AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Andrea Serio (34)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Rhapsodie en bleu

🎶Elle nous mettait dans la cuisine pour ne pas qu'on regarde

En deux mois on jouait tout Gershwin sur des verres à moutarde

On a fait du music hall déguisés en Hindous

Elle dansait en Baby Doll sur Rapsody in Blue

Elle a fini sous le capot d'une Dodge ou Cadillac

J'ai ramassé son chapeau et l'autre a pris son sac🎶

Yves Montand-1972-

----🎵----🔵🇮🇹----🗽----🇮🇹🔵----🎵----

L'Amérique est la destination d'évasion vitale pour Andrea Goldstein, un jeune juif italien parti de son pays à cause des lois raciales fascistes en 1938 promulguées par Mussolini. ​On se retrouvera donc à New York, comme Gershwin, avec Andrea Goldstein pris au piège d'un retour au pays pour cause de guerre. Une dénonciation à la foi subtile et violente du racisme, de l'antisémitisme à travers le destin authentique d'Andrea et de sa famille sur des pages au charme et au talent graphique qui en font autant de tableaux évocateurs, émouvants et éclatants.





Commenter  J’apprécie          901
Nausicaa : L'autre odyssée

Dans la mythologie grecque, Nausicaa est une princesse phéacienne. Elle apparaît pour la première fois dans l'Odyssée, où elle recueille Ulysse naufragé sur le rivage de la Phéacie et l'emmène jusqu'au palais de ses parents.



Cette belle et étrange jeune fille prend plaisir à l'observation du monde qui l'entoure ; elle est dotée d'une personnalité très sensible mais néanmoins courageuse et va tomber amoureuse d'Ulysse dès le premier regard. Cependant, ce dernier doit renoncer à cet amour s'il veut rentrer à Ithaque.



Cette BD nous propose une autre lecture de ce mythe issu de la mythologie grecque en nous indiquant le parcours de cette femme à la recherche de la vérité intérieure. Il est question de savoir si Ulysse éprouve de l'amour pour elle ou si ce n'est qu'un leurre.



Je retrouve au dessin Andrea Serio dont je n'avais pas très apprécié l’œuvre précédente à savoir « Gauloises » mais pour des raisons tenant au scénario principalement. Son dessin est, comment dire, tout à fait originale dans sa transcription. La colorisation pastel est assez froide pour un visuel tout à fait marquant.



J'ai beaucoup aimé cette BD très belle visuellement mais dont la dernière case nous indique que le voyage de Nausicca n'aura pas été vain. On aura bien toutes les réponses à la question essentielle. C'est franchement remarquable.

Commenter  J’apprécie          750
Rhapsodie en bleu

C'est une histoire tragique de la Seconde Guerre Mondiale qui nous est raconté. Nous suivons le jeune Andrea Goldstein qui vivait des jours heureux et insouciant à Trieste au bord de la mer adriatique en cet été 1938.



Cependant, comme il était juif et que le gouvernement italien était clairement fasciste, cela ne pouvait coller ensemble. Le roi d'Italie Victor Emmanuel III (et accessoirement empereur d'Ethiopie) a promulgué sous l'influence de Mussolini des lois hostiles à cette catégorie de la population qui perdait subitement ses droits au nom d'une haine raciale non fondée. Cela va clairement changer la vie paisible d'une partie des habitants de ce pays.



Le père de famille prend la décision de confier ses enfants à des parents aux Etats-Unis afin de les protéger de cette folie qui s'est emparée de l'Europe et qui va l'amener vers la guerre et la destruction totale.



Cependant, même si le jeune Andréas trouve dans les Etats-Unis une vraie patrie d'adoption, il souhaite se battre pour conserver ses idéaux alors que des sous-marins torpillent des pétroliers américains près des côtes. Oui, les Nazis étaient tout près de New-York...



Malheureusement, le jeune Andréas qui a désormais 22 ans en mars 1945 trouvera la mort lors de la reconquête du pays par les alliés. C'est tragique dans le sens où il était à l'abri mais a préféré prendre les armes au nom de ses idéaux de liberté. C'est surtout très courageux de sa part. Il n'y a rien de plus noble que de se battre contre une dictature.



Le propos tout comme les images sont d'une grande sobriété et parfois d'une grande mélancolie. Il s'agit juste d'apporter un témoignage sur cette époque et sur la condition des juifs en Italie. C'est un pari réussi pour l'auteur dont c'est sa première œuvre.

Commenter  J’apprécie          490
Gauloises

Fumer nuit gravement à la santé. Tuer aussi. Il s’agit de suivre un tueur italien mafieux dans ses funestes occupations. La particularité est que ce napolitain fume des gauloises en toute occasion même quand il doit faire l’amour à une prostituée. Comme il le dit lui-même, il agit par méchanceté.



Vous m’excuserez ou pas, mais je préfère passer mon tour. Qu’est-ce que j’ai pu m’ennuyer à cause d’une narration quasi plombante. Je lisais ce genre de roman graphique au début des années 2000. Cela date déjà. C’était en vogue pour créer une certaine atmosphère et une certaine ambiance donnant à la fois de la mélancolie et une poésie des images. Pour le scénario, il est presque inexistant ou confus. C’est un vrai calvaire de lecture.



