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Critiques de Alice Renard (200)
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La Colère et l'Envie

Il y a quelques semaines je concluais une critique en disant, voilà pourquoi je lis. Je commence aujourd'hui celle-ci en disant, voilà pourquoi je suis sur Babelio. Au vu du titre et du résumé, je n'aurais jamais lu ce roman, peu attirée par ce thème que j'ai l'impression de voir et revoir de l'enfant sauvage. Pourtant quelques défricheurs de rentrée littéraire sur ce site m'avaient alertée, la critique de Michel (Michle69004) m'a définitivement décidée.



L'histoire n'est pas l'important, comprendre en détail n'est pas l'important, nommer la maladie, handicap, déficit ou autre qualificatif de l'état d'Isor n'est pas l'important.. Il faut juste lire les mots magnifiques, quelle que soit la partie, quel que soit le narrateur et savourer. Et faire taire la petite voix, n'est-ce pas Michel ;-)



J'ai pensé à une autre autrice en lisant ce roman, qui m'avait impressionnée de la même manière, lors de la rentrée de Janvier, Perrine Tripier pour Les guerres précieuses, même si les thèmes des deux romans sont très différents. C'est dans les deux cas un premier roman d'autrices encore très jeunes. Ces deux jeunes femmes sont époustouflantes de maturité. J'admire leur capacité à rendre compte de sentiments de personnes ayant beaucoup plus que leur âge, à partager des expériences qu'elles n'ont pu encore approcher, et dans les deux cas avec une écriture fabuleuse, dont on pourrait presque citer une page sur deux.



Les mots d'Alice Renard m'ont touchée, je me suis arrêtée plusieurs fois pour en relire certains, souvent à voix haute. Ils sonnent si juste.

J'ai aimé les mots du père qui traduisent si bien son impuissance, sa lassitude aussi, son regret d'une vie autre. J'ai aimé les mots de la mère qui essaye de communiquer avec sa fille, qui veut croire que celle-ci communique avec elle. J'ai aimé leur désir de cesser de soumettre leur fille à d'innombrables rendez-vous médicaux, tous aussi inutiles. Dans cette première partie, les mots du père et de la mère alternent, chacun avec leurs particularités. Une chose est certaine, même si c'est moins immédiatement visible chez le père, ils aiment leur fille malgré tout.

Ensuite, c'est Lucien qui parle, Lucien le voisin, déjà vieux, jadis photographe, à la vie bien réglée, pour ne pas laisser place à l'inconnu. Et pourtant il va accueillir Isor, l'amitié, l'amour entre eux va être une amitié d'élection. Ces deux là se sont choisis sans se connaitre.

« J'ai toujours distingué deux types d'amitié. Les amitiés de circonstances et les amitiés par élection. La différence, la hiérarchie que j'établis entre les deux ne se dit pas en termes d'intensité mais plutôt de prestige moral. Je m'explique. Les amitiés de circonstances (le principe est également valable pour l'amour) se nouent sous une certaine forme de contrainte : nous sommes camarades de classes, collègues, colocataires, voisins. C'est à force de se voir que nous devenons amis. Par la force des choses. Je ne nie pas qu'il faille toutefois un terrain fertile pour que ce genre d'amitié s'établisse – ainsi, nous ne sommes pas amis avec tous nos voisins. Mais la proximité quotidienne enclenche voire force un processus qui, autrement, aurait pu ne jamais advenir. Chaque jour ou presque, le quotidien partagé alimente les conversations et il n'est besoin d'aucun effort pour savoir où et quand se voir, ou quoi se dire. Ces amitiés ou amours de circonstances remplissent nos vies et je ne les méprise pas. Mais il me semble qu'un type de relation supérieure existe : celle par élection. On se croise un jour et, entre nous, les évènements naturels devaient s'arrêter là. C'est nous qui décidons de faire entrer l'autre dans notre vie. Certains qu'il s'agit là d'une chose d'importance. […]

Dans ton cas, ma toute chérie, j'ai fini par comprendre que tu ne venais pas par une quelconque facilité – nous avions beau être voisins, en treize ans, je n'avais jamais vu le moindre épi de tes tresses. Non, non, tu m'avais choisi. »



Je ne vous en dirai pas plus sur la troisième partie et qui en est le narrateur. Juste que les mots y sont toujours aussi forts et aussi justes. Il faudra lire pour savoir. Et croyez-moi, vous ne le regretterez pas.

