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Citations de Allen S. Weiss (23)


L’affirmation terriblement prémonitoire de Heinrich Heine continue de résonner en moi : Dort wo man Bücher verbrennt, verbrennt man auch am Ende Menschen [« Là où ils ont brûlé des livres, ils brûleront des gens »], et je ne peux relire Je déballe ma bibliothèque de Benjamin sans penser au rôle que la perte de sa chère bibliothèque a joué dans son suicide. (Ou peut-être, comme pour Vincent Van Gogh et Antonin Artaud, devrait-on plutôt dire qu’il a été « suicidé par la société ».) Sigmund Freud – dont les livres ont aussi été consumés dans le même autodafé – a eu une réaction plus mesurée et plus sarcastique : « Quel progrès ! Au Moyen Âge, on m’aurait brûlé. Aujourd’hui, on se contente de brûler mes livres. » Il a eu la chance de mourir en 1939, avant de prendre conscience de sa terrible erreur de jugement.
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J’ai longtemps feint le nomadisme, prétendant vivre dans quatre ou cinq lieux différents (Dogwood Ridge, Paris, Nice, Kyoto, et une ferme isolée en Aubrac), mais, en réalité, je suis un sédentaire en série. Avec une bibliothèque de plus de dix mille volumes, il serait impossible d’être itinérant, et le psychisme s’adapte en conséquence. En outre, préférant me définir par mon écriture plutôt que par ma nationalité, mon genre, ma race, ma sexualité ou toute autre forme d’auto-identification, il est évident que ma bibliothèque est la matrice de mon identité, qu’elle exprime les linéaments de mon âme. De ce fait, l’antique injonction du « Connais-toi toi-même » devient presque impossible à réaliser, puisqu’une bibliothèque est, par définition, un labyrinthe dans lequel on est toujours perdu. Je n’ai donc pas été vraiment surpris d’apprendre récemment que Fritz Saxl, directeur de la légendaire bibliothèque de l’historien de l’art Aby Warburg, avait prévu d’en publier le catalogue, qui aurait constitué, à titre posthume, le dernier volume des œuvres complètes, arguant que ses écrits et sa bibliothèque participaient de l’unité de sa pensée. J’irais même plus loin, en insistant sur le fait qu’une bibliothèque est une forme d’inconscient de la personne, même quand de nombreux livres n’ont pas été lus. (Surtout, peut-être, quand ils n’ont pas été lus.) D’ailleurs, comme beaucoup d’auteurs, j’ai du mal à faire la différence entre lire et écrire. Je lis un stylo en main ; j’écris avec un livre en tête. Je rejoins totalement Walter Benjamin quand il dit, dans son très bel essai intitulé Je déballe ma bibliothèque, que certains auteurs écrivent parce qu’ils sont fondamentalement insatisfaits de tous les livres qu’ils ont lus sur un sujet donné, ce qui laisse entendre que le contenu des rayonnages qui contiennent mes publications personnelles constitue un commentaire sur le reste de ma bibliothèque. Parmi les citations, les notes de bas de page et les allusions qui parsèment mes écrits, quatre-vingt-dix-neuf pour cent ont leurs sources dans ma bibliothèque. Mes propres œuvres sont donc une sorte de distillation ou de sublimation de leur environnement : livres, œuvres d’art et souvenirs confondus. Où que je sois, je m’installe pour écrire, avec les quelques ouvrages qui m’accompagnent, et, dans ma tête, toute une bibliothèque fantôme. Irais-je jusqu’à dire qu’une bibliographie est une destinée ?
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Allen S. Weiss
Il est évident que ma bibliothèque est la matrice de mon identité, qu’elle exprime
les linéaments de mon âme.
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