L’aspect graphique est sans doute ce qui peut sauver cette œuvre. Or, pour moi, il me faut une bonne histoire à laquelle je peux m’accrocher même s’il y a un graphisme moyen. Je sais que je suis pour une fois en contradiction avec la plupart des avis dithyrambiques sur cette œuvre mais j’assume pleinement ma différence. Je n’ai pas aimé. Ce n’est pas mon genre de BD. C’est même celle que je fuis au plus haut point.



Les fumeurs de gauloises y trouveront peut-être leur compte. Les autres aussi n’empêche. Pas moi. J’ai trouvé cela beaucoup trop barbant pour m’en infliger davantage. J’ai pu aller toutefois au bout de l’album mais cela a été comme une torture faite à soi-même. Grosse déception en perspective.



Commenter  J’apprécie          464
Rhapsodie en bleu

Les premières planches de cette bande dessinée s'ouvrent sur le bleu d'un océan, un bleu qui suit l'agitation des vagues venant cogner contre le flanc du transatlantique norvégien S.S. Bergensfjörd, réquisitionné par le gouvernement des États-Unis d'Amérique et affecté au transport des troupes. Nous sommes le 15 décembre 1944, sur la partie septentrionale de l'Océan Atlantique...

Bleu comme la mer à l'infini. On pourrait aussi parler de peur bleue, tout le monde sur ce navire a peur, de jeunes soldats jouent aux dés, pensent aux filles, boivent beaucoup pour oublier cette peur qui les tenaille quelques jours avant de débarquer sur le sol italien et libérer le pays au côté des autres troupes alliées. Un de ces jeunes soldats regarde le coeur serré l'horizon avec autant de nostalgie que d'appréhension.

Flash-back, nous voici aux pages suivantes dans un bleu plus transparent, plus calme, plus nonchalant. Nous sommes sous le ciel bleu de Trieste, c'est l'été 1938 et la légèreté d'une fin de vacances nous cueille avec joie. C'est le décor d'une plage, les baignades, les rires, une tranche d'insouciance qui s'étale jusqu'à la prochaine rentrée scolaire.

Trois cousins, Andrea, Martino et Cati évoquent déjà cette rentrée, leurs projets respectifs, tandis que brusquement la radio nationale vient poser son couperet sur ce bonheur qui ne demandait rien à personne...

«À dater du jour du 15 octobre 1938, Victor Emmanuel III, par la grâce de Dieu et par la volonté de la nation, roi d'Italie, empereur d'Éthiopie, ayant entendu le Conseil des ministres, décrète que tous les enseignants de race juive seront suspendus de leur service, et ne pourront être inscrits les élèves de race juive.

Sont considérées comme de race juive les personnes nées de parents tous deux de race juive, quand bien même elles professeraient une autre religion que la religion juive…»

C'est l'effarement car Andrea, Martino et Cati sont juifs.

Même lorsqu'ils ressemblent à de grotesques et pitoyables marionnettes, les dictateurs ont cette capacité à être portés par des foules aveugles et admiratives... Comment ne pas être touché par cette planche saisissante d'émotion où l'on voit Andrea s'éloigner de cette foule en transe criant « Duce ! Duce ! Duce ! », faire un pas de côté, tournant le dos à ce magma de bêtise humaine capable d'idolâtrer un fou sanguinaire ? Les temps ont-ils changé ? A-t-on tiré les leçons des tragédies de l'Histoire, des pantins ubuesques mais pouvant détruire en un seul clic la planète tout entière, veulent continuer de tirer les ficelles, façonner un récit historique qui leur ressemble ?

Nous allons suivre plus particulièrement l'itinéraire d'Andrea Goldstein forcé de quitter Trieste pour New York où de ses tantes peut l'héberger. C'est une ville presque normale qui l'attend là-bas, tandis que de l'autre côté de l'océan bleu, le monde bascule dans l'horreur de l'une des pires barbaries humaines et reviennent comme le ressac de la mer les fantômes du passé.

À travers le destin de ces jeunes gens à peine sortis de l'adolescence, Andrea Serio nous peint et dépeint dans des nuances subtiles de bleu les variations de la vie capable d'osciller de la douceur éphémère aux horreurs innommables de cette époque tragique.

Est-ce l'élégance du coup de crayon d'Andrea Serio, les tons pastels qui s'immergent avec harmonie ? Est-ce la pudeur des situations, des planches presque muettes au silence assourdissant digne d'un tableau d'Edward Hopper, tandis que les personnages fragiles et fracassés de douleur vont vers un destin inéluctable? Est-ce le bruit d'une autre guerre à nos portes ? J'ai été touché en plein coeur.

Bleu comme la nuit... La nuit de la bête immonde, toujours recommencée...

Rhapsodie en bleu, avec un tel titre, comment ne pas songer un seul instant à cette oeuvre majeure et envoûtante de Georges Gershwin ?

Rhapsodie en bleu est l'adaptation libre du roman de Silvia Cuttin, Ci sarebbe bastato, encore inédit en France, qui s'est inspirée de l'histoire douloureuse de sa famille pour écrire ce récit.

Refermant le rideau bleu de cet album, je reste longtemps encore habité par la puissance de la douceur qui se dégage de cette histoire.

