu ordinaire, il n'occupe pas de poste important, il n'est pas connu, n'a guère de relations avec les étrangers. […] En général, ces exclus sans défense sont rejetés de la vie normale, ils se démoralisent, deviennent alcooliques, malades mentaux.
[…]
Par « désoeuvrement », le Veilleur de Nuit se met à observer la vie de son bureau, en adoptant une sorte de point de vue sociologique. […]
[…] Il existe encore beaucoup de personnes naïves qui croient à une variante rectifiée du communisme, à un communisme démocratique ou un communisme à visage humain. le communisme à visage humain ou le communisme démocratique, ce serait comme si on imaginait un capital sans argent et sans profit. […]. (Alexandre Zinoviev, Moscou, 1978)
0:00 - L'homme de bien
2:09 - Ma relève
3:23 - Elle
5:02 - Cri de l'âme
6:02 - Générique
Référence bibliographique :
Alexandre Zinoviev, Notes d'un veilleur de nuit, Éditions L'Âge d'Homme, traduit par Wladimir Berelowitch, 1979
Image d'illustration :
https://www.24heures.ch/vivre/histoire/22-septembre-1978-zinoviev-dissident-prive-citoyennete/story/20066552
Bande sonore originale : Carlos Viola - Miss Laidcend
Site :
https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/miss-laidcend-2
#AlexandreZinoviev #NotesDUnVeilleurDeNuit #LittératureRusse
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