Citations de André Maurois (304)
" - Oh! assez! dit Suzanne... Je ne comprends rien à ces histoires, mais je sais que vous êtes tous les deux exaspérants... J'en arrive à regretter les Américains... C'est vrai ; nous avons été là-bas pendant huit mois ; as-tu jamais une discussion politique prendre ce ton passionné?
- Oui, quelquefois, et puis ça n'a aucun rapport, Suzanne ; l'Amérique n'est pas historiquement divisée en deux blocs..."
La machine à lire les pensées
" - Il est exact que la noblesse du XVII° Siècle avait cessé de rendre de grands services... Elle vivait à la cour ; elle avait des privilèges et pas de devoirs... Elle était affranchie de l'impôt... Tel n'est pas du tout le cas des industriels français du xx° siècle de qui je dirais plutôt qu'ils ont des devoirs et pas de privilèges... "
La machine à lire les pensées
" - Mon cher Dumoulin, dit-il, l'idée que tout savant doit être matérialiste parait aujourd'hui assez naive. A coup sûr, un physicien est bien obligé de croire que les phénomènes naturels obéissent à des lois, faute de quoi il n'y aurait point de science ni de savants. Mais il reconnait que ces lois ne sont que des lois statistiques, semblables à celles qui permettent aux Compagnies d'assurances de savoir que sur un million d'individus de sexe mâle, cent cinquante environ se suicideront, fait qui est exact, utile à connaitre pour 1 assureur, mais qui ne nous apprend rien sur chacun des individus... "
La machine à lire les pensées
Il existait une Mrs. Hicker, petite femme assez jolie, mais pendant la première quinzaine de notre séjour, nous vîmes peu ce couple qui n'avait pas, sur les devoirs de bon voisinage, les mêmes idées que les ménages américains. Ceux-ci envahissaient notre existence, avec une gentillesse infinie qui combattait utilement notre tendance toute française à enclore de murs et de haies notre vie de ménage ; les Hickey, très britanniques, nous saluaient avec courtoisie s'ils nous rencontraient et montraient clairement qu'ils ne souhaitaient aucune intimité.
La machine à lire les pensées
Je demande à l'amour un climat tiède, caressant que la famille m'a refusé.
Pourquoi certaines images demeurent-elles pour nous aussi nettes qu’au moment de la vision, alors que d’autres, en apparence plus importantes, s’estompent puis s’effacent si vite ?
Je vous demande pardon de noter ces sentiments puérils, mais c’est là que je trouve la première expression d’un besoin de dévouement passionné qui a été un des facteurs dominants de mon caractère, bien qu’il se soit appliqué ensuite à des objets tout différents.
Dès ce temps-là, je reconnais, si j’analyse cette imperceptible parcelle encore saisissable en ma mémoire de l’enfant que j’ai été, que, dans ce désir de sacrifice, il y avait un peu de sensualité.
Toute conversation était rendue difficile par l’extrême pudeur de mon père qui semblait souffrir des qu’un sentiment était exprimé en public.
Notre amitié n’en est plus au temps des confidences trop flatteuses. Les hommes livrent leur âme, comme les femmes leur corps, par zones successives et bien défendues. L’une après l’autre, j’ai jeté dans la bataille mes troupes les plus secrètes. Mes souvenirs véritables, forcés dans leur réduit, vont se rendre et paraître au jour.
C’est le charme des êtres nouveaux que cet espoir de transformer pour eux, en le niant, un passé que l’on eût voulu plus heureux.
Mon brusque départ a dû vous surprendre. Je m’en excuse et ne le regrette pas.
Choisissez la fidélité, elle ouvre le chemin du bonheur .
Le mariage est une partie qu'il faut gagner chaque matin.
Un mariage heureux est une longue conversation, qui va des fiançailles à la mort et dont on ne lasse jamais.
La femme attend l'homme, oui, mais comme l'araignée attend la mouche .
Le plaisir que l'on éprouve, après une mauvaise traversée , à se retrouver sur la terre ferme ...
Elle a été un rêve, tu es la vie .
La mauvaise humeur est une maladie, il faut la traiter comme telle, en cherchant ce qui la cause. Il faut changer l'attitude et se donner le mouvement convenable : sourire, hausser les épaules, sont des manœuvres utiles contre les soucis. (...)
Espérance aux yeux fermés ? Rien n'est impossible. Jetez-vous dans l'action présente, et dans la limite des forces humaines, vous obtiendrez ce que vous voulez.
(Alain et le bonheur)
Byron, dont la réputation de séducteur était solidement établie, voulut un jour respecter la femme d'un ami. Elle ne lui pardonna jamais.
Platon, comme vous, dit que les plus justes sont en réalité les plus forts parce que la justice, la compétence et l'ordre sont les seules forces véritables. Et sans doute avez-vous raison, Platon et vous-même, si vous vous placez au point de vue du Spectateur Éternel, de l’historien qui, cent années après la mort d'un héros, décide tranquillement de son bonheur réel ou de la fragilité de son œuvre . Alors vous voyez que les fautes finissent par engendrer leur châtiment, qu'un gouvernement brutal succombe, qu'une institution ne survit pas longtemps après qu'elle a cessé d'être utile. Mais le succès injuste peut durer quinze ans, une vie entière, et durant ces périodes courtes au regard de l'éternité, mais longues pour qui les a vécues, des nations seront gouvernées par des hommes indignes ou cruels.