Commenter  J’apprécie          407
Nausicaa - L'autre odyssée

Ne te laisse pas leurrer par les rêves, parce que les rêves ne sont pas la vie.

-

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, relatant le séjour d’Ulysse en Phéacie, du point de vue de Nausicaa, la fille du roi Alkinoos et de la reine Arété. La première édition de cette bande dessinée date de 2012, et elle a bénéficié d’une réédition en français en 2023. Bepi Vigna en a réalisé le scénario, Andrea Serio réalisant les dessins et les couleurs. Elle a été traduite de l’italien par Hélène Dauniol-Tenaud. L’ouvrage s’ouvre avec un texte introductif de deux pages, rédigé par le scénariste qui évoque la qualité méditerranéenne des dessins de l’artiste, les valeurs d’un matriarcat contrastées avec celles d’une société patriarcale, la fourberie d’Ulysse. La deuxième partie de son introduction est consacrée aux choix artistiques opérés pour adapter cette bande dessinée en un dessin animé court métrage. Ce dernier a été sélectionné pour la cérémonie d’inauguration de la critique à la Mostra de Venise en 2017, où il a reçu le spécial Green Drop Award, prix décerné par Green Cross Italia, une ONG qui récompense les œuvres qui interprètent le mieux les valeurs de l’écologie et du développement durable. Ce tome se termine avec un texte d’une page, rédigé par l’artiste qui évoque l’expérience que fut pour lui cette première bande dessinée, un voyage en Suisse, et ses influences, c’est-à-dire Lorenzo Mattotti, Sergio Toppi, Harold Pinter, Pierre Bonnard, Edward Hopper ou Pablo Picasso première période, mais aussi le cinéma de Sergio Leone, de François Truffaut, les séries télé des années 1960 et les animées des années 1980. Viennent enfin sept pages d’études graphiques.



Nausicaa est fascinée par les vagues de la mer. Dans la rumeur des flots, il lui semble entendre les échos de sons lointains. Des fragments de voix et des langues inconnues, trace des terres que les vagues ont léchées. Elle est descendue sur la plage et avance les pieds dans l’eau le long du rivage. Ses amies l’appellent depuis les dunes où elles ont étendu des draps pour s’allonger. Elle s’enfonce plus avant dans la mer et elle voit un homme flottant devant elle. Elle le tire jusqu’au rivage et ses amies viennent l’aider à le sortir de l’eau.



Le peuple de Nausicaa a grand respect pour l’étranger qui arrive sans arme. Le roi Alkinoos a offert une génisse en sacrifice aux dieux et fait préparer un banquet somptueux. Il s’adresse à l’invité et lui demande comment il a fait pour parvenir jusqu’ici car leur terre est éloignée des routes les plus battues. Il dit qu’il ne saurait répondre et qu’il faudrait poser cette question à la mer et au vent, ou même aux dieux. C’est eux qui après lui avoir fait affronter tant d’aventures ont enfin eu pitié de lui. La reine Arété lui fait observer qu’il ne leur a pas encore dit son nom. Il explique qu’on lui a donné bien des appellations, certaines fois pour l’honorer, d’autres pour le railler. S’ils le souhaitent, ils peuvent le nommer Ulysse. Après avoir échangé avec la reine, le roi lui propose de rester avec eux : il leur contera ses voyages. Ulysse va se coucher. Une confortable couche ravive le souvenir de la maison lointaine, et le sommeil apporte des visions d’îles ensoleillées, d’épouses devenues veuves et de merveilleuses sirènes tentatrices. Fragments de ce qui aurait pu être et de ce qui n’a pas été.



L’introduction du scénariste s’avère très explicite quant à son intention : raconter pour partie les chants IX à XII de l’Odyssée, du point de vue de Nausicaa. Il suffit au lecteur d’être vaguement familier des épisodes les plus célèbres du retour d’Ulysse à Ithaque pour les reconnaître : l’arrivée à l’archipel de Schérie, et les récits d’Ulysse sur la guerre de Troie, le séjour sur l’île des Cyclopes et l’emprisonnement dans la grotte de Polyphème, le séjour sur l’île d'Aiaié où réside l'enchanteresse Circé fille d'Hélios, les sirènes, une mystérieuse île brune. S’il est plus familier de l’Odyssée, le lecteur se rend compte que le scénariste a pris la décision de réaliser des coupes franches dans ces livres. Ici, pas de rêve envoyé par Athéna, d'aède Démodocos (c’est Ulysse lui-même qui raconte la guerre de Troie), d’Euryale, de séjour dans la cité des Cicones, ou dans le pays des Lotophages, sur l'île de bronze d'Éole, à Télépyle la cité des Lestrygons, etc. Pourquoi pas : l’enjeu ne réside pas dans une restitution fidèle de l’Odyssée mais dans l’idée que Nausicaa se fait d’Ulysse à partir ce qu’il raconte de ses aventures. Le scénariste n’en respecte pas la lettre, mais il en conserve l’esprit. Ulysse apparaît comme un héros qui triomphe des situations périlleuses, qui conduit son équipage à la victoire, qui trouve des stratagèmes pour vaincre ses ennemis, qui use de la ruse pour se sortir de situations sans espoir. De ce point de vue, cette incarnation se conforme au caractère du personnage, et Nausicaa peut confronter ses récits aux valeurs morales de sa culture.