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La Colère et l'Envie

Un premier roman où on pense comprendre mais l'autrice nous bluffe par la maitrise de son texte et des personnages qui ne sont pas ceux qu'on pensait initialement.



Isor, jeune fille qui souffre probablement d'un syndrome autistique, se révèle une jeune femme qui est capable de s'émanciper et de réaliser de grandes choses. Ses parents que l'on pense abattus par les faits font au contraire preuve d'un grand courage pour faire face à la situation et laisser à leur fille une (bien trop grande) liberté même si on peut y voir une sorte de métaphore du lâcher prise. Enfin, la relation avec le voisin Lucien va permettre l'émancipation de tous même si elle cristallise au départ des non-dits et de la jalousie de la part de la mère.



Ce roman est une ode à la différence et à l'acception des faits.
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La Colère et l'Envie

Version audio

La colère et l'envie, le premier roman de Alice Renard, porte sur l'inadaptation de certains enfants au monde et au blocage qui les emmure en eux-mêmes.

Isor est une enfant très particulière. Elle ne parle pas, elle est asociale et ne fait que ce qui lui chante. Le seul diagnostic que semble émettre la majorité des médecins est : "elle peut mais ne veut pas". Et les parents n'ont qu'à faire avec.

J'ai beaucoup apprécié la première partie dans laquelle les parents, en alternance, nous parlent de leur fille si étrange et de leurs difficultés et ressentis devant le handicap. Ils ont choisi de la déscolariser mais le quotidien vire souvent à l'enfer. La mère surprotège, pense qu'il faut toujours faire plus et réduit sa vie à l'enfant. L'attitude du père est à l'opposé. Il n'en peut plus et déteste par moment cette fillette qui se moque de tout et ne fait que ce qui lui plait. Chacun réagit avec sa sensibilité mais tous les deux sont émouvants.

Dans la deuxième partie, Isor, qui passe son temps dehors sans que ses parents sachent ce qu'elle y fait, rencontre un voisin, vieux solitaire misanthrope, qui vit replié sur lui-même. On entend alors la voix de l'homme qui laisse entrer chez lui la petite sauvageonne. Ils vont s'apprivoiser l'un l'autre. La mère est blessée par ce qu'elle considère comme une trahison de la part de son enfant Quant au père, il apprécie beaucoup l'influence du vieux monsieur sur le caractère souvent explosif de sa fille. C'est un joli conte, l'enfant éclos petit à petit grâce à cette belle relation que j'ai trouvé bien idéaliste.

Quant à la troisième partie, je n'y ai pas cru du tout. Isor part seule en Sicile et se met à parler et même écrire. Elle envoie des lettres à ses parents dans une langue enfantine avec un vocabulaire parfois très recherché. Les phrases sont beaucoup trop travaillées. Tout est beau qui finit bien. Ce serait merveilleux, s'il suffisait d'un vieux voisin pour débloquer un enfant mutique et ingérable.

J'ai apprécié les 4 lecteurs qui lisent en alternance ce texte en forme de longs dialogues. Leur voix colle bien au texte et le format audio convient parfaitement à ce roman.

Alice Renard est une très jeune auteure, je la suivrais avec intérêt malgré un ressenti mitigé.

https://ffloladilettante.wordpress.com/2024/01/20/la-colere-et-lenvie-de-alice-renard/

#LaColèreetlEnvie #NetGalleyFrance
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La Colère et l'Envie

Ecrit en trois parties ce livre nous raconte l'histoire d'Isor une jeune autiste ou jeune fille qui ne rentre dans aucune catégorie.

