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Citations de Anaïs Llobet (114)


C'est l'avantage d'un typhon sur les conflits : l'horreur se conjugue toujours au passé.
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Oumar fut déclaré coupable.La juge frappa trois fois ,six fois,neuf fois pour réclamer le silence.Pendant la lecture des interminables chefs d'accusation retenus contre lui, la salle calcula que le terroriste fêterait ses cinquantes ans à sa sortie de prison .
Debout ,les mains liées dans le dos,Oumar demeurait immobile.Son visage restait lisse,sans émotion,comme si la juge réclamait son verdict dans une langue étrangère.
Au sol,une immense crevasse avançait,prête à l'avaler. Des mains le saisissent et le menèrent dans une cellule où le béton craquelait de toutes parts.Il serait transféré demain,dit un policier, et la béance du sol s'accrut.
Un instant, le visage de Kirem se superposa au sien.Une cicatrice en forme d'écharde étincella sur sa tempe gauche et,dans le ciel noir de ses yeux,un missile passa,illuminant d'un éclair la nuit de Grosny.
Puis la lueur entraperçue vacille et s'étsignit.(Page 267).
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La Haye ,2017

Il n'est plus là,alors Adam peut bien en parler.Dans la cellule,l'ampoule grésille,menace de claquer.La réalité aussi clignote,bourdonne;Dans quelques minutes ,ses tympans vont éclater,ses pensées s'arrêter.
Il n'a pas vu les infos ,mais comme tout le monde il s'est figé lorsqu'il a appris la nouvelle.La serveuse à fait tomber son plateau par terre et elle lui a demandé:
--Attends ,mais c'est pas le lycée de ton frère ?(Page 11).
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Elle savait ce que cachaient ces phrases toutes faites, mastiquées par des gens à la vie lisse.
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La terre oublie peut-être à qui elle a appartenu, mais les hommes se chargent de le lui rappeler.
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Les histoires d’amour ont leur place dans les films. Ariana, elle, ne se sent pas l’étoffe d’un personnage de roman.
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Elle vivait sur une île minuscule aux immenses douleurs, il suffisait de gratter la terre pour que remontent les secrets ; elle préférait s'en tenir à l'écart.
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En réalité, tout changeait ; il n’y avait que l’écriture qui figeait les instants et prétendait les enraciner dans la mémoire. J’étais peut-être parvenue à sauver une maison, quelques souvenirs, une ville, mais ce n’était qu’artifice. Dans la vie, sitôt le livre refermé, l’oubli s’emparerait du reste.
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Je la regardai s'éloigner, le coeur serré. J'avais cru le 14, rue Ilios éternel, comme le Tis Khamenis Polis. En réalité, tout changeait : il n'y avait que l'écriture qui figeait les instants et prétendait les enraciner dans la mémoire. J'étais peut-être parvenue à sauver une maison, quelques souvenirs, une ville, mais ce n'était qu'artifice. Dans la vie, sitôt le livre refermé, l'oubli s'emparerait du reste.
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ils ne savent pas que la guerre c'est la cave l'attente la faim les gens qui s'éteignent l'impuissance les mots qui ne servent à rien face aux soldats l'humiliation les souvenirs qu'on veut jeter et qui restent comme tatoués sur le blanc de l'œil.
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Tu les vois ces gosses soumis à tes ordres, ils écrivent déjà comme si leur vie en dépendait

Conjuguez au passé voir manger rire être aller vivre ressentir aimer jouer croire mourir

Ils savent que tu es la prof la plus sévère au monde mais ils ne savent pas ce que tu caches

Professeure sans pitié, chignon de vieille dame, pas de cris mais des mots méchants pour chacun surtout pour moi

Dis-moi madame, pas mal ton déguisement, on pourrait presque te croire. Je suis le seul à deviner la vérité, à flairer vos trahisons

Le seul à savoir que tu ris que tu bois du vin tu détaches tes cheveux tu embrasses des hommes

Que tu joues à l ‘Européennes tu changes de prénoms tu enseignes une langue qui a colonisé la nôtre