Dans son introduction, le scénariste évoque également le caractère méditerranéen des dessins de l’artiste. S’il est familier des œuvres en couleurs de Lorenzo Mattotti comme [[ASIN:220303887X Feux]] (1985/1986) ou [[ASIN:2203041048 Le bruit du givre]] (2003), le lecteur remarque tout de suite la filiation visuelle avec la présente bande dessinée : l’usage de crayons de couleur ou de pastel, la réalisation majoritairement en couleur directe à part pour quelques traits de contour, l’importance de la couleur comme mode d’expression, et une certaine propension à épurer les contours des formes pour un effet esthétique et expressif. À plusieurs reprises, le lecteur prend le temps de s’arrêter sur une case à l’effet esthétique saisissant : les vagues ondulantes en page cinq, le visage qui émerge de l’eau, le reste du corps d’Ulysse flottant sous la surface de l’eau, la tête du cheval de Troie représentée de face en gros plan, les soldats avançant dans Troie avec leur longue cape rouge et l’ombre projetée de leur lance ainsi agrandie, le rapprochement visuel entre le sang des blessés qui coule et le vin versé dans une coupe, la blessure de Nausicaa touchée au cœur par un javelot lancé par Ulysse, l’effet de végétation sur l’île d'Aiaié, la silhouette de Nausicaa sur fond rouge pour symboliser sa douleur en comprenant qu’Ulysse est parti sans un adieu, la chevelure blonde de Nausicaa de dos en une forme presque abstraite. Toutefois, l’artiste ne pousse pas le jeu des formes jusqu’à une case qui ne serait composée que de formes abstraites ne faisant sens que par le lien logique entre la case précédente et la suivante.



Le lecteur tombe sous le charme de la narration visuelle dès la première page. Le parti pris artistique d’Andrea Serio place le récit entre le conte mythologique et le drame théâtral, avec effectivement une ou deux influences visibles, que ce soit un tableau d’Edward Hopper où des personnages regardent par la fenêtre sous un beau soleil, ou une touche d’expressionnisme cinématographique. Pour autant, il s’agit d’influences bien assimilées et mises à profit par l’artiste, pas simplement des clins d’œil pour initiés ou des raccourcis faute d’une maîtrise insuffisante. Ces pages apparaissent plus comme l’œuvre d’une bédéiste accomplie que d’un débutant. Le lecteur ressent comment la mise en image vient discrètement apporter une sensibilité ou un point de vue dans la narration, attestant qu’il s’agit du ressenti de Nausicaa, et pas juste de faits exposés de manière objective. Le cheval de Troie apparaît terrifiant et inhumain, une monstruosité dangereuse. L’avancée rapide Grecs dans Troie s’apparente à des coups de poignard dans le dos. Le sang gicle de la blessure de Polyphème qui gesticule de douleur. Ulysse nage à contre-courant au milieu des débris se sauvant d’un danger où tous ses compagnons ont succombé, fuyant lâchement en les abandonnant à leur mort, plutôt qu’il ne parvient à s’échapper vaillamment. En pages vingt-deux et vingt-trois, Nausicaa rêve qu’Ulysse participe à des jeux d’adresse et qu’il lance un javelot qui se planter dans sa poitrine, une saisissante métaphore visuelle de l’acte sexuel à venir.



Le lecteur ressent le récit à travers la sensibilité de Nausicaa. Les auteurs font preuve d’un dosage remarquable, un équilibre délicat entre les prouesses au premier degré d’Ulysse et le fait que Nausicaa les reçoit avec un état d’esprit en léger décalage par rapport au héros. Elle est encore relativement innocente du fait de sa jeunesse, mais elle perçoit bien que les Troyens vont être massacrés sans pitié par les Grecs, qu’Ulysse n’a éprouvé aucune compassion ni aucun remord en perçant l’œil de Polyphème, que le désir des marins pour Circé est de nature bestiale, les prémices d’un viol. Inconsciemment, elle ressent la virilité d’Ulysse à la fois comme une forme de bravoure, à la fois comme le recours à la force et à la fourberie pour vaincre l’ennemi à tout prix, pour l’anéantir. Comme l’indique le scénariste dans son introduction, ce n’est pas une vision féministe dans le sens activiste, mais une vision féminine avec des valeurs qui ne sont pas guerrières. Dans l’avant-dernière partie du récit, Nausicaa rencontre Pénélope et cette dernière lui dit ce qu’elle pense d’Ulysse après son retour. Son avis est tranché : elle s’est brusquement rendu compte qu’il n’était pas le héros qui avait longtemps peuplé ses rêveries. Ce héros n’avait jamais existé. Elle s’est rappelé comment il tenta, en lâche, de se soustraire à la guerre en feignant la folie, et d’autres actes qu’elle qualifie de vices, de tromperies, de mensonges. Les années ayant passé, elle le voit comme incarnation de méthodes conquérantes et dépourvues de compassion, qu’elle rejette. Toutefois, elle laisse Nausicaa libre de faire ses choix, de juger Ulysse comme elle l’entend.