La première partie nous suivons les pensées du père et de la mère qui nous décrivent l'enfance de leur fille puis vient Lucien, un voisin apprivoisé par l'enfant et qui lui redonne goût à la vie et enfin Isor qui clôt le conte car pour moi c'est un superbe conte philosophique sur la vie, les normes, l'éducation.

Un beau premier roman.
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La Colère et l'Envie

Première partie, nous sommes alternativement dans les pensées du père et de la mère d'Isor, cette petite fille mutique si différente des autres. Le père avoue spontanément qu'il n'était pas fait pour être le père d'une telle enfant, la mère exprime de la tendresse et de l'incompréhension. Ils ont tout tenté auprès des psychiatres, neurologues etc... avant d'abandonner et de faire de leur mieux. Isor n'apprend rien. Elle fait tout à sa manière. C'est une enfant difficile qui épuise ses parents. Ceux-ci ont cependant fait le choix de ne pas la gaver de médicaments.

Dans la deuxième partie, Lucien Vincent septuagénaire a été fort surpris lorsque ses voisins lui ont demandé de garder leur fille quelques heures. Isor et Lucien se rencontrent, ils ne se quitteront plus. Ses deux là se comprennent.

Troisième partie, Lucien a fait un AVC, Isor a disparu. Les parents attendent, ne préviennent pas la police car Isor est toujours revenue de ses escapades. Puis une lettre arrive...

C'est la partie la plus émouvante du livre, terrible pour les parents.

La colère et l'envie est un premier roman avec des bases autobiographiques et j'attends déjà un second qui me confirmerait le talent de l'auteur.
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La Colère et l'Envie

Isor est une petite fille particulière, qui ne s'exprime pas, n'interagit pas. Ses parents consultent des spécialistes, mais aucun diagnostic ne tombe, ou en tout cas, rien qui n'apporte une réponse ou une aide. Ils prennent alors une décision, se débrouiller seuls. Ne plus faire intervenir de médecin, tenir Isor à l'écart des autres. Tout aurait pu continuer comme ça, si le hasard ne les avait pas poussés à confier Isor au vieux voisin, Lucien. Alors, sans que personne ne sache pourquoi, la connexion entre Isor et Lucien s'établit...

J'ai écouté ce livre. Il alterne plusieurs voix, avec plusieurs narrateurs. D'abord les parents, dont on sent bien l'épuisement et le désarroi, la colère aussi, surtout celle du père, que j'ai trouvé assez violente par moment. Il y a ensuite la voix de Lucien, qui à son grand âge, trouve de l'espoir dans cette amitié. Il est fascinée par l'enfant. Il y aura enfin la voix d'Isor, ou plutôt sa plume, avec son phrasé si particulier...

J'ai bien aimé ce livre. Ce n'est pas un grand coup de coeur, j'ai trouvé certaines ficelles trop grosses pour totalement croire à l'histoire, mais j'ai quand même aimé la plume de l'auteur, et la sincérité qu'elle donne aux personnages des parents.

Merci à Netgalley et Lizzie pour cette écoute.
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La Colère et l'Envie

A découvrir absolument, vraiment, c'est une pépite de @alicerenard18 aux @editions_heloise_dormesson le sublime roman "La colère et l'envie".



✨Les premiers mots vous happent, ce récit particulier où la place des émotions et des sentiments est au sommet. Une mère,un père,une enfant pas comme les autres ,Isor et un drôle de voisin.

Laisser ces deux parents nous partager leurs ressentis,leurs peines ,leurs émotions,leurs colères,leurs bonheurs,leurs doutes... Le début du roman est comme un ping-pong entre un papa et une maman, et la balle de ce jeu est Isor,cette jeune fille particulière.

Puis progressivement Isor va prendre place,elle s'imposera à sa façon, grâce à sa rencontre d'avec Lucien. Elle est profonde et touchante,les mots d'Isor sont bruts, parfois piquants mais tellement beaux!