Tu te crois libre.
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Les murs de la cellule restent insensibles à ses coups. La porte transforme ses cris en murmures et le gardien a l’habitude. Il voit des ombres autour de lui. La lumière se fendille. Le sol se soulève. Il sent son temps compté. Il va devoir se résoudre au pire.
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À plusieurs reprises, Alissa s'était dit qu'Oumar ne ressemblait pas à un garçon tchétchène. Elle l'avait d'ailleurs entendu mentir sur ses origines, comme elle. Une autre professeure se serait inquiétée de ce reniement : il aurait été convoqué à la fin d'un cours et on lui aurait expliqué que commencer une nouvelle vie ne signifie pas renoncer à son passé. « Tu dois être fier de tes origines, Oumar. » Pas Alissa. Elle savait ce que cachaient ces phrases toutes faites, mastiquées par des gens à la vie lisse. On ne peut pas entrer dans une nouvelle maison tout en gardant un pied dans l'autre. Les portes laissées ouvertes suscitent des courants d'air. Et personne n'aime les courants d'air.
Il n'y avait qu'une seule voie d'intégration. Celle qu'Oumar et Alissa avaient choisie. Faire table rase, prétendre que rien n'avait existé. Donner à quelques souvenirs un accent folklorique et éteindre les autres, comme on étouffe un feu pour laisser les braises vivre plus longtemps, à l'abri des regards.
Un simple subterfuge. C'était ce que Kirem n'avait pas compris. [p. 41-42]
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Mère-rempart, elle levait le menton vers le plafond de la cave, comme si elle défiait les avions de faire tomber leurs bombes sur ses enfants. Oui, il se souvient de ce regard qui ne vacillait pas, de son calme face aux grands-mères qui la harcelaient de reproches. Elle gardait la tête froide et les voisins s’en remettaient à elle. Taïssa avait la parole juste, le cœur acéré. Chacun savait que, si elle n’avait pas ses fils à élever, elle serait déjà dans les forêts, à se battre épaule contre épaule avec son mari Souleiman.
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David a perdu foi en sa religion, la médecine, il a compris que ses armes étaient bien faibles face à la colère du ciel. Il vient de découvrir qu’on peut survivre au typhon mais pas au deuil, il vient d’apprendre qu’on peut mourir de tristesse.
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Il faudrait des tribunaux internationaux pour juger ceux qui n’ont pas su nous protéger de ce raz-de-marée pourtant si prévisible. Je voudrais les mettre sur le banc des accusés, leur demander pourquoi ils n’ont pas su traduire deux mots sui auraient pu sauver tant de vies. Leur crier que c’est leur faute si Jan a disparu, leur faute si Rodjun… et soudain je me souviens de cette petite main que j’ai lâchée. De ce cri d’enfant qui se fait avaler tout seul au milieu d’un immense marécage plein de serpents. Je me dis que je ne suis pas belle à voir, qu’il y a des choses que, à moi, aussi, on ne saurait pardonner si j’étais sur le banc des accusés.

J’arrache un morceau d’écorce au ficus ; sa peau toute douce est encore gorgée de sève, pleine de vie. En contrebas de la colline, de lourdes vagues s’abattent dans un ruminement constant. Le silence des hommes me fait frissonner ; il n’y a que la mer qui parle encore à Tacloban.
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- Les chatons, lorsqu'ils naissent, sont si petits que le monde autour n'est que brutalité. Une vieille nappe n'est pas assez, il faut se rouler en boule contre eux pour leur tenir chaud et les protéger.
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J'avais repris le manuscrit à zéro et je ne parvenais à avancer qu'au Tis Khamenis Polis. Tout ce que j'écrivais ailleurs sonnait faux. J'avais parfois l'impression de ne savoir écrire qu'en noir et blanc : pour ajouter des couleurs, il me fallait Ariana, Giorgos, le no man's land, les chats.
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Combien de temps faut-il pour que la terre appartienne à ceux qui y habitent ?
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Je la regardai s’éloigner, le cœur serré. J’avais cru le 14, rue Ilios éternel, comme le Tis Khamenis Polis. En réalité, tout changeait ; il n’y avait que l’écriture qui figeait les instants et prétendait les enraciner dans la mémoire. J’étais peut-être parvenue à sauver une maison, quelques souvenirs, une ville, mais ce n’était qu’artifice. Dans la vie, sitôt le livre refermé, l’oubli s’emparait du reste.
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