Les exploits du héros Ulysse, vus par Nausicaa, dans une histoire créée par deux hommes : le lecteur n’est pas trop sûr de l’intelligence d’un tel projet. Ses doutes s’envolent dès les premières pages, conquis par l’élégance et la beauté de la narration visuelle. Dans un premier temps, il se dit que ses a priori étaient fondés quant au parti pris du scénariste portant sur les valeurs du héros de l’Odyssée. Progressivement, il constate que Nausicaa ne se perçoit à aucun moment comme une victime, qu’elle fait preuve d’autonomie dans son jugement sur son amant, et qu’effectivement le récit s’inscrit dans une approche féminine honnête. Belle réussite.
Commenter  J’apprécie          254
Rhapsodie en bleu

L’été 1938 sonne la fin de l’insouciance pour Andrea, Martino et Cati. La proclamation des lois raciales en Italie anéantissent tout espoir de vivre sereinement pour ces jeunes dont les rêves meurent brutalement. Leur avenir est ailleurs, loin des plages, loin de leurs familles, de l’autre côté de l’océan atlantique…



Je ne suis pas une habituée des romans graphiques. C’est en général la participation à des challenges qui me fait me pencher sur ces pages remplies d’images…



Au-delà de l’histoire touchante, Rhapsodie en bleu est un très bel objet. Les dessins sont doux, bercés de couleurs pastels, de visages ébauchés et toute la palette du bleu nous est offert.



J’ai aimé cette ambiance, cette ambivalence entre l’histoire injuste et dure, et les images douces et lumineuses. J’ai aimé cette pudeur, ces silences et toute la retenue cachés derrière les dessins et les mots.



C’est une manière différente de réfléchir sur une partie de l’histoire qui est, encore aujourd’hui, douloureuse et intolérable…



C’est un bel hommage à toutes ces âmes perdues, ces corps meurtris et les choix douloureux que chacun a dû faire, les larmes aux yeux…
Commenter  J’apprécie          240
Gauloises

Inconditionnelle de l'univers d'Igort,

je découvre là, les illustrations

d'Andréa Serio et la conjugaison

de ces deux talents est sublime.

Ses couleurs, ses cadrages, son trait

sont tout simplement magnifiques.

Le texte est fort, l'ecriture joliment imagée.



Un univers de mecs un peu énigmatiques,

des ritals, armoires à glace , avec gauloises au bec

flingues et chapeaux, des filles offertes.

Ça ne rigole pas , ça désoude vite fait.

Mais qu'est ce que c'est beau !

On est étonné de voir

la beauté de l'Italie amortir

la violence ambiante.

Incontournable!

Commenter  J’apprécie          180
Rhapsodie en bleu

C’est le récit de la fuite des juifs d’Italie pendant la seconde guerre mondiale. Ce n’est pas un récit de grande aventure, épique, au contraire, il est intimiste, s’attarde sur les images de l’Italie, cette beauté, cette quiétude qu’il vont devoir quitter, pour l’oublier ou pour la retrouver plus tard. Le graphisme est beau, d’une grande douceur, réalisé au crayons de couleurs ou pastels, cela apporte un velouté aux éléments, de grandes surfaces donnent une texture tactile, une volupté, tout cela est perturbé par les évènements historiques, durs et injustes, la loi raciale décrété par Mussolini en 1938, puis la déportation ou la fuite en 1942 et enfin l’arrivée des américains. Andrea et Magda vont être envoyé aux Etats-Unis par leurs parents, dans la famille d’une tante. Andrea reviendra avec l’armée américaine. Andrea Serio a choisi un point de vu purement sensuel, les images racontent une atmosphère, une ambiance, il a pris le parti de nous laisser errer dans un presque silence, économe en mots, mais pas en lumière, c’est purement visuel et cela suffit, c’est très fort, très beau, très nostalgique… Magnifique.
Commenter  J’apprécie          180
Rhapsodie en bleu

Cet album est avant tout magnifique.

L'esthétique, en est l'interpellation majeure.

Le scénario tiré d'un roman italien

est quelque peu tortueux.

Il joue avec les temporalités

sans que cela présente un grand intérêt.

J'ai choisi d'oublier l'écrit pour

régaler mes mirettes.

C'est un livre d'art ,

où l'illustration sait se suffire à elle même.

A ranger rayon beaux livres .
Commenter  J’apprécie          161
Nausicaa - L'autre odyssée

Des illustrations vraiment originales pour revisiter le mythe du grand Ulysse. Un beau voyage.
Commenter  J’apprécie          160
Gauloises

L’Italie d’après guerre, aux alentours de 1960, uen ambiance feutrée, servie par un dessin au crayon de couleur, tout en nuances, en silences, on passe d’Edward Hopper à William Turner, une Italie de lumières se déploie sous nos yeux. Et il y a ceux du sud qui vont vendre leurs services dans le nord, quand on vient de Naples, la Camorra vous propose du travail, et quand on vient de Palerme, c’est la Mafia. Ciro vient de Naples, c’est lui, Gauloise toujours au bec, Aldo vient de Palerme, il aurait aimé devenir champion de boxe.



On retrouve le travail tout en délicatesse que le duo avait mis en place dans “Rhapsodie en bleu”, là il était question de fuite des juifs pendant la guerre, ici, c’est l’histoire d’emprise des mouvements de la pègre vers le nord du pays, mais c’est surtout une histoire de l’Italie, sans fard, sans tapage, rude et violente, raconté uniquement par les atmosphères, les trente glorieuses, le soleil, la pluie, les lumières, les ombres, une certaine torpeur, le pouvoir inexorable de la corruption, surtout celle des âmes.



