Amélie C. Astier

L’art moderne est assez flippant, surtout lorsqu’il est dédié à une personne travaillant avec le corps humain. Les artistes sont capables de faire des œuvres terrifiantes.

Je ne suis jamais tombée amoureuse d’un homme comme on aime au cinéma, j’ai toujours été trop passionnée par la musique. Mon cœur, je l’avais voué aux mélodies, jusqu’à ce qu’on m’offre le pire des sons. Je n’ai pas l’habitude d’être aussi proche de quelqu’un, je crois que je n’ai jamais aimé ça, mais je crois que j’apprécie l’être au contact de Sloane.

Je ne serai plus jamais la meilleure, pour l’être, il faut vivre et se sentir exister. Je ne ressens ni l’un ni l’autre, ni même le grand frisson en entendant mon archet glisser sur les cordes.

Les miracles existent après l’horreur. Même s’ils sont rares et se produisent seulement lorsque le destin décide de se racheter après avoir répandu un sacré merdier.

Parce que c’est ça la réalité, quand une tuerie se produit, elle a une double peine, s’il y a beaucoup de blessés, ils ne pourront pas tous être sauvés.
Putain d’injustice.

Parce que c’est ça la réalité, quand une tuerie se produit, elle a une double peine, s’il y a beaucoup de blessés, ils ne pourront pas tous être sauvés.
Putain d’injustice.

Je n’ai jamais compris la violence humaine, ce pouvoir de domination que possèdent certains individus sur les autres. Quand est-ce que les hommes ont dérapé à ce point ? Passant d’humains à bourreaux ?
Je n’ai jamais réussi à le comprendre, et je pense que je ne le comprendrai jamais. La vie ne m’en laissera sans doute pas le temps.

Le malheur et la malchance sont de loyaux partenaires dont il est quasiment impossible de se défaire.

C’est ce que j’ai toujours aimé dans le classique, c’est ce que je préfère et c’est ce qui me fait adorer le cinéma. La place qu’on donne aux sons.

Quand on ne veut pas mourir, on ferait tout pour vivre.

J’entends les protestations de la femme qui ne se tait pas alors qu’on la sort du rang. Les hommes parlent dans une langue que je ne comprends pas, elle leur répond de la même façon. Elle se bat, jusqu’au bout. Même si les mots n’ont pas le pouvoir d’arrêter des balles.

Si je survis, je ne serai plus jamais Ella. Je serai une autre copie, moins belle et plus sombre. Une copie brisée par la cruauté et l’injustice de la violence.

Nos regards se croisent, l’espace d’un instant, j’ai l’impression qu’un lien de confiance indéfectible se crée entre nous. Elle s’en remet à moi. Elle me donne son dernier brin d’espoir, celui qui tient par miracle alors que la peur la dévore.

On ne peut pas jouer les héros quand notre instinct, celui primitif, nous contrôle et nous ordonne de tout faire pour survivre.

Le mal est là, le mal est venu imposer la mort pour des idéaux fous. Ce mal répand l’horreur, il entache une religion et blesse des millions de personnes pour une cause injuste et insensée.

On pense que ça n’arrive qu’aux autres, on ne pense pas que cette terreur nous arrivera alors que les noms des villes s’accumulent derrière des PRAY FOR. On continue de vivre, on continue de faire ce qu’on aime pour que le mal qui règne à des milliers de kilomètres d’ici ne gagne pas, quand il vient s’abattre chez nous.

Le fruit du hasard, la destinée, toutes ces conneries qui peuvent justifier que deux personnes se rencontrent, nous les avons vécus.
Nous partagions plusieurs heures ensemble dans l’obscurité des salles noires à découvrir des films chaque semaine. Comme un rituel hebdomadaire que nous nous étions fixés sans véritablement nous l’avouer.

Tant que nos cœurs battent, tant que nos souffles résonnent, tant que nos voix se font entendre et que nos corps se relèvent, nous vivons.

Est-ce que l’horreur peut amener le bonheur ? Ou est-ce une malédiction supplémentaire, donnée par la mort suite à notre survie ? Est-ce qu’il est autorisé d’aimer une personne pour se sentir encore vivant ? A-t-on le droit d’ancrer sa vie en quelqu’un d’aussi détruit que soi ? N’est-ce pas égoïste ?

Il n’y a pas de degrés face à la peine, chaque larme versée quand on est brisé, n’est pas à prendre à la légère.