.J'ai fait le choix aujourd'hui de ne pas faire de chronique sur ce roman,de ne pas vous dévoiler cette jolie histoire,il faut vraiment le découvrir par vous même.

Une plume particulière que nous dévoile @alicerenard18 , un rythme comme une musique entre ces personnages .Un style d'écriture atypique comme j'en ai rarement lu.


Lien : https://www.instagram.com/un..
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La Colère et l'Envie

Un premier roman très réussi !

J'ai choisi ce livre à la bibliothèque comme un clin d’œil (le nom et le prénom de l'auteur sont ceux d'épouse de ma défunte belle-mère) et ce clin d’œil m'a permis de découvrir un auteur prometteur, original... (Excusez-moi les féministes intégristes mais les vocables "auteure" ou "autrice" m'écorchent les oreilles).

Une belle histoire, originale, bien écrite, poétique et qui démontre une grande connaissance de la vie et des hommes de la part de cette jeune femme de 21 ans.

Ce roman se découpe en trois parties narrant l'histoire d'Isor, enfant mutique.

La première donne la parole aux parents : la mère, en permanence tentant de comprendre sa fille, ses actes, ses ressentis et motivations ; le père tourné vers l'extérieur, évaluant tout ce que son enfant leur fait perdre (amis, sacrifices, rêves...)

La deuxième est le témoignage du voisin Lucien, de tout ce que l'entrée d'Isor apporte dans sa vie de vieux retraité triste.

A la fin, le papillon Isor sort de sa vilaine enveloppe de chenille pour apporter fierté à ses parents et vaincre la tristesse de Lucien.

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La Colère et l'Envie

Ce premier roman est vraiment unique !



Ayant entendu beaucoup de bien à son sujet, j'avais hâte de le découvrir.



L'histoire est surprenante, marquée notamment par sa construction. Pendant les trois quarts du livre, l'autrice alterne entre les voix des parents d'Isor, puis dans la dernière partie, la jeune fille s'exprime à travers des lettres.



À travers ce récit, le lecteur plonge dans le monde muet et colérique d'Isor, découvrant le quotidien difficile de cette famille hors norme.



La rencontre d'Isor avec son voisin solitaire, un vieil homme, va changer irréversiblement le cours des choses.



C'est le début d'une magnifique amitié. Une relation touchante, hors du commun et fusionnelle.

Alice Renard présente une écriture déroutante, poétique et très originale.



Une lecture dénuée de lourdeur. L'histoire émane d'une légèreté naturelle et d'une insouciance propres aux enfants.



Ce livre, un véritable "ovni", explore la différence et la singularité des êtres humains, en en faisant une lecture vraiment captivante. C'est une agréable découverte, et il est certain qu'il faut suivre les écrits de cette très jeune romancière.



Prochainement, je vais l'écouter en livre audio. Je suis persuadée que cela apportera une dimension particulièrement touchante à cette histoire. J'ai vraiment hâte !


Lien : https://www.instagram.com/cl..
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La Colère et l'Envie

Voici une lecture qui me laisse un peu perplexe et mitigée. Je n'arrive pas à définir si j'ai aimé ou non.

D'un côté, j'ai détesté (ou j'ai aimé detester, je ne sais plus..🤣) les personnages. Les parents d'abord, avec leur absence de communication, entre eux, entre eux et Isor, entre eux et Lucien. Certaines situations auraient pu être évitées ou en tout cas être améliorées s'ils avaient pris le temps de se parler. J'ai surtout détesté le père par sa froideur et sa rudesse envers Isor (il va quand même jusqu'à dire qu'elle est "debile") et la mère pour son empathie débordante et étouffante. J'ai haï Isor pour son manque de considération envers ses propres parents! Bref, des personnages assez bruts.

D'un autre côté, j'ai découvert un roman très poétique, très touchant. Mettre des mots sur des handicaps particuliers sans heurter le public, en essayant de faire comprendre aux lecteurs les difficultés rencontrées tout au long de la vie dans des situations si hors normes, en fait, pour un moi, un roman à découvrir. Bref, mitigée mais plutôt positive quand même!
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La Colère et l'Envie

Ce livre, que j’avais dans ma wishilist depuis un petit moment, j’ai eu la chance de l’écouter grâce à la confiance de @netgalleyfrance et @lizzie



Quel superbe moment ! un coup de ❤ !