C’est peu bavard, pas besoin de plus de mots, les images parlent d’elle même, c’est poignant, c’est magistral.

Commenter  J’apprécie          80
Nausicaa : L'autre odyssée

La princesse Nausicaa est fascinée par la mer, par les vagues... Est-ce si surprenant qu'elle y trouve un naufragé ? Un homme qui revient de longs voyages, un certain Ulysse.



Futuropolis réédite le premier album d'Andrea Serio, paru en 2012 et semble t-il introuvable en France. Il y adapte avec Bepi Vagna le mythe d'Ulysse, de retour de la guerre de Troie, qui vient échouer sur l'île des Phéaciens.



Recueilli, materné, soigné par la belle Nausicaa, fille du roi Alkinoos, il va raconter ses aventures, ne lésinant pas sur ses nombreux exploits. Le cheval de Troie, le Cyclope, Circé, les sirènes... Nausicaa tombe sous le charme de ce bel étranger et s'offre à lui. Mais la princesse craint que cet amour ne soit qu'illusion. Abandonnée par Ulysse, elle partira à sa recherche, vivant alors son propre parcours iniatique.



Cette belle version qui met les femmes en avant est sublimée par Andrea Serio. J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de son travail (Gauloises, Rhapsodie en bleu) et ce premier album montrait déjà toute l'étendue d'un talent inspiré par Lorenzo Mattotti. Les crayons d'Andrea Serio sont certainement magiques et leurs couleurs pastels bénies des dieux, je n'ai pas d'autre explication.



Pour en savoir plus, je t'invite à te plonger dans cette Odyssée revisitée qui a d'ailleurs donné lieu à un court-métrage d'animation qui donne vie au dessin de Serio. Pour ma part, c'est un gros coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          62
Gauloises

L’Italie, peut-être les années 60 ou 70, deux hommes, deux histoires, deux destins qui sont amenés à se croiser. Ciro le napolitain, né pour tuer… Aldo l’îlien, ancien boxeur, monté à Milan pour changer de vie…. L’un va être chargé d’éliminer l’autre.



Un polar plutôt classique donc mais sublimée, et le mot est faible, par le dessin d’Andrea Serio. Déjà brillant dans « Rhapsodie en bleu », le dessinateur italien démontre encore une fois toute l’étendue de son talent : ce qu’il réalise avec ses crayons est magique. Il parvient à créer une atmosphère pesante, palpable avec des cadrages variés et des planches qui font penser ni plus ni moins à Edward Hopper.



C’est un album qui s’admire plus qu’il ne se lit. Peu besoin de mots quand le dessin porte à ce point le récit.

On a d’ailleurs le sentiment qu’igort a laissé volontairement la place à Serio pour qu’il s’empare du sujet et le laisse se diffuser, les sensations sont palpables et je me suis surpris à sentir cette odeur familière de Gauloises que fume Ciro sans discontinuer, celles là même que fumait mon père.



Cet énorme coup de cœur graphique est à montrer à ceux qui douteraient encore que la BD est bien le 9ème art. Un album à savourer, à regarder de temps en temps, comme une gourmandise.

Commenter  J’apprécie          60
Rhapsodie en bleu

Encore un bel album qui m’avait échappé…. Un album qui raconte une histoire douloureuse, des vies qui basculent à la proclamation des lois raciales de Mussolini le 18 septembre 1938. Andrea et ses cousins passent de l’insouciance et du bleu de la mer à un avenir soudainement incertain d’un bleu nuit inquiétant.

Andrea Serio utilisent avec un talent éclatant toutes ces nuances de bleu, mais pas que, pour toucher le lecteur. Avec élégance et douceur, les planches souvent muettes et les cadrages ingénieux nous touchent en plein cœur. Pas besoin de mots quand le dessin est à ce point parlant… Les pastels, crayons (les pleines pages !!!) se font virtuoses pour faire passer les émotions en finesse…



Cette histoire tragique servie par le talent d’Andrea Serio risque de vous habiter longtemps, je vous aurais prévenu.

Commenter  J’apprécie          60
Gauloises

Once Upon a Time in Milan



Après le sublime Rhapsodie en bleu, Andrea Serio est de retour avec un polar fascinant signé Igort…



Sublime et poétique, ce récit ciselé et évanescent raconte l’itinéraire de deux tueurs de la mafia qui marche inexorablement vers le lieu de leur confrontation… Les planches de l’album sont une invitation à la contemplation alors que les couleurs fascinantes contrastent avec la noirceur du propos et avec l’âme froide et sombre des deux principaux protagonistes…



Gauloises est un polar atypique, tout à la fois sublime, envoûtant et fascinant qui ne laissera personne indifférent.
Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
Commenter  J’apprécie          40
Gauloises

Le Serio nouveau est arrivé ! Où ça ? Chez Futuropolis et à l’instar de Rhapsodie en bleu, un de mes gros coups de cœur paru chez ce même éditeur en 2020, Gauloises ce nouvel album d’Andrea Serio scénarisé par Igort est une merveille graphiquement parlant. Milan, drôle d’endroit pour une rencontre, duel au soleil entre deux tueurs à gages.



