Citations de Aliénor Debrocq (37)
A la fin du Moyen-Age, la représentation la plus commune est celle d’un dieu vengeur dont l’œil omniscient nous suit à chaque instant. Aujourd’hui, l’œil suprême n’est plus divin mais numérique. C’est le paradigme de Big Brother et de la surveillance constante que nous acceptions en nous connectant au vaste réseau qui nous relie dans le monde entier. Peut-être à cela aussi Lily a-t-elle voulu échapper? A la tyrannie de l’hyperconnectivité?
"Ce qui fait notre individualité est le dialogue muet que nous entretenons avec nous-mêmes » explique la sociologue allemande Eva Illouz. Mais le bourdonnement incessant dans lequel baigne désormais notre cerveau vient parasiter cette relation de soi à soi. Nous sommes à la fois partout et nulle part.
On a beau déborder d'imagination, on ne s'attend presque jamais à ce que le réel nous offre.
Aussi longtemps qu'il y aura des femmes et du sang, leur cri se propagera dans la nuit, avec les bêtes, les insomnies et l'encre sur le papier.
Il a fait fort, ce type. En quelques jours de mandat, il est parvenu à revenir cinquante ans en arrière. je pensais que seule la fiction avait ce pouvoir, mais il arrive que certains hommes aussi.
- J'ai dit que je ne lui en voulais pas d'avoir choisi mon prénom. Par contre, je suis blessée qu'elle se soit enfuie sans prévenir personne. blessée qu'elle ne pense qu'à elle. Combien de fois ai-je eu envie de fuir ma propre vie, à votre avis? quelle femme ne songe jamais à cette éventualité? Et combien passent à l'acte? Parmi toutes celles qui disparaissent chaque année, combien le font délibérément, pour échapper au succès et au pouvoir de leur propre imagination? Vous pouvez me le dire?
- Aucune, d'après nos statistiques.
- C'est bien ce que je pensais.
"il entre, elle sort. "
Quatre mots, c'est déjà une histoire d'amour, vous voyez?
Ils ont tenu comme ça, Claude et lui, par la force des mots et des clichés mentaux qu'ils prenaient pour ne pas devenir dingues, dans les cinq ou six lieux de détention successifs où on les a ballottés au cours de l'année.
Signes et cygnes gambergent sur la berge.
Les choses finissent par arriver, mais jamais comme on l'imaginait, ni au moment où on le pensait. Ni au bon endroit. Et quand elles se produisent, il est rare que nos réactions soient aussi spontanées qu'on l'aurait voulu.
Tu ne contrôles pas le roman, c'est lui qui te contrôle.
On n'est jamais sûr de rien d'autre que du présent.
On se sent fragile quand on écrit, Clara. Indigne de l'histoire qu'on porte et qu'on veut raconter. Je le vis chaque fois. Mais la peur est dans ta tête. Ce n'est qu'une pensée, pas la réalité.
Dans un roman, il y a aussi tout ce qui ne sera pas dit de l'histoire que tu veux raconter. Ce qu'il appartient au lecteur d'imaginer. La part de l'ange, celle qui s'évapore comme dans le whisky.
La fiction possède cet étrange effet de vous happer comme si tous les éléments étaient vrais. Ils sont vrais pour l'auteur et le lecteur, mais seulement s'ils sont cohérents.
C'est comme ça et pas autrement : de temps en temps on a tenté de lénifier le peuple pour éviter l'hystérie collective.
C'est l'incertitude qui fait peur. On a toujours peur de ce qui vient, jamais de ce qui se produit, puisqu'on ne peut rien y changer.