J’ai adoré la plume douce, et enveloppante de cette jeune auteure.

J’ai aussi adoré les voix des lecteurs, surtout celle de Lucien, ce vieil homme un peu bourru mais tellement attachant. Sa voix est chaude, ses intonations si émouvantes.

La voix d’Isor également si attachante.

Donc, les voix et le jeu des acteurs m’ont séduits, oui énormément, mais je suis aussi, et surtout, tombée sous le charme de l’écriture.

Quelle belle plume, attendrissante, sensible, douce presque bouleversante.

Plusieurs jours après la fin de ma lecture, je pense toujours à Isor, sa fragilité, sa différence mais surtout son amour, sa sensibilité et cette force qui l’habite au delà de toute attente.

Chaque personnage est brossé avec délicatesse, tendresse et justesse.

Ce roman est construit en 3 parties :

La première donne la parole aux parents, la seconde à Lucien et la dernière à Isor.

Je me suis ainsi retrouvée au coeur des sentiments, des pensées, des émotions de tous les protagonistes.

C’est subtil, tellement bien vu et si joliment écrit !

Un roman lumineux qui fait du bien !

Je ne vous dirai rien de plus sur l’histoire, il vaut mieux que vous vous laissiez porter par les mots, et les sentiments qui ne manqueront pas de vous envahir lors de votre lecture ou écoute.

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La Colère et l'Envie

Un très très beau texte que je suis contente d'avoir pu lire, bien que quelque temps après sa sortie.



Un premier roman fort et incisif. Tout est bien pensé, que cela soit de la narration qui change de point de vue au fil des chapitres ou même de forme à chaque partie.



Une histoire très émouvante, dont il est difficile de se détacher. On s'attache à Isor et à ce qu'il va advenir de cette fille extraordinaire.



Magnifique.
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La Colère et l'Envie

Alors… par où commencer ?

Je viens juste de terminer ce roman, que j’ai découvert dans sa version audio, grâce à l’éditeur Lizzie et NetGalley.

Merci à eux, car j’ai passé un merveilleux moment, je suis encore sous le charme !

A travers les voix et points de vue successifs de la mère, Maud, du père, Camillio, du voisin, Lucien, et de la principale héroïne, Isor, on entre peu à peu dans le quotidien de la famille d’Isor, enfant différente.

Je dis enfant différente, car au début, pour ses parents, et la ronde des médecins en tous genres, c’est le flou complet. Isor ne parle pas, vit dans son monde de sensations, même si elle interagit un peu avec ses parents. Perdus, ses parents finissent par la soustraire à ces spécialistes qui ne voient en elle qu’un spécimen à étudier et à médicamenter : « dorénavant, ce sera juste nous trois ».

Isor grandit donc en circuit fermé, et ses parents, aimants mais souvent épuisés, se coupent eux aussi du monde. Jusqu’au jour où, coincés par des travaux urgents chez eux, ils confient pour une après-midi la garde d’Isor à leur vieux voisin taciturne, Lucien. Entre ces deux-là, la connexion se fait immédiatement, et passée une phase d’apprivoisement mutuel, c’est un véritable coup de foudre filial.



La construction du récit, choral, d’abord une alternance des points de vue des parents, chacun avec sa sensibilité et sa façon d’appréhender la différence de leur fille, puis l’arrivée de la voix de Lucien, et en dernier celle d’Isor, conduit habilement le récit vers l’ouverture au monde de la fillette.

Le vocabulaire est riche, diversifié, voire inventif et colle parfaitement aux différents personnages, les rendant vivants.

L’interprétation de la version audio est particulièrement réussie, je trouve, avec plusieurs lecteurs, ce qui n’est pas toujours le cas, et sert bien la construction du roman.