Ciro est un fumeur de gauloises

Tout commence à Milan et se termine à Milan. Entre les deux, l’histoire ou plutôt deux histoires, celles de deux hommes aux parcours différents mais à la destinée commune.

D’abord, il y a Ciro, notre fumeur de gauloises dont les volutes bleues planent sur tout l’album. Classieux, dégaine à la Delon dans Le samouraï, ce Napolitain d’origine résidant à Milan est un tueur froid, tombé gamin dans le giron de la camorra. Ensuite, il y a Aldo, ancien boxeur raté qui a quitté son île natale à la recherche d’une vie meilleure et finira par se mettre également au service de la mafia.

L’un exécute un contrat, l’autre va être chargé de l’éliminer.

L’affrontement entre les deux hommes est inévitable...



Une écriture à l’os

Connu pour ses Cahiers (japonais, russes, ukrainiens) parus également chez Futuropolis, le scénariste sarde Igor Tuveri dit Igort renoue ici avec le polar et la mafia, univers qu’il avait déjà exploré quelques vingt ans auparavant dans 5 est le numéro parfait, paru aux Éditions Casterman.

Dans Gauloises, paradoxalement, il y a peu de scènes d’action.



Entre Naples et Milan, années 60

S’il n’est fait aucune mention de l’époque à laquelle se déroule le récit, plusieurs indices nous amènent à le situer dans les années 60 : les vêtements et la coiffure d’Ada, car comme dans tout polar qui respecte on y croisera des femmes, le disque d’Ornette Coleman sorti en 1959, l’évocation d’un autre duel entre deux légendes du Calcio, Mazzola, le mythique capitaine de L’Inter Milan versus Rivera, celui du Milan AC et enfin les voitures, notamment la Giulietta Spider de Ciro.

Les visages des deux protagonistes sont de marbre, impénétrables. C’est à travers leurs actes et ce qui gravite autour d’eux que les personnages vont prendre chair et nous promener entre Naples et Milan. Le Rione Sanita, fief de la Camorra et la baie de Naples vont céder la place à Bovisa, quartier industriel de Milan. La balade s’achèvera Piazza del Duomo, lieu emblématique de la capitale lombarde...



Les pastels d’Andrea Serio : Entre brume et lumière

Après Rhapsodie en bleu (2020) et Le poids du papillon (juin de cette année), le Toscan Andrea Serio signe là, pour notre plus grand plaisir, son troisième album chez Futuropolis. On retrouve toute la beauté, l’élégance de ses pastels aux bleu et jaune lumineux. Brumeux quand ils évoquent la fumée des fameuses gauloises et des usines, ils vont au contraire flirter avec un réalisme quasi photographique lors d’un gros plan sur un sac poubelle ou la reproduction d’un portrait du boxeur Jack Dempsey, idole d’Aldo. Adoptant un style plus épuré, ils vont jouer avec la lumière à travers de larges aplats aux formes géométriques pour planter le décor lors des scènes d’intérieur.

La lumière, elle, inonde les scènes d’extérieur et souligne également le temps qui passe comme dans ces deux planches en vis à vis représentant une promenade en baie de Naples, la silhouette de Castel dell’Ovo se détachant en arrière-plan. Deux pages quasi identiques : sur la seconde planche cependant, le bleu lumineux et les vêtements estivaux auront cédé la place au blanc et bleu froid de l’hiver, les protagonistes étant vêtus conformément à la saison.

Et puis il y a cette étrange alchimie avec le texte qui fait d’une image a priori ordinaire tout un symbole comme cette cafetière napolitaine liée par les mots à San Genarro, patron de la ville qui tire son nom de Janus, le dieu à deux têtes, l’une tournée vers le présent, l’autre vers l’avenir ...



Ciro, Aldo, Naples, Milan … Une narration à deux voix, qui se répondent : l’écriture à l’os d’Igort alliée à l’illustration somptueuse d’Andrea Serio font de cet album un polar fascinant.



La chronique augmentée est à découvrir sur :
Lien : https://bulles2dupondt.fr/20..
Commenter  J’apprécie          40
Rhapsodie en bleu

Le bleu est une couleur chaude pour Andrea, Martino et Cati, les trois cousins alors en villégiature dans la petite station de Medea cet été 1938. Il suffira d’une diffusion radiophonique pour que ce bleu azur vire au bleu nuit ou se fige en un bleu glacial, que leur vie bascule et leur avenir devienne incertain. Dans Rhapsodie en bleu, paru aux Editions Futuropolis, Andrea Serio va décliner toutes les nuances de bleu rehaussées d’ombre et de lumière de Trieste à New York, de New York à Naples à travers le destin d’Andrea, jeune juif exilé revenu au pays combattre le fascisme au sein de l’armée américaine. L’art de faire surgir l’émotion par des non-dits criants et des pastels de toute beauté.



Décembre 1944.

Le GI Andrew Goldstein appuyé au bastingage d’un paquebot réquisitionné par l’US Army, contemple l’océan qui le ramène en Italie. Bleu froid de l’océan, bleu de la peur des combats à venir partagée par tous les hommes sur le navire qui se dirige vers Naples et vers nous lecteurs sous un ciel et une mer d’encre. S’en suit un flashback au temps où Andrew s’appelait encore Andrea et où Medjeva (actuellement en Croatie) alors italienne portait le nom de Medea.