L’autrice, Alice Renard, a elle-même été diagnostiquée enfant précoce, et sa jeunesse au moment de la parution de ce premier roman, forcé le respect : inventivité du récit, construction intéressante, langue recherchée ! C’est incroyable, et je vais suivre cette écrivaine, car ses débuts sont vraiment prometteurs.

Un coup de cœur un peu tardif pour cette œuvre qui a fait partie des romans remarqués de la rentrée littéraire de septembre 2023.
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La Colère et l'Envie

Alice Renard (enfant précoce) vient de publier son premier livre : La Colère et l'Envie.



J'ai été un peu déstabilisée à la lecture de ce roman construit en 3 parties.

- Les parents prennent tout à tour la parole pour raconter le handicap de leur fille Isor (colère, crises, mutisme ...)

- Isor, vers 13 ans, apprécie beaucoup le voisin Lucien, âgé de 82 ans, mais ne parle toujours pas.

- Isor entreprend seule un grand voyage…



Je trouve qu'il manque une pièce ou deux au puzzle pour comprendre l'évolution de cette jeune fille (autiste) qui évolue soudainement.

Je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler la fin de ce très court roman qui a reçu 2 prix.
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La Colère et l'Envie

Une approche intéressante de la différence vue d'abord par les parents d'Isor puis avec beaucoup de tendresse par l'amitié improbable avec un vieil homme qui l'emmènera vers sa liberté et lui permettra d'atteindre son moi profond. La chute est étonnante et forte.

La construction de ce roman est originale et permet d'explorer les différentes réactions humaines face à la différence.

Une réussite pour ce premier roman d'une toute jeune autrice (21 ans) . L'écriture est simple et fluide tout en étant incisive. Beaucoup de tendresse, de bienveillance et de lucidité.
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La Colère et l'Envie

Faire quelque chose de son malheur, c'est possible : pour Isor, pour Lucien, pour Anilla

L'intention est bonne.

Mais je me suis demandé tout au long si on est dans un témoignage ou dans de la fiction.

La fille qui retrouve la parole par miracle, je n'y crois pas.

Le départ vers la Sicile non plus.

Le dialogue des parents en 1ere partie je l'ai trouvé long.

Cet enfant pas comme les autres qui met ses parents à bout, je comprends

La rencontre salvatrice avec le voisin, c'est plausible.

Une femme lumineuse parce qu'elle a vécu le pire, j'y crois volontiers

Par contre, retrouver la parole subitement après 15 ans d'incapacité, je ne suis pas arrivé à y croire.

La première partie est un peu longue.

J'aurais mieux aimé que le style affiche clairement l'intention d'échapper au réel.

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La Colère et l'Envie

Très tôt, Aude et Camillio soupçonnent leur petite Isor d'être une enfant différente.

S'ensuit un long et pénible parcours médical au cours duquel ils observent les praticiens passer de l'arrogance (on va trouver le problème en 2x2), à l'euphorie (aucune étiquette ne correspond, un cas !), au désintérêt et à la lassitude (game over, mission abandonnée).

Ils décident alors de reformer un monde à trois, refondant leur vie autour des besoins supposés de leur fille.

.

Dans la première partie du roman, le père et la mère racontent en alternance cette enfant insaisissable, qui n'utilise aucune langue intelligible, explose de colère ou de joie, danse sur le silence.

Frustration, désespoir, brouillard mais amour, toujours.

.

Jusqu'au jour où Isor rencontre Lucien, le voisin septuagénaire, invisible et reclus. L'alchimie est immédiate, leurs RDV deviennent quotidiens, les années passent, Lucien fait un AVC sévère.

Isor qui a 16 ans prend la route en secret, pour agir, afin que "Luce ne meure pas dans l'amer".



Mon Dieu, je suis stupéfaite ! Comment cette môme de 21 ans a t'elle pu livrer un premier roman aussi abouti ? Comment a t'elle pu tant dire en 158 pages, aux paragraphes courts et aux chapitres aérés ?