Medea 1938

« Cette plage, pour mes cousins et moi, c’était ce qu’il y avait de plus beau au monde. Notre saison de baignades commençait à la fermeture de l’école et durait jusqu’aux premiers jours de septembre. »

Insouciance, baignades, premiers émois, révisions de Martino en vue d’un examen… Léger vague à l’âme de Cati lors de cette dernière soirée dansante qui marque la fin des vacances quand soudain la conversation des trois cousins est interrompue par une déclaration :

«...Victor Emmanuel III, par la grâce de Dieu et par la volonté de la nation, roi d’Italie, empereur d’Éthiopie, ayant entendu le Conseil des ministres, décrète :qu’au poste d’enseignant dans les écoles de tout ordre et grade ne pourront être admises les personnes de race juive … que dans les écoles de tout ordre et grade ayant un statut légal, ne pourront être inscrits les élèves de race juive...»

Triste retour à Trieste pour Andrea. Un mois après un autre discours, celui prononcé par Mussolini, Piazza Unità d’Italia à Trieste proclamant les lois raciales le 18 septembre 38, ses parents prendront la décision de l’envoyer lui et sa sœur Magda en Amérique…



Alors oui les illustrations sont absolument magnifiques. Cette beauté est d’autant plus terrible que nous savons sur quelle abomination tout cela va déboucher. La proclamation des Lois raciales marque la fin d’un monde. L’Italie d’alors semble être un paradis perdu tout comme dans le film de Vittorio De Sica « Le Jardin des Finzi-Contini ».

Mais il ne faut pas oublier que dans une bd ou un roman graphique, l’illustration se doit d’être au service de la narration. Et c’est le cas ici. Bien loin d’être uniquement illustrative ou contemplative, elle est la trame même du récit. La couverture annonce le ton : Elle nous fait glisser des arbres de Trieste en première de couverture à ceux bordant Central Parc en quatrième.

Toute la tension sous-jacente réside dans les ellipses, les non-dits. Les différents points de vue, le traitement cinématographique et l’enchaînement des images contribuent à renforcer cette sensation de mal-être et nous font ressentir au plus profond de nous-mêmes les émotions des personnages. Ah la séquence magistrale chez les parents d’Andrea à Trieste ! [...]

Chronique dans son intégralité sur l'Accro des Bulles.
Lien : https://laccrodesbulles.fr/2..
Commenter  J’apprécie          40
Gauloises

Après coup, j'ai vu pas mal d'avis "coup de cœur" concernant cette BD et cela me surprend assez.

Je peux comprendre si on parle du point de vue graphique, car cette BD est une claque à quasiment chaque page. C'est juste magnifique, dessins aux pastels au rendu hallucinant. Une vraie merveille graphique, ça oui.

Au niveau histoire, je suis resté sur ma faim. Je ne comprends pas tout, je passe un peu à côté. Histoires de tueurs à gages … Italie. L'ambiance est posée, et je ne retiendrai que ça de l'histoire à vrai dire.

C'est dommage d'avoir une si belle œuvre, avec un scénario si "banal". Certains y verront des qualités… moi je reste sur ma faim. Mais plongez-y pour cet univers qui vaut tout de même le détour!

Commenter  J’apprécie          30
Nausicaa : L'autre odyssée

Un mystérieux voyageur s’échoue sur une plage où il est recueilli par Nausicaa, fille du roi Alcinoos, et ses suivantes.



Emmené au palais, il va raconter ses multiples voyages, du siège de la ville de Troie à l’île de la magicienne Circé en passant par les terribles sirènes.







Il n’en faut guère plus pour que l’innocente Nausicaa tombe sous le charme du voyageur, et ce dernier ne va pas se gêner pour en profiter avant d’abandonner la belle.







Mais Nausicaa n’abandonne pas pour autant et est prête à poursuivre jusqu’à Ithaque afin de lui faire avouer si leur amour était partagé ou non.















Il y a un peu plus d’une décennie, Andrea Sério, dont nous avons lu un polar aussi atypique que réussi il y a peu (déjà chez Futuropolis), livrait une magnifique adaptation de l’Odyssée sur un scénario de Bepi Vigna.









Cette relecture -le terme est plus juste- de l’oeuvre d’Homère est d’une intelligence fine, féministe et acerbe, montrant Ulysse sous un jour peu reluisant et les femmes qui parcourent son voyage comme les vraies héroines, témoins et victimes conscientes de sa veulerie.

C’était la première incursion de l’artiste dans la BD et l’influence de maestros comme Matteoti y est assez évidente, même si Sério sait garder une personnalité manifeste.







Accouché dans la douleur, cet album brille par la beauté de ses paysages, l’originalité des visages et, last but not least, sa colorisation magnifique.




Lien : http://bobd.over-blog.com/20..
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Andrea Serio (153)Voir plus

Quiz Voir plus

Stephen King, presque...

L'histoire d'une jeune fille aux pouvoirs de télékinésie ?

Carrie
Mary
Jessie
Mathy

5 questions
602 lecteurs ont répondu
Thème : Stephen KingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}