Je le comprend comme un livre sur le langage.

Dans un monde où l'attention s'appauvrit, où elle est si rarement pleine, A.Renard nous réapprend à entendre l'autre.

Hors du format conventionnnel de la parole, on entend (comprend) l'autre par les yeux, le bout des doigts ou du nez, les vibrations de l'air, une observation aiguë, portée par l'intuition, l'ouverture absolue.

C'est une autre version de "Nell", sur papier.

Un texte qui déverrouille portes et fenêtres, repousse les limites et agrandit l'horizon.



Merci A.Renard, je suis ébranlée jusque dans les talons.
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La Colère et l'Envie

Au fil des voix qui s'alternent comme dans un dialogue de théâtre, on découvre l'histoire d'une enfant pas comme les autres, Isor et celle de ses parents, tortueuse, complexe, et à bien des égards énigmatique. Isor ne communique pas avec des mots, et ne s'ouvre à ses parents qu'en de très rares occasions, et comme eux nous restons d'abord en dehors de ce que peut ressentir ce personnage. Puis survient Lucien, le voisin et nous découvrons avec lui les trésors que cachent Isor dans cette intériorité qui se dévoile grâce à la relation d'amour sincère qui se noue entre eux deux. C'est cette partie dans les yeux et les mots de Lucien que j'ai préférée, le personnage qui m'a le plus touchée, la voix que j'ai préférée entendre. Malheureusement je n'ai pas du tout adhéré à la fin, à ce tournant de l'histoire qui, dans un même mouvement, éloigne Isor de sa famille et nous rapproche de ses pensées. Je n'ai pas du tout cru à la langue d'Isor, à ces tournures poétiques souvent, mais trop artificielles à mes yeux et qui m'ont laissée une impression mitigée.

Un premier roman intéressant mais qui ne me marquera pas.
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La Colère et l'Envie

Une ode à la différence, au respect et à l’humanité.



Dans ce roman polyphonique en trois actes, nous découvrons progressivement Isor, une enfant singulière.



Dans la première partie, la voix des parents s’exprime, se répondant l’un et l’autre avec des émotions contradictoires sur la progressive découverte de la différence de leur fille. La joie se transforme en inquiétude puis en détresse de ne jamais recevoir son affection, de chercher les signes de son amour. Isor est dans son monde, alterne entre la colère et le mutisme, s’exprime par le corps avec grâce, mais ne joue pas. Elle leur échappe. Ils sont désarmés et se replient sur eux-mêmes, s’isolant pour se protéger des dangers et du regard des autres.



La deuxième partie laisse entendre la voix de Lucien, leur voisin septuagénaire, qui reçoit un jour la visite d’Isor. Lucien, un être cabossé n’attendant plus rien de la vie. Entre ces deux personnes que les décennies oppose, le coup de foudre est immédiat, brisant tous les tabous. Lucien réussit à briser la carapace d’Isor, il la comprend, et un mode de communication magique, presque mystique, s’établit entre eux.



Dans le troisième acte, on quitte le progressivement le réalisme pour entrer dans le conte. Isor a 16 ans, elle se révèle enfin et s’ouvre au monde. L’autrice créé pour elle un langage, qui est lumineux et poétique.



Alice Renard, à seulement 21 ans, est une virtuose de l’écriture et montre une grande maturité pour ce premier roman. Elle réussit à se mettre dans la peau de chaque personnage, analysant leurs sentiments avec justesse. Comme Isor, ce roman n’entre dans aucune case, il est unique. Il m’a emportée dans un monde de tolérance, de respect et de langages secrets.
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La Colère et l'Envie

La plume est belle, certes, mais l’histoire est d’une platitude et d’un ennui mortels!

J’ai trouvé les lettres d’Isor franchement pénibles à déchiffrer et les sentiments de ses parents assez compliqués à cerner.

Quant à Lucien, son lien avec la jeune adolescente m’a mise assez mal à l’aise…

Bref, 2 étoiles pour la qualité de l’écriture mais…pas pour le récit!
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